FK a écrit : ↑21.06.21
Ok le "vous n'avez pas à m'agresser" honnêtement, on l'entend souvent dans la bouche des moins de 25 ans qui ont vision assez asymétrique de la politesse et du respect, entendre par là, qui n'aiment pas beaucoup qu'on leur fasse remarquer leurs manquements. C'est aussi une manoeuvre réthorique de victimisation qui permet de détourner le regard de celui qui porte la faute (toi), sur l'autre (que tu fais passer pour un agresseur, ce qui permet de noyer le poisson via un mini scandale).
C'est un peu usé, et, ne le prends pas mal, c'est pas contre toi, j'ai l'impression que c'est une tactique que les moins de 25 ans (les "zoomers" ?) affectionnent particulièrement (prompts à présenter celui qui leur fait une remarque comme un agresseur).
C'est personnellement pas un truc que je trouve super élégant / habile, selon la situation, ça peut même être encore plus agaçant. En fait, ce genre de stratagème (le choix du tapage/noyage de poisson vs la courtoisie élémentaire et + intelligente) me fait désormais immédiatement perdre toute estime pour celui / celle qui l'utilise. Les gens qui inventent des scandales pour déflecter / avoir le dernier mot => low level.
Y'a une notion un peu désuète mais pas inutile qui est le respect du professeur (qui n'est pas ton égal de par la relation hiérarchique), et opposer au professeur que tu refuses qu'il te fasses remarquer que ta maladresse lui déplait, ok ça fait plaisir mais vu de l'extérieur l'arbitre te comptera pas les points. Même si le prof abuse, humilie, pour moi la voie habile c'est de te montrer plus courtois que lui, justement en ne rentrant ni dans l'escalade ou la confrontation.
(et je te dis ça : insoumis comme je suis, j'ai été le premier à être insolent avec les profs dont je refusais de reconnaître l'autorité, soit parce que détestables, soit parce qu'incompétents. Sur le moment, j'étais sûr de moi; avec du recul, c'était immature et pas nécessaire, et ce genre de comportement ne met pas en valeur).
Or là justement je pense que ça reste une forme d'escalade (une espèce d'assertion de dominance, genre "j'accepte pas le rapport de force que tu essaies de poser et je le fais savoir avec fermeté" + suffisament de vocabulaire et d'éloquence pour subcommuniquer au prof qu'il est + vif que la moyenne, donc plus "redoutable").
Perso, je pense qu'à 20 ans j'aurais trouvé ça couillu et peut être admirable, mais près de 20 piges plus tard, je trouve ça pas hyper élégant ou habile vis à vis du prof dont tu perturbes le cours (et qui va corriger tes copies plus tard, et probablement, laisser son appréciation = son humeur sur ton bulletin de notes).
Y'a ça aussi : avec l'âge et peut être le recul, les curseurs bougent; les frontières que l'on tient à défendre, et les compromis que l'on est prêt à faire ne sont plus les mêmes.
Personnellement, dans une telle situation, je pense que je me serais d'abord excusé de perturber le bon déroulement de son cours, et si (et seulement si abus de sa part), j'aurais probablement réitéré mes excuses en disant que ça se reproduirait pas + singer d'être devasté par ses remarques pour souligner l'absurdité de la situation, et subcommuniquer que "lol ok ça va personne n'est mort, ça prend des proportions qu'il est inutile de prendre au sérieux".
Par expérience, une bonne gestion de la tension passe souvent par reconnaitre sa part de tort, ça met le terrain à plat et ça permet à l'autre de ne pas complètement perdre la face, ça manifeste ta bonne foi et ta perception lucide de la validité de son point de vue.
Ma philosophie (et mon expérience) c'est que la démonstration de valeur est clairement meilleure à reconnaître ses torts et à s'écraser (même lorsque l'autre abuse), qu'aller à la confrontation, quelle qu'en soit la forme. Surtout dans un contexte d'autorité hiérarchique. En vrai, un prof qui te met un tir quand tu déboules 10 minutes en retard, y'a pas mort d'homme, tu prends la vanne et tu continues ta journée.
