Strange Days

Note : 7

le 13.02.2012 par Edvard Dolokhov

107 réponses / Dernière par Edvard Dolokhov le 21.06.2014, 13h32

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
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Sarabande

Contrairement à la majorité d’entre vous, je ne sarge pas et ne sargerai probablement jamais. Enfin, disons que je n’organise pas de rendez-vous avec d’autres membres pour aller accoster des nanas dans la rue. Je l’ai fait pendant un certain temps, mais à l’heure actuelle j’ai définitivement abandonné cette idée. Pourquoi ? Surement pas par crainte ou par peur du rejet : je n’ai pas vraiment peur des nanas, je peux aborder l’inconnue la plus canon qui soit sans aucun problème. Mon souci ne relève pas d’un manque de « cojones », mais plutôt d’une incompréhension fondamentale du cerveau féminin. Je n’ai pas la moindre parcelle de l’intuition qu’ont tous les naturals, l’étincelle qui leur permet de décoder le langage corporel de la poupoune afin d’avoir une idée de ce qui se passe dans sa tête, celle qui leur dicte comment agir de telle sorte qu’elle finisse dans leur pieu. On pourrait me comparer à un bateau qui navigue sans aucun instrument de bord : ma seule option, c’est de tester un peu tout ce qui me passe par la tête, de voir quand ça fonctionne (rarement) et d’en tirer des leçons pour calibrer mon comportement futur.


Bref, tout ça pour dire que la drague, je la pratique uniquement en soirée (là où je réalise 100% de mes chopes. Pas 70, ni 80 ni 99,99999, mais bien 100%) et au quotidien avec quelques meufs de mon entourage que je passe mon temps à chauffer (avec un succès très relatif, vous l’aurez compris).


La dernière fois, c’était samedi dernier. Ces derniers temps, j’avais pris la désagréable habitude de finir tellement torché que je ne gardais plus aucun, mais alors aucun souvenir de mes soirées. J’ai toujours eu des black outs plus ou moins longs chaque fois que je picole, mais j’ai récemment atteint des performances records, avec notamment un trou de 6h durant le gala de l’école il y a deux semaines (au cours duquel j’ai parait-il choper deux nanas, fini à poil à plusieurs reprises et abordé plusieurs meufs d’une manière assez scandaleuse). Se réveiller en n’ayant aucun souvenir de ce qu’on a fait la veille est une expérience plus flippante qu’autre chose, mais je vous recommande quand même d’essayer au moins une fois (n’essayez pas de me faire croire que vous n’avez pas éprouvé un minimum de curiosité en matant very bad trip).
Bref, tout ça pour dire que samedi dernier, j’avais décidé d’aller à l’encontre de cette tendance et de passer une soirée (presque) sobre. Je tiens à dire « presque » dans la mesure où au final je me suis quand même enquillé deux AK 47 (cocktail démoniaque du bar Les trois escales, à base de gin, vodka, whisky, rhum et tequila, aaaaaaaaiiiiiiiiiiight), trois sky/coca et une pinte. Mais bon, l’essentiel est que je n’ai eu à aucun moment la sensation d’être pété et que je me souviens d’à peu près tout.


J’ai donc entamé les hostilités aux trois escales avec l’un de mes compagnons de beuverie (appelons le Pierre) que je n’avais pas revu depuis quelques semaines (d’où les 2 AK 47 d’entrée de jeu, fallait bien fêter les retrouvailles, bordel). On s’est installés au sous-sol, où il n’y avait pas grand monde à part un grand groupe de jeunes gens qui parlaient un peu trop fort et un black d’une quarantaine d’année qui buvait une pinte et fumait sa clope tout seul. Il passera la soirée à nous demander du feu. Après avoir claqué la totalité de notre monnaie en liquide, nous nous sommes lentement mais sûrement mis en route vers le concorde, une péniche-boîte située près de la place du même nom, où nous devions retrouver un pote de Pierre, photographe de profession, et toute une clique de nanas oscillant entre la vingtaine et la quarantaine.


