C'est l'histoire d'un gars...
... et il s'appelle Benjamin. Il a 20 ans, a fini ses études et revient quelques jours à ses parents en Californie. Petit souci, on est au milieu des années 60. Et a cette époque, la société WASP de classe moyenne, elle est très chiante.
Vous savez, cette époque où "à 20 ans on ne peut pas voter, le pasteur/papa/l'homme de la rue désaprouve que vous vouliez avoir une vie sexuelle sans vous marier, mais pour aller vous faire tuer au Viet-Nam, allez-y, c'est votre devoir !"... Eh ben, Ben, il vit ça. D'ailleurs ses parents le traitent comme un espèce de singe savant, un faire-valoir.
Vous savez quelle soirée ils ont organisé pour leur fils ? Une soirée où ils ont invité LEURS amis, qui ont le double de l'âge de leur fils (au moins), pour montrer à qui veut l'entendre "hein qu'il a réussi, notre fils ? Hein qu'il tourne bien grâce à nous ?" L'enfer, quoi.
Et pourtant, Ben, qui préfère s'isoler va croiser Madame Ronbinson. Madame Robinson a deux fois l'âge de Ben et elle aussi se fait chier. Et elle aimerait TELLEMENT apprendre des tas de trucs à Ben.
Bon, Ben, il est un peu intimidé par cette femme plus âgée, assurée et troublante. Ce serait tellement pas bien, tellement pas moral, tellement pas correct... Mais bon, un commentaire chelou (lui faisant comprendre "vas-y gamin, je suis trop cynique pour le prendre mal !") de Monsieur Robinson et une envie de tirer sa crampe plus tard, il devient le jeune amant de madame Robinson. Et accessoirement, il envoie les conventions chier et décide que merde, lui aussi peut prendre du bon temps avant de trouver du boulot.
Et pourtant... cette relation n'a pas l'air de lui convenir. D'accord, il aime bien Madame Robinson, coucher avec, mais ça ne va pas plus loin, et il aimerait bien. Et là où les choses vont partir en vrille, c'est quand la fille des Robinson, Elaine, revient de Berkeley, que Ben va flirter avec et que Madame Robinson va TRES MAL le prendre...
La suite, 'faudra le regarder
Ce film, c'est qui ?
Déjà, y'a Dustin Hoffman, qui joue le jeune Ben. C'est d'ailleurs ce film qui va le lancer. Dans ce film, il est juste génial. Il incarne de façon nickelle la transition entre cette enfance qui durait longtemps et la découverte d'un nouveau modèle de vie en fracture avec la société établie qui se dessinait.
Ensuite, le gars à la réalisation, c'est Mike Nichols. Il recevra un oscar pour ce film. Les plans qu'on y voit expriment mieux qu'avec des dialogues ce que peuvent ressentir tous ces personnages : joie, tristesse, solitude, nonchalance, et amour tendre, tout s'y retrouve !
Maintenant, y'a les actrices, Anne Bancroft et Katharine Ross, respectivement Madame et Elaine Robinson. Et chacune dans leur genre et leur interprétation... waw
Et en plus de la plastique, l'interprétation tombe tellement juste : d'un côté une Mrs Robinsons qui derrière un masque de cynisme n'arrive pas à cacher sa peur de vieillir et de ne pas être aimée et de l'autre sa fille, jeune, candide, mais loin d'être conne et qui n'a pas non plus forcément envie de vivre sur des rails.
Ce triangle amoureux autour duquel tourne tout le film est fantastique et génialement interprété.
La musique
Passons à un autre pilier de ce film : sa musique ! Et là, nous parlons de Simon & Garfunkel. Ce duo est génial. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est (forcément) ça :
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Plusieurs de leurs chansons sont dans ce film, et ça donne génialement bien ! D'ailleurs, c'est aussi ce film qui les aurait lancés. En fait, chansons et film auront permis de se faire mutuellement connaître.
Et ça a beau avoir près de 50 ans, ça reste génial et indémodable. De la bonne musique, quoi ! Bon, ça peut avoir un côté déprimant, surtout avec les chansons genre "Sounds of Silence", mais ça n'empêche que je vous en voudrai vraiment tant que vous n'irez pas écouter
Le message
Nous en venons au plus intéressant. Ce film, c'est un peu la transition entre une Amérique puritaine, chiante et guindée, et les prémices de la contestation des années 70, le mouvement hippie et pacifiste. Sans vous dévoiler l'intrigue, le film remet en cause beaucoup de choses : la société "bien comme il faut", les normes appliquées sans y réfléchir, la place accordée aux jeunes adultes dans la société et bien d'autres. Mal suprême : on y voit même des tétons pendant quelques dixièmes de secondes et on y remet aussi en cause l'institution du mariage, qui ne devrait pas aller d'elle-même. Et à l'époque, niveau scandale, ça suffisait LARGEMENT pour se mettre la moitié de l'Amérique à dos...
Une réplique dans le film résume tout ça :
"- Elaine, it's too late !
- Not for me !"
En gros, les jeunes générations n'ont pas à reproduire ce qui a rendu leurs aînés malheureux parce que "c'est comme ça". Ce film est moins un appel au boxon généralisé qu'un appel à l'esprit critique, à ne pas gober tout ce qui est considéré comme acquis. Un ode à la jeunesse pour qu'elle se prenne en main et choisisse ce qu'elle veut vivre plutôt que de suivre ce u'on voudrait qu'elle suive - même avec les meilleures intentions du monde.
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Bon, j'écris cette critique un peu tard, et c'est un peu brouillon, mais si vous avez l'occasion de le regarder, foncer, vous allez (en principe) adorer
