Je suis un homme, et deux choses m'ont sauvé la vie
Posté : 03.02.21
Bonjour, j'ai longtemps lu vos messages en silence, je me décide enfin à prendre la plume (enfin : le clavier) pour vous livrer une expérience très personnelle.
Deux expériences en fait, dont je devine qu'elles seront clivantes et peut-être mal accueillies. Je vous les livre quand même, pour ceux et celles à qui ça pourrait parler, mais aussi parce que je sais que ça me profitera à moi aussi. J’espère que je n'enfreins aucune règle et que les modérateurs ne m'en voudront pas. Aucun problème si ce message doit être supprimé.
J'ai longtemps été malheureux, en décalage avec les autres, et, ça il m'a fallu du temps pour le réaliser, avec moi-même, au point que le sentiment de passer à côté de ma vie et de moi-même se faisait de plus en plus pesant. Au point, par moment, de me faire pencher du côté de l'angoisse débilitante.
Deux choses m'ont probablement sauvé la vie : le LSD, et me faire sodomiser par une femme. Laissez-moi expliquer.
J'ai grandi dans une famille équilibrée et saine. Libérale sur les choses de l'esprit mais réservée sur les choses du corps et du sexe. Le sexe n'a jamais été un sujet facile dans ma famille, et c'est tout naturellement que j'ai grandi dans une sorte de honte, de timidité du corps et de la sexualité. Parler ouvertement de sexe et de mes envies est impensable. Je suis réprimé dans ma sexualité et dans ma sensualité. J'ai aussi été victime de harcèlement scolaire, pendant tout le collège et une bonne partie du lycée. J'ai repris pied par la suite, mais le mal était fait : mon rapport aux autres, et le regard que je portais sur moi-même étaient abîmés au-delà de toute possibilité de réparation.
Cette période où les autres garçons étaient source d'agressions, de brimades et d'humiliations a imprimé en moi la méfiance des autres. J'ai eu quelques copines, mais j'ai réalisé sur le tard que pour être épanoui dans un couple, il faut être épanoui soi-même, et si possible, dès le début, car la personne qu'on ose être encourage l'autre à s'épanouir elle-aussi.
A 40 ans, je suis en couple avec ma compagne, frustré sexuellement car il manque quelque chose : notre sexualité est très basique. La peur d'être jugé, rejeté, moqué est prédominante.
Et psychologiquement, existentiellement, je me sens perdu : je sens qu'une part de moi m'échappe. Une part animale, primale, celle du mâle guerrier, conquérant. Je suis dans la fleur de l'âge, et pourtant la timidité prime. Je fonctionne mais je me sens inachevé. C'est un sentiment de défaillance ancrée profond, et bien sûr cela a des conséquences sur tous les aspects de ma vie.
J'ai bien sûr vu plusieurs thérapeutes et psychologues, qui m'ont aidé ou pas à mieux mettre des mots sur des sentiments vagues. AU fil des années, j'en suis venu donc à réaliser avec de plus en plus de clarté que j'ai été mal modelé par mes jeunes années, et que mon fonctionnement n'est pas celui qu'il aurait pu être. Pas celui qui m'aide à m'épanouir et à devenir le meilleur moi en tout cas.
Il y a quelques mois je suis tombé sur des articles qui traitaient de microdosing : le fait de prendre des doses micro de substances psychédéliques (psilocybine : les champignons hallucinogènes, ou LSD). Loin des doses "récréatives", ces doses très diluées ne produisent aucun effet notable, mais, à en croire les adeptes, permettent d'accroître la créativité, la sérénité, la clarté d'esprit, les capacités d'introspection, de lutter contre l'anxiété voire même le stress post traumatique. Aujourd'hui des études cliniques sont en bonne voie et semblent montrer que l'efficacité est réelle sur les traumas de l'esprit.
J'ai aussi lu beaucoup de témoignages de gens dans une situation similaire à la mienne qui, après avoir fait un ou plusieurs trips (à des doses hallucinogènes, pas des microdoses), relatent d'effets très bénéfiques sur leur vie intérieure.