Manque de bol, on est arrivés un peu en avance, les autres étaient hyper en retard, et il faisait froid. Genre vraiment froid. Comme en plus la lune semblait plus basse dans le ciel que d’ordinaire et qu’elle avait une couleur orange un peu inquiétante, on a jugé sage d’aller siroter une bière en attendant le reste de la troupe. Le bar était sympa, quoiqu’un peu bondé, la bière était hors de prix mais servie dans une chope qui avait de la gueule, et un groupe de hardos arborant le trio gagnant cheveux longs et gras/marcel/tatouages bien viriles reprenaient des classiques du rock, avec bon gros rifts de gratte à la clef.


A un moment, je suis allé pisser (ça arrive souvent quand on boit de la bière), occasion dont j’ai profité pour chiner une nana dans la file d’attente. Je ne sais plus trop comment je l’ai abordée, mais je me souviens que notre discussion est partie du fait qu’il fallait se méfier des moustachus pour finir sur ses préférences en matière masculines. Malheureusement, la drague dans les chiottes est un art soumis à une terrible fatalité. Tôt ou tard, une cabine se libère, et à moins d’avoir su taper suffisamment dans l’œil de la donzelle pour qu’elle vous incite à l’y suivre, cet évènement rime avec séparation et fin de la partie. Malgré tout : draguer dans les chiottes d’un bar hardos : DONE.


Sur ce, le pote de Pierre l’appelle pour lui dire qu’ils sont en route pour la boîte. On remballe (juste avant je demande au groupe de chanter Les lacs du Connemara, juste pour la forme), re-marche dans le froid, re-métro, re-re-marche dans le froid, péniche. Le photographe (qui doit avoir la quarantaine mais continue de lever des minettes de 20 piges) est accompagné de 4 meufs, dont une sexologue super bizarre et franchement pas top et trois nanas plutôt bien foutues. Je sympathise un peu avec elles, casque 20e pour l’entrée + 1 conso, pénètre dans un petit espace bondé de biatchs, de kékés en tee shirt/gilet H&M, d’hommes et femmes en pleine midlife crisis et de jeunes venus pour se faire péter le crâne sur une bande son commerciale à souhait. Je passerai le début de ma soirée à faire la queue pour aller pisser (environ un soir toutes les deux semaines, il m’arrive d’avoir une vessie de femme enceinte. L’alignement des astres, peut-être.), et à jouer au pilier de bar en compagnie de Pierre, du photographe et de son harem. Je leur parle de ma dernière grosse murge à Paris, durant laquelle j’ai posé mes couilles sur un bar.



Comme le son est trop fort pour pouvoir espérer un échange un minimum intéressant, je fais de nombreux allers retour vers le fumoir, sur le pont. Il y fait relativement froid, ça donne une envie irrépressible de se serrer contre une nana.



Je parle, en vrac, à une blonde bardée de piercings semblant toute droit sortie d’un film pour adultes qui s’avère en fait suivre un M2 de philo. Etant moi-même en M1, j’enchaine là-dessus en lui disant qu’elle doit sacrément dénoté dans l’amphi, ça la fait rire, je la kinote, son groupe de potes la prend par l’épaule, je la reverrai pas de la soirée. Un black complètement torché avec un faux air de jimi hendrix me demande une clope alors qu’il en a déjà une à moitié consumée à la main, se rend compte de son erreur, on déconne, ce sera l’un de mes deux numcloses de la soirée.



Je redescends, je prends un verre, je déconne avec le photographe (Moi : « Ya du très lourd à droite, mais ça m’a l’air pris » Lui : « …et alors ? »), je fais un tour sur la piste de danse et je retourne au bar. Pierre m’invite à le suivre au fumoir. Une pote à lui, une sorte d’émo pas super bien foutue, propose de nous accompagner. Seulement, elle est en tee-shirt, il fait facile -10, elle veut ma veste. Je refuse avec un sourire narquois. Elle me supplie en me fixant de ses grands yeux noirs. Elle a des yeux magnifiques. Même avec une bouée en forme de canard en plastique, on risquerait de s’y noyer. Avec un plaisir masochiste. Les yeux d’une meuf suffisent toujours à me faire craquer, peu importe ce qu’il y a autour.
Moi : « Bon, j’ai quoi en échange ? »
Elle : « Un bisou ».
Smack.
Sur le coup, je culpabilise un peu dans la mesure où elle était en train de choper salement le photographe quelques minutes plus tôt. Je me détends assez rapidement en le voyant emballer la sexologue après 10 minutes de danse puant le sexe.



