Attention, vous êtes sur le point de répondre à un topic dont le dernier message date de 11 mois. Est-ce bien nécessaire de remonter un si vieux topic ?
Oui, sans attendre une minute de plus, définitivement oui.
Coucou les vers à soie, je vous ai laissés dans l’oubli pendant presque un an, quel bien mauvais compère je fais. Et le pire c’est que je n’ai aucune bonne raison de vous avoir oubliés. Je vous ai… Juste oubliés.
Vous voulez savoir hein ? La fin de l’histoire. La conclusion de toutes ces aventures que j’avais laissées en suspens. Ce rendez-vous avec Claire. Ce texto de Liberté. Et le récit de cette soirée avec la farine et les tortues, que je vous avais promis et que je ne vous ai jamais raconté.
C’est peut-être un peu cette petite culpabilité qui m’a empêché de revenir plus tôt. Aujourd’hui je suis revenu…
Tourne le dos à la caméra, en contre-plongée, fait face aux derniers rayons du soleil. Une note de guitare saturée, lourde, soutenue, se fait entendre dans le lointain.
Aujourd’hui je suis revenu pour payer une vieille dette.
Je suppose que les choses ont besoin, un minimum, d’être replacées dans leur contexte. Cette histoire commence peu de temps après la soirée du 10 décembre 2016, où j’avais partagé ces quelques baisers avec Scarlett, et cet échange de textos avec elle le lendemain, où on avait convenu d’en rester là.
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À ce moment, l’idée me trottait dans la tête d’aller faire un petit tour à Lille, vu que je commençais à avoir un certain nombre de connaissances qui vivaient là-bas. Boucle d’Or faisait partie de ces connaissances. On était alors mardi 13, et je contactai la douce blonde pour l’informer de mes plans.
Les choses ne se passant jamais tout à fait par hasard dans ma vie, la belle me répondit qu’elle était à Rennes en ce moment, et proposa qu’on se vît le lendemain.
Le lendemain, j’entamai l’aprèm avec un pote que je n’avais pas vu depuis un moment. Débat intéressant sur les relations libres. Il allait voir Rogue One, je le laissai à l’entrée du ciné pour aller à ma soirée. Une intuition me venait, je sentais le plan foireux avec Boucle d’Or. Je savais qu’elle serait sûrement avec son mec ou un autre, et que je ne l’aurais pas pour moi tout seul.
À vélo, je remontai vers les quais et croisai un cortège de manifestation. Je crus apercevoir Mona Lisa, et ça me mit dans un état bizarre, un mélange d’espoir et de mélancolie. Avec le recul, en écrivant ces lignes, je me rends compte que j’étais peut-être un petit peu amoureux d’elle, et que ma rupture avec elle m’avait fait plus de mal que je ne voulais l’admettre. Dans tous les cas, j’avais une soirée à attaquer et je n’allais pas me laisser abattre.
Je reconnus des visages familiers dans le cortège, des copains de manif. Parmi eux il y avait le mec avec qui Boucle d’Or sortait la dernière fois que je l’avais vue. Je ne savais pas s’ils étaient toujours ensemble, mais je me doutais qu’ils allaient finir par se rejoindre dans la soirée ; d’autre part Boucle d’Or ne m’avait pas encore dit à quel endroit nous devions nous retrouver. Je décidai de rester avec le groupe.
Plus tard en bar, Boucle d’Or nous rejoignit. Je ne sais pas si elle était toujours avec le gars, mais elle discuta avec beaucoup d’hommes dans la soirée, et je n’avais pas assez d’espoir, d’énergie, pour l’isoler. Au moment de lui dire au revoir, elle me dit qu’elle regrettait qu’on n’ait pas pu discuter plus que ça. Je lui dis simplement « on va se revoir » en lui touchant le bras. J’étais sincère à ce moment ; mais par la suite, j’ai fini par me faire une raison. Mes potes, qui la connaissaient, m’ont aidé à garder la tête froide. Si elle avait vraiment voulu une aventure avec moi, elle se serait rendue disponible. J’ai arrêté de la contacter, et depuis ce jour je ne l’ai pas revue.
Ainsi se conclut l’arc Boucle d’Or de mon épopée.
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Je passai la nuit chez un pote du groupe, un autonomiste en blouson à pointes que j’ai envie d’appeler Astérix. Il avait tout un stock de feuilles à rouler d’une taille absurde. J’étais non fumeur mais je trouvais l’objet amusant, il m’en donna un paquet. Le lendemain, jeudi 15, je devais aller à une conférence sur l’emploi ; Astérix, qui n’avait rien à faire, proposa de m’accompagner. En chemin, absorbés par la conversation, nous ne remarquâmes pas que nous avions pris machinalement la direction de la rue de la soif. Il était trop tard pour faire demi-tour et arriver à temps à la conférence.
