On en avait discuté, Alea et moi, autour d’un verre.
Me proposant de partager ma vision du voyage et ce que j’en tire.
Après l’avoir humilié au billard avec la technique dite « de l’aveugle », je me suis promis d’atténuer sa peine en participant à son article...
Ma maigre contribution sur le sujet.
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Le voyage a – presque – toujours été une fuite.
Une
fuite bénéfique pour être précis, mais nous y reviendrons.
C’est important de le souligner, car il existe de multiples formes du voyage.
Et aucune n’est mauvaise tant qu’elle permet d’avancer.
Cela me trotte depuis ma jeunesse.
Vraiment.
M’enfuir aux États-Unis, telle fut mon idée à 13 ans.
L’enthousiasme de mon ami eut été bref, lorsque je la lui proposai.
Mon espoir étouffé dans l’œuf, nous retournâmes jouer en toute insouciance.
Un souvenir gravé dans ma mémoire, qui se répètera à de multiples reprises.
À mes 15 ans, le Japon.
Mes 19 ans, la Thaïlande.
L’Australie, l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient…
J’ai même cette photo de mon enfance, en Espagne.
Créateur du selfie moderne, aux portes de l’infinie, des grains d’or et de la Lumière.
C’est lors de l’année 2013 que se concrétisait
LE voyage.
Quelques mois plus tard s’ensuivait mon inscription sur FTS.
Ce n’était pas un hasard.
Sujet difficile à aborder, tant il y a de points à prendre en compte.
Je vais écrire
au plus simple, détaillant par destination.
2013 – Malte
Malte, c’est mon dépucelage du voyage.
Une première inoubliable, teintée d’émotions puissantes, parfois aveuglantes.
Mon arrivée sera marquée à vie dans mon esprit :
Je vois l’auberge éclairée. Douce nuit.
Ma nervosité monte d’un cran.
Je passe la porte d’entrée.
Quelques personnes affalées sur les fauteuils, devant la télévision.
Je ne dis pas bonjour.
Ma proprio airbnb se présente.
Jolie créature.
Elle m’accueille, me parle et me fait un tour de l’auberge.
Dans ma chambre, je lui tends maladroitement un cadeau, bien belge.
Elle semble contente.
Elle me laisse seul.
Je souffle un coup, m’assois sur un lit et me pose la question fatidique :
« Putain, mais qu’est-ce que je fous là ? »
Après quelques minutes, je reprends le contrôle.
Je côtoie les voyageurs.
Mesdames et Messieurs,
Je viens de découvrir la vie.
Ma vie.
Résultat : chaque jour, de 08h du mat jusqu'à 02h, je sors.
Des tonnes de rencontres, de sorties, d'expériences.
Je passe
beaucoup de temps avec les filles, couche avec une Italienne, je suis ultra sociable et suis même surpris d'entendre de leur voix des choses comme : « t'es chiant, mais on s'accroche à toi » ou encore « je t'aime bien. En fait, les filles [avec qui je passais mon temps] apprécient vraiment ta compagnie ».
Simple, mais ça m'a fait plaisir, et prendre conscience de diverses choses.
Que j'avais plus de pouvoir que je ne le pensais.
Que je pouvais être attirant et sociable, alors que ma vie, jusque là et objectivement, était merdique !
Le dernier jour, sur le chemin du retour :
J’ai pleuré.
Parce que je rentrais en Belgique.
Et non parce que je quittais Malte.
Raisons de ce voyage
Je me retrouvais dans une nouvelle phase de déprime, dans mon 6m².
En janvier 2013.
J’ai réalisé à quel point ma vie était vide.
Elle ne m’aimait pas, parce que je ne l’aimais pas.
Pourquoi le voyage a été une réponse à ce moment ?
Probablement ce désir d’enfance.
Au départ, j’hésitais entre deux destinations : l’Australie et Malte.
Pour des raisons économiques et de rapidité, le choix se porta sur cette dernière.
5 semaines, accompagnées d’un sac de 9 kilos.
4 kilos de vêtements et mon ordinateur portable de 5 kilos.
Dans un sens, j’avais déjà compris le minimalisme en voyage.
Je n’avais plus qu’à découvrir l’utilité réelle de ce choix, avec le temps
.
Les apports
Le tournant majeur de ma vie.
J’y ai découvert une raison, une passion, une aide.
Sur le court terme, cela m’a bien évidemment aidé à atténuer ma souffrance à multiples facettes :
Pas de famille, pas d’amis, pas de diplôme ou de projet, aucun hobby ou activité, aucune expérience concrète, je passais ma vie dans mon 6m². Aucun sens à ma vie.
Je me dirigeais dans la même direction que mon entourage.
Hypocrisie, mensonge, alcool, dettes, problème divers et j’en passe.
J’étais un mort vivant.
J’attendais juste de mourir, au sens physique.
J’m’en battais les couilles de tout.
T’entends pas ou quoi, négro ?
Rien, je n’avais vraiment rien, si ce n’était mon instinct de survie.
Le voyage était une fuite.
Et «
Dieu »
merci.
Même mon ami d’enfance doutait de moi à l’époque.
On en avait reparlé il y a 1 ou 2 ans.
« Franchement, je doutais de toi. Je me disais que tu faisais n’importe quoi. C’était vraiment un gros saut que tu voulais faire. Et maintenant, je sais que tu es celui qui s’en sortira toujours le mieux.»
Bien sûr, Malte cachait certains aspects, comme la solitude, car j’étais bien entouré du premier au dernier jour.
Et en ce sens, je remercie l’univers pour cette expérience parfaite, car cette première a été un déclencheur.
À moyen et long terme, j’ai réalisé que
ma vie ne se limitait pas à ce que je voyais, mais à ce que je croyais.
Autrement dit, si ma vie était une déchéance, le simple fait de me sentir différent de mon entourage, de sentir que je
devais vivre autre chose, vivre « mieux », m’a sauvé.
On dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Je suis bien d’accord.
Voyez ma fatigue.
Et ça, c’est la plus grosse leçon que vous pouvez en retirer.
Peu importe où vous en êtes, peu importe votre situation.
S’il y a une seule once en vous croyant en un avenir meilleur, alors vous êtes déjà en route vers votre destiné.
Le contraste entre l'avant et l'après est énorme.
Il n'a fallu qu'un simple « et si ? »
Et si vous aviez la vie devant vous ?
Je vais apporter les écrits relatifs aux voyages ayant suivi :
Hongrie, Tours, Porto, Rome, Faro et cette année 2016 (Danemark, Ecosse, Angleterre, France, Espagne, ...)