On retourne fumer. J’aborde une black à qui je donne 25 ans à tout casser. Elle s’avèrera avoir trente ans, un gosse de huit ans, un mari qui s’est fait la malle et un nouveau mec qui vient d’emballer une autre meuf. Forcément, elle pète pas la forme. Moi non plus. Notre discussion est un peu triste, je la chine quand même légèrement, pour la forme. Elle finit par me dire que je suis gentil. J’ai horreur de ça. Je me barre.



Je reprends un verre, je retourne sur la piste, une meuf rapproche son cul de mon entrejambe, je la prends par la taille. Collé-serré de 30 secondes, mouvement de foule, un autre mec la prend et l’embarque. Fail. J’erre quelques instants sur la piste sans trop savoir quoi faire. Autant, je peux aborder à peu près n’importe qui sans subir le moindre changement dans la vitesse de mes pulsations cardiaques, autant l’idée d’inviter une meuf à danser me tétanise. Je balaye la pièce du regard, j’ai le sentiment de voir partout la même scène : un groupe de meufs qui dansent, l’air de s’emmerder sévère, un cassoce de trente berges avec un air de coincé du cul/un beauf/une caillera qui danse à à peine deux mètres d’elles, tourné vers leur direction. Chacun de ses mouvements trahi son manque de confiance, sa gêne, il a perdu avant même d’avoir commencé. Je vois les meufs lui jeter des regards, les imagine se dire « pfff, regardez-moi cet abruti » dans leur tête. J’imagine la meuf que j’envisage de prendre par l’épaule penser la même chose de moi. Je me vois dans le corps de ce type, suant l’appréhension. Plutôt ne rien tenter que prendre le risque de vivre ça. C’est sans doute très con. Le dancefloor d’une boite est vraisemblablement le seul marché avec à la fois une offre et une demande gargantuesque, et un taux de satisfaction proche de zero.


Retour au fumoir. J’aborde une brune assez excitante, qui me fait penser à Andromaque dans Troie (un de mes gros fantasmes féminins, même si elle est un peu grande à mon goût). Manque de bol, elle est mariée et son mec est présent à la soirée. Décidément, le mariage a encore de beaux jours devant lui, les enfants. Je lui dis le nom de ma ville (une bourgade paumée qui sent bon la ferme), elle le répète plusieurs fois en rigolant. Pour un peu, je tomberais amoureux. Un type d’environ 30 piges se ramène et tente de lui faire un tour de magie complètement naze dont je connais le truc. Je ruine son tour en déconnant, sans être (trop) méchant. Il enchaine avec un autre que je connais également. Pas de bol. Rebelote. Il n’a pas l’air de trop m’en vouloir, ouf. Le mari de la poule se ramène. Je déconne avec le magicien en carton.


La soirée commence à toucher à sa fin. Ambiance apocalyptique : 10% de la salle se tient la tête entre les mains, une flaque de gerbe devant eux, 10% font valser leurs langues, 20% comatent sur les canap’, les autres dansent comme des zombies. Je traverse le dancefloor d’un œil hagard, rejoint Pierre et le photographe en train de fumer et de boire du sky avec un nuage de coca derrière le DJ. Je frime un peu avec eux, ça me donne le sentiment d’être vip. La fille aux yeux qui me donnent envie de me noyer dedans nous rejoint et me fait un bisou dans l’oreille. Resmack.
Moi : « ça risque de pas plaire au photographe.. »
Elle : « M’en fous de lui. »
Moi : « Ha oui ? »
Elle : « Ouais, je sais très bien qu’il est avec moi que pour le cul. Toute façon les hommes c’est tous des cons.»
Moi : « Bon ben je pars au Brésil, je change de sexe et à mon retour on baise comme des bêtes. »
On déconne un peu. Elle me prend mon portable, y note son numéro, se fait biper.


