Salut !
Je propose par avec cet article d'aborder une question qu'on a jamais abordé il me semble, à savoir qu'est-ce qu'une bonne amitié, une amitié saine, et ce qu'elle apporte.
J'écris cet article suite à une expérience récente où un gars que je considérais comme un ami (et pour qui je garde de la bienveillance, j'explique plus loin) s'est montré au fil des années de plus en plus pénible dans le genre geignard à un point tel que j'ai fini par imposer un embargo relationnel pouvant être levé sous une condition : quitter sa copine.
Avant d'attaquer les éléments constitutifs d'une bonne amitié, il est nécessaire que je m'étende sur cette histoire, car elle m'a fait prendre conscience de différents facteurs :
1. Une amitié de plus en plus poussive
Ce pote, c'est fondamentalement un bon gars. Il a toujours eu un côté "spécial", mais impliqué dans la vie sociale du campus et dans diverses associations, cette "singularité" passait en fait plutôt bien : gars sympa, toujours enjoué, souriant, prêt à boire une bière et à interpeller ses diverses connaissances.
Bon, il a un petit côté grand dadais débonnaire, mais après tout, qui est parfait, et qui n'a pas ses petits côtés bizarres ?
Mais depuis la fin de ses études, il est rentré dans son bled (le fin fond de la Lorraine belge)... et depuis ça va pas si bien que ça.
Et il devient lourd. Genre, la masse d'un trou noir. Qui se plaint de tout : le couple, le boulot, la thèse qu'il veut faire (mais quand des unifs en France lui en proposent une, il n'y va pas car ça veut dire quitter le bled).
Le couple ça fait trois ans que son histoire est morte. Trois ans qu'il s'en plaint. Trois ans qu'il ne la quitte pas. Trois ans qu'il dit "je vais, je vais..." et que rien.
Et si à la base je prenais son parti (beau-papa voulait les faire vivre dans la maison mitoyenne dans un bled paumé), je réalise aussi qu'il a floué sa copine en faisant un caprice en la faisant venir dans son bled à lui.
Genre s'installer dans une ville de taille moyenne et pas trop reculée à mi-distance des deux et dans un coin non paumé il voulait pas car trop omnibulé par sa région d'origine.
Alors du coup, il se lance corps et âme dans la politique, va à tous les meetings régionaux de son parti, spamme (enfin spammait, j'ai poussé une gueulante) tellement au sujet de son si génial parti que je me demandais u final s'il ne forwardait pas par SMS les newsletters dudit parti; et croit les élus importants quand ils font mine de l'écouter avec attention disant qu'il dit des choses intéressantes quand il leur cause... Et fait marche arrière quand on lui dit qu'une place s'ouvre dans une structure du parti.
Et le plus pathétique dans tout ça, c'est qu'il s'imagine être un grand dragueur... Parce qu'il cause avec des nanas. Véridique. Bon, je ne juge pas les gens sur leur (in)capacité à flirter et avoir des relations, certes. Mais là on parle de se baigner d'illusions.
Il est un fait, depuis qu'il est revenu dans sa région natale, ça ne va pas fort pour lui. Boulot, couple, vie sociale, etc. J'ai déjà essayé de lui dire que la région y est *peut-être* pour quelque chose, mais rien n'y fait. Il ne veut pas quitter la région !
Et pour son couple, bah... c'est sa première copine et relation. Le truc, c'est que ça ne marche plus depuis trois ans... et qu'il ne fait rien.
Et cette situation a dévoilé deux défauts très pénibles chez lui :
1) Un certain égocentrisme, le fait que quand il est dans une discussion, c'est 80% lui qui parle laissant 20% aux autres (et 'faut se battre pour en placer une !)
2) Une passivité hallucinante, aucune initiative, rien. Il ne bouge pas (et je dis ça en sachant pertinemment que je peux avoir tendance à être passif, je tiens à rester honnête).
Et vous imaginez bien qu'à partir de ça, d'abord avec le couple qui capotait PUIS son retour au bled, chaque fois que je le voyais, c'était la même chose :
"Moi, ma vie, mon œuvre, mon couple qui ne marche pas et mon implication en politique", sur un ton victimaire... sans me laisser l'occasion (ou à peine) d'aborder ma vie, mes projets, mes engagements à moi et ce qui peut me travailler.
