[LITTÉRATURE] Poésie

Note : 31

le 13.12.2013 par wayl

57 réponses / Dernière par FK le 23.11.2021, 22h19

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
amelia a écrit :C'est marrant MaryeL, je me disais exactement la même chose depuis quelques jours et j'adore ton choix!


Allez un petit Yeats qui a une signification particulière pour moi :


La chanson d'Aengus le vagabond
Postez les en entier, tant qu'à faire :)

Yep FK, j'allais venir le mettre ce matin, j'ai eu quelques bugs d'ordi hier soir :)

La chanson d'Aengus le vagabond

J'allai au bois de noisetiers
Parce qu'en ma tête brûlait un feu,
J'en coupai et pelai une branche,
Au bout d'un fil j'accrochai une baie ;
A l'heure où l'on voit voler les phalènes blancs
Et que vacillent les étoiles, ces autres phalènes,
Dans un ruisseau je jetai ma baie
Et pris une truite argentée.

Quand je l'eus déposée sur le sol
J'allai souffler le feu,
Mais j'entendis un frisson sur le sol
Et quelqu'un m'appeler par mon nom :
C'était maintenant une femme radieuse
Dans ses cheveux des fleurs de pommier,
Qui m'appelait par mon nom et s'enfuit
Et s'évanouit dans la lumière qui montait.

Bien que je sois vieilli d'avoir tant erré
Par les creux et les collines de la terre,
J'irai découvrir où elle s'en est allée,
Baiser ses lèvres et lui prendre les mains,
Parmi les hautes herbes tachetées de couleurs,
Et cueillir jusqu'à la fin des temps
Les pommes d'argent de la lune
Et les pommes d'or du soleil.

(W. B. Yeats, in "Le vent dans les roseaux")
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Like ! le 12.11.14, 11h07 par FK
  • [+1] Like ! le 12.11.14, 11h54 par Sclavie

Hop je déterre.

Moi qui me qualifie le plus souvent de "pas du tout poésie" parce que je manque de culture dans ce domaine là, ce matin, alors que je trainassais sur le net avec mon clope et mon café, je suis tombée sur ça.

Séguidille

Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un jaune boudoir,
Comme en mil huit cent trente.

Presque nue et non nue
À travers une nue
De dentelles montrant
Ta chair où va courant
Ma bouche délirante.

Je te veux trop rieuse
Et très impérieuse,
Méchante et mauvaise et
Pire s'il te plaisait,
Mais si luxurieuse !

Ah ! ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah ! pose
Ton coude sur mon cœur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j'adore !

Ah ! ton corps, qu'il repose
Sur mon âme morose
Et l'étouffe s'il peut,
Si ton caprice veut !
Encore, encore, encore !

Splendides, glorieuses,
Bellement furieuses
Dans leurs jeunes ébats,
Fous mon orgueil en bas
Sous tes fesses joyeuses !

Paul Verlaine.

--
Et putain c'était beau.

Une pensée à Amélia.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Like ! le 25.05.16, 15h54 par Onmyoji
  • [+1] Like ! le 25.05.16, 16h55 par Sathinelilly
  • [0] Friendzone ! le 26.05.16, 11h59 par amelia
  • [0] Wow le 27.05.16, 08h42 par MaryeL
  • [0] Wow le 29.05.16, 13h36 par Bumble
  • [+1] Merci ! :) le 11.08.16, 02h05 par wayl

Roméo , à un valet, montrant Juliette. – Quelle est cette
dame qui enrichit la main de ce cavalier, là-bas ?

Le Valet. – Je ne sais pas, monsieur.

Roméo. – Oh ! elle apprend aux flambeaux à illuminer ! Sa beauté est suspendue à la face de la nuit comme un riche joyau à l'oreille d'une Éthiopienne ! Beauté trop précieuse pour la possession, trop exquise pour la terre ! Telle la colombe de neige dans une troupe de corneilles, telle apparaît cette jeune dame au milieu de ses compagnes. Cette danse finie, j'épierai la place où elle se tient, et je donnerai à ma main grossière le bonheur de toucher la sienne. Mon cœur a-t-il aimé jusqu'ici ? Non ; jurez-le, mes yeux !
Car jusqu'à ce soir, je n'avais pas vu la vraie beauté.


Roméo et Juliette (1595) acte 1 scène 5
W. Shakespeare

Merci de citer le traducteur, surtout, quand on cite du Shakespeare. :D

Venusian a écrit :Merci de citer le traducteur, surtout, quand on cite du Shakespeare. :D
Le texte original est quasi intraduisible... Cette traduction est de François-Victor Hugo, il est reconnu apparemment.

