Entre le refus de changer, l'entêtement, la peur face au changement, et la réelle prise en main
Pour reprendre un peu une discussion vis-à-vis de comportements / attitudes de certains qui demandent de l'aide dans le SOS... le sujet "veulent-ils vraiment être aidés?" a émergé. Iskandar soulève un point super important que j'ai appris à comprendre cette année, et qui m'a permis de relativiser, dédramatiser certaines relations afin de prendre mes distances.Iskandar a écrit :Il y en a pour qui pleurer est le prélude à l'action. Et d'autres où ces pleurs seront stériles. Et c'est les deuxièmes qui sont chiants.
Selon les gens et les circonstances, certains seront plus ou moins vifs à l'action.
Et disons que c'est un feat d'intelligence sociale sympa de savoir faire le distinguo entre les deux. Et d'adapter sa réponse en fonction de cette analyse. Un pleurnicheur refusera la réponse de type solution parce que ça marchera pas, et autre mauvais prétexte. Quelqu'un de plus positif acceptera, ou refusera pour de vrais motifs (genre il a déjà essayé, parce que il ne voit pas comment sauter m'obstacle A, etc...).
Certaines personnes vont se trouver peu attirant + se plaindre de n'avoir aucune relation amoureuse signifiante... sans vraiment faire quelque chose pour que ça change. Ca peut en agacer certains de FTS qui passent du temps à donner maints et maints conseils, réfléchis. D'autres diront simplement "pas la peine de s'embêter à répondre".
En fait, il ne s'agit pas vraiment de caractère, d'être pleurnicheur ou pas.
On s'inscrit tous dans une temporalité... linéaire... Émotionnellement chaque souvenir est lié à un autre souvenir, à une anticipation, etc. Et ça n'est pas suffisant pour faire passer à l'action, à décider de changer.
En réalité, peu importe notre caractère, notre façon de gérer les choses, et peu importe l'historique émotionnel lié à un souvenir. On finit par réagir quand on est forcé à le faire. En analyse systémique, on oublie la conception linéaire pour plutôt en adopter une holistique.
Le changement, ce n'est pas simplement décider de changer. C'est avant et surtout avoir pris le temps de cerner un obstacle.
Le modèle transthéorique de changement
Ou le programme TTM.
Est-ce que, en entrant dans le cabinet de ma psy pour les premières fois, elle savait où est-ce que j'allais me retrouver dans 7 mois? Non. Est-ce qu'elle allait finir par me dire après quelques séances: il est là, le problème. Vous le voyez? C'est à ça que vous devez parvenir. Non. Est-ce qu'elle ma aiguillé dans la bonne direction? Probablement. Oui.
Elle ne m'a pas d'entrée de jeu parlé de mon père, comme l'ont fait les autres charlatans que j'ai rencontré. Elle ne m'a pas forcée à regarder en face une vérité inaudible, invisible, impossible à fixer, comme s'il s'agissait des yeux de Méduse.
Elle m'a demandé de lui faire confiance. Et elle m'a assuré que la progression viendrait si je travaillerais.
Avec recul je vois clairement mon passage par chacune de ces phases sur un problème que je croyais complètement hors d'atteinte, immatériel et abstrait, fou en somme. Et aujourd'hui je comprends que si ce problème n'a pas de nom précis, d'auteur attitré... il a fortement été lié à une couleur que je ne voyais jusqu'alors qu'en faible saturation (c'est une métaphore).
Alors voilà, à tous ceux qui s'impatientent de voir que leurs conseils ne sont pas écoutés immédiatement, de voir qu'ils doivent répéter leurs conseils, de sentir qu'ils n'aident pas vraiment et que la personne n'est pas prête à prendre cette main qu'on leur tend...
Et à ceux qui demandent sans cesse de l'aide sans être jamais satisfait de la réponse, la plus constructive soit-elle...
Voilà comment nous "digérons" un changement en vue. Qu'il s'agisse d'un trauma face auquel nous souhaitons évoluer, d'une maladie dont nous souhaitons nous débarrasser, d'une rupture dont on souhaite guérir, d'une décision qu'on a envie de prendre, de poids qu'on a envie de perdre, etc.
Il y a plusieurs étapes face au problème...
