Déboires d'une névrosée trentenaire

Ce qui paraissait mignon à l'adolescence, mon côté "borderline", passionnée, festive, séductrice, l'est nettement moins à 30 ans... Ben ouais, la passion s'est transformée en addiction, la séduction en névrose histrionique et la fête en pub "tu t'es vue quand t'as bu?", usée, vieille fille au quotient affectif proche d'une gamine de 5 ans...

Ce que je pouvais faire passer pour quelque chose de marginal, d'anticonformiste, de rebel voir de révolutionnaire n'apparaît plus aujourd'hui que comme des restes de lait maternel encore collé derrière mes oreilles. Une femme qui refuse de grandir. Un poupon mal sevré, voila ce que je suis.

J'ai 30 ans. En fait j'en ai 31, mais qu'est-ce que ça change, si ce n'est de rendre la situation encore plus pathétique...?
Les quelques bribes de moral qui me restaient ont cédé à l'orée de me trente ET UN an...

En effet, je me suis toujours targué d'avoir fait beaucoup de conneries, sauf celle d'être infidèle... J'en étais fière, mais encore une fois il a fallu que je teste mes limites, que je teste l'expérience pour en avoir le cœur net: suis-je fidèle par lâcheté ou par idéalisme, par profonde conviction? Suis-je fidèle malgré moi? Ou suis-je fidèle par choix?

Je trompe Michel. Je le trompe avec l'amant que je voyais avant de me remettre avec Michel. Il me fait des choses que personne ne me fait, il sait exactement comment me faire jouir. C'est sans sentiment, c'est hard, c'est passionné et il ne me lâche pas tant que je n'ai pas jouis autant de fois qu'il m'est possible de le faire et que je ne le supplie pas d'arrêter.

Et là un monde, une nouvelle perspective s'est offerte à moi. Je n'ai jamais trompé personne car j'étais persuadée que ce serait à moi que ça ferait le plus de mal... Mais en fait, je n'ai pas le sentiment de d'avoir trompé Michel... Et sur le moment, à part jouir comme une folle, je n'ai rien ressenti de particulier. Mais je sens que depuis, quelque chose se passe en moi, et comme je m'en doutais, celle qui souffre en silence c'est moi. Un mépris sourd pour moi-même s'installe inexorablement. Moi, moi, moi... Seule avec moi-même, je ne le souhaiterai même pas à mon pire ennemi...

Il faut savoir que cela fait 5 ans qu'on se connait avec Michel (nom d'emprunt). Durant ces 5 ans, je suis partie, revenue, partie, revenue, partie, revenue etc... Et je me pose toujours la question : pourquoi il reste? Parfois j'en viens à me dire que ce serait vraiment un soulagement pour moi s'il arrêtait de m'aimer, s'il décidait de me quitter. Mais non, il reste et il m'attend patiemment, à chaque fois. Ça me touche et ça m'étouffe en meme temps.

J'ai des diplômes en veux-tu en voilà, mais ils ne me servent à rien. Je suis pauvre, je suis retourné vivre chez mes parents, mes demandes d'emploi ne sont pas concluantes. Je n'ai qu'une intelligence inutile et tout ça contribue au sentiment grandissant que je ne vais pas trouver ma place dans ce système fondé sur l'exclusion des gens "comme moi".

J'ai finalement créer ma propre start up et Dieu merci, ça m'occupe et me bouffe beaucoup de temps, du temps que je n'ai plus pour regarder mon nombril, tant mieux...

Suis-je une caricature de l'artiste torturée? Trop romantique pour coller au réel, pourtant ça marche à tous les coups le couplet anti-capitaliste et pseudo-intellectuel que je sers à qui veut l'entendre. Je crois surtout que je me positionne avec un regard trop sceptique pour "bien" vivre. Un point de vue qui remonte à très loin, le pressentiment que tout n'est qu'un décor théâtrale et qu'il faut jouer son rôle dans la pièce où l'on nous a parachuté violemment sans qu'on aille rien demandé à personne...

Je veux l'amour avec un grand A, je VEUX que ça existe. Mais ça n'existe pas...