Et plusieurs fois je lui ai envoyé de gros pavés bienveillants et plein d'empathie comme je sais le faire pour lui dire que, allons bon, il serait de bon aloi qu'il quitte sa nana, prenne ses distances, s'affirme, et la réponse la plus téméraire à laquelle j'ai eu droit a été "t'as raison ! Quand j'aurai décroché ma thèse, elle me quittera parce qu'elle ne veut pas que j'en fasse une !"...
Et au bout de trois ans, lebougre a réussi à épuiser mes réserves. Là où le voir était d'abord synonyme pour moi de bon après-midi, ça s'est mué en "bon, il va encore me les péter avec son sur place, mais il n'est pas méchant" pour finalement devenir un "j'ai pas envie de le voir, il fait chier".
La goutte d'eau ? Ce week-end. Répondant diplomatiquement à un de ses messages demandant comment j'allais, j'ai eu droit à :
Et ce genre de déclaration, je suis vacciné avec lui. Vraiment. Gavé, même. Et j'ai décidé de lui répondre en étant franc, plus brute de décoffrage, mettant de côté les ménagements et la diplomatie :mon pote a écrit :(...) Mais le reste, ça ne va pas ! Mon couple est presque mort (avant je le disais mais je trouvais toujours une solution pour le sauver (Ah bon, subir sans rien dire est une solution ?) et maintenant j'ai arrêté de me battre pour ça) ! Ça doit bouger dans un sens ou dans l'autre !
Et j'ai fait buger la Matrice. Il ma répondu l'air de rien le lendemain en mode "j'ai rencontré une cliente très intéressante hier, coach de vie ! Et sa philosophie, je ne te dis pas : "pas de problèmes, juste des solutions" !"Popovski a écrit :Mec, d'un côté je suis content de lire ça, mais de l'autre, ça fait trois ans que tu dis ça. Trois ans. Il s'agit pas de dire que tu vas la quitter. Quitte-la. Allez boire un verre demain et dis lui tout. Que vous rompez. Ne dis pas que tu vas le faire. Fais-le. Agis. Arrête de dire que "ça doit bouger", bouge !
Et là, il m'a fait avoir chaud, et la réponse a fusé :
Et si je l'ai envoyé boulé le lendemain quand il m'a partagé encore une fois l'air de rien un article de presse sur la politique belge en mode "oh, c'est très intéressant !", il s'est excusé d'être "chiant ces temps-ci", et que j'ai raison, qu'il doit agir.Popovski a écrit :Et encore une fois, tu esquives, bravo mec ! Quand est-ce que tu AGIS au lieu de te trouver des excuses à la mords-moi le nœud ?
C'est avec ta copine que tu dois parler ! Ce soir ! Maintenant !
Y'a un moment où je ne sais plus quoi dire...
Et là j'ai trouvé la réponse qui coupait court à toute digression et chipotage :
Dans les deux cas, j'en sors gagnant : soit il s’enfonce dans son statu quo par manque d'amour-propre et je n'aurai plus à subir ses lamentations; soit il se ressaisit, prends les bonnes décisions et s'affirme, et aura des choses peut-être plu intéressantes à raconter que "ouin ouin ouin"; et lui aussi sortira gagnant de ça.Popovski a écrit :On va faire ça comme ça : ne viens plus me parler tant que tu n'auras pas définitivement rompu avec ta copine. Je ne veux rien savoir tant que cette chose essentielle qui aurait dû être faite il y a de années n'est pas faite. J'en ai marre d'entendre la même rengaine depuis des années sans rien derrière. Aux grands maux les grands remèdes. Agis.
Ça me fait chier d'en être arrivé là,vraiment. J'aime pas ce genre de méthode, et peut-être que c'était pas une bonne idée. Mais je ne m'en veux pas. Je ne me sens pas coupable et n'ai pas mauvaise conscience.
