[A] IVG - Avortement - "En pratique"

Bon. Commençons par un petit disclaimer de rigueur.

L'idée n'est pas d'en faire un sujet à polémique. Loin de là. Je ne suis pas là pour tenir un discours "Pro ou Anti" avortement. C'est pas le problème. C'est pas le sujet. Il y a un débat sur la parternité - maternité, et je ne vois aucun intérêt de faire un débat sur l'avortement.
Je voulais juste poster ce sujet dans un but purement informatif, parce que le sujet en tant que tel n'a pas été traité sur le forum, à ma connaissance (et que je trouve que ça reste intéressant sur un forum qui parle notamment de sexualité). Et que en ce moment il y a de nombreux mouvement autour de l'avortement, donc je me suis dit que ça serait l'occasion.

Ouais mais si je veux me renseigner y a google ... Pas besoin de FTS pour ça.
Sauf que, des fois les retours sur expérience ça permet de mettre aussi un peu de plomb dans la cervelle.

J'ai aussi choisi de poster ça sur le public et non pas sur le G.O parce que, même si c'est la femme qui va être concernée physiquement, s'informer n'a jamais tué personne (enfin, si. Mais là ça va pas vous tuer).

Dernière chose, je ne suis pas médecin, encore moins spécialiste de l'avortement. Je ne dirai a priori pas de grosses conneries car je me suis basée sur des "sources fiables" + expérience perso, mais n'hésitez pas à me corriger ou à préciser certaines choses si vous avez l'impression que je me plante

1. Enceinte ?

Généralement on se base sur le fait que enceinte = Arrêt des règles.
NON. Ce n'est pas toujours le cas.

Commençons pas se rappeler que les règles "sous pilule" ne sont pas de "vraies règles" d'une part. D'autre part, certaines femmes continuent d'avoir des saignements même enceinte. Et c'est pas un putain de mythe urbain, ça a été mon cas et j'ai bien manqué rater les délais à cause de ça.

Préservatif qui craque ? Oubli de pilule ? Absence de protection ?
Ce sont des situations à risque. Même si elle a pris la pilule du lendemain (gratuite pour les mineures, je le rappelle). Aucun moyen de contraception n'est fiable à 100%, encore moins quand il est mal utilisé. Et la pilule du lendemain ne l'est pas non plus.

Un doute = Un test.

Enfin, il y a des signes cliniques qui peuvent orienter : Nausée, vomissements, douleurs abdominale / bas du dos ... (Mais c'est pas parce que tout va bien qu'il n'y a pas de bébé)

Donc je le redis, Un doute = Un test. Parce que les grossesses non désirées, il vaut mieux prendre ça en charge le plus rapidement possible.

On trouve des tests de grossesses en pharmacie et en supermarché. Ils sont pour la majorité "peu fiables" si réalisés avant la date supposée des règles. Donc le mieux est d'attendre la date des règles, pour limiter les faux négatifs.

Si le test est positif ... Et bah il va falloir aller voir un médecin, même si il n'y a pas d'IVG, pour confirmer le diagnostic et prendre en charge la grossesse.

Pour la suite je me concentre sur l'IVG, mais il existe bien entendu d'autres alternatives. Encore une fois, l'idée n'est pas de faire polémique.

2. L'IVG

A. Les délais

- Jusqu'à 12 semaines de grossesse (= soit 14 semaines après le début des dernières règles).
- L'IVG médicamenteuse jusqu'à 5 semaines de grossesse (parfois prolongé jusqu'à 7 semaines dans certains établissement )
- L'IVG "chirurgicale" jusqu'à 12 semaines de grossesse

B. En pratique

- Il y aura toujours deux consultations médicales préalable, qu'elle soit majeure ou mineure.

- Pendant la première consultation, le médecin a un rôle informatif et réalise ou prescrit un diagnostic de certitude (Echographie, le plus souvent intravaginale ou dosage sanguin) et informe sur les différentes alternatives possibles et sur la prise en charge. Si elle est mineure, normalement il faut un majeur qui accompagne.

-A l'issue de cette première consultation, une consultation psy est obligatoire pour les mineures (et croyez moi, c'est pas une putain de partie de plaisir) et conseillée pour les majeures.

- Lors de la deuxième consultation préalable, le médecin fait signer un formulaire de "consentement éclairé".

- Si l'avortement médicamenteux est possible, le médecin prévoit 2 autres consultations pour la prise de comprimés OU donne le premier comprimé lors de la deuxième consultation préalable (Mifépristone, qui permet l'arrêt de la grossesse), le second comprimé se prend alors 36 à 48h après, à la maison (Misoprostol, qui permet l'avortement à proprement parler). Les règles qui suivent sont alors extrêmement abondantes, douloureuses et peuvent durer jusqu'à 10 jours. (Ca dépend des médecins, moi, j'ai pris les comprimés sans suivi médical #Yolo)

- Si l'avortement médicamenteux n'est pas possible, un rendez vous avec un anesthésiste est alors à prévoir. Puis la procédure chirurgicale est programmée et est réalisée sous anesthésie locale ou générale. L'IVG se fait alors par aspiration et dure une dizaine de minute normalement. L'hospitalisation dure normalement une journée.