J'ai longtemps hésité avant de sauter le pas. Je n'ai jamais consommé de drogues. Je ne bois même pas d'alcool. Et il m'est impensable de prendre quelque drogue dure que ce soit. Le fait que le LSD ne provoque ni dépendance ni accoutumance, même sur le long terme, est quelque chose qui m'a rassuré. Je n'aurais même pas envisagé la chose s'il y avait eu le moindre risque d'addiction. Je me suis beaucoup documenté, puis j'ai décidé de faire l'expérience d'un premier trip au LSD. Je m'en suis procuré sur Internet, j'ai acheté un kit de test pour m'assurer qu'il était pur et pas bidouillé. Ça vient sous la forme de bouts de papier imprégnés, appelés buvards.
J'ai expliqué ma démarche à une amie que je savais ouverte à cela, et, prétextant un déplacement pro à ma compagne, j'ai passé le weekend chez mon amie, la chargeant de veiller sur moi lors de mon expérience. Il est impératif de ne pas faire ce genre de choses seul : impossible de savoir comment on réagira, et il faut que quelqu'un soit là pour vous rassurer si les émotions se font trop fortes et trop négatives ; et vous empêcher de faire des choses potentiellement dangereuses.
J'ai rejoint mon amie un vendredi soir. J'ai jeuné dans la soirée, ne buvant que de l'eau, nous avons passé une soirée agréable où je me suis livré à elle sur mes expériences passées, mes difficultés et mon envie d'entamer une forme de reconstruction. Je me suis couché tôt. Le lendemain matin, j'ai pris ma dose, plaçant le buvard sous ma langue. Pendant que j'attendais que le LSD fasse effet, mon amie préparait des fruits frais, de l'eau, et j'ai pris place sur son canapé confortable. Il a fallu environ 20 minutes pour que les effets deviennent notables.
D'abord un sentiment de confort, puis de légère ébriété, puis de fourmillement. Puis les choses habituelles : des couleurs plus vives, une fascination pour les motifs, puis des formes et figures apparaissant dans les motifs, des échos, des mouvements, une sensation de flottement, comme si je volais...
J'ai vite perdu la notion du temps. J’ai commencé à avoir des flashs d'épisodes de mon enfance et de mon adolescence, des choses auxquelles je n'avais jamais repensé. Des épisodes heureux, et des épisodes moins heureux. J'ai ressenti de la joie, de la légèreté, de la peine et du chagrin. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails, et j'ai d'ailleurs un souvenir assez confus de tout ça. Je sais juste que ça a duré toute la journée, et que je me suis réveillé le lendemain avec un sacré mal au crâne, et que j'ai passé le dimanche à dormir.
Les véritables effets sont devenus apparents au cours des semaines qui ont suivi. J'ai pris conscience que de nouvelles facettes étaient apparues dans mon introspection : de nouveaux problèmes à décortiquer, ou une façon nouvelle de voir des problèmes que je connaissais déjà. Pour certains d'entre eux, ils n'étaient tout simplement plus des problèmes : juste des souvenirs, sans aucune douleur ou amertume associée.
Je pense que des portes se sont ouvertes dans mon esprit. Je peux déjà dire que je me sens moins peureux des autres, comme si en moi commençait à germer une forme d'assurance, de sérénité nouvelle. Ce n'est pas fini, je ne sais pas encore où ça mène, mais je me sens en mouvement intérieur, et la direction semble bénéfique.
Je me perçois différemment en tout cas. Je perçois mon histoire personnelle de manière différente, plus apaisée, comme si j'arrivais désormais à poser un regard bienveillant ou indifférent sur des moments douloureux, comme forme de guérison, de cicatrisation.