La soirée touche vraiment à sa fin. Pierre commence à être complètement pété. On quitte la péniche. Le jour ne s’est pas encore levé et il fait toujours aussi froid. Je pense à Gainsbourg, à la lune qui s’apprête à tirer sa révérence, et au connard d’aristo fin de race qui se tape « ma » nana. Amélie. Ptain, je réalise seulement maintenant que je viens de pondre quatre pages word police 11 sans évoquer une seule fois le nom d’Amélie. Amélie, elle est minuscule, mais elle a un cul à faire bander le pape, elle parle super fort et elle a des yeux immenses. Amélie, elle n’est pas vraiment belle, c’ezst beaucoup mieux que ça : elle a un truc en plus. Amélie, j’aurais préféré la niquer rien qu’une seule fois plutôt que me taper toutes les filles de l’école. Amélie, j’aurais pu l’avoir dans mon lit si j’avais été un peu moins con. Je sais pas trop quand je parviendrai à l’oublier. Je préfère pas trop y penser. Il fait vraiment, vraiment froid.

« A la fin tu es las de ce monde ancien »
-Apollinaire
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Sympa :) le 24.11.12, 21h25 par Snow
Sympa ton FR, belle écriture, j'adhère à ton esprit déjanté du NPU.

Il y a quelques contradictions cependant que j'aimerais comprendre.
Tu dis que tu n'a pas peur de l'approche mais tu n'approches qu'en soirée lorsque tu es bourré ?

L'intuition comme tu dis, ça se développe avec la pratique. Certains sont très sociables depuis tout jeune et ont donc énormément pratiqué, pour d'autres c'est le contraire. Si tu ne te rappelles pas de tes soirées, je trouve ça normal que tu aies des difficultés à progresser. Comment se passent tes interactions avec les filles hors soirées ?

Pourtant tu as l'air d'être curieux et de t'amuser, et les filles ont l'air réceptive. Est-ce que tu arrives à créer du rapport avec les filles que tu rencontres ? créer un lien émotionnel qui va plus loin que juste se pécho sous l'effet de l'alcool.
Sympa ton FR, belle écriture, j'adhère à ton esprit déjanté du NPU.
Merci !
Il y a quelques contradictions cependant que j'aimerais comprendre.
Tu dis que tu n'a pas peur de l'approche mais tu n'approches qu'en soirée lorsque tu es bourré ?
C'est pas exactement ça. Il m'arrive aussi d'open des meufs pendant la journée, et j'ai plusieurs "cibles" que je chine régulièrement, mais j'ai beaucoup plus de mal à conclure ailleurs qu'en soirée. C'est pas de la peur, plutôt un manque de technique.
L'intuition comme tu dis, ça se développe avec la pratique. Certains sont très sociables depuis tout jeune et ont donc énormément pratiqué, pour d'autres c'est le contraire. Si tu ne te rappelles pas de tes soirées, je trouve ça normal que tu aies des difficultés à progresser. Comment se passent tes interactions avec les filles hors soirées ?
J'oublie pas systématiquement la totalité de mes soirées hein, ça m'est arrivé deux fois très récemment, mais d'ordinaire je me souviens quand même de la majorité de ce qui s'est passé (jusqu'à très récemment je n'avais jamais oublié une chope). Hors soirée, disons qu'il y a une demi-douzaines de nanas que je chine régulièrement, avec qui j'aurais sans doute mes chances mais qui sont pour la plupart maquées (avec des tocards), et je ne suis pas encore assez bon pour les amener à franchir le pas. J'ai également plein de connaissances avec qui j'essairai de nouer des liens plus profonds à l'avenir. Y a aussi ma meilleure pote à qui je raconte absolument tout et qui me le rend bien, et une meuf sur qui je fais une fixette depuis des mois et qu'il faudrait sans doute que je ne revois plus.
Pourtant tu as l'air d'être curieux et de t'amuser, et les filles ont l'air réceptive. Est-ce que tu arrives à créer du rapport avec les filles que tu rencontres ? créer un lien émotionnel qui va plus loin que juste se pécho sous l'effet de l'alcool.
Je pense que c'est là mon plus grand problème : je ne comprends même pas ce que veut dire cette notion de "lien émotionnel"....
Moderato

