Sexe : comment faire l'amour

Témoignage : accro à la pornographie

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Comment le porno a bien failli foutre la vie de ce mec en l'air.

Salut, je m'appelle Mat, 29 ans et j'ai longtemps été accro à la pornographie. Le porno, on en rigole, à 15 ans, on se tape des délires dessus avec ses potes, on se dit que ce n'est pas grave parce que de toute façon tout le monde en regarde.  Oui mais voilà, moi ça a été plus loin, beaucoup trop loin à vrai dire.

« AVERTISSEMENT : Les personnes que vous allez voir sont des acteurs entraînés. Ne tentez pas de reproduire cela chez vous. » C'est ce que l'on peut souvent voir comme avertissement avant des émissions de catchs, de cascades ou de sports extrêmes. Mais pas dans les films de cul. Peut-être faudrait-il y songer.

Tout a commencé vers 10 ans quand je suis tombé sur un Penthouse caché parmi mes livres d'enfance.

J'ai feuilleté et j'ai ressenti de la fascination et de la honte. Les pubs pour les cassettes vidéo de Brigitte Lahaie dans certains magazines grand public m'avaient également interpellé. À tel point que mes parents m'avaient demandé à l'époque un soir à table si je pensais au sexe (trop honteux de répondre oui, je m'étais tu).

Mon premier porno, je le dois au fils d'une amie de ma mère, qui me l'a montré un soir où nous étions invités chez eux, pendant que les parents étaient en train de dîner. Ça a continué avec le porno sur une grande chaîne nationale. J'enregistrais, je regardais plusieurs fois, on échangeait les films avec les copains. J'achetais aussi parfois des magazines ou des mangas dans des boutiques. Tout le monde faisait ça. Mais à l'époque les copains commençaient déjà à sortir avec des filles. Moi, bah je calmais mes hormones avec ce que je pouvais. Ça ne me rendait pas heureux pour autant.

Enfin ça s'est accéléré avec l'arrivée d'internet et du haut débit. Là, c'était le nirvana du porn qui s'offrait à l'ado déjà accro que j'étais. Le nirvana, et aussi, un désastreux moyen de claquer du pognon en ligne. Certains de mes amis passaient des sommes assez considérables dans l'achat d'accès mensuels pour télécharger des vidéos sur les sites.

De plus, je m'habituais rapidement aux différentes images et types de scènes, et j'avais ce besoin de toujours explorer de nouveaux fantasmes : le threesome, threesome avec 2 sœurs, MILF, 4/5/6 filles à la fois, jumelles, vue subjective, …

J'étais timide et la pornographie n'aidait pas à me désinhiber. En réalité, l'enfermement dans un cercle vicieux est assez insidieux. Le processus est souvent le même : soudaine, recherche de vidéo (on cherche toujours LA scène, une actrice bien précise, un fantasme, une mise en situation…), masturbation, éjaculation.

Une fois la jouissance et les endorphines passées je revenais à une triste vision de la réalité. J'étais seul, comme une merde, je badais et j'avais une estime de moi des plus basses. Mais je recommençais parfois jusqu'à 3 ou 4 fois dans la journée.

Et mes rapports intimes ? Soyons honnêtes, c'était une catastrophe. Je voulais reproduire ce que j'avais vu dans les films avec mes partenaires et j'étais et suis toujours incapable de ressentir du plaisir au lit sans inventer des fantasmes dans ma tête issus de films pornographiques. C'est des plus frustrant et pas très gratifiant pour ma partenaire malgré tous ses efforts.

Avec ma copine, c'était pas évident. Au début elle comprenait mon appétit. Puis j'ai commencé à vouloir qu'elle agisse comme les filles à l'écran, qu'elle ait la même attitude, les mêmes habits, les mêmes paroles… Je voulais vivre le fantasme chez moi mais est-ce que ça m'aurait satisfait ? J'en doute fort. J'étais , mécanique, limite brutal. Je l'accusais toujours de ne pas en faire assez, si je ne jouissais pas je me disais que c'était à cause d'elle. Selon moi, une nana agissant ainsi c'était naturel, elle devait avoir cette attitude, elle le pouvait. Si les autres étaient comme ça, pourquoi pas elle ?

J'ai même failli me faire plaquer 2 fois à cause de mes exigences. Vous imaginez demander à un sportif amateur qui fait ça pour le plaisir d'avoir le niveau de Chuck Norris et ce en toute occasion ? Je sais que le parallèle prête à sourire mais mine de rien on n'en est pas si loin.

Le jour où j'ai pris conscience de cela il m'a fallu du temps et des mesures draconiennes. Arrêter la masturbation quotidienne, arrêter le porno, installer un filtre parental sur mon pc et apprendre à écouter ma copine. Je me suis mis à compter chaque jour gagné comme un peu plus de terrain grapillé là où j'avais l'impression d'avoir perdu des journées, des semaines voire des mois entiers de ma vie. J'ai jeté toutes les vidéos porno de mon disque dur (pour certaines, ça a été dur, vous n'imaginez pas à quel point), évacué mes magazines, mes DVD et j'ai eu enfin envie d'accéder à une sexualité où je n'aurais pas besoin de ça, où je pourrais aussi faire preuve de tendresse, d'affection, de compréhension.

Pourquoi je parle de ça aujourd'hui sur FTS ? Déjà parce que les précédents publiés m'y ont incités ; et surtout, parce que je sais que je suis loin d'être le seul mec dans cette situation. Le porno rend malheureux des milliers de mecs dans le monde. Il les pousse à rester seuls, et les enferme dans un système où le plaisir est immédiat, facile et rapide, mais toujours solitaire. Et il accoutume à des fantasmes de plus en plus poussés qui privent du goût pour une sexualité plus simple et essentielle – la vraie, celle qu'on pourrait avoir avec sa copine.

Et ne vous imaginez pas que les hommes sont les seuls victimes de cette addiction : j'ai lu des témoignages de femmes qui faisaient état de la même addiction à la pornographie. Dans le même style, j'ai lu des témoignages de gens accros aux chats surtaxés, aux cams porno, aux sites de rencontre pour adulte ou autre…

La pornographie en soi n'est pas mauvaise à petites doses, elle peut nourrir l'imagination et apporter de l'érotisme dans le couple, et « dépanner » le mec trop seul. Mais consommée à trop haute dose, elle devient addictive et aliénante, elle enferme et déforme complètement votre sexualité. Et alors là, bon courage pour vous laver la tête de toutes ces images et pouvoir à nouveau apprécier des relations humaines réelles et plus simples. Vous êtes comme reprogrammé, faire l'amour « normalement » ne vous suffit plus, il vous faut des fantasmes de plus en plus élaborés ou fétichistes.

Voilà, j'espère que mon témoignage vous aura appris quelque chose, ou fait réfléchir, ou donné envie de réagir. Je ne suis pas un intégriste en croisade contre le porno. Je voulais juste témoigner sur comment le porno m'a pollué mes relations pendant toute une période de ma vie. Par moment j'en ressens encore les effets.

Je crois que la clé, c'est de ne jamais se réfugier dans une solution qui vous permet de vous passer de l'autre. Le porno vous permet de vous passer des vraies relations, et c'est le début d'une longue descente qui peut vous emmener très très bas. Donc ne cédons pas à la facilité, et si on veut du sexe, ce qui est tout à fait naturel et normal, allons à la rencontre des autres, et surtout, du ou de la partenaire qui partage nos envies et fantasmes… Rien ne vaut le réel !

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