La première citation qui me vient, concernant Shakespeare, c'est ce court monologue de Lady Macbeth, trad. de François-Victor Hugo, dont je déteste les traductions au passage, trop teintées de romantisme XIXème, qui dénature complètement Shakespeare, et le censure souvent, mais qui la réussit pas trop mal :
(et toute façon les traductions de Hugo sont les seules en accès libre...)

Voici donc ce que dit la femme fatale la plus énigmatique du répertoire, la puissance de l'évocation, qui vire quasiment au trash - on l'imagine très bien se tenir les seins lorsqu'elle demande a ce que son lait maternel soit changé en fiel (!!!)... :

Lady Macbeth

Le corbeau lui-même s’est enroué — à croasser l’entrée fatale de Duncan — sous mes créneaux. Venez, venez, esprits — qui assistez les pensées meurtrières ! Désexez-moi ici, — et, du crâne au talon, remplissez-moi toute — de la plus atroce cruauté. Épaississez mon sang, — fermez en moi tout accès, tout passage au remords ; — qu’aucun retour compatissant de la nature — n’ébranle ma volonté farouche et ne s’interpose — entre elle et l’exécution ! Venez à mes mamelles de femme, — et changez mon lait en fiel, vous, ministres du meurtre, — quel que soit le lieu où, invisibles substances, — vous aidiez à la violation de la nature. Viens, nuit épaisse, — et enveloppe-toi de la plus sombre fumée de l’enfer : — que mon couteau aigu ne voie pas la blessure qu’il va faire ; — et que le ciel ne puisse pas poindre à travers le linceul des ténèbres, — et me crier : Arrête ! arrête

Edit : merci ;) Et c'est bien parce que c'est quasiment intraduisible au mot pour mot (et sans aucun intérêt), que le traducteur est aussi important que Shakespeare lui même ;)
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Intéressant le 25.05.16, 15h49 par mctyson

L'abeille - Paul VALÉRY.

Quelle, et si fine, et si mortelle,
Que soit ta pointe, blonde abeille,
Je n’ai, sur ma tendre corbeille,
Jeté qu’un songe de dentelle.

Pique du sein la gourde belle
Sur qui l’Amour meurt ou sommeille,
Qu’un peu de moi même vermeille
Vienne à la chair ronde et rebelle !

J’ai grand besoin d’un prompt tourment :
Un mal vif et bien terminé
Vaut mieux qu’un supplice dormant !

Soit donc mon sens illuminé
Par cette infime alerte d’or
Sans qui l’Amour meurt ou s’endort !

Fern Hill
Dylan Thomas, 1914 - 1953

Now as I was young and easy under the apple boughs
About the lilting house and happy as the grass was green,
The night above the dingle starry,
Time let me hail and climb
Golden in the heydays of his eyes,
And honoured among wagons I was prince of the apple towns
And once below a time I lordly had the trees and leaves
Trail with daisies and barley
Down the rivers of the windfall light.

And as I was green and carefree, famous among the barns
About the happy yard and singing as the farm was home,
In the sun that is young once only,
Time let me play and be
Golden in the mercy of his means,
And green and golden I was huntsman and herdsman, the calves
Sang to my horn, the foxes on the hills barked clear and cold,
And the sabbath rang slowly
In the pebbles of the holy streams.

All the sun long it was running, it was lovely, the hay
Fields high as the house, the tunes from the chimneys, it was air
And playing, lovely and watery
And fire green as grass.
And nightly under the simple stars
As I rode to sleep the owls were bearing the farm away,
All the moon long I heard, blessed among stables, the nightjars
Flying with the ricks, and the horses
Flashing into the dark.

And then to awake, and the farm, like a wanderer white
With the dew, come back, the cock on his shoulder: it was all
Shining, it was Adam and maiden,
The sky gathered again
And the sun grew round that very day.
So it must have been after the birth of the simple light
In the first, spinning place, the spellbound horses walking warm
Out of the whinnying green stable
On to the fields of praise.

And honoured among foxes and pheasants by the gay house
Under the new made clouds and happy as the heart was long,
In the sun born over and over,
I ran my heedless ways,
My wishes raced through the house high hay
And nothing I cared, at my sky blue trades, that time allows
In all his tuneful turning so few and such morning songs
Before the children green and golden
Follow him out of grace,

Nothing I cared, in the lamb white days, that time would take me
Up to the swallow thronged loft by the shadow of my hand,
In the moon that is always rising,
Nor that riding to sleep
I should hear him fly with the high fields
And wake to the farm forever fled from the childless land.
Oh as I was young and easy in the mercy of his means,
Time held me green and dying
Though I sang in my chains like the sea.


Reprise dans une de mes musiques préférées, ce poème est magnifique


[youtube][/youtube]
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Like ! le 29.05.16, 12h31 par Jsh

En ce moment je me refais les Fleurs du Mal. Et je crois que celui là restera vraiment mon préféré de Baudelaire.