- Enfin, un dernier rendez vous est prévu 14 à 21j après l'IVG pour s'assurer qu'elle a bien fonctionné.

C. Le coût

- L'avortement est gratuit pour une mineure non émancipée (mais je vous conseille fortement de passer par un planning familial pour n'avoir rien à avancer).
- Pour les majeures ... C'est un peu compliqué. L'IVG est pris en charge a 100 %. Mais la première consultation et les examens complémentaires ne sont pas pris en charge si elles sont réalisées dans des établissement de "médecine de ville" (ça dépendra de la mutuelle). A l'inverse les deux consultations ne sont pas prises en charges mais les examens complémentaires sont pris en charges si réalisés à l'hôpital (idem, dépend de la mutuelle). (Zone un peu floue pour moi, la loi ayant changé à ce sujet)

D. Complications et échecs

- Les deux méthodes d'IVG sont relativement fiables (95% de réussite pour la médicamenteuse, 99,7% pour la chirurgicale).

- Il peut exister des complications qu'il faut absolument surveiller (d'où l'importance du rendez vous de contrôle). Certaines plus sévères que d'autres (Malaise, pertes de sang importante, douleur abdominale).

Enfin, petite anecdote que je trouve intéressante. Une des Exs de mon ex a eu la bonne idée d'arrêter sa pilule pour tomber enceinte, avorter et qu'il se sente obligé de rester avec elle (ils étaient entrain de se séparer). Sauf que son IVG par aspiration ne s'est pas passée comme prévue (déchirure, hémorragie), et que maintenant, bah elle est stérile. Donc non, ce genre de plan c'est pas une bonne idée. Du tout. Du tout.

E. Conseils basés sur l'expérience perso

- Les établissements de santé sont souvent surchargés, et c'est parfois compliqué d'avoir le RDV dans les délais, donc il faut absolument prendre les RDVs dès le moindre doute ou se rapprocher d'un planning familial qui permet d'accélérer un peu les délais, au risque de les dépasser si on laisse trainer.

- Les mecs, si vous le pouvez, accompagnez vos copines. C'est rarement un moment de plaisir, c'est rarement drôle et ça peut même être relativement traumatisant en fonction de la sensibilité de chacune. Et c'est cool de pas avoir à y faire face toute seule ... Parole de fille qui aurait bien aimé que son mec fasse un peu moins le connard.

- Les filles, globalement ça peut faire mal hein. Même très mal pour certaines (genre contraction utérine hein). Et ce, malgré toute la panoplie d'opiacés prescrits. Donc ça sert à rien d'espérer faire quelque chose de physique dans les 36-48h premières heures.

- Ah oui. Et ça c'est vraiment le truc que je savais pas avant mon IVG et qui fait pas plaisir : Si votre groupe sanguin est Rhésus négatif, Il y a une injection de gamma-globulines anti-D à faire. En pratique le produit coûte une centaine d'euros (qui, si vous avez la bonne idée de faire l'IVG dans le dos de vos parents et sans votre carte vitale / papiers de mutuelle, ne sont pas remboursés, même si vous êtes mineurs) et s'injecte en I.M. Et honnêtement je ne suis pas une fiote, mais se faire l'I.M toute seule, ça demande une sacrée paire de balls. (Donc même si vous voulez avorter sans mettre au courant vos proches, je vous conseille quand même d'aller dans un planning familial pour l'injection).

Ne pas oublier

- Une femme est particulièrement fertile après une grossesse (même si elle a subit une IVG). Il est donc impératif de se protéger dès la reprise des rapports sexuels.

- L'IVG n'est PAS UNE METHODE DE CONTRACEPTION. C'est une expérience potentiellement traumatisante physiquement ET mentalement. Pas quelque chose à prendre à la légère.

Si tu veux pas d'enfants et que tu n'as pas de moyen de protection sous la main, tu ne fais pas de cochonneries (où tu fais des cochonneries qui ne font pas tomber enceinte... Mais il y a pas que les bébés qu'on attrape en faisant du sexe sans protection, ne l'oublie pas, jeune padawan).

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Voila, en espérant avoir pu vous apprendre des trucs, apporter quelques éclairages sur tout ça grâce à mon expérience, et surtout, responsabiliser un peu ceux qui prendraient ça à la légère.

J.

