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Catherine Robbe-Grillet, connu sous le pseudonyme littéraire de Jeanne de Berg et figure emblématique du SM, évoque régulièrement le chiffre de 90% : le BDSM concernerait à 90% les hommes (autant dans le versant dominant que soumis). Les soumises, elles, seraient extrêmement rares... Et non, le BDSM n'est pas une façon de renforcer la domination/l’assujettissement des femmes par les hommes, bien que comme dans le monde des vanillés, il existe des victimes.
I. RÉPARTITION DES RÔLES BDSM VS VANILLES
- LE SOUMIS, AFC LEGITIME
Le Soumis du monde BDSM, je le vois comme l'AFC du monde vanillé, alors que le Dominant serait l'Alpha... mais à une échelle supérieure. Contrairement à l'Alpha, l'AFC a peu de chance de savoir convaincre avec assez d'assurance et de conviction pour que -même- une soumise puisse accepter ses ordres (ou ses cordes ou sa cravache ou ses [stop]). Par contre, adorateur de votre maîtresse, dévoué amoureux, vous pourriez jouer à merveille son esclave et saurait la satisfaire. Une différence notable est que dans ce monde-ci, le Soumis n'a pas moins de valeur de séduction que le Dominant (à moins qu'il ne le demande...). Il exprime simplement différemment sa façon de vivre sa sexualité, et attire un autre type de profil que le Dominant. Si toutefois vous n'étiez pas intéressé par le rôle d'esclave, bonne nouvelle, votre respect et volonté forte de satisfaire au plaisir des femmes vous donnent une bonne base pour devenir un chef lorsque vous passerez du côté obscur. Je reviendrai à la transition plus tard. - LE DOMINANT ET L'ALPHA
L'Alpha présenterait, à l'inverse, les qualités du Dominant. Son assurance, son charisme, sa poigne (gloups) pour guider, le sentiment de sécurité qu'il inspire, nous donnerait plutôt envie de -se mettre à quatre pattes- se plier en quatre pour lui. A mes yeux, les qualités du Dominant sont plus fortement développés lorsqu'un AFC devient par la suite Alpha, ou bien s'il existe en lui une très forte empathie et intelligence sociale. Parce que le Dominant ne se contente pas de dominer ou de soumettre. Il lit à travers l'autre (ses désirs, plaisirs, peurs...) à force d'empathie, d'écoute, d'attention pour donner, ce qu'imaginent les soumis, les plus grands accès au plaisir. - LE DOMINANT ET LE SOUMIS / LE SADIQUE ET LE MASOCHISTE : LE COMBO GAGNANT
Il est peu probable, dans une relation BDSM, que deux personnes tiennent le même rôle en même temps pour se faire mutuellement plaisir. Il existe toujours les pôles inverses Dominant/Soumis, Sadique/Masochiste. Ce qui ne veut pas dire que les rôles sont déterminés de façon perméable : ils peuvent s'inverser. L'habituel Dominant pourra prendre le rôle de Soumis et inversement. C'est ce qu'on appelle les "Switch". Les rapports dans les relations BDSM se basent sur ce qu'on appellerait un "échange de pouvoir" (je te donne le contrôle et tu me le prends, ou inversement) qui restent consentis et désirés. - LES PERSONNALITÉS TOXIQUES.... SADIQUES? MASOCHISTES?
Et bien de façon surprenante... non. Pour les pervers narcissiques, manipulateurs et autre mal intentionnés, ils ne sont pas non plus appréciés dans ce milieu, sont considérés tout aussi dangereux, et ne seront -certainement- pas digne d'être élevé au rang de sadique. Le sadique est, paradoxalement, un donneur de plaisir. Le sadique est une des facettes possibles du Dominant, le masochiste une du Soumis.
Précision: Pour ma part, on pourrait me définir Dom, Sadique, et Switch.
II. LE DOMINANT... LE VÉRITABLE SOUMIS
Si vous vous intéressez à ce milieu et vous approchez un peu plus près des pratiquants, vous entendrez ou lirez souvent que les Dominants sont les véritables Soumis.
Par contraste, nous imaginons que les Soumis, au service des satisfactions des Dominants, sont par définition les soumis... alors qu'en réalité, c'est le Dominant qui se donne à fond pour répondre aux désirs du soumis. Provocateur d'émotion, de sensations inédites, de plaisirs sensoriels... le Dominant doit faire preuve de créativité, d'un intérêt fort, d'une attention particulière à l'autre. Il doit contrôler, maîtriser la relation pour répondre aux fantasmes inavoués des soumis qui demandent à être révélés, libérés.