Astérix décida de rentrer chez lui. Il faisait beau, j’étais d’humeur légère, je décidai de flâner et de laisser mes pieds me guider. Je vis cette fille d’Unicef que j’avais croisée fin septembre, l’histoire du balai de chiottes. Cette fille aux yeux bleus-verts magnifiques. Elle était en train de démarcher un passant ; je fis quelques signes mais elle ne me vit pas, ou ne me reconnut pas. J’appris plus tard que je n’avais de toute façon aucune chance avec elle, car elle était lesbienne. Ah mince.
J’envoyai un message à l’Italienne — l’autre fille d’Unicef — qui m’expliqua sa situation particulière avec la garde de son petit, et qu’elle était, si j’ai bien compris, toujours en cohabitation avec son « chéri » — un brin confus cette histoire — et me propopsa de passer chez eux. Je lui répondis en toute franchise que je préférais éviter car la situation risquerait d’être bizarre. Elle ne répondit pas.
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Pour conclure mon histoire avec cette Italienne, il faudrait que je raconte une dernière chose. C’est quelque chose que je n’ai pas mis sur papier, et je ne me rappelle pas la date exacte, mais ça devait être en février ou début mars. La miss me propose de passer chez elle pour regarder un Hitchcock en VO, un dont on avait déjà parlé. North By Northwest. Je lui avais dit que je ne l’avais jamais vu, elle m’avait répondu qu’il fallait absolument rattraper ça.
J’étais certain d’une chose : que je n’avais pas d’attirance physique pour elle. Mais je n’avais pas de raison de refuser son invitation. C’était une personne intéressante, je m’entendais plutôt bien avec elle et on avait de bonnes conversations.
Nous discutâmes beaucoup, de choses intéressantes, jusqu’à ce qu’elle m’explique ses problèmes avec son ex. Je ne veux pas donner de détails ici, mais elle avait dans sa voix une rancœur qu’elle cachait mal, et ça m’a mis un peu mal à l’aise.
Finalement on lança le film, tard. Je manquai de m’endormir devant. Puis on alla se coucher dans le même lit. Alors que j’étais déjà à moitié endormi, elle me demanda subitement :
« — Je peux te poser une question ?
— Euh… Ouais, vas-y.
— Pourquoi tu es venu chez moi ce soir exactement ?
— Euh, parce que tu m’as invité… Je sais pas, tu t’attendais à autre ch–
— Non. »
Elle avait lâché ce « non » avec précipitation. Puis le silence s’installa, et ça m’arrangeait bien, j’avais bien trop envie de dormir.
Le lendemain, on était dans les vapes parce qu’on n’avait pas beaucoup dormi — film lancé trop tard, et lever de bonne heure pour déposer le petit chez la nounou — mais le petit déj se passa relativement bien. Malgré tout, je ressentis un soulagement en rentrant chez moi.
Depuis cette soirée, je n’ai pas cherché à la revoir, et elle ne m’a pas recontacté non plus, donc ça me paraît raisonnable de dire que l’affaire est classée.
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Je reprends mon récit du jeudi 15. Ainsi j’errais, le nez au vent, dans les rues de Rennes. J’avais besoin de farine complète pour une recette, et je me dirigeais sans me presser vers une des supérettes du centre-ville. Alors que la nuit tombait, dans l’ambiance à la fois chaleureuse et froide des lampes au sodium qui commencent à s’allumer sous un ciel contrasté de gris anthracite et de rose, je sortais de la supérette sans avoir trouvé ce que je cherchais. Là, je croisai Wing. Elle m’informa que Pote lui proposait de boire un verre dans un de nos bars favoris, vers 18h, et me conseilla, pour ma farine, d’aller voir un magasin un peu au sud du centre. Enfourchant un vélo, je couvris la distance en quelques minutes, trouvai enfin la bonne farine, de la T150, ultra complète. Vous pouvez faire du ciment avec ça. Toujours de bonne humeur, je plaisantai un peu avec la caissière sur le fait de dire « bonsoir » alors qu’il n’est même pas 18h, que moi j’aime bien continuer à dire « bonjour » même quand la lumière décline parce que ça donne un peu l’impression que l’après-midi n’est pas encore terminé. Retour à vélo avec mon paquet de farine complète sous le bras.