Des idées nouvelles me sont apparues. Depuis ce premier trip, j'ai l'idée que ma pudeur, ma timidité sexuelle, mon rapport honteux à la sexualité et à l'intimité sont un taboo à lever. Toute ma vie j'ai pensé que c'était une loi immuable : le sexe est quelque chose qu'on l'on porte en cachette, un peu honteusement. Mais cette conception est en train de changer. J’ai le sentiment qu'il faut que j'apprenne à reprendre mon corps, mon animalité, à porter un regard bienveillant sur MA sexualité, MA sensualité, mes envies. C'est difficile. Comme dit plus haut, je me suis construit dans la fragilité, la timidité, la méfiance et la peur du rejet, des moqueries. Ce ne sont pas exactement des conditions qui favorisent la confiance en soi, l'audace et le lâcher prise. Lâcher-prise : ce mot a commencé à résonner particulièrement après mon trip au LSD. Comme si mon subconscient voulait que j'y pose mon attention.
J'ai commencé à comprendre des choses, à dessiner des contours. J'ai réalisé que les hommes étaient source de danger à mes yeux, une menace. Que les femmes étaient source de conquête, mais jamais d'abandon, jamais de réconfort. Lorsque je suis intime avec une femme, je lui donne et je lui prends, mais jamais je ne me mets en position de la laisser elle me donner. Je suis dans le contrôle. J'ai réalisé qu'il me fallait expérimenter un renversement des choses, des situations où je serais dans le lâcher prise et l'inversement des rôles.
Dans mes pratiques solitaires, j'ai exploré le plaisir anal, très fort pour moi (comme pour la plupart des hommes qui le pratiquent je pense). La stimulation anale est chez moi quelque chose de très fort, parfois plus encore que l'orgasme du pénis et de l'éjaculation. Il y a quelques mois encore, j'aurais trouvé impensable de parler ouvertement de ça. J'ai décidé que je voulais explorer ça davantage, et plus en solitaire (ce qui m'a trop longtemps défini : la solitude et l'autosuffisance), mais avec mes partenaires. Je n'ai strictement aucune attirance pour les hommes. Le corps masculin ne m'attire pas du tout et n'est pas source de fantasme. Je suis profondément hétérosexuel.
La sexualité et l'exploration n'étant pas des sujets facilement discutés avec ma compagne, dont je regrette le peu d'imagination sexuelle, et la démarche étant avant tout un voyage introspectif personnel, j'ai décidé de m'adresser à une professionnelle.
J'ai trouvé une professionnelle du sexe dont la démarche m'a paru qualitative plutôt que quantitative. Je lui ai expliqué ma démarche : expérimenter le lâcher prise, ne forme de soumission sans brutalité à une femme qui prenne le contrôle mais en toute bienveillance. L'humiliation et les sévices ne sont pas quelque chose qui m'intéressent pour le moment.
Nous avons convenu d'avoir une rencontre sexuelle avec rapports classiques, puis, lorsque je serais prêt, qu'elle me sodomiserait à l'aide d'un strapon. Je ne suis pas débutant, je me suis déjà introduit des godes de différentes tailles (seul), je ne m'aventurais donc pas en terrain totalement inconnu. La seule nouveauté était le fait de m'en ouvrir à quelqu'un d'autre, de baisser la garde, de m'en remettre à ma partenaire du moment.
L'expérience a été au-delà de toute attente. J'ai bien choisi la personne en question, et elle a bien rempli son rôle. Girl friend expérience comme disent les adeptes. Elle a su trouver la bonne attitude entre écoute, chaleur et confort. Elle a su me mettre en confiance, et j'ai eu l'impression de réellement connecter avec un être humain, pas juste de payer pour de la chair.
Lorsqu'elle m'a pénétré, mon cerveau a explosé. C'est comme si j'étais propulsé dans une autre dimension, pendant un bref instant. Il s'est produit quelque chose de plus fort encore que mon trip LSD : moins durable, mais infiniment plus bouleversant en intensité. Des portes se sont ouvertes dans mon cerveau, mon âme a changé de couleur, un déversement d'émotions refoulées. Sans parler du plaisir physique, profond, animal, c'est émotionnel que fût la vague. Sans mauvais jeu de mot : comme un verrou qui saute et libère un flot d'émotions refoulées, chagrin, culpabilité, honte, pudeur, sentiments d'être privé de contrôle, tous les souvenirs d'humiliation, de vexation : tout est remonté à la surface, a éclaté comme une bulle, et s'est transformé en exultation.
