Ce qui suit est un infâme pavé rédigé à chaud.
Vendredi soir
Soirée improvisée avec des potes de ma coloc. C'est bien la coloc'. Jamais seul le vendredi soir. Un verre de vin, un Chardonnay, puis deux, trois, quatre, et puis encore plus. Puis Vodka.
Le liquide brûlant.
Terminons au bar, non loin de chez nous. Il n'y a pas de filles ici, c'est le bar du quartier, mais on s'amuse quand même. Rentrons à 2H.
Pas de game ce soir, mais j'ai agrandi mon tissu social. Ça paiera bien un jour, et puis je me suis marré.
Samedi soir Première partie
Oh, my. Dans sa longue complainte, mon corps me demande, avec toute la fermeté qui convient à la situation, pourquoi je me suis mis à sortir tous les soirs.
J'aime la nuit, voilà.
Il y a une fête en dessous de chez-nous. Ben et moi décidons au dernier moment de sortir ce soir. Tentons de s'intégrer à la fête du bas, mais un gars pas très sympa refuse de nous faire entrer. Trop de monde qu'il disait.
Je suis pas un mec insistant dans ce genre de situations. Ils ont envie de faire la fête tranquillou, ils veulent garder '
leurs' gonzesses, et bien qu'ils s'amusent seuls (J'aime cette expression, cette idée de garder les filles comme si elles leurs appartenaient, alors qu'ils se comportent en bon allemand, debout dans le pièce, inactif, une cannette de bière à la main, AFC).
Nous dirigeons vers un bar-boîte du centre-ville. Curieusement, je connais très bien ce bar. C'est là où j'ai embrassé une fille pour la première fois, la première fille que j'ai remmené à la maison, aussi. Et puis, c'est aussi le bar des sorties solo ratées, celui où je faisais cavalier seul, chevauchant mon cheval d'infortune pitoyable, ou plutôt devrais-je dire, de manque de volonté.
Ah, le temps qui passe. Mais ce soir, je n'y vais pas seul.
Comme d'habitude, la piste est vide à 23H30. La gente féminine est invisible, et à notre arrivée, le dance-floor ressemble à une rue dans
Walking Dead.
Rapidement, on se déchaîne. La musique est merdique, si forte que mes oreilles saturent,mais nous dansons une bonne heure, jusqu'à ce que minuit trentes passé, la piste soit si pleine que s'y frayer un chemin devient une opération commando.
Mais j'ai plutôt confiance en moi. Les filles me regardent, insistantes parfois.
Je n'ai toujours pas abordé. Ben non plus. C'est dur, ici. Vraiment. Je manque d'expérience en boîte.
Lentement, arrive 1H. Puis 1H30. La tension est au plus bas. J'ai mon coup de mou, je suis crevé, parfaitement sobre, et j'ai bien malheureusement assimilé tout le café absorbé à 22H.
Et puis soudain, comme une vieille motte de terre je me fais frapper par un missile anti-aérien thermonucléaire.
À côté de moi passe la jolie brune de l'autre dimanche soir.
Je suis trop fatigué pour garder tout le contrôle que j'aurais aimé avoir sur la situation. Je ne m'attendais pas à cela. Avec Ben, nous voulions partir.
On se salue, sans contact, ma faute. Elle me dit qu'elle va danser. Épuisé et transpirant, je lui dit de bien s'amuser, mais ne la suis pas. On se reverra.
Je suis encore un AFC.
L'AFC, je m'en suis pas trop mal éloigné en faisant attention
à me contrôler. Mais là, mes barrières psychiques fatiguées par le sommeil laissent passer la mer de rancoeur. Putain, je suis en-train de tomber amoureux de cette fille, semi-one-itis à la con, alors que je ne connais même pas son nom.
Bordel, pourquoi certaines fille me font de l'effet comme ça et pas les autres ?
Après une petite pause bien méritée, je décide d'aller la voir sur la piste pour danser un peu avec elle. Erreur de vieux clochard de la séduction. Je sais très bien que je ne peux pas communiquer sur la piste parce que je ne comprends rien, et que tout baser sur le sensuel va pas être du gâteau comme je la connais déjà.
Ah, très chers FTS-iens, voilà encore une situation bien cocasse.
Je galère à la trouver. Puis je la trouve. J'ai envie de parler, elle a bien envie de me répondre, mais c'est un dialogue de sourds. Impossible de se comprendre. Je ne suis même pas sûr d'avoir correctement compris son nom. D'ailleurs, ici, on l'appellera R2D2.