J’arrivai le premier au bar. Il y avait deux nanas en terrasse, je me dis que je pourrais aller leur parler si les copains mettaient trop de temps à arriver. Je commandai une bière. La barmaid, que je connaissais un petit peu, faisait semblant de se plaindre en rigolant ; elle avait passé une heure à ranger les livraisons, ni son collègue ni son patron n’étaient là pour l’aider.
Quand Pote arriva, il commanda son verre puis me dit
« — Viens avec moi dehors le temps que je fume !
— Ok mais on va parler aux deux filles ! »
Sans me laisser le temps d’hésiter je m’assis à la table des filles et commençai à leur demander leurs prénoms. Pote me rejoignit. On échangea quelques plaisanteries, puis, alors que Pote terminait sa clope et que le rythme de la conversation diminuait, je décidai de nous éjecter en disant aux filles à plus tard.
Ces deux filles n’étaient pas très intéressantes en fin de compte, et j’avoue ne pas avoir fait d’effort particulier pour mémoriser leurs visages. Je vous ai déjà parlé de ce petit problème que j’ai parfois à retenir le visage des gens quand je ne les connais pas bien. Plus tard dans la soirée, alors que Pote croisait une des deux filles dans l’allée exigüe du bar, je le vis faire un signe dans ma direction. Je ne reconnus pas la fille, je crus qu’il voulait me présenter une amie. Je lui dis bonjour. Malaise…
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Avant de continuer à vous raconter cette soirée, véritable fil rouge de mon post, je dois vous parler de Liberté. La rouquine du covoiturage. Je l’ai revue en janvier, soirée tranquille en bar avec des amis à elle. Moyenne d’âge plus jeune que moi, ils étaient tous en service civique. J’ai discuté pas mal avec ses amis, ils avaient une asso et un projet que j’ai trouvé super intéressant. Vu que j’avais des compétences qui collaient, je leur ai proposé mon aide.
Liberté était un peu en retrait et je n’avais pas encore eu beaucoup d’interactions avec elle, mais ce n’était que le début de la soirée. Je prévoyais bien de l’isoler à un moment pour faire monter la température. Et puis… Un moment d’inattention de ma part, je revenais de commander un verre ou quelque chose comme ça, et elle avait disparu. Une de ses potes me dit qu’elle venait de partir pour le métro. Décidément, c’est une manie chez cette fille de partir sans dire au revoir…
Je sais que je n’aurais pas dû courir. C’est pourtant ce que j’ai fait. J’ai dit au revoir précipitamment à l’amie qui était là, et puis j’ai rattrapé liberté qui n’était pas très loin devant. J’ai dit « je n’allais pas rater l’occasion de te dire au revoir » ou un truc nul de ce genre. Je reste avec elle dans le métro. Je demande encore maladroitement « tu as passé une bonne soirée ? »
Bon sang. Comme un papa qui demande à son enfant si sa journée à l’école s’est bien passée.
Je fais trois stations de métro avec elle. Conversation molle, pas vraiment de blancs, mais pas d’enthousiasme. Je lui dis finalement au revoir et je descends.
Par la suite, j’ai tenté d’avoir un autre rendez-vous avec Liberté mais je n’ai eu droit qu’au silence radio. Un soir où j’étais avec des amis et où on parlait de ça, j’ai eu envie de comprendre, et j’ai réussi à formuler un message qui, de mémoire, ressemblait à ça :
« Bonsoir Liberté, je te dérange une dernière fois pour comprendre la raison de ce silence. Il m’a semblé que tu étais une personne équilibrée, capable de dire quand quelque chose ne va pas. Je pense que je mérite de savoir, je suis prêt à encaisser la critique, si ça peut m’aider à ne pas refaire des erreurs. Je te serais vraiment reconnaissant si tu prenais le temps de m’expliquer ce qui ne va pas. Je peux compter sur toi ? »
J’ai eu sa réponse quelques jours plus tard :
« Je suis tombée endormie. »
Qu… Pardon ?
Ça m’a tellement scié. Ça m’a fait rire aussi, mais j’ai tellement rien trouvé à répondre à ça que, à l’heure où j’écris ceci, je n’ai toujours pas répondu
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Reprenons : soirée, fil rouge. Vous suivez toujours ? Wing nous rejoignit, Pote et moi, vers 18h30. On parla d’aller dans un autre bar ; Pote devait faire un détour, Wing et moi prîmes donc tous les deux le métro en direction de cet autre bar. Durant le trajet elle me parla du mec qu’elle fréquentait à ce moment, du fait qu’il ne l’embrassait jamais, qu’il n’avait, à la croire, aucune considération pour elle. Je savais qu’elle l’avait rencontré très récemment et me demandai pourquoi elle restait avec lui dans ces conditions. À vrai dire, je n’avais pas envie de parler de ça, je voulais que l’ambiance reste joyeuse, alors j’ai répondu de manière peut-être un peu trop directe. « Ce n’est pas une relation. Pourquoi tu restes avec lui ? Tu sais bien qu’il y a des tas de mecs qui valent le coup autour de toi. »
Franchement je ne comprenais pas Wing, c’était pas son genre. J’essayai de changer le sujet de conversation pour quelque chose de plus joyeux mais elle revint dessus à plusieurs reprises.
