Bipolaire

Note : 40

le 04.01.2017 par Thedaze

6 réponses / Dernière par Oldboy le 13.04.2019, 15h49

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
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On parle de bipolarité à tord et à travers. Chacun y va de sa petite définition perso sans connaitre vraiment la nature du sujet. Quelques éclaircies s’imposent.

J’ai été diagnostiqué bipolaire type 2 l’année dernière. Suite à quoi je prend quotidiennement des médicaments pour être enfin stabilisé.


Définition

Autrefois appelé psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire fait partie des troubles de l’humeur auxquels appartient également la dépression récurrente (ou trouble unipolaire).
C’est une maladie qui dans sa forme la plus typique comporte deux phases : la phase maniaque et la phase dépressive. Entre les deux pôles, la personne qui souffre de maladie bipolaire, retrouve un état normal que l’on appelle « euthymie » ou « normothymie ».

La phase maniaque se définit comme un épisode d’excitation pathologique : le sujet qui en souffre est hyperactif et euphorique, inhabituellement volubile et fait de multiples projets. Il peut présenter divers troubles comportementaux, perdre toute inhibition ou engager des dépenses inconsidérées.

La phase dépressive est en quelque sorte le miroir de la phase maniaque : le sujet présente des signes de grande tristesse, il est ralenti et n’a goût à rien, parfois il veut mourir ; les formes les plus sévères sont qualifiées de «mélancoliques». Le danger principal de cette maladie est le risque de suicide.

Source: http://www.troubles-bipolaires.com

Mon expérience.
Chaque malade ressent les choses différemment, je ne propose qu'une version de la maladie, il y en a une multitude.


1 - La dépression ou « période basse »

J’ai fais de très longues et terribles dépressions par le passé, ponctuées de périodes de délires euphoriques intenses.

Quand j’entends dépression, je ne parle pas d’une heure dans la journée où tout semble noir. Non. Je veux parler de plusieurs semaines où la seule issue possible semble la fin de tout, la mort de soit même. Pour combler ce vide interne intense j’ai eu des pratiques à risque avec l’alcool, je me suis mis à boire seul parfois ou a sortir beaucoup en milieu festif et arrosé. Je me suis retrouvé dans des états seconds avec la seule issue de recommencer le lendemain pour vaincre mon mal être. J’ai pris de la drogue une petite partie de ma vie aussi. La violence des rechutes m’en ont éloigner progressivement.

La réalité est alors tronquée. Je tombais petit à petit dans la parano. Mes voisins voulaient me tuer, mes parents me détestaient, mes amis n’en étaient plus. Le monde se riait de moi.
Je ne m’alimentai que très peu et les phases de sommeil étaient chaotiques. Niveau sexualité tout était au point mort. Le corps de l’autre n’était là que pour me consoler, pas pour me faire jouir.

J’ai passé des nuits à me taper littéralement la tête contre les murs, à me maudire de tout les mots. J’ai passé des heures à pleurer sans savoir pourquoi. Je pensais que mon état était de ma faute, que je n’était qu’un faible incapable de se contrôler, j’avais tore. Et je vivais ses moments caché, par honte de moi même.

2 - Période « normal »

Puis, sans crier gare, l’état stable se mettait à revenir. Plus de pulsion de mort. Plus de pleur. Une sensation de bien être vient lisser toutes les craintes. Je me demandais où j’étais alors passé pendant ces instants si longs et durs. Mes capacité d’analyse revenaient à la normal. Je dormais bien. Je mangeai correctement.

3 - Période maniaque ou aussi appelé « période haute »

J’avais alors l’impression d’être shooté H-24. De nature plutôt introverti, mon verbe se faisait beaucoup plus expansif et mes gestes plus grands. Pris d’une hyper activité incontrôlable je me mettais à faire beaucoup de choses en même temps sans les finir.
Comportements à risque aussi avec l’impression d’être immortel. Beaucoup d’excès de vitesses. De l’alcool encore. J’ai escaladé plusieurs fois des immeubles complètement saoul manquant de me tuer une paire de fois. L’engagement dans des projets pharaonique était devenu ma spécialité, je me suis inscrit à des compétitions sportives sans en avoir le niveau….
La période haute était signe d’hyper activité sexuelle incontrôlable aussi. Un feu que rien ne peut éteindre, jamais rassasié. Une douleur supplémentaire.
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Le déclencheur

