Auteur : Virginie DESPENTES
Edition : Grasset
Virginie, elle est pas contente et elle le dit dans ce petit bouquin facile à lire (en 2 ou 3 heures on le termine facile) et qui ne peut pas laisser indifférent. Elle y parle de viol, de prostitution, du porno, mais surtout de la place de la femme dans la société et des rapports homme/femme. Elle développe des idées trés interressantes et relativement novatrice : pour moi, un séducteur digne de ce nom à tout à gagner à lire son discours.
Il y a certain propos qui ne vont pas plaire à tout le monde dans le coin, mais ça vaut le coût d'être lu malgré tout :
Elle en à marre que la société dise aux femmes qu'elles doivent la fermer et que les hommes sont mieux à même de parler à leur place de leur condition :King Kong Theorie a écrit :L'explication psychologique populaire appliquée aux femmes nymphomanes est un exemple notoire de dénigrement, qui voudrait qu'elles multiplient les rencontres sexuelles par dépit de ne pas ressentir de satisfaction sexuelle. On répand ainsi l'idée que multiplier les conquêtes est forcément un indice de frustration féminine. Alors que, dans les faits, c'est une théorie qui conviendrait mieux aux hommes, frustrés de la pauvreté de leur sensualité et de leur jouissance. Ce sont les hommes qui survalorisent et subliment le corps féminin et qui, incapables d'en tirer le plaisir espéré, accumulent les conquêetes dans l'espoir d'éprouver, un jour, quelque chose de l'ordre du vrai orgasme. Encore une fois, ce qui est fondamentalement vrai pour l'homme est détourné pour stigmatiser la séxualité féminine.
Elle aborde beaucoup le théme de la séduction :King Kong Theorie a écrit :Qu'on ne viennent pas nous expliquer que c'est une question de caractère ou de nature, qu'on n'aime pas provoquer et que nous, notre truc, c'est plutôt la maison et les enfants. Faut voir ce qu'on prend, dés qu'on dit un peu quelque chose. [...]Il n'y a pas pire qu'être une femme jugée par des mecs. Tous les coups sont permis, à commencer par les plus crades. On n'est même pas étrangères : on est sous-titrées, tout le temps, parce qu'on ne sait pas ce qu'on a à dire, on ne sait pas aussi bien que les mâles dominants, qui sont habitués depuis des siècles à écrire des livres sur la question de notre féminité et de ce qu'elle implique.
C'est à notre époque que je découvre, consternée, que n'importe quel connard doté d'un zgeg se sent le droit de parler au nom de tous les hommes, de la virilité, du peuple des guerriers, des seigneurs, des dominants, et - conséquement - le droit de me donner des leçons de féminité. On s'en fout que le type mesure un mètre cinquante, soit plus large que haut, n'ait jamais fait preuve d'aucune masculinité, jamais, en rien. Il en est. Et moi, je suis de l'autre sexe. Il n'y a que moi que ça effare qu'on me remette systématiquement à ma place de femelle.
Le féminisme, elle n'y adhère pas le point fermé, mais elle y trouve une vrai bonne évolution pour la société, reste qu'il y a encore du boulot :King Kong Theorie a écrit :Aprés plusieurs années de bonne, loyale et sincère investigation, j'en ai quand même déduit que : la féminité, c'est la putasserie. L'art de la servilité. On peut appeler ça séduction et en faire un machin glamour. Ca n'est un sport de haut niveau que dans trés peu de cas. Massivement, c'est juste prendre l'habitude de se comporter en inférieure. Entrer dans une pièce, regarder s'il y a des hommes, vouloir plaire. Ne pas parler trop fort. Ne pas s'exprimer sur un ton catégorique.[...]Ne pas rire fort. Ne pas être soi-même trop marrante. Plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu'on gomme tout ce qui relève du domaine de la puissance. Pendant ce temps, les hommes, en tout cas ceux de mon âge et plus, n'ont pas de corps. Pas d'âge, pas de corpulence. N'importe quel connard rougi à l'alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions sur le physique des filles, des réflexions désagréables s'il ne les trouve pas assez pimpantes ou des remarques dégueulasses s'il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter. La chaudasserie la plus pathétique, les hommes veulent nous la refourguer comme sympathique et pulsionnelle.
Parfois, malgré son ton un peu agressif, elle balance des évidences qui font réfléchir :King Kong Theorie a écrit :D'où cette proposition simple : allez tous vous faire enculer, avec votre condescendance à notre endroit, vos singeries de force garantie par le collectif, de protection ponctuelle ou vos manipulation de victimes, pour qui l'émancipation féminine serait difficile à supporter. Ce qui est difficile, c'est encore d'être une femme, et d'endurer toutes vos conneries. Les avantages que vous tirez de notre oppression sont en définitives piégés. Quand vous défendez vos prérogatives de mâles, vous êtes comme ces domestiques de grand hôtels qui se prennent pour les propriétaires des lieux... des larbins arrogants, et c'est tout.
Et elle attend aussi une certaine émancipation masculine :King Kong Theorie a écrit :Une otage est libérée, à la radio elle déclare : "j'ai enfin pu m'épiler, me parfumer, je retrouve ma féminité." C'est en tout cas l'extrait qu'ils choisissent de passer. Elle ne veut pas sortir en ville, voir ses amis, lire les journaux. Elle veut s'épiler ? C'est son droit le plus strict. Mais qu'on ne vienne pas me demander de trouver ça normal.
Au premier degré, le texte semble trés noir, en fait, c'est souvent trés frais et vivifiant, je le conseille à tout ceux qui veulent creuser certain fondamentaux de l'émotion féminine.King Kong Theorie a écrit :De quelle autonomie les hommes ont-ils si peur qu'ils continuent de se taire, de ne rien inventer ? De ne produire aucun discours neuf, critique, inventif sur leur propre condition ?
A quand l'émancipation masculine ?
A eux, à vous de prendre votre indépendance. "Oui, mais quand on est doux, les femmes préfèrent les brutes" geignent les anciens favoris. C'est faux. Certaines femmes aiment la puissance, ne la craignent pas chez les autres. La puissance n'est pas la brutalité. Les deux notions sont bien distinctes.
Lisez le et si vous en avez le courage (il va vous en falloir) faite le lire à votre LTR. Par contre, ne le filez pas à votre mère : elle ne comprendrais pas.