2. A y réfléchir, c'est quoi une "bonne amitié" ?
Suite à tout ça, est née en moi une question qui est la base de cette réflexion, qu'est-ce qu'une amitié saine ? Qu'est-ce qu'elle apporte et comment la nourrir ?
Pour repartir de cet épisode, je dirais qu'une amitié, ça doit d'abord être une relation qui apporte du plaisir, une compagnie qu'on juge agréable.
Et pour qu'une compagnie agréable soit une amitié, il faut y ajouter une confiance réciproque et des souvenirs marquants passés ensemble.
Second élément, selon moi, une amitié demande de la réciprocité. Et un truc qui m'a fait tiquer, c'est le fait que le temps de parole est toujours disproportionnellement plus important pour lui, sur le mode du "moi, moi moi".
Vient un troisième élément, plus complexe, car demandant plus de nuance et de réflexion : une amitié doit-elle avoir une fonction utilitaire, qui tire vers le haut ?
Je réalise que de tous les ami(e)s que j'ai et que j'ai eu, même si le plaisir de la fréquentation primait (c'est sans doute ce qui différencie un ami d'un prof), j'ai à chaque fois appris quelque chose, directement ou indirectement, développé des capacités pratiques ou sociales. Quelque chose s'est transmis, un enseignement est toujours à tirer.
Pas qu'il doive y avoir une transformation de fond en comble ou qu'il soit nécessaire de partir dans un trip vertueux poussé dans des proportions démesurées, mais l'idée est de dire que toute amitié apporte un plus.
L'autre partie de l'équation, c'est de savoir jusqu'à quel point s'appuyer sur ses amis. Si un ami peut être là pour écouter, soutenir dans les moments difficiles, ne faut-il pas non plus prendre garde à ne pas se contenter de se laisser simplement choir sur ces amis ? Que cette qualité de confident/soutien moral doit être une béquille, pas un déambulateur ou un fauteuil roulant motorisé.
Je veux dire, un ami n'est pas un psy.C'est quelqu'un qui écoute, soutient, met éventuellement un coup de pied au cul quand c'est nécessaire. Un ami n'est pas un boost temporaire d'ego. Que ce soit pour se rassurer ou au contraire s’épandre sur sa pauvre condition, beuheuheu.
Quand je fais le compte, je me rends compte que je n'avais (pratiquement) plus rien de tout ça avec ce pote, qu'à la longue, c'était devenu un "fragile" (histoire d'utiliser une expression bien facile et polémique
Est-ce que ça veut dire qu'on a pas le droit d'être faillible ? Certainement pas ! Et vu mon passif, je serais très mal placé pour exiger ça de qui que ce soit. Mais y'a un moment où si les défaillances cachent en fait quelque chose de bien pus grand, soit un traumatisme, soit une faille majeure de caractère. Et pour ça, les amis ne peuvent rien. Même, ça peut entamer leur propre résilience et devenir lourd.
C'est ce que j'ai d'ailleurs ressenti avec mon pote.
Vient enfin la question de comment "rompre", "mettre en suspend" une amitié, et ce de manière active.
Personnellement, je pense avoir été dur, limite brutal, mais en aucun cas méchant ou humiliant. Même, je laisse une fameuse porte ouverte. Et si j'ai de gros doutes sur ses facultés à se ressaisir, je sais que mon pote est au courant de ce qu'il doit faire... et je suis limite prêt à lui payer un barathon une fois qu'il aura enfin pris sur lui pour le féliciter.
3. Conclusion et pistes de réflexion
Je pense avoir fait le tour de la question, de la manière dont je perçois l'amitié, de ce que c'est, de ce qu'elle doit apporter et de ce qu'on est en droit d'en attendre.
Pour moi, un parfait contre-exemple c'est mon pote Harry, dont je parle dans mon journal.
J'aimerais avoir votre avis : en partant d'un exemple ou non, qu'est-ce qu'une bonne amitié ? En quoi ça consiste, qu'est-ce que ça apporte ? Est-ce ça recoupe avec ce que je dis ou diverge ? Aussi, comment et quand doit-n "rompre" en amitié ?
Vos avis m'intéressent