Se (re)construire

Note : 12

le 20.04.2014 par Boa

22 réponses / Dernière par GCeara le 25.04.2014, 17h19

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
Bonjour à tous,

J'écris ce sujet car je ressens le besoin de pouvoir m'exprimer sur une situation que je vis difficilement. Je me pose beaucoup de questions qui m'angoissent, et j'espère pouvoir recevoir des conseils pour m'en sortir, ou des témoignages de personnes qui se sont elles aussi, ou leur entourage, retrouvées dans des situations similaires, ou avec les mêmes ressentis, et qui ont réussi peu à peu à remonter la pente.


Je pense qu'il est tout d'abord important de vous exposer le contexte. Il m'est arrivée il y a quelques mois un évènement que j'ai vécu comme traumatisant : une agression sexuelle. J'ai depuis développé certains troubles, et d'anciens problèmes se sont accentués : manque de confiance en moi, troubles du comportement alimentaire, attitudes dépressives. J'ai cependant du mal à me positionner en tant que victime. Je culpabilise donc et me sens faible d'avoir tous ces troubles du comportement.
J'ai alors commencé à consulter une psychologue et une psychiatre qui m'ont peu à peu aidée. J'ai cependant pris conscience durant les séances de mes divers défauts de fonctionnement antérieurs à cet événement, et de mon enfance qui a peut-être été plus traumatisante que ce que je percevais. Mes parents ont divorcé lorsque j'étais adolescente. Avant ce divorce, le climat était très tendu et les relations entre mes parents malsaines. Mon père était autoritaire et humiliant, et a été jusqu'à la violence physique. J'ai appris par ailleurs ces derniers mois que ma mère s'est également faite violée lorsqu'elle était plus jeune, et que mon père a lui aussi subi des attouchements et eu une enfance difficile. Il nie cependant l'impact que cela a eu sur lui. J'ai ainsi pu mieux comprendre certaines choses relatives à mon passé. Je me sens également quelque part responsable de l'agression dans la mesure où si je n'avais pas eu ce passé et ce manque de confiance en moi, elle ne se serait sûrement pas passée.


Le problème est que je me sens actuellement totalement perdue et bloquée dans ma vie en général et notamment dans mes relations avec les autres. Suite à certaines prises de conscience, j'ai l'impression de devoir changer totalement ma façon de me comporter et ma personnalité, et cela me fait peur. J'arrive plus ou moins à analyser ce qui ne va pas, mais j'ai beaucoup de mal changer. Je ne sais plus trop dans quel sens orienter mes efforts, quelle attitude adopter, quelles limites posées.
J'ai notamment peur de reproduire certaines erreurs, de blesser les autres et de mal agir. J'ai d'une part envie d'aller mieux, mais de l'autre j'ai peur de mal faire le travail de reconstruction et en venir à mal me comporter : cela me bloque.
J'aimerais ainsi savoir de quelle manière il est possible de se reconstruire, de prendre confiance en soi et de vivre paisiblement, et de réussir à trouver un équilibre dans sa vie, notamment entre se respecter soit et respecter les autres.

Voilà, merci d'avance à ceux qui me liront et répondront !
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Courage le 20.04.14, 18h37 par Poivron
  • [0] Courage le 20.04.14, 19h19 par Blusher
  • [0] Courage le 20.04.14, 20h23 par Zaik
  • [0] Courage le 21.04.14, 01h49 par Pixel-
  • [0] Courage le 21.04.14, 09h35 par Hydrogene
  • [0] Courage le 23.04.14, 17h44 par NewStart

Salut,

Tu as subi un traumatisme fort et il est normal que tu sois dans tous tes états. Le sujet est délicat et je ne vais pouvoir te répondre que très partiellement :

Tu n'es pas responsable de l'attitude de tes parents et tu n'es pas responsable de l'agression, mais ça le psychologue et la psychiatre t'en parleront mieux que moi j'espère.
J'ai depuis développé certains troubles, et d'anciens problèmes se sont accentués : manque de confiance en moi, troubles du comportement alimentaire, attitudes dépressives.
Tous ces trucs là sont un cercle vicieux. Plus tu manges mal, moins tu as confiance, moins tu as confiance et plus tu manges mal, etc.
Pour en sortir il faut inverser la tendance : jette la malbouffe du frigo et fais le plein de bonne choses, prends plaisir à cuisiner des plats sains. Reprends un bon rythme de sommeil, fais de l'exercice... ces 3 choses là (alimentation/sommeil/exercice) changent à elles seules beaucoup de choses.
je me sens actuellement totalement perdue et bloquée dans ma vie en général et notamment dans mes relations avec les autres.
Je pense que pour t'ouvrir aux autres, tu as besoin de prendre du temps pour toi même déjà. Fais chez toi des choses que tu aimes, prends soin de toi, puis sors seule, etc.
j'ai l'impression de devoir changer totalement ma façon de me comporter et ma personnalité
Changer une partie de ton comportement peut-être, mais surtout pas ta personnalité. :) Par contre, peut-être que tu as besoin de mieux te connaitre (mais ça c'est vrai pour tout le monde).
J'aimerais ainsi savoir de quelle manière il est possible de se reconstruire, de prendre confiance en soi et de vivre paisiblement, et de réussir à trouver un équilibre dans sa vie, notamment entre se respecter soit et respecter les autres.
Tout ça c'est le travail d'une vie ! On n'atteint jamais un équilibre stable, même les gens les plus joyeux ont leurs jours sombres.
Ne poursuis pas un but inatteignable, concentre toi sur les petites choses du quotidien. :)
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Post responsable le 20.04.14, 20h24 par Zaik
  • [+2] Constructif le 23.04.14, 17h43 par FK

Allez, je lève ma petite main. J'ai été victime d'abus sexuel. Ça n'a rien à voir avec une agression, mais je me pose souvent les mêmes questions. Ça m'a bien secouée de les voir écrites. Mille fois merci d'avoir eu les reins de publier ton témoignage.