Le soumis se soumet toujours par envie, et non par contrainte. Sinon, on tombe dans l'abus sexuel, hors, même dans le BDSM, le sexe est consenti et désiré. Le soumis est "passif" dans la relation et se laisse porter par son Maître Alpha, par ce qu'il lui ordonne, suggère. Le Dominant retire comme satisfaction le sentiment de pouvoir... que le Soumis lui donne l'honneur de posséder. Il peut également se sentir grisé d'éprouver la satisfaction d'avoir réussi à donner du plaisir. Beaucoup de raisons différentes existent mais, contrairement au Soumis, le Dominant tire peu de son expérience sensorielle: c'est presque tout l'apanage du Soumis.
- Cerner et être à l'écoute des désirs de l'autre
Dans le BDSM, le Dominant est désiré par le Soumis parce que ce dernier lui permet d'accéder aux plaisirs qu'il recherche. Tout comme le Dominant, l'Alpha peut tenter de cerner les désirs des femmes qu'il rencontre (émotion, sensibilité, désirs sexuels). Il peut susciter son désir en lui évoquant ce qu'elle vit dans son intimité. Alors prêtez attention, soyez à l'écoute de votre partenaire ou potentiel partenaire. - Prise en compte de la différence : L'individualité
Les désirs des Soumis et Masochistes ne sont pas les mêmes. Certains préfèrent le côté "cérébral", d'autre "émotionnel", alors que d'autres ont de l'attrait pour des rapports purement physiques. Les pratiques sont également aussi variées que le permet notre créativité. Un Dominant ne peut donc pas répéter ses actions comme un mode d'emploi universel sur l'ensemble des Soumis. Il y a des bases communes mais les pratiques ne sont pas acceptées ni tolérées ni désirées par tous. Pour développer cette capacité d'écoute, il faudrait être dans une ouverture et une communication active, une sensibilité particulière amenant à l'empathie, où l'on accueille les informations qu'il nous transmet (verbal, non verbal), sans jugement, mais compréhension.
PRENDRE CONFIANCE EN SOI EN TANT QUE DOMINANT - Ne pas avoir peur de demander
Comme évoqué précédemment, la communication est importante dans le BDSM. Même avec toute l'expérience du monde, on ne peut ni deviner ni lire dans les pensées si le Soumis ne nous indique pas ce qu'il désire. Posez-vous les bonnes questions: Qu'est-ce que représente pour lui un "bon" Dominant? Quelle est sa représentation de la domination? Que désire-t-il comme rapport et relation? Qu'est-ce qui provoque chez lui le plaisir ou l'ennui? Quelles sont ses sensibilités sensorielles, émotionnelles? Qu'est-ce qui provoque chez lui le désir? Avoir des réponses à ces différentes questions permet d'avancer sur un terrain fertile au plus près des désirs de la personne que l'on souhaite séduire. - Créer une relation de confiance, de complicité et d'intimité
Personne ne se donne au martinet ou à la contrition totale sans confiance. Trop de dérives, d'abus, et de traumatismes existent, personne ne veut souffrir ou se mettre en danger, tout comme dans les relations "vanillées". Créer l'envie est une chose, mais faut-il encore que le partenaire potentiel ait suffisamment confiance en vous pour avancer les yeux fermés (ou bandés). Le Dominant se doit d'être rassurant, de rendre le terrain sécurisant, en démontrant qu'il n'a pas de mauvaises intentions, qu'il est à l'écoute de l'autre et sait s'adapter de ce fait aux situations (que ce soit arrêter quand il le faut ou y aller crescendo en intensité...). Si vous y aller trop fort dès le début sans avoir mesuré les limites, vous risquez de foncer droit dans le mur et de perdre sa confiance. - S'inspirer
Il ne faut pas avoir peur de ne pas savoir ou avoir honte de ne pas tout maîtriser. Prendre de l'expérience, regarder comme les Dominants plus expérimentés agissent, apprendre auprès d'eux, est aussi une bonne façon de prendre confiance dans son rôle. Mieux vaut quelqu'un qui apprend les "bonnes" bases lentement que quelqu'un qui agit dans la précipitation en allant à l'encontre de ce que veulent et ont réellement besoins les Soumis.