Jsh a écrit : - Les mecs, si vous le pouvez, accompagnez vos copines. C'est rarement un moment de plaisir, c'est rarement drôle et ça peut même être relativement traumatisant en fonction de la sensibilité de chacune. Et c'est cool de pas avoir à y faire face toute seule ... Parole de fille qui aurait bien aimé que son mec fasse un peu moins le connard.

+ 12000!..

Franchement (il paraît qu'il y a pas mal de mecs qui traînent par ici^^), je crois que c'est vraiment primordial d'appuyer (fort) là-dessus les gars...

A certains ça paraîtra évident, à d'autres futile, débile ou inutile..au choix... Mais vraiment, c'est super important, même si la nana essaye de dire que ça va aller et qu'elle va gérer...insistez pour l'accompagner (sauf si vous sentez qu'elle refuse en bloc et qu'elle maintient ses positions, ça va de soi..)
Parce qu'elle n'aura pas forcément conscience de ce qui peut l'attendre...et si la décision et l'acte en eux même sont des choses qu'on imagine de toutes façons difficiles, je ne sais pas si on peut mesurer, avant d'y être, quel impact aura aussi l'environnement...

Perso, pour avoir accompagné une copine là-dedans récemment, j'ai été franchement choquée du manque d'humanité lattent au sein du centre hospitalier concerné...
La faute à l'organisation, à la nécessité de conserver l'anonymat, à la quantité de dossiers qu'ils ont à traiter, au surmenage des équipes et que sais-je encore...
Mais peu importe...le résultat c'est que...c'est super difficile à vivre d'être traitée comme un vulgaire numéro, d'être reçu à la one again par un anesthésiste qui prend ça par dessus l'épaule et qui s'appliquerait d'avantage s'il recevait une patiente pour un canal carpien, de devoir répéter je ne sais combien de fois ces mêmes informations qui arrachent la gueule quand les mots doivent sortir, de subir le regard parfois déplacé de certains pros (qui ont du oublié de l'être à ce moment là...)

BREF...C'est une putain d'épreuve à bien des égards...sans vouloir verser dans la dramaturgie à 2 balles...et ce genre de truc, c'est forcément plus facile à 2..je ne vous apprends rien hein!..

Alors bon, l'accueil n'est (j'espère) pas si catastrophique dans tous les hôpitaux de France et de Navarre...mais quand même...ça peut être pas mal d'anticiper ce genre de truc...

Merci pour ce post plein de bon sens / bons conseils / bonne volonté !

- L'IVG n'est PAS UNE METHODE DE CONTRACEPTION. C'est une expérience potentiellement traumatisante physiquement ET mentalement. Pas quelque chose à prendre à la légère.

merci également d'avoir reprécisé ce petit point si souvent oublié de nos jours...
par expérience pro, c'est juste affligeant le nombre de nanas (13-25 ans car au delà on ne peut même plus mettre ça sur le dos de la bêtise) qui se pointent en PMI / Planning ou simplement chez leur médecin pour se RE-faire avorter une n'ième fois.

" j'y pense jamais à ma pillule"
" mon mec il veut pas d'capote"
etc...

C'est un acte médical et/ou chirurgical donc même dans le meilleur des mondes, il y a de la casse avec une IVM/IVG et le curetage qui vient après.

Alors bon, l'accueil n'est (j'espère) pas si catastrophique dans tous les hôpitaux de France et de Navarre...mais quand même...ça peut être pas mal d'anticiper ce genre de truc...

pour faire parti du monde médical en question, je ne peux pas nier ce que tu dis.

même si l'immense majorité du personnel médical est pour l'accès des femmes à l'IVG (pour raison NON médicale), il y aura toujours ceux qui ont leurs a priori perso (religion ou autre),
ceux qui ne chercheront pas à connaitre ton parcours car tu es la 12è de la matinée et que à force, même les plus chevronnés ont juste envie de finir leur vacation et de plus entendre parler d'avortement...mine de rien ça pèse sur le cerveau comme acte.

et tout simplement, ils sont généralement débordés.
ça n'excuse en rien le comportement de certains (et apparemment tu as vécu une situation assez "gratinée" (pardonne moi l'expression)).
Dernier point un peu désagréable mais bon... une IVG ne rapporte quasi rien à un établissement (tarification sécu etc...), et encore moins à un praticien libéral ou un anesthésiste. (quelques dizaines d'euros BRUT...) Par contre c'est un geste potentiellement risqué et la profession gynéco/obstétrique est très malmenée par les assurances pro et les avocats patients.

De ce fait, il y en a beaucoup qui refusent purement et simplement d'en faire (car bosser à perte, personne ne le fait et là il n'y a même pas de gloire) et le reste ne le fera probablement jamais avec le sourire.

Je ne cherche pas à les justifier ni les protéger, mais juste à démystifier la chose.