Boa, tu n'es pas le problème, tu es la solution. Je lis dans ton message la force immense de vouloir te protéger, protéger ton entourage. Je vois pas une pauvre victime fragile ou une personne potentiellement violente. Je vois une battante. L'important c'est pas que tu te sois fait du mal, l'important c'est pas le mal que tu pourrais faire aux autres, l'important c'est que tu aies réagis en allant chercher de l'aide, l'important c'est ce truc qui te pousses à ne pas vouloir te résumer à ça. Ce qui t'es arrivé, ce qui est arrivé à ta mère, à ton père, leurs problèmes, leur divorce ce n'est pas toi. Ça fait partie de ton histoire, mais essaye de voir aussi comment tu as su la réécrire en refusant toute cette violence.

Ne sois pas si dure envers toi-même. Depuis toute petite, tu gères des trucs que tu n'aurais pas du avoir à gérer. Tu as fait ce que tu as pu avec les moyens que tu avais. Et maintenant, regarde le chemin parcouru. Tu as pris conscience qu'il y avait des moyens plus positifs de t'en sortir. Tu as affronté ton vécu traumatique en face.

Ton doute permanent est douloureux, mais il t'aidera à faire les bons choix. Ceux avec lesquels tu seras en accord. Ceux qui t'empêcheront de faire n'importe quoi. Le laisse pas non plus te miner. Tu as des raisons objectives d'aller mal, donc surtout ne t'en veux pas d'avoir des passages à vide. Mais surtout : tu as des ressources pour aller mieux.

Explique à tes proches ce que tu traverses (t'es pas obligée de rentrer dans les détails). Explique leur que tu traverses une période compliquée, que tu ne seras pas la meilleure amie du monde, mais que tu ne veux pas les blesser. Demande leur s'ils sont prêt à te soutenir et à te pardonner. Fais leur confiance. Ils sauront te dire quand tu dépasses les bornes. Ce sera une bonne manière de savoir qui t'accepte telle que tu es. Si on te laisse un peu trop souvent entendre que tu n'es pas à l'hauteur, coupe les ponts.

Alors, comment te reconstruire ? Bien sûr, il y a les petites choses du quotidien évoquées par Syd. Mais il y a aussi les grandes choses. Qu'est-ce qui te rends heureuse ? Qu'est-ce qui te fais du bien ? Qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Trouve un territoire qui t'appartienne pleinement et sur lequel tu peux faire des choses qui te rendent plus fortes. Demande aux psys qui te suivent de t'aider à approfondir ces questions.

À partir de maintenant et même en dépit de ce que tu pourrais identifier comme des rechutes : It only gets better.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Post responsable le 21.04.14, 16h04 par Blusher
  • [+1] Oui le 22.04.14, 14h24 par The_PoP

C'est jamais simple une situation traumatisante; tu as évidemment plus que bien fait d'aller consulter une équipe de spécialistes pour ne pas affronter ça toute seule; bien joué! Image

Apparemment, cet épisode douloureux a un peu en quelque sorte "lancé le processus": reconstruction bien sûr, mais aussi remise en question; développement personnel... C'est assez logique et compréhensif que ce soit ton social qui en est le plus affecté. Si tu avais été mordu par un chien, tu aurais probablement plus de mal avec eux qu'avec les humains; là en plus, ce n'est pas qu'une "simple" agression physique...

Pour les solutions, avant tout le "temps"; ça peut paraitre bateau et inutile comme conseil, mais avec un certain temps, au bout d'un moment certains trucs bien hard à supporter au début passent beaucoup mieux après!
Je rejoins ensuite Syd_ et ploum pour, d'un côté les "petites choses" du quotidien pour se remonter petit-à-petit; et sinon, si ce n'est pas déjà fait, te trouver des activités que tu aimes vraiment bien, qui te font plaisir ou te font rire (se marrer, c'est le best anti-dépresseur assuré, et ultra sain!); et dans l'idéal, au moins un petit truc en collectif dans la semaine. Parles-en à l'équipe qui te suit. Il pourront peut-être t'aiguiller vers les structures qui proposent ce type d'activités. Reste encore à en choisir une, celle que tu préfères.

En tout cas, t'es bien partie. Tu as une bonne conscience et une bonne analyse de ce qui se passe, on te sent motivée pour ne pas rester isolée et affronter ça avec force et volonté. Respect.
Un dernier conseil: t'es dans une situation où tu ne peux clairement pas TOUT contrôler, tes réactions, tout ça c'est encore trop frais. D'ailleurs c'est jamais bon de toujours vouloir tout super gérer à fond. Donc ne flippe pas trop pour ça; tu préviens gentiment tes proches que c'est pas la super gouache ces derniers temps, et que tu peux parfois un peu mal réagir.

Je sais pas si tu aimes l'art en général, mais ça pourrait être pas mal de prendre une activité artistique pour t'exprimer, et une activité sportive pour te "lâcher". Ensuite, tu as aussi tout ce qui tournes autour du soin, de la relaxation...

Bon, je vais tout de même m'arrêter pour le moment. Je te souhaite bon courage pour la suite, lâche rien, et merci + bravo pour ton témoignage.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Constructif le 22.04.14, 10h01 par Poivron

Merci beaucoup pour vos réponses ploum et Syd ! Ca me fait vraiment du bien de pouvoir exprimer ce que je ressens, et d'avoir un retour à la fois bienveillant et encourageant.

Allez, je lève ma petite main. J'ai été victime d'abus sexuel. Ça n'a rien à voir avec une agression, mais je me pose souvent les mêmes questions. Ça m'a bien secouée de les voir écrites. Mille fois merci d'avoir eu les reins de publier ton témoignage.
Je suis désolée pour ce qui t'es arrivée. Depuis que je m'ouvre un peu plus et que j'ose en parler, j'ai malheureusement été très étonnée du nombre de personnes qui ont été touchées par ce genre de problème... J'avoue avoir mis du temps à oser poster, mais ça fait un petit moment que je parcours le forum, et j'ai souvent trouvé les réponses apportées pertinentes et les réactions respectueuses.