Nous arrivâmes au bar. Le videur avisa mon paquet de farine — il ne voulait pas me laisser rentrer avec ça, et c’était compréhensible.
« Mais monsieur, je peux prouver que c’est de la vraie farine, c’est pas de la cocaïne hein ! »
Il rigola. Il était cool, il proposa de garder le paquet avec lui, et de me le rendre quand je partirais.
C’était la dernière soirée avant fermeture définitive, il y avait un monde fou et une ambiance tout aussi folle. Pote était à l’étage au milieu d’un groupe d’une dizaine de personnes, ses collègues de boulot. Ils avaient rassemblé quelques tables et il restait assez de place pour Wing et moi. Je laissai mes convives pour aller tirer de l’argent. Une collègue de Pote (que je ne connaissais pas) me confia sa carte et son code… Ok, la confiance est totale.
Quand je revins, Wing était aux toilettes. Je pus reprendre ma place mais il y avait beaucoup de gens debout ; j’interpellai une jolie black à côté de moi. « Tu veux t’asseoir ? » Elle ne se fit pas prier. Pote qui était à côté, était en grande conversation avec son voisin et n’avait pas fait attention. Je lui dis « hé regarde, Wing a changé de carnation ! » La black rigola, visiblement elle avait bien pris ma blague… Quand j’y repense, à jeun je n’aurais sans doute pas pris le risque ^^″. Peu après je lui montrai ce paquet de feuilles à rouler gigantesques qu’Astérix m’avait donné. Elle fit une blague sur la taille de certaines choses — l’allusion était facile à saisir
Malheureusement je ne pus pas discuter longtemps avec elle, elle rejoignit son groupe d’amis qui était en train de partir.
Quand Wing revint, elle se remit à parler de ses problèmes de couple avec Pote. Ça m’ennuyait. Moi je débordais d’énergie, j’avais envie d’interagir avec tout le monde, je me tournai vers ma droite et vis une jolie rousse avec un bérêt vert. Je lui demandai : « est-ce que tu es un Leprechaun ? » Elle ne comprit pas et me demanda de répéter. Elle avait un accent bizarre. Je répétai, puis je la vis parler en langue des signes avec sa voisine. Je compris qu’elle était sourde. Les deux étaient jolies et je voulais continuer à discuter avec elles ; je leur montrai le seul mot que je savais signer : ananas. La voisine me dit que ce n’était pas original, que tous les entendants connaissaient ce signe. Ensuite, elles m’apprirent comment signer la tortue terrestre, avec le pouce imitant la tête qui sort de la carapace, et la tortue marine, en plaçant les mains l’une au-dessus de l’autre, les pouces imitant les nageoires. C’était mignon.
Et puis elles se remirent à signer entre elles, et je ne savais pas trop comment relancer la conversation, j’avais l’impression de m’imposer. Je pris conscience de l’avantage qu’elles avaient de pouvoir communiquer quel que soit le volume sonore ambiant.
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Je fais une dernière interruption pour vous parler de Claire. Claire qui avait rappelé du passé et qui m’avait donné rendez-vous début janvier. Patient, j’avais laissé passer une semaine, puis deux, et puis je décidai de prendre les devants et lui envoyer un petit message pour lui rappeler, poliment et subtilement, le rendez-vous qu’elle m’avait promis.
Elle répondit quelques jours plus tard, en un message assez long mais dont la sincérité était remarquable. Elle avait rencontré quelqu’un entre temps, et elle préférait être honnête envers son copain et envers moi-même, et donc elle annulait le rendez-vous. Une expérience diamétralement opposée à celle que j’avais eue avec Liberté. Je lui répondis que j’appréciais sa sincérité, et que si nos chemins devaient se croiser à nouveau, je serais ravi de la revoir.
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Plus tard lors de cette soirée du jeudi 15, je sortis pour reposer mes oreilles et accompagner les amis qui fumaient. Le videur me prit à parti.
« — Quelqu’un a volé ton paquet de farine !