Je me suis senti, à travers cette brève expérience, devenir être sexuel, sexué, en prise avec mon corps, mes envies, ma sensualité personnelle et pas imposée par les attentes et la convenance. Le mélange d'émotions confuses et contradictoires de se sentir ainsi pris par une femme, d'abandonner pour un moment l'idée que l'on se fait de soi et que l'on veut de la masculinité. C'est difficile à décrire. Ce fut, je pense, une forme de transcendance (et je souhaite à quiconque me lit de connaître cela un jour). Je me suis élevé au-dessus de moi-même, et je suis redescendu une personne plus libre, plus légère, un peu plus forte.
Je suis convaincu que la sexualité, lorsqu'on la pratique avec le cerveau, est une des formes les plus puissantes de magie qui existe. Je ne parle pas de paranormal : je parle de phénomènes transformatifs, exhultatoires, qui nous élèvent au-dessus de notre condition animale pour nous rapprocher de la divinité. La musique en est une, les psychédéliques une autre, et l'abandon sexuel aussi. C'est ce que j'ai vécu à cette occasion.
le LSD m'a apporté un regard nouveau, une nouvelle souplesse introspective. Il m'a ouvert de nombreuses portes.
L'une de ces portes m'a amené sur un chemin nouveau dans ma sexualité et ma sensualité, des choses que je n'ai pas su cultiver dans ma jeunesse, et que je peux explorer. De cette première expérience de sodomie et du torrent de plaisir et d'émotions qu'elle m'a procurées, j'ai retiré une conviction profonde : l'épanouissement est réel dans le fait de se libérer des modèles, des carcans, et de revendiquer ses envies sans honte ni crainte.
Je suis un homme. J'ai mes plaies, mes peurs. Mais mon corps est mon corps, et il est à ma disposition, ainsi qu'à celle de mes partenaires. Et si j'arrive à me mettre dans le bon état d'esprit, dans un climat de confiance et de respect avec la bonne personne, il peut-être le vaisseau d'expérience émotionnelles, cérébrales et spirituelles quasi divines, surtout si je me libère des vieux taboo.
Accepter de m'offrir ainsi, vulnérable devant une femme, et de la sentir se faire un chemin dans ce qu'un humain a de plus intime, m'a guéri de ma stérilité sensuelle, de ma froideur sexuelle et m'a reconnecté avec une animalité primale que j'avais perdu de vue. Un processus de réappropriation s'est lancé. Pendant un instant, j'ai reconnecté mes émotions à ma sensualité, réparant ainsi un mécanisme de dissociation sensuelle hérité de mon adolescence.
J'ai entrouvert une porte sur un moi plus fort, plus libre, plus sensuel, plus animal, plus authentique. Je vais maintenant essayer de devenir cette personne à plein temps, d'entretenir ce sentiment. Plus que le plaisir anal ou la soumission, c'est le fait d'avoir osé m'offrir à une partenaire qui fut transcendantal. Mais le plaisir anal lui-même est (en tout cas pour moi) extrêmement plaisant et j'aurais du mal à m'en passer à présent.
Je me souviens être tombé sur le podcast d'une sex coach hippie californienne new age qui expliquait à sa clientèle féminine à quel point la sodomie faisait merveille contre le stress et l'anxiété : que c'était à la fois un sentiment d'abandon, de désarmement, mais aussi lié à l'extrême richesse sur le plan nerveux de cette partie de l'anatomie. Elle appelait ça le massage ultime, la plus directe voie d'accès vers l'âme, à condition d'être pratiqué avec la bonne personne et dans le bon contexte.
Messieurs, je vous souhaite de trouver le courage de peut-être essayer ça avec la bonne personne.
Mesdames, si vous pouvez offrir ça à votre partenaire si vous le sentez intéressé, c'est un incroyable cadeau, de plaisir et peut-être, de guérison que vous lui faites. Et je pense que vous pourriez apprécier l'expérience vous aussi (d'un côté ou de l'autre du gode).