Tous ces trucs là sont un cercle vicieux. Plus tu manges mal, moins tu as confiance, moins tu as confiance et plus tu manges mal, etc.
Pour en sortir il faut inverser la tendance : jette la malbouffe du frigo et fais le plein de bonne choses, prends plaisir à cuisiner des plats sains. Reprends un bon rythme de sommeil, fais de l'exercice... ces 3 choses là (alimentation/sommeil/exercice) changent à elles seules beaucoup de choses.
Pour ce qui est de l'hygiène de vie, c'est exactement ce que j'essaie de mettre en place depuis le début, car en effet ça joue beaucoup sur le moral, la confiance en soit. Le sport m'aide beaucoup. Le problème est que j'ai vraiment du mal à me contrôler pour l'alimentation et que j'ai tendance à adopter des comportements assez extrèmes. Lorsque je parviens à manger normalement et équilibré sur plusieurs jours, même si je me rends compte que cela améliore considérablement mon état, je finis par re craquer et retomber dans un cercle vicieux. Maintenir un équilibre me demande beaucoup d'énergie.
C'est frustrant de savoir quels comportements sont les bons à adopter, avoir expérimenté leurs efficacités, mais ne pas parvenir à les maintenir sur du long terme, ou dès que l'on rencontre une difficulté. Et en effet, le fait de ne pas réussir à respecter ses propres engagements, ça atteint considérablement la confiance que l'on peut avoir ou non en ses propres capacités.
Au final, je sais que c'est le lot de tout un chacun, que de parvenir à se contrôler pour atteindre ses buts ou stopper des comportements indésirables. J'imagine que je ne dois juste pas perdre espoir et persévérer dans mes efforts.

Je pense que pour t'ouvrir aux autres, tu as besoin de prendre du temps pour toi même déjà. Fais chez toi des choses que tu aimes, prends soin de toi, puis sors seule, etc.
Oui c'est vrai... Jusque là j'avais tendance à essayer de continuer de sortir et de voir du monde. A la fois car je ne voulais pas vexer les gens en déclinant les invitations ou autre, et car j'avais peur de me renfermer et de m'isoler. Mais je me rends compte que c'est peut être trop tôt. J'ai le sentiment de devoir jouer un rôle et de devoir me forcer à faire comme si tout allait bien, à rire ou à parler des choses banales du quotidien. J'avoue me sentir assez seule du coup, même lorsque je vois du monde. Pourtant j'aimerais retrouver cette "légèreté" et pouvoir m'ouvrir normalement. J'ai peut-être besoin encore un peu de rester seule ou faire des choses pour moi même.
Explique à tes proches ce que tu traverses (t'es pas obligée de rentrer dans les détails). Explique leur que tu traverses une période compliquée, que tu ne seras pas la meilleure amie du monde, mais que tu ne veux pas les blesser. Demande leur s'ils sont prêt à te soutenir et à te pardonner. Fais leur confiance. Ils sauront te dire quand tu dépasses les bornes. Ce sera une bonne manière de savoir qui t'accepte telle que tu es. Si on te laisse un peu trop souvent entendre que tu n'es pas à l'hauteur, coupe les ponts
Oui voilà, c'est plus ou moins ce qu'il s'est passé ces derniers mois. Les amis de qui j'étais vraiment proche ont été très compréhensifs. Cependant je m'en veux de ne pas pouvoir être là pour eux autant que je le voudrais, ou de parfois leur faire subir mes idées noires et mon manque de joie de vivre. Ils ont beau me rassurer, j'ai vraiment du mal avec ça... Des fois je regrette de leur en avoir parlé et je pense que ce serait peut-être mieux de ne plus aborder le sujet et le fait que je n'aille pas très bien. Mais j'aurais l'impression que cela créerait une distance, et de leur "mentir"...
De plus, le fait de prendre conscience que je devrais essayer de modifier pas mal de mes comportements très anciens, m'a déstabilisée. Je ne savais plus trop qui étaient mes amis, ou du moins quelles étaient les raisons qui faisaient qu'on s'entendait. J'ai peur qu'ils ne me reconnaissent pas si je change, et que ça modifie nos relations.
Aussi, je viens d'arriver dans une nouvelle ville depuis la rentrée scolaire, et il m'a été difficile de m'ouvrir et de créer de nouveaux liens stables et authentiques avec les personnes à qui je ne pouvais pas en parler. Je sens une distance avec les gens qui me fait me sentir assez seule.

Tout ça c'est le travail d'une vie ! On n'atteint jamais un équilibre stable, même les gens les plus joyeux ont leurs jours sombres.
Ne poursuis pas un but inatteignable, concentre toi sur les petites choses du quotidien. :)
Alors, comment te reconstruire ? Bien sûr, il y a les petites choses du quotidien évoquées par Syd. Mais il y a aussi les grandes choses. Qu'est-ce qui te rends heureuse ? Qu'est-ce qui te fais du bien ? Qu'est-ce que tu as toujours rêvé de faire ? Trouve un territoire qui t'appartienne pleinement et sur lequel tu peux faire des choses qui te rendent plus fortes. Demande aux psys qui te suivent de t'aider à approfondir ces questions.
J'ai justement commencer cette année une formation qui me plaît beaucoup et dans laquelle j'ai envie de m'investir. J'ai mis un peu de temps à trouver des études et un projet professionnel qui me correspondaient vraiment. Donc ça, c'est vraiment un point positif.
J'aimerais aussi pouvoir un jour construire une relation stable, et profiter de choses à deux, voyager etc... Même si pour le moment concrètement j'évite tout rapport de séduction, j'y pense, et j'aimerais un peu plus tard trouver la confiance et la stabilité nécessaire pour m'ouvrir aux autres et vivre des relations saines.