— Quoi ? » J’étais indigné. « Mais qui est aussi mesquin ? »
En réalité, il avait juste caché le paquet. Petit coquin va.
C’est à ce moment que mes potes décidèrent d’ouvrir le paquet, et une bataille de farine menaçait de s’engager, devant l’entrée du bar. J’étais alcoolisé mais je défendis chèrement ma possession, et réussis à mettre à l’abri le paquet avant que la situation s’emballe.
Au moment de partir, je crois que j’avais un peu de farine sur le nez. J’approchai une demoiselle à la peau mate, les cheveux coiffés en fines tresses.
« Hé regarde, j’ai un paquet de farine ! »
L’approche la plus débile que j’aie jamais faite. Mais la fille était réceptive, des fois ça marche vraiment avec n’importe quoi. Les potes, qui voulaient rentrer, me saisirent par le col ; alors que j’étais trainé de force, je criai à mon interlocutrice :
« — Comment tu t’appelles ? »
Elle me répondit en criant elle aussi « Joana ! » Elle était morte de rire.
« — Je t’aime Joana ! On se reverra ! »
Là-dessus, sans aucune pitié, les potes me tirèrent encore plus fort, et je ne revis plus jamais Joana.
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Il me reste une dernière chose à vous conter pour terminer le récit de cette soirée. La conclusion. La chute (badum-tsss).
Alors que nous marchons dans les rues pavées du centre-ville, une jeune fille alcoolisée nous accoste. Une toute pitite, genre étudiante en première année. Elle sortait d’un bar proche, elle a clairement un style de bourgeoise avec les escarpins, le sac à main de luxe, le manteau de cette immonde couleur saumon pâle, vous savez. En me voyant elle s’agrippe à mon bras, à moitié parce qu’elle n’a plus d’équilibre, à moitié dans un élan d’affectuosité éthylique. Puis elle relâche son étreinte et gagne le trottoir d’en face. Nous marchons dans la même direction, mon groupe et le sien, chacun sur notre trottoir respectif.
Et elle commence à parler. C’est dommage que je ne me souvienne pas exactement de ses propos, je pense que ça aurait valu quelques grammes d’arachide, retranscrit sur ce forum. C’est méprisant et provocateur, elle critique mon apparence, se prétend d’une classe sociale supérieure. J’imagine que c’est sa façon d’attirer l’attention. Son mépris me passe au-dessus, et je ne vois pas franchement l’intérêt d’argumenter face à une jeune fille bourrée. Alors bon, je préfère fermer ma gueule, en priant pour qu’elle ne suive pas trop longtemps le même chemin que moi. Et puis là d’un seul coup, elle glisse sur le bord du trottoir et se vautre magnifiquement !
Je vérifie quand même si elle va bien, parce que je suis trop gentil. En attendant ça l’a bien calmée, des fois je me dis qu’il y a une justice divine
Et puis avec les potes on reprend notre route, enfin au calme.
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Voilà les amis, c’était la fin de mes aventures de l’année 2016. Acceptez mes indignes excuses pour cet immense retard, et pour ne pas avoir de choses plus croustillantes à partager. On pourrait croire, comme ça, que toutes ces expériences se sont conclues de manière négative, mais en ce qui me concerne ça ne me paraît pas négatif. J’ai juste vécu de bons moments. Il n’y a pas eu plus que ça de sexe. Qu’est-ce que ça aurait changé ? Pas grand chose.
C’est quand je me rends compte que le sexe n’est plus aussi important qu’avant que je réalise que je progresse, à l’intérieur. Ce n’est plus une marque de validation pour moi. Et au final, c’est peut-être ça la véritable conclusion positive de cette année de mon journal.
Quoiqu’il en soit, je réalise aussi que j’ai un peu perdu de vue l’objectif de mon journal — ou que je n’avais jamais pris la peine d’y penser. Je veux avoir des belles histoires à raconter pour que vous, membres du forum FTS, puissiez en tirer inspiration, motivation, ou juste amusement. Donc à l’avenir, les trucs trop banals, je les garderai pour moi.
J’ai aussi réalisé que j’avais comme une petite hantise des souvenirs qui se déforment, et que coucher mes mémoires sur papier était important pour moi. Donc maintenant j’ai deux journaux : celui que vous lisez actuellement, et celui que je tiens sur papier pour moi seul.
Au fait, vous imaginez bien que je ne suis pas resté inactif durant l’année 2017, donc… J’ai encore deux ou trois trucs à raconter.
À bientôt les enfants ! ;)
The Seatbelts – Cats on Mars
Pa-doo-pah
Pa-doo-pah…