DIFFERENCE ENTRE MAÎTRE ET DOMINANT - Notion de guide
J'ai beaucoup parlé d'élévation, cependant, si le Dominant réalise les désirs du Soumis, le Maître en serait en prime le guide. Un Maître a cette capacité d'écoute et sensibilité développée où il est capable de cerner, par ce que lui indique le Soumis, ses désirs, non seulement évoqués, mais également ceux qu'il ne parvient pas à avouer ni vivre avec une personne de non confiance. Les Soumis ont en réalité besoin que l'on permette, par l'autorisation, la réalisation de leurs fantasmes. - Communication
Je ne le dirai jamais assez, mais la communication a un rôle élémentaire dans le rôle Maître-Soumis. Le Soumis doit absolument exprimer ses besoins, par arrangement tacite ou subtil, pour permettre au Maître de les réaliser, mais le Maître doit absolument être à l'écoute pour l'entendre. Une compatibilité forte entre les partenaires peut décupler cette relation, par des désirs et des envies communes qui, naturellement, naissent entre les deux personnes. - Créativité
La créativité ne s'invente pas, mais elle se développe. Un Maître doit nécessairement faire preuve de créativité pour créer de nouvelles situations à partir d'éléments connus (les désirs exprimés). Un Soumis ne peut indiquer ni nommer à l'exactitude ce dont il a besoin, puisqu'il attend du Maître l'élévation, de grandir par lui. Il attend de ce dernier qu'il soit capable de lui faire comprendre et éprouver des choses nouvelles sur lui, de se comprendre et se "vivre" mieux à travers leur relation et leurs échanges. Le Maître a donc des qualités de bienveillance, d'intérêt fort pour l'épanouissement de l'autre. C'est par l' "affection" réelle pour son Soumis que le Maître permet la relation de guidance et d'élévation.
Trois maîtres mots : "Safe, Sane, Consensual". Je prendrai comme exemple parlant le célèbre exemple "BDSM" connu du public, à savoir 50 nuances de Grey, qui m'est littéralement sorti par les yeux, parce qu'il ne donne pas l'exemple du "Safe, Sane, Consensual" et peuvent induire les personnes intéressées par le BDSM dans l'erreur de jugement.
Dans un "jeu", un contexte, un jeu de rôle, et lorsque les deux partenaires sont consentants, qu'ils ont pu communiqué sur leurs désirs et limites, on peut jouer ces rôles où il y aurait une personne qui violente, sans consentement (mais avec), une autre personne. Sauf que dans ce film, on évoque une relation globale, réelle, qui devient progressivement ce qu'on appellerait un "24/7" (relation BDSM "permanente"), où on voit très nettement que ce qui devrait être la Soumise n'est pas du tout en phase avec les pratiques de ce qui devrait être le Dominant. Elle est choquée (sans plaisir), refuse la pratique mais s'y force, et n'est clairement pas consentante. Elle est forcée à vivre ces choses, par "amour" ou au moins désir. Le Dominant lui est (forcément) rempli de traumatisme infantile qui expliquerait son besoin de violenter ses partenaires et d'avoir un ascendant sur eux. Ce qui, aux yeux du public lambda, donne une explication "raisonnable" de "pourquoi qu'on devient aussi pervers". On joue à attiser la pitié par un passé douloureux pour attiser l'affection, et c'est un système de manipulation affective utilisée dans la perversion narcissique. Alors qu'on se le dise: Non, un passé douloureux ne doit faire accepter aucune forme de violence qu'on ne souhaite pas recevoir.
Bien que les pratiques SM montrées sont extrêmement soft, la violence psychologique que vit la femme est juste abjecte. Pour moi, ça s'appelle de la violence conjugale, ni plus ni moins. Ajoutons que le sadique dans le SM n'est pas un réel sadique puisque le masochiste éprouve du plaisir (à travers la douleur). Hors, par définition, le réel sadique trouve du plaisir dans la souffrance de l'autre, pas son plaisir. Alors dans le film, c'est la "Soumise" qui élève le Dominant et ses pulsions sadiques en servant de punching ball, tandis que dans le BDSM, c'est le Dominant qui guide la Soumise vers l'élévation des plaisirs de par ses désirs de soumissions et/ou de masochisme.
Il me semblait important de rappeler ou de faire savoir que dans le milieu BDSM comme non-BDSM, la relation est toujours consentie et voulue, et doit se faire dans le respect de l'autre. Alors quand je lis un sujet de domination où on estime la communication entre les partenaires comme "risibles" ou enfantin parce que ça enlèverait le pouvoir de domination, je me dis que les personnes, qui se sont certainement peu intéressées par le BDSM, sont très, très loin de la réalité de cette pratique, et confondent jeu de pouvoir et abus de pouvoir. On ne fait rien sans le consentement et l'envie clairement exprimé, et il n'y a aucune honte à communiquer. Mieux vaut être momentanément "perdu" et demander l'avis de sa partenaire plutôt que de commettre l'irréparable. Ce manque de prise en compte du consentement amène, il est vrai, des personnes à être abusée sexuellement lors de ce qu'ils pensaient être un jeu BDSM. Comme on ne lie pas une personne avec des cordes sans connaître les dangers des pressions artérielles ou qu'on ne donne pas des coups de fouet (ou n'importe quel objet) sans savoir les endroits où les organes internes risquent d'être gravement endommagés sans possibilité de retour, nous sommes adultes, alors, soyons responsables.
[A suivre....]