Sinon oui, ce sont souvent les petites choses du quotidien qui font qu'on se sent bien :) et c'est vrai que j'ai peut-être tendance à espérer ou à me faire un sorte d'objectif inatteignable de toujours être en forme, de ne jamais blesser les autres, et de ne pas faire d'erreurs. Je sais qu'il faut accepter nos faiblesses, nos échecs, que c'est souvent en se trompant qu'on apprend, et qu'on peut parfois être amené à blesser les autre sans le vouloir. Mais avec ce raisonnement j'ai très peur de me laisser aller à faire n'importe quoi et faire du mal aux gens.
Ton doute permanent est douloureux, mais il t'aidera à faire les bons choix. Ceux avec lesquels tu seras en accord. Ceux qui t'empêcheront de faire n'importe quoi. Le laisse pas non plus te miner.

C'est exactement ça... Etre sans arrêt dans le doute m'angoisse pas mal. Et le risque est aussi de rester bloquer, ne plus avancer, et que justement le fait de ne pas prendre de décisions constitue en soit une erreur. Oui, il faut pas que je laisse tout ça me miner.

l'important c'est ce truc qui te pousses à ne pas vouloir te résumer à ça. Ce qui t'es arrivé, ce qui est arrivé à ta mère, à ton père, leurs problèmes, leur divorce ce n'est pas toi.
Oui voilà, je crois que tous ces évènements peuvent m'aider à me construire, à me connaître et à apprendre, et je n'ai vraiment pas envie que tout ce qui m'est arrivé détermine ma vie future sans que je ne puisse avoir de marge de manoeuvre.


Après j'arrive à me dire ça les jours où je me sens relativement bien. Mais j'avoue tomber facilement dans un désespoir assez important... En tout cas, encore merci pour vos retours.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Courage le 21.04.14, 18h19 par Poivron

Contente que ça t'aide d'en parler. Effectivement, parfois, raconter son histoire à des inconnus, ça fait du bien. Je lis encore plein de choses positives dans ton message. T'as assuré d'être franche avec tes proches. Je connais cette peur de voir le regard des autres changer. Cela dit, depuis que je suis open sur le sujet, je me rends compte que les gens sont plus à l'aise. Le seul truc effectivement, c'est cette situation très délicate quand tu témoignes et que la personne en face, qui a vécu quelque chose de semblable, parle pour la première fois. C'est pour ça qu'il faut quand même faire attention quand on en parle, surtout quand on est pas bien.

Je te répondrais plus amplement dans quelques jours. D'ici là : Haut les cœurs !

Merci beaucoup CGeara pour ta réponse et tes conseils :) !
te trouver des activités que tu aimes vraiment bien, qui te font plaisir ou te font rire (se marrer, c'est le best anti-dépresseur assuré, et ultra sain!); et dans l'idéal, au moins un petit truc en collectif

Oui, j'ai la chance de pratiquer depuis toute petite un sport qui me passionne, et que j'ai pu continuer régulièrement en club, encore maintenant. Donc c'est vrai que c'est quelque chose sur laquelle je peux m'appuyer.
Et découvrir une activité artistique serait en effet un bon moyen d'expression !
Un dernier conseil: t'es dans une situation où tu ne peux clairement pas TOUT contrôler, tes réactions, tout ça c'est encore trop frais. D'ailleurs c'est jamais bon de toujours vouloir tout super gérer à fond.
J'ai l'impression que c'est ça qui m'angoisse, et finalement me bloque actuellement. J'ai assez peur des conséquences que pourraient avoir cet évènement et mon passé. Je veux sûrement trop tout contrôler, peut-être à l'excès.

En fait, je me rends compte que j'ai pas mal d'éléments qui me permettent pour le moment de tenir et de continuer d'avancer : le sport, une formation qui me plaît, je continue quand même à sortir etc. Mais j'ai peur de minimiser la gravité de ce qu'il s'est passé, ou de l'"occulter", et que les conséquences ressortent et s'en fassent ressentir plus tard, notamment dans mes relations affectives. D'ailleurs :
Pour les solutions, avant tout le "temps"; ça peut paraitre bateau et inutile comme conseil, mais avec un certain temps, au bout d'un moment certains trucs bien hard à supporter au début passent beaucoup mieux après!
Oui c'est vrai ! Et là aussi, je crains du coup d'en venir à en banaliser ou minimiser la gravité...

Contente que ça t'aide d'en parler. Effectivement, parfois, raconter son histoire à des inconnus, ça fait du bien. Je lis encore plein de choses positives dans ton message. T'as assuré d'être franche avec tes proches. Je connais cette peur de voir le regard des autres changer. Cela dit, depuis que je suis open sur le sujet, je me rends compte que les gens sont plus à l'aise. Le seul truc effectivement, c'est cette situation très délicate quand tu témoignes et que la personne en face, qui a vécu quelque chose de semblable, parle pour la première fois. C'est pour ça qu'il faut quand même faire attention quand on en parle, surtout quand on est pas bien.

Je te répondrais plus amplement dans quelques jours. D'ici là : Haut les cœurs !
Merci ploum pour tes encouragements :)
En fait, les personnes qui m'ont dit avoir été touchées par des choses similaires, avaient eu soit des personnes très proches de leur entourage qui avaient vécu ce genre de situation, soit l'avaient elles même vécue des années auparavant, mais en avaient déjà parlé. Et en y repensant, j'ai l'impression à la fois qu'elles avaient perçu que je n'allais pas très bien et m'ont donc invitée à en parler, mais aussi que je me suis sentie en confiance pour le faire. Peut-être justement parce que de part leur histoire, les choses qu'elles ont vécu et le chemin parcouru, elles avaient une certaine empathie ou une certaine sensibilité. Et ce n'est finalement peut être pas tant que ça par hasard que j'en suis venue à pouvoir en parler à ces personnes là.
Mais oui, c'est un sujet vraiment délicat à aborder. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de façons différentes de le gérer, de s'en sortir et de se protéger. Et sans savoir où les autres en sont dans leur reconstruction ou comment ils vivent tout ça, c'est assez difficile de savoir ce que l'on peut dire ou pas pour ne pas les blesser.