Merde je suis fatiguée, mes 150 mg de valenfaxine ne me font plus rien. Je n'arrive plus à coucher avec mon homme, malgré que je l'aime (est-ce que je l'aime ou est-ce que je reste avec lui par confort et par peur d'être seule?) Parfois j'aimerai le jeter à la poubelle ce copain-là, qu'il disparaisse et que je puisse enfin vivre une merveilleuse romance, la romance que j'estime mériter! Mais dès que Michel n'est pas près de moi, toutes mes angoisses refont surface, je bois, snife, baise, fume, triche. Je suis perdue au milieu d'un océan de turpitudes, j'ai l'impression de ne plus avoir de peau, d'être à vif, désincarnée et que plus rien ne me protège. Alors je me fais du mal, je retourne la douleur et la peur contre moi-même en me disant que c'est comme ça, par l'entraînement, que je finirai par ne plus rien ressentir, enfin...

Je ne sais pas si je dois quitter Michel, si le fait de le quitter indique que je ne l'aime pas vraiment ou est-ce qu'au contraire, le quitter, encore, ne serait pas une nouvelle preuve de mon ingérence émotionnelle, une manière de fuir l'engagement, l'attachement synonyme chez moi d'anxiété et de douleur?

Si quelqu'un a une idée?

Merci de m'avoir lu.

L.

Bienvenue, ton post est quasiment un début de journal et si tu parcours ceux des autres membres, tu verras que nous sommes nombreux à se poser ce genre de questions.
Pas de réponse toute faite. Qu'est ce que tu recherches toi, personnellement, à ce moment de ta vie ? Jouir sans attache ou un couple rassurant ? Comment tu te sens lorsque tu te retrouves seule avec toi-même ?
En te lisant j'ai l'impression que tu dérives pour éviter de faire un choix...

Bonsoir,

Tout d'abord, un grand merci pour ta réponse. En effet nous sommes de plus en plus nombreux à nous poser ces questions... La question du sens du couple dans une société où l'on a appris à consommer sans modération et à jeter ce qui ne fonctionne plus sans plus chercher à le réparer, dans une société qui prône le développement personnel comme idéologie, qui élève le bonheur comme nouvelle religion. La cellule familiale à éclaté depuis la révolution sexuelle, est-ce anodin? Quelles sont les valeurs aujourd'hui qui donnent du sens à la famille?

Nous ne sommes plus dans les mêmes impératifs, notre subsistance ne dépend plus de la récolte de nos champs et du nombre de bras qui pourront aider à la ferme ou à l'usine pour faire vivre la fratrie. La famille n'est plus une reproduction du système étatique patriarcale où chacun joue le rôle qu'on lui attribu, où chacun se contrôle et se surveille mutuellement au nom de la morale, au nom de l'autorité représentée par le père (d'abord Dieu le père, puis le Pape, puis Le Roi, puis le Président et finalement, globalement le gouvernement qui fait office d'organisatiom schématique de la famille).

En Occident, les femmes ont dorénavant accès aux études et à des postes à responsabilité, ou dit autrement : les femmes peuvent prétendre au pouvoir sur l'économie et leur pouvoir d'achat s'aligne sur celui des hommes.

Moi je parlerai d'un changement de paradigme et de rapport à la sexualité non plus comme "devoir" ou comme "nécessité à la procréation" mais comme pouvoir de jouissance, comme revendication de son corps comme identité, de son statut social et de son genre. "Les hommes perdent leurs repaires", j'entends souvent dire ça. Mais les femmes aussi, car dans l'intimité, ni l'un ni l'autre ne peut plus mettre de sens à ce rapport sexuel qui n'aboutira plus sur la projection d'un avenir uni et heureux dont Walt Disney nous a biberonné toute notre enfance. Mais ce sexe, s'il y a eu un petit problème de capote, mènera probablement à une IVG, à un dépistage dans 3 mois, ou à un paquet de complications. Avouez que c'est autre chose non?