Avant même d’accepter l’invitation, j’ai su que ce n’était pas une bonne idée. Je n’ai pas peur de grand-chose : la mort m’intrigue plus qu’elle ne me fascine, les loups sont moins agressifs que les chiens, le père fouettard n’existe pas, sauf en Union Soviétique. D’ordinaire, il n’y a que les insectes géants qui m’effraient, et la soupe aux oignons un peu, aussi. Mais là, durant tout le chemin séparant la place Saint Michel de la faune bigarrée qui peuple Châtelet, j’étais littéralement mort de trouille. Je pissais dans mon froc. J’étais obligé de faire de la respiration abdominale pour éviter que mon bas-ventre ne se comprime et ne me coupe le souffle. Mon palpitant jouait du djumbé dans ma poitrine. Mes jambes que je ne sentais plus me portaient par je ne sais quel miracle. Limonov, les camps, le Nirvana, ma paire de couilles, tout s’était subitement volatilisé comme un arc en ciel chassé par la brume, laissant place à une frayeur sourde et incontrôlable. J’avais le sentiment d’être un bœuf marchant sciemment et délibérément vers l’abattoir. Je savais que rien de bon ne pouvait advenir de cette rencontre. Et je fonçais malgré tout tête baissée vers la gueule du chien enragé.

Elle était à la bourre, comme d’hab, mais cette fois-ci je n’avais vraiment pas de quoi le prendre personnellement puisque nous n’avions même pas vraiment rendez-vous. Il s’agissait d’un simple diner avec elle, d’autres amis, et moi. La bande organisait l’une de ses réunions chroniques, je me trouvais dedans, elle aussi. C’est tout. Le vent avait tourné. Les nuages s’amoncelaient dans le ciel parisien.

J’étais le premier au point de rendez-vous. Les autres arrivèrent au compte-goutte dans le quart d’heure suivant. La peur avait disparue, happée par le mode pilote automatique qui s’enclenchait dès que je me trouvais en société. La conversation commença à tourner autour d’elle. Je fermais ma gueule, zieutait mon portable sans raisons, crispait les doigts de ma main droite. Je la vis arriver de loin, avant tout le monde. Comme d’hab, elle était très bien sapée. Bandante à souhait. Au moment où je me penchais (beaucoup, parce qu’elle a la taille d’un razmocket) pour lui faire la bise, son parfum m’envahit brutalement l’esprit, me plongeant dans une violente ivresse aux accents proustiens. Sa voix claire et sonore vint heurter mes tympans, puis se fraya un chemin jusqu’à ma poitrine, où elle sema un bordel absolu. Ce n’était définitivement pas une bonne idée. On trouve un restau. « Le père fouettard ». Sans doute un sale coup de Jésus Christ désireux d’adresser un petit clin d’œil à l’enfer que je m’apprêtais à vivre.
Je m’assois à côté d’elle, un peu par hasard, un peu par choix. Un peu plus par choix. Deux mois que je ne l’ai pas vue. Elle est encore plus bandante que la dernière fois. Elle s’est coupé les cheveux et porte un blazer bleu ouvert sur un haut noir qui moule parfaitement ses seins. Une jupe à fleur met son cul déjà plus qu’honorable particulièrement bien en valeur. Ses collants noirs et ses chaussures de jeune paumée du marais complètent le tableau. Je banderais comme un âne si je n’avais pas à me focaliser un minimum sur la conversation. Je donnerais cher pour pouvoir la mater tranquillement pendant une heure. Je tuerais pour l’emballer. Elle parle et rit en permanence. Tout le contraire de moi.


A côté d’elle, je me sens comme un prolo à casquette informe et barbe de tolard face à une duchesse drapée dans une robe de charme. C’est une pensée complètement conne et limitante au possible, mais je suis incapable de m’en défaire. Je me vois comme le dernier des tocards. Si j’étais Blusher, je la ferais marrer, elle me materait, je la peloterais discrètement, nos yeux joueraient au chat et à la souris, je l’embrasserai un peu plus tard et la cartonnerai encore un peu plus tard. Mais je ne suis pas Blusher. Elle n’a plus de mec depuis des mois et je n’ai même pas été foutu d’en profiter. N’importe quel type dans ma situation se la serait faite depuis des lustres. Ça craint.