Pour les solutions, avant tout le "temps"; ça peut paraitre bateau et inutile comme conseil, mais avec un certain temps, au bout d'un moment certains trucs bien hard à supporter au début passent beaucoup mieux après!
Oui c'est vrai ! Et là aussi, je crains du coup d'en venir à en banaliser ou minimiser la gravité...
"La reussite est la meilleure des vengeances."

Ce qui t'est arrivé est grave, c'est indéniable, pourtant je pense que, sans pour autant faire comme si rien ne s’était passé, le mieux qui puisse t'arriver soit de réapprendre à vivre malgré tout, sans que cette histoire ne continue à te hanter comme elle le fait encore aujourd'hui.
Je tiens à préciser que je ne suis pas entrain de t'encourager à arrêter de t’apitoyer sur ton sort! Ta détresse est justifiée et compréhensible! Je pense plutôt que sans qu'on parle de "minimiser" ou "banaliser" cette histoire, avec le temps et un élan vital comme celui que tu as en ce moment, tu apprendras à passer outre, te dire que même si tu as subi ça tu continues à vivre, que tu as même réussi à en tirer du bon par ta volonté et tes efforts pour te relever.

Quoi qu'il en soit tu as tout mon soutien! Comme les autres je suis impressionné par tes efforts et ta volonté!

Cela m'effraie de voir le nombre de personnes dans ta situation, Boa. Je compte parmi mes relations une fille a qui c'est arrivé, j'ai rencontré une ancienne sexfriend aujourd'hui amie peu de temps apres que cela lui soit arrivé... pour la deuxieme fois.

Sans compter mes amies (là comme ca au moins une) et les copines / exs de mes potes (au moins 3).

Bon, tout ca pour dire quoi? Que j'ai pu constater la guérison de ces personnes, et avant aussi leur souffrance, la difficulté d'en parler, les blocages sexuels etc.

Tableau noir n'est ce pas? C'est mon côté "Je pourris le moral".

Non en vrai j'en ai tiré quelques leçons (et le plaisir aussi d'avoir pu en aider une à s'en remettre).

N'oublie pas :

- Que le jugement de la société est biaisé lorsque qu'on parle de viol. On n'est pas là pour en débattre ici, mais y'a toujours des réflexions qui font mal.

- Que l'on n'est JAMAIS vouée à ce que ca recommence, ni sale (au cas ou cette idée t'aurais traversé l'esprit). J'ai déjà constaté une certaine fatalité, comme si ca valait plus le coup chez certaines. Ne tombes pas là dedans.

- Et la note positive : que tu peux t'en remettre, et que d'une certaine manière, c'est un traumatisme "comme les autres".

J'aime pas du tout dire ca comme ca, mais je veux dire que le viol est parfois diabolisé à l'extrême (pas forcément dans ton ressenti, mais dans ca revient souvent), et que ca déclenche un certain nombre de réactions bizarres, des amis qui comprennent pas. D'autres qui le sont. J'ai vu des gens souffrir de la même maniere sur d'autres traumas et je veux juste essayer de faire comprendre que ca fait mal, mais ca guérit, c'est pas "empoisonné", c'est pas un truc qui devrait être à part, ou une souillure à vie ou je ne sais pas.

Il faut du temps, de la compassion et aussi le petit coup de pouce du destin qui te fait rencontrer des personnes capables de te faire te sentir mieux (on oublie souvent a quel point un gros calin fait du bien).

PS : Essaie de transformer ca en opportunité. Tu travailles sur toi avec des spécialistes, c'est l'occasion de se servir de ca comme tremplin pour devenir plus forte.

Voilà, je peux toujours faire bluff "je comprends ta peine" mais c'est surtout un avis extérieur que je te donne, et qui ne vaut que ce qu'il vaut.

Je ne vais pas apporter grand chose de plus que les autres. Je veux juste te dire que la vie est belle quand on laisse ça derrière soi. De nombreuses victimes de ce genre de traumatismes ont des comportements addictifs ou se sabotent d'une manière que ne comprend pas toujours l'entourage.

Toi à l'inverse, tu as pris les choses en main pour te reconstruire comme l'indique le titre de ton message. Bien accompagnée, tu peux vraiment en faire le deuil, dépasser la souffrance et la colère pour repartir encore plus forte. Parce que cet événement ne te définit pas; tu as certainement des qualités et talents à faire valoir.
Cela m'effraie de voir le nombre de personnes dans ta situation,
Je me fais souvent la réflexion aussi. Je ne les compte plus. Sans même parler des mecs à qui c'est arrivé et qui sont les derniers à en parler ou aller consulter. Je note avec satisfaction que le sujet est plus souvent abordé maintenant, notamment sur Madmoizelle à travers les témoignages. Tant mieux si ça peut faire changer les choses.

Merci beaucoup à vous WTAFFF, Owen et Blusher pour vos messages de soutien et d'espoir !

WTAFFF,
avec le temps et un élan vital comme celui que tu as en ce moment, tu apprendras à passer outre, te dire que même si tu as subi ça tu continues à vivre, que tu as même réussi à en tirer du bon par ta volonté et tes efforts pour te relever.
Oui c'est vraiment ce qu'il faut que j'essaie de garder en tête ! Surtout dans les moments plus durs.