Le sexe se vide de sa substance "sacrée", le sexe ce n'est plus la célébration d'une union agréé par le divin. On est tous perdu dans ce bordel, la question du choix est un peu obsolète dans une relation puisque la relation ne dépend pas uniquement des choix que l'on fait mais des choix qu'on nous laisse la possibilité de faire (souvent réduits). Si tu me demandes de manière réthorique si ça ne serait pas ma manière d'éviter de faire un choix, je te répondrai par une autre question comme maître Yoda: quel choix? De quel choix parlons-nous. Et ma réponse est des plus sincère.

Moi je me sens vivre à une époque de boulversement des mœurs mais franchement je suis trop lavée du cerveau par les épisodes de la petite maison dans la prairie pour encaisser le coup... Je compte sur la nouvelle génération pour foutre un grand coup dans la fourmilière. Pour ma part, et peut être que l'année 1985 se reconnaîtra, je me considère comme une génération sacrifiée.

Salut Lita ! Je vais essayer de t'aider du mieux que je peux:

Tu as l'air de réfléchir beaucoup trop... Fais du sport, prends un grand bol d'air frais, je pense que ça pourrait te faire du bien. Je suis aussi du genre à trop réfléchir et c'est un bon moyen pour moi pour canaliser ça.

Ensuite tu analyses très bien les choses. Mais Maître Yoda, la révolution sexuelle, le changement de rapport à la sexualité, le bouleversement des moeurs... Laisse tomber quoi.
Ce qui a le plus d' influence sur ta vie, c'est toi. Oublie ce que tu dois faire, ce que la société veut que tu fasses et fait un point sur ta vie et sur ce que tu VEUX faire

T'as 31 ans, t'es normalement au tiers de ta vie. T'as tué personne et t'es pas en cavale (enfin j'espère x)) et t'es dans un moment où tu sais pas trop où tu en es... Rien de bien méchant j'ai envie de dire.

Pour le reste j'ai pas vraiment de réponse mais plutôt des questions.
Si tu l'as quitté autant de fois et t'es revenue tout autant, ce n'est pas anodin.
Peut-être que tu n'es pas bien avec lui? Peut-être qu'au lieu de construire tes propres fondations, ta propre quiétude, tu t'es trop appuyé sur lui, sur son côté sage et adulte en évitant de développer le tien? Peut-être faut-il apprendre à être bien seule avant d'être bien à 2?

Il se peut aussi que vous n'alliez pas ensemble mais que ta peur d'être seule t'empêche de partir... Et du coup ce ne serait pas la faute de la société, ni que "l'Amour n'existe plus" mais plutôt que la peur t'attache avec quelqu'un qui n'est pas celui qui ai fait pour toi.

Je pense que tu dois travailler sur toi. Y'a des livres très bien sur le bonheur, la quiétude etc... MP si tu veux des références.. Sinon tu peux aussi consulter quelqu'un qui peut t'aider la dessus (la peur de perdre ton point d'attache)
Ensuite tu pourras continuer de te découvrir et être celle que tu veux être.

Ps: ne sois pas si dure avec toi même ;)

Bienvenue Lita,

Quelques pistes de réflexion qui peuvent t'aider à mettre un coup de pied dans ta fourmilière...

Accepter l'imperfection d'un partenaire plutôt que chercher l'homme idéal et être consciente de sa propre imperfection

Savoir que l'on ne peut tout contrôler en amour, ne pas faire une fixation sur l'éventualité d'être quittée ou de quitter et donc arrêter d'avoir peur, peur et couple font mauvais ménage

Confondre amour et prison, il n'y a pas qu'une forme d'amour mais une palette, à chacun de trouver celle qui convient le mieux, accepter qu'amour puisse s'écrire avec un petit a plutôt que viser le grand A

Dans ton cas précis, s'affranchir de cette notion de "génération sacrifiée", rien ne te condamne à être malheureuse en amour, à toi de prendre ta vie en main, de tracer ta route en fonction de ce que tu souhaites véritablement.

Il est parfois bon de se poser afin de mettre ses idées au clair pour mieux envisager son avenir, d'accepter la solitude plutôt que se contenter d'un partenaire mal assorti...

Courage !

Bonjour lita,

C'est un sujet diablement intéressant que tu as ouvert là, et pour tout dire je me suis demandé si ce n'était pas ma sœur qui venait de l'écrire.