Début 2016 mes crises se faisaient de plus en plus violentes jusqu’à ce matin où j’ai vraiment souhaiter mourir. La douleur psychologique était devenu atroce. J’étais à deux doigts de passer à l’acte quand je me suis repris in extremis.
Je me suis alors fais un cadeau en allant d’abords en centre de psychologie puis, en urgence, j’ai été pris en charge par mon médecin qui vu clairement quel était mon problème.
Peut de temps après il ne fallu que quelques séances chez un psychiatre spécialisé et le verdict est tombé. « Monsieur vous êtes plus que certainement bipolaire »
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Acceptation et médicaments

« Maladie mentale », sont des mots qu’on a pas forcement envie d’entendre. Mais les faits son là. Alors j’ai tout accepté. Les premiers temps ont été douloureux. Il a fallut plusieurs mois pour reprendre confiance en moi et arrêter de me répéter en boucle que j’étais un être anormal. Il à fallut aussi et surtout trouver le bon médicament avec la bonne dose à prendre. J’ai d’abord été très malade suite à des effets secondaires.
Puis petit à petit j’ai trouvé mes dosages selon les moments et mon corps a fini par accepté la molécule (un régulateur d’humeur) qui me rend aujourd’hui stable.

Cette maladie est une vraie saloperie car pas linéaire. C’est d’une complexité qui demande à se connaitre soit même par coeur sans se voiler la face. Il y a autant de forme de bipolarité que de parcours de vie. Mon expérience en est une parmi tant d’autre. J’ai eu la chance inestimable d’être tombé sur des gens très compétant lors de mon appel au secours.
Le fait que mon corps et mon cerveau accepte mon médicament aussi bien est aussi un sacré bonheur. Certains autres malades n’ont pas cette chance et galère parfois longtemps pour trouver quoi prendre.
Selon les médecins, plus le problème est pris en amont, plus l’hygiène de vie est bonne et moins le patient est dur à traiter.

Il faut parfois longtemps pour déceler la bipolarité. Comme dit plus haut c’est une maladie complexe qui peut prendre beaucoup de formes selon la personnalité de chacun. J’ai vu plusieurs psys par le passé sans qu’aucun n’arrivent à exprimer clairement ce que j’avais. Il aura fallut que j’arrive au bout de moi même pour y parvenir.
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Adaptation à la vie « normal »

Voila on y est. Plus de crise. Plus de pulsions incontrôlables. Plus de dépressions. La vie semble plus paisible enfin. Je joui enfin de la vie sous toutes ses coutures ;)

Néanmoins j’ai mis un certain temps à vaincre mon alcoolisme aussi léger soit il. Au moment où j’écris cet article je me sent comme clean même si parfois je rebois un peu ou si je reprend un peu de drogue. Je serais honnête là dessus, je ne pense pas pouvoir m’en passer toute ma vie. Cependant ces moments se font rare et festifs. Et je n’en éprouve plus un besoin. Juste une envie passagère que j’assouvis parfois, espacé d’un temps assez long. Un jour peut être serais-je complètement net… J’y travail en tout cas.

Peut de personnes sont au courant de ma maladie. J’estime que les gens n’ont pas à savoir ça. Et bien malheureusement, les mots « maladie mentale » résonne très péjorativement aux oreilles des gens. Je ne tient pas à faire peur à mon entourage.
C’est aussi pourquoi j’écris ceci, pour que les autres comprennent de quoi cette maladie est faite et surtout de savoir qu’on peut très bien s’en sortir.
Aujourd’hui j’ai quelqu’un dans ma vie, j’ai un projet d’entreprise qui suit son cours, mes relations avec ma famille et mes amis n’ont jamais été aussi saines… Tout est différents mais en mieux.
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Petit apparté: je me suis rendu compte que quelque chose clochai aussi en tenant des journaux sur FTS. Merci au forum pour ça. Merci à vous.