Le Poison

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Allonge l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remords,
Et charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort!

— Charles Baudelaire
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Absolument le 29.05.16, 13h37 par Bumble

L'amour est libre il n'est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t'en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd'hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L'heure est venue Adieu l'heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

Guillaume apollinaire adieu !
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Like ! le 29.05.16, 13h55 par Jsh

A ce sujet, les lettres d'Apollinaire à Lou c'est probablement le truc le plus sexuel que j'ai pu lire de toute ma vie (et pourtant j'ai lu Sade).

Allez, un petit extrait pour vous convaincre :

" Lou, quand je pense à toi, je me raidis d'une façon inexprimable, tout mon être crie vers l'amour, l'amour c'est toi, toi en tout, tes cheveux de braise, tes chers yeux profonds et doux, la tendresse consentante de tout ton corps, la douceur merveilleuse savoureuse de ta salive, la saveur de ta chair secrète si enflammée, les torsions de ton corps.Il me semble que je te pénètre partout même là où tu le crains, il me semble voir tes soubresauts quand je te fais sentir que tu m'appartiens, que j'ai droit sur toi, droit de te mater, de te faire souffrir, droit d'anéantir ta fierté et ta volonté, il me semble voir ton orgueil fléchir et ta bouche me rendre hommage devant et derrière. Il me semble te voir déjà quand nous irons plus loin sur l'échelle de l'amour et que toutes les folies ouvriront leurs écluses pour nous entraîner au courent de la passion. Lou, tous les torrents de mon être rouleront en toi, je veux te fatiguer de toutes les façons et que tu demandes grâce à ton amant qui ne te l'accordera que si ça lui plaît. Je t'adore, je t'embrasse. "
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Wow le 15.06.16, 11h37 par MaryeL
  • [0] Like ! le 12.02.18, 12h59 par Hillel

Oui j'adore les lettres à lou ! Pourtant je ne suis pas d'une grande culture en poésie, utile pour draguer et faire monter la tension par sms avant un date !

Je ne connaissais pas du tout les Lettres à Lou. Je suis déjà accro. Merci vous deux!

Ma petite contribution du jour:

Do you have stars
in your mouth?

she asks
and I laugh,
she’s never tasted
winter like I have,
midnights that linger
for days. Yes,
I tell her. Come see.

Will there be breath?
For a while, I whisper
and blow on her hands,
but you will sing
and the aurora lights
will walk across the ice.

She lets me
put my hands on her.
Will I die? her hair
like snow.
Yes. I tell her.
Every time.

Jude Goodwin

Quelques petites choses à vous partager

Aimer c'est agoniser

Aimer c’est agoniser
aimer c’est aimer mourir
les singes puent en mourant

assez je me voudrais mort
je suis trop mou pour cela
assez je suis fatigué

assez je t’aime comme un fêlé
je ris de moi l’âne d’encre
brayant aux astres du ciel

nue tu éclatais de rire
géante sous le baldaquin
je rampe afin de n’être plus

je désire mourir de toi
je voudrais m’anéantir
dans tes caprices malades

- Georges Bataille

---------

Je bois dans ta déchirure
et j'étale tes jambes nues
je les ouvre comme un livre
où je lis ce qui me tue.

- Georges Bataille

-------------

Fondations

Mon paysage
a changé
depuis que
j'ai connu
le glissement de
tes reins.

- Philippe Chagnon

(Enorme coup de coeur pour le dernier).
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] A lire le 11.08.16, 02h08 par wayl
  • [0] OMG le 20.08.16, 15h28 par MaryeL

Up :)
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Bonne idée ! le 23.11.21, 21h59 par Onmyoji
Trouve ton courage. N'écoute que lui.
"L'instinct nous dicte le devoir, et l'intelligence nous donne les prétextes pour l'éluder ~ Proust
(c'est pas faux !)

FK a écrit :
23.11.21
Up :)
Sérieusement c'est un topic à épingler, niveau qualité même si on est pas moisis, ça reste quand même presque que du beau
"Les gens déplorent les effets dont ils chérissent les causes"

Les topics épinglés sont les moins vus, le cerveau des gens apprend à ne plus les voir en quelques jours ;)
Vaut mieux le noter à sa juste valeur, et le faire vivre organiquement.

Je l'ai listé dans le topic qui liste nos favoris : ça lui donnera un peu plus de visibilité (ou en tout cas, on le retrouvera plus facilement s'il replonge).
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] En effet le 23.11.21, 23h23 par Onmyoji
Trouve ton courage. N'écoute que lui.
"L'instinct nous dicte le devoir, et l'intelligence nous donne les prétextes pour l'éluder ~ Proust
(c'est pas faux !)

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