Bref, c’est à ce moment précis, alors que je me sentais plus ou moins au fond du trou, que j’ai (enfin) commencé à prendre conscience que je déconnais à pleins tubes et que c’était surement pas comme ça que j’allais finir par baiser, ni elle ni une autre d’ailleurs. Le repas se termina sans que le moindre évènement valant la peine d’être relaté en ses pages ne se produise. On fume une clope, on marche quelques mètres, elle hurle des conneries et fait peur à tout le monde, je tire un peu la gueule.


Après la séquence d’adieux déchirants (ou pas), je pianote un texto à Fanny pour me changer les idées. Fanny est une meuf sublime, avec un visage de mannequin Dior, des boobs à tomber par terre et une voix sensuelle à souhait. Je passe mon temps à la chauffer et à lutter contre son sens moral qui lui intime de ne pas tromper son mec. J’ignore si je finirai par l’emporter. Je ne sais plus trop ce que je lui ai dit, ça avait trait au fait que je m’étais foutu dans un guêpier pas possible et que j’attendais qu’elle vienne me sauver. J’étais prêt à lui offrir un paquet de Krisprols en échange. Je pense l’avoir fait marrer. Un peu.


Le soir même, j’avais une cuite mémorable de planifiée avec deux amis, Pierre (le type déjà cité dans mon premier rapport) et Louis. Louis, c’est un peu la virilité à l’état pur : le crâne rasé, des pecs et des biceps démentiels, un regard de tueur, un marcel, des gauloises brunes sans filtre. Les meufs l’adorent. On a attaqué les hostilités chez lui autour de quelques bières, de deux bouteilles de muscador et d’un litre de whisky. Aucun de ces belligérants ne passa minuit. Vers cette heure-ci (ça commençait à devenir un peu flou), on a décidé qu’il serait raisonnable de se mettre en marche vers la station de rer la plus proche. Manque de bol, celle-ci était à 20 grosses minutes à pied, et un coup d’œil jeté à la merveilleuse application ratp premium nous apprit que le dernier train pour Paris passait dans 5 minutes, s’apprêtant à nous laisser comme trois clampins sur le quai d’une petite de banlieue dans laquelle il n’y a rien, mais alors rien à foutre un samedi soir.


On s’est donc entassés en vitesse dans la caisse de Louis, qui a pris le volant complètement beurré, et qui, après quelques pointes de vitesses, est parvenu à nous déposer à la gare quelques secondes avant le rer. J’ai couru comme jamais pour choper les portes avant qu’elles ne se ferment, et quelques secondes plus tard nous étions en route pour une folle virée nocturne en direction de la capitale. Ouf. Le programme, c’était de retrouver des potes de Louis sur place avant d’aller en boîte. Comme ils avaient raté le RER, eux, on est d’abord allés s’échouer dans un bar près de Saint Michel. A partir de là tout devient vraiment très flou. Je me souviens d’avoir commandé une pinte, d’avoir chiné la serveuse, d’avoir acheté des substances illicites à un punk qui me faisait un peu pensé à Limonov, en moins classe, d’avoir disserter avec lui et son pote au crâne rasé sur la chute du bloc de l’Est, d’avoir roulé un joint dans les chiottes avec certain Abdel rencontré le soir même. Moment d’anthologie juste avant cette scène :
Lui : « Wesh on va pas rentrer à deux là dedans les zouz vont croire qu’on va s’enculer ! »
Moi : « Rien à battre. »
Quelques minutes plus tard, en sortant des chiottes devant une file de cinq meufs :
Moi : « Ptain, j’ai du mal à marcher… »
Ensuite, on est partis en boite, j’ai pas payé l’entrée, et je me suis téléporté dans le premier RER à quelques arrêts de ma station. Absolument aucune idée de ce que j’ai fait dans cette boite. Fail.
(NDLR : mais c’est quoi cet abruti qui nous fait un rapport de trois pages word sans le moindre passage consacré à la drague ??)