Précontemplation du problème
Il s'agit de la phase pendant laquelle on commence à prendre conscience que... "quelque chose" ne va pas, sans l'accepter. On pense majoritairement au confort de la situation actuelle et on refuse en bloc de même imaginer ce que le changement entraînerait.
- Mais le problème parvient à notre conscience
- On réévalue notre environnement
- On se soulage drastiquement (pleurer beaucoup?)
- On se libère socialement
On réalise petit à petit que les avantages au changement existent. Que si on faisait si ou ça, on irait mieux. Sans vouloir le faire.
Contemplation
A ce moment là, on contemple le problème. On réalise qu'il existe, on le dit. On ose le dire, et on le reconnaît, mais en plus on peut le nommer. C'est à ce moment que l'on réévalue sa vie, sa façon de faire, de penser, et qu'on arrive à la porte du changement.
On réalise ici que les obstacles au changement ne sont pas si hauts! Qu'on peut le faire, que finalement il suffit de rester sur cette portée, cet élan de changer.
Mais on se dit quand même que rester dans la situation présente est plus facile, on appréhende le changement. Il s'agit d'une période de dualité dans laquelle restent les personnes du forum qui demandent à changer mais semblent ne pas écouter les conseils.
Préparation / Détermination
C'est une libération qui arrive. Après environ 3 mois de thérapie, ou 4 mois, j'ai réalisé que j'étais en train de changer. Que j'avais toujours mes problèmes mais j'ai vu le chemin à parcourir, je n'étais plus dans le brouillard, et j'ai compris que je pouvais le faire. J'ai vu des changements positifs et compris que mes exercices de méditation, de relaxation, d'acceptation et de résilience prenaient effet pour me reconstruire un psychisme. J'avais des rechutes. En cette période le soutien est important.
On finit par reprendre goût aux choses et à lier de nouvelles relations ou en renouveler certaines: ces relations qui nous portent vers le haut. On est en phase de conditionnement.
On réalise ici que l'on devient efficace. Par exemple, si l'on a commencé le sport, on sent que l'habitude a pris le dessus, on en ressent les effets. Si on fait de la thérapie, on réalise que oui ça mène quelque part et que ça soulage. Si on décide de perdre du poids, on voit vraiment qu'on a perdu tant de kilos et que ça fonctionne, que le changement opère.
Action
C'est dans l'action que le soutien doit être au top. Sans quoi la rechute parvient.
La carapace qu'on s'est formée, ou bien le muscle, la puissance psychique, la forme mentale ou sentimentale, se sont affirmés. On se renforce de jour en jour. C'est à partir de ce moment que j'ai décidé personnellement d'entamer un sevrage médicamenteux (j'avais accepté en période de précontemplation que je ne pouvais plus vivre dans une souffrance psychologique quotidienne à répétition, je m’essoufflais sans guérison, et j’essoufflais mes proches qui souffraient énormément de me voir ainsi - on ne peut supporter la douleur que jusqu'à un certain point). Et précisément à ce moment, je me suis considérée comme presque guérie.
- on apprend à se renforcer
- on apprend à se gérer, s'auto-gérer
- on apprend à contrôler la portée des stimuli extérieurs sur soi
Maintenance
Dernière étape, celle de la maintenance. C'est quand on prend conscience que la guérison est là, on y est parvenu, mais que l'on ne souhaite pas régresser. On fait en sorte de garder ce système que l'on a construit pour ne pas retomber dans le problème initial. Pour moi, cela veut dire accepter mes passages de crises, reprendre mes mantras, accepter de refuser les gens et les choses sans penser aux conséquences, et éventuellement accepter une aide médicamenteuse si la souffrance arrive. Mais plus généralement ça veut simplement dire, laisser l'angoisse passer, et vivre ma vie maintenant.
Finalement...
Rien ne sert de s'indigner ou jeter la pierre à ceux qui ne veulent pas écouter, ceux qui se trouvent en précontemplation, ou en contemplation. Il appartient à chacun de lancer un appel à l'aide. Le mieux reste de se positionner dans l'écoute pour commencer, l'observation. Un psy qui vous diagnostique dès le premier rendez-vous ne vous engagerai pas à le/la revoir, n'est-il pas?