Owen,

C'est vraiment fou de voir le nombre de personnes concernées... Merci pour ton témoignage.
(et le plaisir aussi d'avoir pu en aider une à s'en remettre).
De quelle maniére l'as-tu aidée ? Comment cela s'est passé pour toi ?
Actuellement je préfére vraiment éviter toute forme de relation autre qu'amicale. Je me sens trop instable et perdue pour apporter quoique ce soit de positif à quelqu'un. Même si je pense que ça pourrait me faire du bien, j'aimerais vraiment pouvoir reprendre confiance en moi d'abord.
- Que le jugement de la société est biaisé lorsque qu'on parle de viol. On n'est pas là pour en débattre ici, mais y'a toujours des réflexions qui font mal.
Oui complétement, et j'en prends pleinement conscience depuis. Pour les réflexions je me dis que même si elles font mal, elles ne sont souvent pas dîtes méchamment. Et elles proviennent, je pense, surtout du fait de ne pas se rendre vraiment compte des conséquences que ce genre de traumatisme peut avoir, et de cette image biaisé qu'il y a dans la société.
- Que l'on n'est JAMAIS vouée à ce que ca recommence, ni sale (au cas ou cette idée t'aurais traversé l'esprit). J'ai déjà constaté une certaine fatalité, comme si ca valait plus le coup chez certaines. Ne tombes pas là dedans.
Comment ça, comme si ça valait plus le coup ?
Pour le fait de se sentir sale, je crois que j'ai surtout peur que les autres me voient comme ça, ou que ça les bloque.
- Et la note positive : que tu peux t'en remettre, et que d'une certaine manière, c'est un traumatisme "comme les autres". (... ) J'ai vu des gens souffrir de la même maniere sur d'autres traumas (...) c'est pas un truc qui devrait être à part, ou une souillure à vie ou je ne sais pas.
Oui, je me rends compte que je rencontre finalement les mêmes difficultés que des personnes qui peuvent avoir des vécus trés différents. Je pense que l'essentiel est que je me concentre à les gérer, sans forcément trop me focaliser et bloquer sur le fait qu'elles proviennent d'un viol.
J'aime pas du tout dire ca comme ca, mais je veux dire que le viol est parfois diabolisé à l'extrême (... ) ca déclenche un certain nombre de réactions bizarres, des amis qui comprennent pas.
Je crois voir ce que tu veux dire. Les réactions sont parfois assez difficiles à gérer, et ça accentue le sentiment de solitude. Je sais que je ne devrais pas car je comprends leur désarroi, mais j'ai parfois tendance à en vouloir un peu aux personnes trés proches qui préférent faire comme si rien ne s'était passé. C'est un peu pour ça que je peux être amenée à regretter d'en avoir parlé : leur réaction me fait du mal, mais je les comprends, et ils n'ont pas à subir eux des reproches à cause de ce qu'il s'est passé.
Il faut du temps, de la compassion et aussi le petit coup de pouce du destin qui te fait rencontrer des personnes capables de te faire te sentir mieux (on oublie souvent a quel point un gros calin fait du bien).
C'est vrai, je réalise que je devrais peut être moins me fermer...



Blusher,
De nombreuses victimes de ce genre de traumatismes ont des comportements addictifs ou se sabotent d'une manière que ne comprend pas toujours l'entourage.
Oui, j'ai l'impression que c'est à la fois très répandu et peu reconnu. C'est dur à comprendre, à accepter, et à assumer. Déjà qu'il y a le mal être causé par ce qu'il s'est passé, on s'inflige des souffrances en adoptant des comportements destructeurs qui affaiblissent encore un peu plus la confiance en soi. C'est un cercle vicieux. Le risque est je pense de ne pas en parler et s'isoler, pour finir par ne pas pouvoir prendre en charge le problème, notamment grâce à une aide extérieure ou celle d'un professionnel.
Sans même parler des mecs à qui c'est arrivé et qui sont les derniers à en parler ou aller consulter.
Oui... Finalement le tabou qu'il y a dans la société autour de ça est peut-être presque aussi destructeur que l'agression en elle même. C'est ce tabou qui empêche parfois de se rendre compte des situations anormales que l'on peut vivre. Et qui empêche donc de réagir de façon adaptée et de se reconstruire.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Absolument le 22.04.14, 20h46 par Blusher

Boa, ton histoire m'a bouleversé.
Je ne sais que te dire sinon que tu dois extérioriser tes émotions d'où l'importance de ton suivi : parle , n'arrête pas de parler sans cela ton corps va encaisser .
Tu n'es pas coupable mais victime , ton sentiment permanent de culpabilité est sûrement une violence que tu t'infliges , tu dois arrêter avec ça.
Ensuite , il va falloir réapprendre à faire confiance aux autres , alors une chose , lorsque ça se produit , accepte que l'on porte des sentiments envers toi , accueille les et tu verras que certains êtres en valent la peine ! Ça sera la meilleure manière de guérir mais je t'accorde que ça risque de prendre du temps.
Courage.

doublon

Désolé pour le double post...
J'en profite pour te dire que tu sembles obsédé par le contrôle et ça se comprend vu tu as peur de revivre une situation dans laquelle tu n'as rien pu contrôler et qui t'as faite souffrir.
Il va falloir réapprendre à lâcher prise , à faire confiance ....mais encore une fois, ça te demandera des efforts considérables. D'autres s'en sont sortis donc tu es aussi capable de le faire .

Peu de chose à ajouter, je me joins donc juste aux autres pour te dire que ta présence ici est déjà en soit un signe positif que tu cherches à extérioriser ce vécu, et indirectement à valider et partager l'existence de ce traumatisme si souvent nié, y compris par la victime (voir en premier lieu par elle...).

J'ai tilté surtout sur ça :
Boa a écrit :Pour le fait de se sentir sale, je crois que j'ai surtout peur que les autres me voient comme ça, ou que ça les bloque.
Cela n'est pas écrit sur ton visage, ni ailleurs sur ton corps. Pour que cela puisse les "bloquer", faudrait déjà qu'ils le sachent. Et ça, il n'appartient qu'à toi de savoir si tu veux le dire ou pas, à qui et quand.

En tant qu'homme, je pourrais comprendre en effet que cela puisse intimider de découvrir que la femme envers qui on a une attirance sexuelle a été victime d'une agression sexuelle.
Non pas parce qu'on trouverait ça "sale" (sauf peut-être une minorité de gars, qui ne méritent de tout façon pas que tu t'intéresses plus à eux s'ils portent ce type de jugement de valeur...), mais parce qu'on risque de ne pas savoir comment exprimer son désir sans passer pour un obsédé du cul, du coup.
Une façon de se sentir collectivement coupable d'être, collectivement j'entends, pas toujours capable de respecter autrui au point de céder à nos pulsions sans consentement mutuel.