Je ne veux pousser personne à essayer le LSD ou à se faire sodomiser. Je voulais juste témoigner de comment ces deux expériences m'ont libérées, m'ont sorties d'une impasse émotionnelle et m'ont, dans un sens, sauvé la vie.
Deux expériences en fait, dont je devine qu'elles seront clivantes et peut-être mal accueillies. Je vous les livre quand même, pour ceux et celles à qui ça pourrait parler, mais aussi parce que je sais que ça me profitera à moi aussi. J’espère que je n'enfreins aucune règle et que les modérateurs ne m'en voudront pas. Aucun problème si ce message doit être supprimé.
J'ai longtemps été malheureux, en décalage avec les autres, et, ça il m'a fallu du temps pour le réaliser, avec moi-même, au point que le sentiment de passer à côté de ma vie et de moi-même se faisait de plus en plus pesant. Au point, par moment, de me faire pencher du côté de l'angoisse débilitante.
Deux choses m'ont probablement sauvé la vie : le LSD, et me faire sodomiser par une femme. Laissez-moi expliquer.
J'ai grandi dans une famille équilibrée et saine. Libérale sur les choses de l'esprit mais réservée sur les choses du corps et du sexe. Le sexe n'a jamais été un sujet facile dans ma famille, et c'est tout naturellement que j'ai grandi dans une sorte de honte, de timidité du corps et de la sexualité. Parler ouvertement de sexe et de mes envies est impensable. Je suis réprimé dans ma sexualité et dans ma sensualité. J'ai aussi été victime de harcèlement scolaire, pendant tout le collège et une bonne partie du lycée. J'ai repris pied par la suite, mais le mal était fait : mon rapport aux autres, et le regard que je portais sur moi-même étaient abîmés au-delà de toute possibilité de réparation.
Cette période où les autres garçons étaient source d'agressions, de brimades et d'humiliations a imprimé en moi la méfiance des autres. J'ai eu quelques copines, mais j'ai réalisé sur le tard que pour être épanoui dans un couple, il faut être épanoui soi-même, et si possible, dès le début, car la personne qu'on ose être encourage l'autre à s'épanouir elle-aussi.
A 40 ans, je suis en couple avec ma compagne, frustré sexuellement car il manque quelque chose : notre sexualité est très basique. La peur d'être jugé, rejeté, moqué est prédominante.
Et psychologiquement, existentiellement, je me sens perdu : je sens qu'une part de moi m'échappe. Une part animale, primale, celle du mâle guerrier, conquérant. Je suis dans la fleur de l'âge, et pourtant la timidité prime. Je fonctionne mais je me sens inachevé. C'est un sentiment de défaillance ancrée profond, et bien sûr cela a des conséquences sur tous les aspects de ma vie.
J'ai bien sûr vu plusieurs thérapeutes et psychologues, qui m'ont aidé ou pas à mieux mettre des mots sur des sentiments vagues. AU fil des années, j'en suis venu donc à réaliser avec de plus en plus de clarté que j'ai été mal modelé par mes jeunes années, et que mon fonctionnement n'est pas celui qu'il aurait pu être. Pas celui qui m'aide à m'épanouir et à devenir le meilleur moi en tout cas.
Il y a quelques mois je suis tombé sur des articles qui traitaient de microdosing : le fait de prendre des doses micro de substances psychédéliques (psilocybine : les champignons hallucinogènes, ou LSD). Loin des doses "récréatives", ces doses très diluées ne produisent aucun effet notable, mais, à en croire les adeptes, permettent d'accroître la créativité, la sérénité, la clarté d'esprit, les capacités d'introspection, de lutter contre l'anxiété voire même le stress post traumatique. Aujourd'hui des études cliniques sont en bonne voie et semblent montrer que l'efficacité est réelle sur les traumas de l'esprit.
J'ai aussi lu beaucoup de témoignages de gens dans une situation similaire à la mienne qui, après avoir fait un ou plusieurs trips (à des doses hallucinogènes, pas des microdoses), relatent d'effets très bénéfiques sur leur vie intérieure.