Par contre tous ces types-là, qui aiment humilier verbalement, tu peux leur montrer que t'es un adversaire à redouter si tu fais preuve de répartie mesurée et/ou de brillance intellectuelle. Juste, pas dans des situations où tu es manifestement en tort. Au quotidien, opposer ta répartie à un prof trop arrogant, avec finesse (il ne s'agit pas qu'il te prenne en grippe), ça peut te gagner 1) la paix voire 2) son respect et son appréciation. Le fait d'avoir de l'éloquence et de la répartie ET de les utiliser à bon escient dans les bons contextes, c'est une manière très habile de démontrer ton intelligence, et ça ce genre de personnes sont très appréciatives de ça en général. Par contre si tu te troues, il te prends en grippe, c'est le fil du rasoir. Le moyen le + safe d'avoir la paix et le respect (et les passe droits qui vont avec), c'est encore d'être un étudiant brillant.
Je prolonge ma pensée, j'enfonce le clou : y'a une véritable démonstration d'intelligence à savoir quand s'excuser / quand poser ses limites (et dans ce cas : comment le faire). En fait, en y réfléchissant, c'est véritablement ce qui selon moi fait la diff entre les gens intelligents et les cassos.
Les cassos partent systématiquement à la confrontation car ils ne savent pas gérer leurs émotions, n'ont pas de tact et pas l'éloquence pour formuler leur désamorçage.
Les gens intelligents eux, se reconnaissent entre eux à la façon dont ils parviennent à interagir les uns avec les autres avec courtoisie, tact et habileté.
C'est une composante essentielle de l'intelligence sociale, qui est selon moi le principal filtre social, probablement plus encore qu'avoir une belle gueule et une silhouette avantageuse.
Trois composantes à l'intelligence sociale selon moi :
1. la facilité à désamorcer les tensions (vs escalader direct => cassos spotted)
2. l'humour (fin et sophistiqué vs lourd ou basique => traduit la vivacité d'esprit)
3. la capacité à "lire la pièce" = à s'ajuster à l'ambiance (vs les pieds dans le plat, se comporter de manière inappropriée)
En fait pour revenir au sujet, la communication non violente c'est surtout utile pour les désaccords, les moments où les deux personnes ont des points de vue contraires et que la tension commence à monter du fait de l'incompréhension. La bonne approche, ici, c'est de faire comprendre à l'autre que tu "entends" sa position, quitte à lui demander de te clarifier si tu as bien compris; puis, de lui dire que ok tu as bien compris, mais que toi-même tu as des contraintes, et que à partir de là, à quel compromis acceptable on peut aboutir ?
=> tu transformes la confrontation en coopération.
... mais du coup, ça ne marche pas dans tous les contextes. Ca ne marche pas avec les cons, ou lorsque la coopération est impossible.
« Ok le "vous n'avez pas à m'agresser" honnêtement, on l'entend souvent dans la bouche des moins de 25 ans qui ont vision assez asymétrique de la politesse et du respect, entendre par là, qui n'aiment pas beaucoup qu'on leur fasse remarquer leurs manquements. C'est aussi une manoeuvre réthorique de victimisation qui permet de détourner le regard de celui qui porte la faute (toi), sur l'autre (que tu fais passer pour un agresseur, ce qui permet de noyer le poisson via un mini scandale).
C'est un peu usé, et, ne le prends pas mal, c'est pas contre toi, j'ai l'impression que c'est une tactique que les moins de 25 ans (les "zoomers" ?) affectionnent particulièrement (prompts à présenter celui qui leur fait une remarque comme un agresseur). »
A ben je le prends pas mal au contraire puisque cette partie est super intéressante parce que ça soulève une question que je me pose moi-même
Déjà la question pratique: le fait de demander le respect, tu trouves ça petit, ok c’est ton avis
Mais d’un point de vue utilitariste, est-ce que ça marche?