Peut-être que pour garder un maximum de spontanéité et de complicité, ne pas le dire d'entrée de jeu est mieux. Non pas parce qu'il "faudrait" le cacher, telle une honte, non, au contraire, pour dépasser ce traumatisme en retrouvant le courage d'avoir confiance dans tes désirs et celui de ton (futur) partenaire sexuel.
Il y a un vrai bonheur à lâcher prise, à (re)faire confiance.
Tout particulièrement dans l'intimité, dans ces moments de vulnérabilités partagées.
En arrivant à ce que ce traumatisme ne prenne pas une place plus grand dans ta vie qu'il n'en a déjà au point de la gouverner à ta place.

Certains ici auront peut-être un témoignage à ce propos (séduire une femme ayant eu un traumatisme sexuel) à partager, qui sait.

Sinon, personne n'a osé te la poser encore, mais pourtant cette question mérite de l'être,
je pense :

As-tu songé à porter plainte ?

Je ne dis pas que tu devrais, attention. J'ai parfaitement conscience que porter plainte n'est pas forcément la meilleure façon de se reconstruire. Mais le sentiment d'impunité peut lui aussi laisser une cicatrice plus profonde que le viol en tant que tel, car il laisse entendre que finalement tu ne serais pas une "vraie" victime et que cela pourrait donc se reproduire puisque sans peine prononcée pas de faute reconnue...

Si c'est trop tôt ou trop dur pour toi de répondre à cette question, abstiens-toi, on comprendra sans problème. Sérieusement.

Mais oui, c'est un sujet vraiment délicat à aborder. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de façons différentes de le gérer, de s'en sortir et de se protéger. Et sans savoir où les autres en sont dans leur reconstruction ou comment ils vivent tout ça, c'est assez difficile de savoir ce que l'on peut dire ou pas pour ne pas les blesser.
Ecoute, en ce qui me concerne tu peux me poser toutes les questions que tu veux (par mp). Même celles que tu pourrais juger indiscrètes (il n'y a vraiment pas de mauvaises questions). Je n'ai pas de mal à en parler. Je ne suis pas du tout un exemple de ce qu'il faut faire, mais si ça peut t'aider d'entendre un autre vécu, je suis là. Je ne suis pas passée par les TCA, ni par des comportements d'auto-destruction "visibles" (puisqu'au contraire j'ai tout fait pour que cela ne se voie pas et ne se sache jamais) et je ne me risquerai pas à te conseiller là-dessus, mais je peux te parler de ce que c'est du point de vue de la vie affective et sexuelle, de mon expérience de l'action en justice (je pense pas que mon expérience particulière puisse te donner des infos sur comment ça se passe vraiment, mais je peux te dire ce que ça fait de porter plainte) et de ma politique sur le fait "d'en parler ou non" dans le contexte d'une relation.
De nombreuses victimes de ce genre de traumatismes ont des comportements addictifs ou se sabotent d'une manière que ne comprend pas toujours l'entourage.
C'est ce qui revient souvent dans les discours de prévention contre les violences sexuelles. Ça m'a frappée quand je cherchais des ressources sur internet, pas mal de témoignages sur le moment où s'est passé la violence, des instructions pour les proches et quelques banalités sur le fait de porter plainte ou de ne pas se sentir coupable pour la victime. On parle moins des cas de où les victimes s'en remettent, et c'est un problème. Bien sûr, il faut condamner les violences, mais il faut aussi parler des exemples positifs. Sinon, le risque de reproduire la violence qu'on a subit devient alors une autre source de culpabilité et... retour à la case de départ.
J'aime pas du tout dire ca comme ca, mais je veux dire que le viol est parfois diabolisé à l'extrême (... ) ca déclenche un certain nombre de réactions bizarres, des amis qui comprennent pas.
C'est tout à fait vrai. Condamner les atteintes sexuelles avec de grandes phrases bourrées d'adjectifs, ça n'a aucune fonction thérapeutique pour personne. On peut condamner la violence clairement et simplement.

Encore merci pour vos réponses à tous, vraiment. J'ai essayé de répondre à certains élèments, je répondrai aux autres un peu plus tard.

NeverEnough :
tu cherches à extérioriser ce vécu, et indirectement à valider et partager l'existence de ce traumatisme si souvent nié
Oui voilà, je ressens vraiment le besoin que tout ça sorte !
Je sens que je prends pas mal de distance par rapport à ce vécu, émotionnellement du moins, et c'est pour cette raison que j'arrive à en parler aussi facilement. Mes parents ont un peu fait la chose suivante : ne pas considérer certaines choses comme graves et les refouler, en faire des tabous. Mais ça n'a pas fonctionné et ça les a amenés à agir de façon trés dysfonctionnelle voire violente.
Je ne veux absolument pas reproduire la même chose. Et en fait j'ai peur que ce ne soit finalement pas si sain que ça, que de parvenir à mettre autant de distance vis à vis de tout ça ;

Pete foolish :
Je ne sais que te dire sinon que tu dois extérioriser tes émotions d'où l'importance de ton suivi : parle , n'arrête pas de parler sans cela ton corps va encaisser .
Oui, j'en prends conscience...