J'ai longtemps hésité avant de sauter le pas. Je n'ai jamais consommé de drogues. Je ne bois même pas d'alcool. Et il m'est impensable de prendre quelque drogue dure que ce soit. Le fait que le LSD ne provoque ni dépendance ni accoutumance, même sur le long terme, est quelque chose qui m'a rassuré. Je n'aurais même pas envisagé la chose s'il y avait eu le moindre risque d'addiction. Je me suis beaucoup documenté, puis j'ai décidé de faire l'expérience d'un premier trip au LSD. Je m'en suis procuré sur Internet, j'ai acheté un kit de test pour m'assurer qu'il était pur et pas bidouillé. Ça vient sous la forme de bouts de papier imprégnés, appelés buvards.
J'ai expliqué ma démarche à une amie que je savais ouverte à cela, et, prétextant un déplacement pro à ma compagne, j'ai passé le weekend chez mon amie, la chargeant de veiller sur moi lors de mon expérience. Il est impératif de ne pas faire ce genre de choses seul : impossible de savoir comment on réagira, et il faut que quelqu'un soit là pour vous rassurer si les émotions se font trop fortes et trop négatives ; et vous empêcher de faire des choses potentiellement dangereuses.
J'ai rejoint mon amie un vendredi soir. J'ai jeuné dans la soirée, ne buvant que de l'eau, nous avons passé une soirée agréable où je me suis livré à elle sur mes expériences passées, mes difficultés et mon envie d'entamer une forme de reconstruction. Je me suis couché tôt. Le lendemain matin, j'ai pris ma dose, plaçant le buvard sous ma langue. Pendant que j'attendais que le LSD fasse effet, mon amie préparait des fruits frais, de l'eau, et j'ai pris place sur son canapé confortable. Il a fallu environ 20 minutes pour que les effets deviennent notables.
D'abord un sentiment de confort, puis de légère ébriété, puis de fourmillement. Puis les choses habituelles : des couleurs plus vives, une fascination pour les motifs, puis des formes et figures apparaissant dans les motifs, des échos, des mouvements, une sensation de flottement, comme si je volais...
J'ai vite perdu la notion du temps. J’ai commencé à avoir des flashs d'épisodes de mon enfance et de mon adolescence, des choses auxquelles je n'avais jamais repensé. Des épisodes heureux, et des épisodes moins heureux. J'ai ressenti de la joie, de la légèreté, de la peine et du chagrin. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails, et j'ai d'ailleurs un souvenir assez confus de tout ça. Je sais juste que ça a duré toute la journée, et que je me suis réveillé le lendemain avec un sacré mal au crâne, et que j'ai passé le dimanche à dormir.
Les véritables effets sont devenus apparents au cours des semaines qui ont suivi. J'ai pris conscience que de nouvelles facettes étaient apparues dans mon introspection : de nouveaux problèmes à décortiquer, ou une façon nouvelle de voir des problèmes que je connaissais déjà. Pour certains d'entre eux, ils n'étaient tout simplement plus des problèmes : juste des souvenirs, sans aucune douleur ou amertume associée.
Je pense que des portes se sont ouvertes dans mon esprit. Je peux déjà dire que je me sens moins peureux des autres, comme si en moi commençait à germer une forme d'assurance, de sérénité nouvelle. Ce n'est pas fini, je ne sais pas encore où ça mène, mais je me sens en mouvement intérieur, et la direction semble bénéfique.
Je me perçois différemment en tout cas. Je perçois mon histoire personnelle de manière différente, plus apaisée, comme si j'arrivais désormais à poser un regard bienveillant ou indifférent sur des moments douloureux, comme forme de guérison, de cicatrisation.
Des idées nouvelles me sont apparues. Depuis ce premier trip, j'ai l'idée que ma pudeur, ma timidité sexuelle, mon rapport honteux à la sexualité et à l'intimité sont un taboo à lever. Toute ma vie j'ai pensé que c'était une loi immuable : le sexe est quelque chose qu'on l'on porte en cachette, un peu honteusement. Mais cette conception est en train de changer. J’ai le sentiment qu'il faut que j'apprenne à reprendre mon corps, mon animalité, à porter un regard bienveillant sur MA sexualité, MA sensualité, mes envies. C'est difficile. Comme dit plus haut, je me suis construit dans la fragilité, la timidité, la méfiance et la peur du rejet, des moqueries. Ce ne sont pas exactement des conditions qui favorisent la confiance en soi, l'audace et le lâcher prise. Lâcher-prise : ce mot a commencé à résonner particulièrement après mon trip au LSD. Comme si mon subconscient voulait que j'y pose mon attention.