Bref comme Perlambre et garoh je ne peux qu'évoquer quelques pistes de réflexion supplémentaires.

- raisonner en analyse sociologique pour expliquer ton malaise et ton ressenti actuel c'est à mon sens une erreur d'échelle. À ton niveau personnel c'est simplement toi et tes choix qui t'ont construite telle qu'elle.
Tu n'as pas specialement intérêt à continuer à te cacher derrière ça parce que c'est aussi une manière un peu facile de te dédouaner. Bref ton raisonnement est pertinent, mérite d'être posé et discuté mais ne servira à rien pour résoudre tes soucis.

- tu poses beaucoup la question de ce que les autres t'apportent. Mais tu devrais peut être essayer d'envisager la question inverse : qu'est ce que toi tu apportes aux autres ?

- Garoh l'a déjà dit avant mais... Il est peut être temps que tu apprennes à te suffir à toi même. A deja bien vivre seule pour mieux vivre à deux.

- peut être peux-tu t'interroger sur les raisons qui te font autant idéaliser la passion... L'oubli de soi même ?

En espérant t'avoir aidé un peu. Bon courage à toi.

Salut.
C'est très commune chez la génération Y de se sentir sacrifiée, pour un assez gros monceau de raisons plus ou moins discutables.

Moi je me sens vivre à une époque de boulversement des mœurs mais franchement je suis trop lavée du cerveau par les épisodes de la petite maison dans la prairie pour encaisser le coup... Je compte sur la nouvelle génération pour foutre un grand coup dans la fourmilière.

Concrètement, tu me dis là qu'on remplace des mythes par d'autres. Que les nouveaux te plaisent moins.
C'est l'histoire, c'est comme ça.

Ne va pas croire que le naturel de l'homme changera, il restera constant à notre échelle de temps. Il s'exprime juste différemment.

Je te prie de croire aussi que "tout le monde n'est pas perdu" et que certains s'en sortent très bien dans le paradigme actuel.

Ma question, c'est: ces repères dont tu sembles croire qu'ils disparaissent, pourquoi en as tu besoin?

Je te conseille aussi de revoir complètement ta manière de lire le monde. Il est bien plus complexe que ça. Ce que tu nous dis dans ton message, ce n'est rien que ce qu'on voit dans les médias (enfin une partie). Le bouleversement des moeurs, il est plus dans ce que l'on dit et on l'on affiche, que dans le fonctionnement des gens. Les gens ont toujours couché. Ils n'y mettaient pas forcément des sentiments, Dieu. Que ce soit au Moyen Age ou à l'époque Romaine, ou avant. On pense ainsi parce qu'on ne reçoit que les mythes et les symboles de nos ancêtres, et non leur vécus.

Je pense que tu devrais moins chercher de problèmes dans le monde, et te concentrer sur toi, ton Travail, et a devenir forte.
Je pense que tu as un bien grand besoin de l'autre et que ton salut se trouve, comme le dit The Pop, dans un travail sur toi, d'indépendance.

Ma lecture simple, c'est que tu es en recherche extremement forte d'identité, que t'es pas satisfaite de ta vie, alors tu essaie de te créer une lecture du monde qui te soulage d'une manière ou d'une autre.

Enfin, ton histoire avec Michel, c'est juste qu'il t'apporte une sécurité affective dont tu sembles avoir vraiment besoin.
Mais qu'au final, tu es attirée par un autre mec. Ou plutôt que Michel ne te parle pas de ce point de vue là.

C'est classique!

En vrai, j'ai l'impression de voir écrit là une variation de ce que je pouvais penser il y a 4-5 ans.
La même quête du vrai, de l'Amour vrai.
Nul doute que cette quête "d'amour" c'est une quête pour te sortir de toi. T'es pas bien dans ta peau (pour une raison ou une autre) alors tu te cherches une porte de sortie. Ici l'amour vrai.
Mais personne peut te sortir de toi même. Sauf toi.

@Lita1985 je jette une bouteille à la mer, des fois que tu recevrais cette notif. Sacré belle plume et sacrés interrogations que tu avais initiées.

Si jamais tu veux repasser par là... Pour continuer la discussion ou simplement donner des news.