Ca rejoind aussi les problémes abordés par Blusher :
Je ne les compte plus. Sans même parler des mecs à qui c'est arrivé et qui sont les derniers à en parler ou aller consulter.
J'ai justement pu en faire le constat avec mon pére qui a lui même subit des attouchements dans son enfance, mais qui n'a pas pu en parler à l'époque et au final a considéré ça comme n'étant pas grave. Quand je constate les comportements méprisants et parfois violents qu'il a eu ensuite dans la famille, bien que cela n'explique sûrement pas tout, je ne comprends pas comment il peut ne pas faire le rapprochement entre les deux. Pas forcément entre ses comportements et ce qu'il a subit, mais entre ses comportements et le fait de ne pas avoir pu exprimer certaines choses, notamment de part un contexte familial encore une fois assez spécial de son côtés. Il a fallu que ça sorte à un moment donné. Et même si c'est assez injuste que ce soit ses enfants qui en aient fait les frais, il me fait plus de la peine qu'autre chose et j'ai du mal à lui en vouloir. C'est dur de parler de tout ça, tant j'ai l'impression de trahir les schémas parentaux, mais quand je sais que ces schémas sont malsains et vers quoi ils ont mené...

NeverEnough :
As-tu songé à porter plainte ?

Je ne dis pas que tu devrais, attention. J'ai parfaitement conscience que porter plainte n'est pas forcément la meilleure façon de se reconstruire. Mais le sentiment d'impunité peut lui aussi laisser une cicatrice plus profonde que le viol en tant que tel, car il laisse entendre que finalement tu ne serais pas une "vraie" victime et que cela pourrait donc se reproduire puisque sans peine prononcée pas de faute reconnue...
J'y ai pensé, surtout suite aux suggestions de certaines personnes. Mais je n'en ressens pas le besoin, pour le moment du moins et je ne pense pas changer d'avis. J'ai un peu peur de trop rentrer dans les détails, mais ils étaient deux et avaient bu ; un inconnu et l'autre que je connaissais trés bien, pour qui j'avais encore des sentiments et avec qui j'avais auparavant eu une relation assez malsaine et dans laquelle je n'étais pas respectée. D'où des sentiments contradictoires et une grosse culpabilité...
En fait, je sens que la responsabilité peut être distillée dans tellement de choses : l'image biaisée de la société justement qui fait que je ne suis même pas sûre qu'ils se soient rendu compte de ce qu'ils faisaient, mon passé et mes propres erreurs qui m'ont sûrement un peu menée à ça, le fait qu'ils avaient bu... J'aurais l'impression de leur faire porter tout ça sur le dos et que ça les détruirait plus qu'autre chose. Et ce n'est pas ce que je veux. Je ne ressens pas l'envie qu'ils soient punis ou quoi.
J'ose espérer qu'ils aient pris conscience que leurs comportements n'étaient pas corrects et du mal qu'ils ont pu faire, et qu'ils ne recommenceront pas ce genre de chose. Je n'ai pas envie de porter plainte pour qu'ils comprennent tout ça. J'ai peur que ça ne les braque plus qu'autre chose et que ce soit contre-productif. J'ai peur aussi qu'ils soient de mauvaise foi pour se protéger ou d'être déçue par le systéme judiciaire.
Tout ce que je veux c'est parvenir à revivre normalement, passer au dessus de tout ça et le laisser derrière, et me recontruire. Et comme tu le dis ploum, arrêter avec toute cette violence : à la fois celle que je ne veux pas être amenée à exercer, et celle que je refuse catégoriquement désormais de recevoir.
C'est exactement ça en fait :
On parle moins des cas de où les victimes s'en remettent, et c'est un problème. Bien sûr, il faut condamner les violences, mais il faut aussi parler des exemples positifs. Sinon, le risque de reproduire la violence qu'on a subit devient alors une autre source de culpabilité et... retour à la case de départ.

C'est tout à fait vrai. Condamner les atteintes sexuelles avec de grandes phrases bourrées d'adjectifs, ça n'a aucune fonction thérapeutique pour personne. On peut condamner la violence clairement et simplement.
Je ne devrais peut-être pas dire ça, car je sais que suivant le contexte le besoin de porter plainte peut se faire ressentir, et ce en toute légitimité, mais en le faisant, j'aurais personnellement et dans ma situation l'impression de perpétuer toute cette violence et cette agressivité.

Je ne devrais peut-être pas dire ça, car je sais que suivant le contexte le besoin de porter plainte peut se faire ressentir, et ce en toute légitimité, mais en le faisant, j'aurais personnellement et dans ma situation l'impression de perpétuer toute cette violence et cette agressivité.
Je vais paraître abrupte. Mais à tout hasard, si ce qui m'a sauvé la vie peut servir à quelqu'un d'autre.

Encore une fois, la question de la plainte est un choix personnel et il n'y a que toi qui peut savoir si ça en vaut la peine ou pas, d'autant que c'est une procédure éprouvante.

Cependant...

Tu as le DROIT d'être en colère. Tes agresseurs, eux, n'avaient pas le droit de te faire ce qu'ils t'ont fait. Tu n'as pas à te sentir coupable. L'agressivité et la violence sont destructrices quand elles sont gratuites. Mais quand ces mêmes émotions nous servent à nous défendre, elles deviennent nécessaires et vitales. Il faut que tu trouves un moyen de les laisser s'exprimer si jamais elles te submergent. Peut-être pas la plainte... Mais quelque chose qui puisse t'aider à te revaloriser et à revaloriser ta parole et ton consentement.

Une lecture qui m'a un peu aidée :

http://www.editions-zones.fr/spip.php?article60

Puisqu'on est dans les recommandations de lectures sur le sujet:



Autre chose qui a dans le sens de ce que dit ploum.
La musique et son pouvoir cathartique:
Se faire une playlist qui te fasse exprimer différentes émotions allant des larmes au rire.
Les miennes commençaient pas un morceau triste, puis un peu moins triste pour avancer vers des trucs un peu (beaucoup) énervés et progressivement vers des morceaux joyeux jusqu'à carrément euphorique. Je me faisais des playlists de 6 à 12 morceaux, porte fermée, son à fond les ballons si tu en as envie. Tu peux chanter, danser, gueuler si ça te fait du bien. On en sort plus serein.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Like ! le 23.04.14, 17h53 par Poivron
  • [+1] Instructif le 23.04.14, 19h24 par Hydrogene

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