Je remercie tout particulièrement Zaïk et son article qui m’ont beaucoup donné d’espoir. 26-ans-et-schizophrene-vt37299.html

Bien à vous

T.D
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Bravo ! le 04.01.17, 15h36 par Finn
  • [+3] Constructif le 04.01.17, 15h55 par Jalapeno
  • [+3] Bien joué le 04.01.17, 17h59 par voucny
  • [+3] A lire le 04.01.17, 19h04 par Bumble
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  • [+2] Merci ! :) le 08.01.17, 21h38 par Acier
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  • [+3] Post de qualité le 11.01.17, 00h02 par Poivron
  • [+1] Instructif le 11.01.17, 21h15 par Desquestions
  • [+3] Bravo ! le 19.01.17, 12h20 par CheBoludo
  • [+1] Très intéressant le 22.01.17, 16h49 par Hampel
  • [+1] Effectivement le 07.05.17, 04h26 par Plushit
  • [+1] Instructif le 10.05.17, 22h54 par Apheleia

J’imagine que ce post n’a pas été facile à écrire. Bravo pour ton courage, et le soin que tu as mis à rédiger tout ça. J’espère que ça en aidera plus d’un ou une.
Bravo et merci.

J'ai envie de te dire "Bienvenue au Club des Bipo".

Je vois que tu t'es bien renseigné sur la maladie, tu sais que tu es Bipo type 2, c'est bien de le savoir dès le début du diagnostic, ça aide à apprendre à gérer notre problème de yoyo.

Pour ma part, il m'a fallu beaucoup de temps et de souffrances pour voir enfin posé le diagnostic. J'espère que tu ne le vis pas trop mal.

Si tu as des questions sur notre trouble commun, tu peux m'envoyer un message.

A bientôt et courage

Si tu vas en bibliothèque ou en librairie, il y a un super livre/BD qui est sorti cette année :

Image

Il explique de manière amusante et très imagée les troubles bipolaires en général, la cyclothymie en particulier (un peu comme un type 2 en moins prononcé). C'est un excellent ouvrage pour expliquer facilement à des proches, et peut-être vivre cet aspect de toi d'une manière plus positive.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Merci ! :) le 19.01.17, 08h49 par Thedaze

Bonne description.

En relisant mon journal, j'arrive à identifier les periodes ou j'etais hypomanique. Il y a clairement quelque chose qui se passe en matiere de seduction, je sais pas si c'est le boost de confiance en soi, la prise de risque/absence de limite, mais en tout cas, en etant en haut du spectre, tout est beaucoup plus simple.

Une maj.

2018 où l'enfer intérieur.
J'ai touché au drogues dures, je me suis fais largué, perdu mon boulot (qui ne n'allais pas du tout), perdu une grande partie de mon cercle sociale.

Phases maniaque pendant plusieurs mois, dû surtout à la prise de cocaïne régulièrement. Puis la redescente. Passage par l'hp. Dépression lourde à la clé de tout ceci.
Test de moult médicaments pour me stabiliser. Addiction aux anxiolytiques (6mois de doses de cheval).

Puis viens la Désintoxication de la cocaïne.
Sevrage des anxios.

Grande aide de ma famille, heureusement.
La partie de fts au courant... merci de m'avoir soutenu et toléré ici.

2019.
Fin d'arrêt maladie.
Sevrage ok.
Déménagement.
Stabilité... encore en cours. Je lâche rien. J'essaie de faire du mieux que je peux.

À bosser: gestion du stress.
Gestion des reliquats de phases divers et variés.
Dormir mieux.
Trouver un travail adapté.
Croiser les doigts pour ne plus jamais retomber dans les travers obscures qui emportent l'âme dans le noir profond.
Apprendre à s'aimer avec tout se qu on est.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Courage le 13.04.19, 13h44 par The_PoP
  • [+1] Courage le 14.04.19, 00h40 par Jalapeno

Bien du courage.
Pas évident à une époque ou les maladies mentales sont soit stigmatisées pire que les morpions, ou servent d'explication au moindre coup de déprime du premier loser qui s'ennuie.
Je connais très bien la bipolarité, mon père avait ça. J'ai semble-il échappé à la possible hérédité, mais je comprend tout à fait les schémas que les diverses phases induisent. Lâche rien.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Merci ! :) le 13.04.19, 18h03 par Thedaze

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