J'ai commencé à comprendre des choses, à dessiner des contours. J'ai réalisé que les hommes étaient source de danger à mes yeux, une menace. Que les femmes étaient source de conquête, mais jamais d'abandon, jamais de réconfort. Lorsque je suis intime avec une femme, je lui donne et je lui prends, mais jamais je ne me mets en position de la laisser elle me donner. Je suis dans le contrôle. J'ai réalisé qu'il me fallait expérimenter un renversement des choses, des situations où je serais dans le lâcher prise et l'inversement des rôles.
Dans mes pratiques solitaires, j'ai exploré le plaisir anal, très fort pour moi (comme pour la plupart des hommes qui le pratiquent je pense). La stimulation anale est chez moi quelque chose de très fort, parfois plus encore que l'orgasme du pénis et de l'éjaculation. Il y a quelques mois encore, j'aurais trouvé impensable de parler ouvertement de ça. J'ai décidé que je voulais explorer ça davantage, et plus en solitaire (ce qui m'a trop longtemps défini : la solitude et l'autosuffisance), mais avec mes partenaires. Je n'ai strictement aucune attirance pour les hommes. Le corps masculin ne m'attire pas du tout et n'est pas source de fantasme. Je suis profondément hétérosexuel.
La sexualité et l'exploration n'étant pas des sujets facilement discutés avec ma compagne, dont je regrette le peu d'imagination sexuelle, et la démarche étant avant tout un voyage introspectif personnel, j'ai décidé de m'adresser à une professionnelle.
J'ai trouvé une professionnelle du sexe dont la démarche m'a paru qualitative plutôt que quantitative. Je lui ai expliqué ma démarche : expérimenter le lâcher prise, ne forme de soumission sans brutalité à une femme qui prenne le contrôle mais en toute bienveillance. L'humiliation et les sévices ne sont pas quelque chose qui m'intéressent pour le moment.
Nous avons convenu d'avoir une rencontre sexuelle avec rapports classiques, puis, lorsque je serais prêt, qu'elle me sodomiserait à l'aide d'un strapon. Je ne suis pas débutant, je me suis déjà introduit des godes de différentes tailles (seul), je ne m'aventurais donc pas en terrain totalement inconnu. La seule nouveauté était le fait de m'en ouvrir à quelqu'un d'autre, de baisser la garde, de m'en remettre à ma partenaire du moment.
L'expérience a été au-delà de toute attente. J'ai bien choisi la personne en question, et elle a bien rempli son rôle. Girl friend expérience comme disent les adeptes. Elle a su trouver la bonne attitude entre écoute, chaleur et confort. Elle a su me mettre en confiance, et j'ai eu l'impression de réellement connecter avec un être humain, pas juste de payer pour de la chair.
Lorsqu'elle m'a pénétré, mon cerveau a explosé. C'est comme si j'étais propulsé dans une autre dimension, pendant un bref instant. Il s'est produit quelque chose de plus fort encore que mon trip LSD : moins durable, mais infiniment plus bouleversant en intensité. Des portes se sont ouvertes dans mon cerveau, mon âme a changé de couleur, un déversement d'émotions refoulées. Sans parler du plaisir physique, profond, animal, c'est émotionnel que fût la vague. Sans mauvais jeu de mot : comme un verrou qui saute et libère un flot d'émotions refoulées, chagrin, culpabilité, honte, pudeur, sentiments d'être privé de contrôle, tous les souvenirs d'humiliation, de vexation : tout est remonté à la surface, a éclaté comme une bulle, et s'est transformé en exultation.