Je finis par lui dire "on se reverra plus tard au bar, parce que je comprends rien" en langue des signes, et j'arrête le carnage. On rentre, avec Ben.
J'ai toutes mes chances avec cette fille, parce qu'elle est pas en couple, parce qu'elle est prête à laisser son amie partir pour parler avec moi, parce que çi, parce que ça et patati et patata.
Mais là, je dois dire que je n'ai fichtrement aucune idée de ce qu'elle peut bien penser de moi. Je suis toujours tombé sur elle
parfaitement par hasard parce qu'elle habite pas loin de chez moi, et j'ai toujours agi maladroitement parce que je n'ai jamais eu une seule once de contrôle sur la situation. Elle est allemande. C'est sa langue maternelle. Je suis l'étranger constamment paumé.
J'essaierai de lui reparler demain, on verra bien.
Ne pas se fixer d'enjeux, qu'ils disaient.
Après tout, on peut pas réussir à tous les coups. Mais mon moral a pris une claque. Pourquoi dois-je toujours être ridicule, avec cette fille ? Pourquoi donc ?
Samedi soir Seconde partie
Rentrons donc à la maison. Je reprends mes esprits. Peu d'émotions toxiques, mais du découragement tout de même. Ouai, on avance par palier, qu'ils disaient. Bah là, je suis dans le creux d'une marche.
Devant la maison, je suis en-train de fermer mon vélo quand Ben et moi nous faisons aborder par une fille déjà pas mal torchée, Y, et son pote, Z. Viennent de la fête d'en dessous de chez nous.
Discutons.
Je fume pas normalement. Mais là, je craque. Je tire sur la clope, et par la fumée brûlante je purge les rancoeurs, le maussade des passages obligés au fond du trou.
J'ai l'air comme dans
High by the beach de Lana, complètement dépressif.
Mais ça m'éclate pas mal.
Ben me motive finalement pour aller à la fête du dessous avec Y et Z.
Y allons.
Il est 2H. La soirée, lentement, semble se désagréger, les mecs plus pitoyables les uns que les autres. '
Leurs' gonzesses sont seules sur le canap' et s'emmerdent comme une bande de mérous sur l'étalage du poissonier.
Je les aborde. Elles sont cool. Mais elles sont plus dans l'ambiance. Moi non plus d'ailleurs.
Les mecs bourrés dansent alors qu'il y a plus de musique.
Vers 2H30, Y et Z me proposent de sortir pour fumer. Je commence à bien les aimer. Et Y, qui par la boisson a perdu tout son tact semble se chercher un plan pour la nuit. Se colle à moi de manière pas très sexy. Moi j'ai pas envie là, mais c'est bon pour mon égo. Et puis Z est sympa.
En bas, on discute. J'ai plus la pêche qu'il y a une heure et je regrette pas de faire cette deuxième partie de soirée. J'ai oublié R2D2.
Arrivent alors une très jolie blonde HB8 et son pote plutôt stone. On l'appellera Lucy. Étrangère elle aussi, elle habite avec Y et me dévore du regard dès le début. Elle est sobre et semble pas stone du tout contrairement à son pote. Y fait les présentations, et complètement torchée, elle exagère tout, mais je passe pour son pote ce qui m'arrange bien par rapport à Lucy.
La conversation avec Lucy est facile. Je soutiens son regard insistant. C'est
trop facile. Mais je suis un charognard de la séduction, ça m'arrange bien.
Décidons de laisser Y et Z seuls. Y a manifestement envie d'embrasser un mec, et je préfère que ce soit pas moi. Remonte avec Lucy et son pote. La soirée est terminée. Les gens partent. Ben me pousse vers Lucy pour que je lui parle encore.
Je parle de tout ce qui me passe par la tête, juste pour parler et plonger mon regard dans le sien. R2D2 est au rebus.
Elle fait la bise au mec qui l'accompagne. Ils vont partir.
Pas de blanc, comme sur des roulettes. Étreinte comme si on se connaissait depuis toujours. Je ne tente pas de l'embrasser. Embrasser une fille sobre après 30mn, c'est un peu short, je me dis.
Et puis ils partent.
Ah, quel con, j'ai oublié de prendre son numéro.
Mais elle habite à côté de chez moi, pas grave, j'irai la voir pour le lui demander.
Je suis à fond. Lucy et Y m'ont relancé dans le game.
Life's beautiful.