Parce que si ça marche, je prends, même si c’est pas élégant
(quand y’a quelqu’un qui me chie dessus je me pose pas trop des questions d’élégance à vrai dire, parce que profiter de son statut de prof pour foutre la misère à un pauvre garçon qui a eu le malheur d’être en retard, en plus c’était tout sauf un cancre le gars, ben ça c’est pas élégant non plus, de toute façon y’a pas beaucoup de place pour l’élégance malheureusement dans ce genre de problématiques)
Ensuite, ce que tu dis peut amener la question suivante:
Est-ce qu’une personne qui est en tort, doit pour autant se laisser manquer de respect
Comme tu le dis, l’élève dont je parle était effectivement en tort: Il perturbait le cours en étant en retard, donc il est en tort
Mais quand on est en tort j’ai du mal à me dire que ça justifie qu’on laisse la personne (le prof en l’occurrence) nous parler mal
C’est comme quand on s’accroche en voiture, bon j’ai déjà eu des cas où j’étais en tort, ben j’étais totalement prêt à coopérer (je suis pas un voyou, je suis assez respectueux en fait dans la vie, encore plus avec les gens modestes ou faibles) mais il fallait SURTOUT pas que le mec profite du fait que j’étais en tort pour m’accabler, parce que là c’était le ragnarok
Surtout m’accabler pour des dégâts matériels qui peuvent largement être réglés de façon amiable, y’a pas lieu d’en faire une affaire personnelle, c’est qu’une question d’argent et d’assurance, on s’arrange
J’ai aussi eu une situations où c’était la personne en face qui était en tort, le monsieur est sorti de sa voiture tout paniqué, tout désolé, c’était un pépé en plus le pauvre, si j’avais été un charognard je l’aurais mangé tout cru, comme l’aurait fait ce con de prof de fac
Mais comme j’ai pas ce côté là, je lui ai dit « c’est bon c’est bon aller calmez-vous monsieur on va régler ça je vais regarder » avec une main sur son épaule (#VertueSignaling, une fois n’est pas coutume
)
Toujours pour les problèmes routiers, perso quand je me fais klaxonner une fois, je klaxonne deux fois même si j’étais un peu en tort et que personne n’a été mis en danger (j’ai oublié le clignotant, j’ai pas vu le feu vert tout de suite, etc...)
Parce que l’autre il peut bien raler, au final personne n’aura été mis en danger, j’aurais juste un peu impacté son ptit confort de conduite
Mais à part ça moi je klaxonne jamais personne en fait
Mais quand on est en tort, doit-on s’écraser?
Parce que tout le monde peut se retrouver en tort finalement, et quand je suis en tort ok je vais faire tout ce qu’il est légitime de faire pour revenir sur le droit chemin, je vais présenter mes excuses, réparer ma connerie, etc...
Mais si l’autre en face profite que je suis en tort pour m’accabler, je vais juste avoir plus aucune envie de m’excuser et de m’améliorer en fait, il va me braquer contre lui c’est tout ce qu’il va faire (surtout avec une tête de lard comme moi c’est pas la bonne méthode)
Quand y’a plus de respect, je me demande plus qui a raison et qui a tort, ça redevient animal, c’est la force qui gagne, c’est la force qui a raison
Et y’a des gens (comme ce prof de mon anecdote) qui provoquent ça, par leurs abus
Là il est tombé sur un Jean-Eudes civilisé (mais viril au demeurant), mais il aurait très bien pu tomber sur un barbare
Si tu veux, la hiérarchie c’est bien, mais quand y’a l’étage supérieur de la pyramide qui abuse de son pouvoir, il donne juste envie à l’étage inférieur de renverser la pyramide en fait (ce qui est quand même une leçon marxiste de base)
Moi je pose la question: Si je suis en tort, est-ce que ça donne le droit à la partie adverse de m’accabler?
Et si elle m’accable, dois-je l’accepter?
J’ai du mal avec ça
Mais j’y réfléchis beaucoup
Surtout avec des jeunes hommes en construction, je pense que c’est pas bon de leur rentrer dans la tête des schémas de servilité, pour en faire des petits hommes dociles, domptés, domestiqués, castrés finalement
Et après ça fera des articles et débats à la con sur la « Crise de la virilité dans le monde moderne »... Ben oui, à la place de fabriquer des lions vous avez fabriqué des brebis à la chaîne, qui ont peur de tout et qui demandent pardon toute la journée, ben voilà le résultat
L’ego, la fierté d’une personne c’est important, faut pas humilier les gens, ça a des répercussions sur plein d’aspects de la vie, quand tu te fais marcher dessus ça te bouffe, t’as du mal à dire que t’es pas d’accord, tu te fais dépasser dans la file d’attente, t’arrives plus à bander, faut faire attention avec ces choses là
Ça fait des petits traumatismes psychologiques, et mis bout-à-bout ça mine un homme
Et rien que pour ça, même si j’ai fait des erreurs, même si je suis imparfait, je pense que malgré tout vous ne pouvez pas profiter de mon erreur pour me jeter l’opprobre, et j’ai le droit de vous demander de me respecter, parce que les enjeux sont trop importants
Le respect avant tout, après on peut discuter, parler des manquements des gens, les sanctionner, mais quand ça devient arbitraire et ordurier faut pas rêver les gens sont pas nés pour être des esclaves
Le pouvoir oui
L’abus de pouvoir, non
C’est mon avis, mais je veux le confronter à d’autres avis et en discuter