Je me suis senti, à travers cette brève expérience, devenir être sexuel, sexué, en prise avec mon corps, mes envies, ma sensualité personnelle et pas imposée par les attentes et la convenance. Le mélange d'émotions confuses et contradictoires de se sentir ainsi pris par une femme, d'abandonner pour un moment l'idée que l'on se fait de soi et que l'on veut de la masculinité. C'est difficile à décrire. Ce fut, je pense, une forme de transcendance (et je souhaite à quiconque me lit de connaître cela un jour). Je me suis élevé au-dessus de moi-même, et je suis redescendu une personne plus libre, plus légère, un peu plus forte.
Je suis convaincu que la sexualité, lorsqu'on la pratique avec le cerveau, est une des formes les plus puissantes de magie qui existe. Je ne parle pas de paranormal : je parle de phénomènes transformatifs, exhultatoires, qui nous élèvent au-dessus de notre condition animale pour nous rapprocher de la divinité. La musique en est une, les psychédéliques une autre, et l'abandon sexuel aussi. C'est ce que j'ai vécu à cette occasion.
le LSD m'a apporté un regard nouveau, une nouvelle souplesse introspective. Il m'a ouvert de nombreuses portes.
L'une de ces portes m'a amené sur un chemin nouveau dans ma sexualité et ma sensualité, des choses que je n'ai pas su cultiver dans ma jeunesse, et que je peux explorer. De cette première expérience de sodomie et du torrent de plaisir et d'émotions qu'elle m'a procurées, j'ai retiré une conviction profonde : l'épanouissement est réel dans le fait de se libérer des modèles, des carcans, et de revendiquer ses envies sans honte ni crainte.
Je suis un homme. J'ai mes plaies, mes peurs. Mais mon corps est mon corps, et il est à ma disposition, ainsi qu'à celle de mes partenaires. Et si j'arrive à me mettre dans le bon état d'esprit, dans un climat de confiance et de respect avec la bonne personne, il peut-être le vaisseau d'expérience émotionnelles, cérébrales et spirituelles quasi divines, surtout si je me libère des vieux taboo.
Accepter de m'offrir ainsi, vulnérable devant une femme, et de la sentir se faire un chemin dans ce qu'un humain a de plus intime, m'a guéri de ma stérilité sensuelle, de ma froideur sexuelle et m'a reconnecté avec une animalité primale que j'avais perdu de vue. Un processus de réappropriation s'est lancé. Pendant un instant, j'ai reconnecté mes émotions à ma sensualité, réparant ainsi un mécanisme de dissociation sensuelle hérité de mon adolescence.
J'ai entrouvert une porte sur un moi plus fort, plus libre, plus sensuel, plus animal, plus authentique. Je vais maintenant essayer de devenir cette personne à plein temps, d'entretenir ce sentiment. Plus que le plaisir anal ou la soumission, c'est le fait d'avoir osé m'offrir à une partenaire qui fut transcendantal. Mais le plaisir anal lui-même est (en tout cas pour moi) extrêmement plaisant et j'aurais du mal à m'en passer à présent.
Je me souviens être tombé sur le podcast d'une sex coach hippie californienne new age qui expliquait à sa clientèle féminine à quel point la sodomie faisait merveille contre le stress et l'anxiété : que c'était à la fois un sentiment d'abandon, de désarmement, mais aussi lié à l'extrême richesse sur le plan nerveux de cette partie de l'anatomie. Elle appelait ça le massage ultime, la plus directe voie d'accès vers l'âme, à condition d'être pratiqué avec la bonne personne et dans le bon contexte.
Messieurs, je vous souhaite de trouver le courage de peut-être essayer ça avec la bonne personne.
Mesdames, si vous pouvez offrir ça à votre partenaire si vous le sentez intéressé, c'est un incroyable cadeau, de plaisir et peut-être, de guérison que vous lui faites. Et je pense que vous pourriez apprécier l'expérience vous aussi (d'un côté ou de l'autre du gode).
Je ne veux pousser personne à essayer le LSD ou à se faire sodomiser. Je voulais juste témoigner de comment ces deux expériences m'ont libérées, m'ont sorties d'une impasse émotionnelle et m'ont, dans un sens, sauvé la vie.