Bref, suite à cette soirée, je me suis posé à mon bureau, j’ai essayé de faire le point dans ma tête, et j’ai noté les objectifs que je devais impérativement me fixer à court ou moyen terme sur une feuille blanche A4 :


-Me taper Marie, une meuf franchement pas top de mon école que j’ai chopé à plusieurs reprises mais que je me refusais de niquer par fierté mal placée. Je n’ai dans l’état actuel des choses clairement pas les moyens de faire le difficile, et il serait temps que je sache un peu à quoi ressemble une vraie partie de jambes en l’air. Le seul truc qui me fait flipper : éviter la panne, le moment venu.

-Changer radicalement la façon dont je vois Amélie (la meuf qui accapare scandaleusement tout le début de ce poste), et surtout dont je me comporte avec elle : j’ai clairement atteint le summum du one-itis digne du pire des AFC, à croire que tout ce que j’ai lu sur FTS ne parvient pas à me rentrer dans le crâne, déprimant. J’ai donc décidé :
1) De niquer rapidement d’autres meufs pour qu’elle arrête de m’obséder à ce point
2) D’arrêter de me comporter comme le pire des toutous en Friendzone avec elle et d’agir comme je le fais avec toutes les autres meufs.

-Eviter d’accumuler les soirées passées entre couilles à fumer des joints et descendre des litres d’alcool pour privilégier des sorties avec des Zouz à la clef.

-Y aller mollo sur la bibine pour rester un minimum capable de faire quelque chose de mon corps et éviter de passer mes soirées à errer comme un zombie sur le dancefloor.


Note 1 : j’ai longtemps eu des rapports totalement asexués avec les meufs de mon entourage, pensant qu’à la moindre allusion un peu osée je me ferais immédiatement remballé. J’ai littéralement changé de cap en faisant la connaissance d’un mec qui est depuis devenu l’un de mes meilleurs potes, et qui est tout bonnement scandaleux à ce niveau-là. Sans être aussi hard que lui, je procède depuis un moment d’une manière similaire et force est de constater que les nanas le prennent très bien dans 90% des cas. Et même quand je me fais remballer, je suis limite content : tout plutôt que de (re)vivre une tentative kclose ratée sur une pote, suivi d’un « Heu mais tu fais quoi là ?????? » (traduction : heeeeeiiin ?? Mais t’as des couilles maintenant ?).


Note 2 : Il y a un autre de mes potes, Jack. Un chineur de première : il passe sa vie à se taper des mannequins. Je vénère ce type. Hé bien, j’ai récemment lu une conversation facebook qu’il a eu avec une fille proprement magnifique, pensant trouver de quoi m’inspirer pour mes propres plans drague, et…..j’ai été ultra déçu. Le dialogue volait à peu près aussi haut que celui qu’entretient un de mes amis d’enfance, hyper gentil mais vraiment pas très malin, avec ses cibles trouvées sur skyrock.com. Leçon du jour : la clef se trouve clairement dans le langage corporel.

Affaire à suivre.


Ps : navré pour la piètre qualité rédactionnelle de ce rapport, je suis pas en grande forme.

E. Dolokhov
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Like ! le 24.02.12, 23h09 par Olfff
  • [+1] Encore le 25.02.12, 22h52 par Blusher
J'aime bien ces deux premiers FR.

C'est bien rédigé, mais au delà de ça, on sent des resolutions qui s'affirment.

Continues ! et puis tentes un peu le SPU, si tu peux vraiment aborder les canons qui passent sans ciller, sers toi de ton xp acquis en boite dans un état (presque) second pour l'y appliquer.

Si votre body language se rapporte a votre ramage, vous serez le phoenix des hotesses de ces rues.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Merci ! :) le 24.02.12, 23h32 par Edvard Dolokhov
Olfff a écrit :J'aime bien ces deux premiers FR.

C'est bien rédigé, mais au delà de ça, on sent des resolutions qui s'affirment.

Continues ! et puis tentes un peu le SPU, si tu peux vraiment aborder les canons qui passent sans ciller, sers toi de ton xp acquis en boite dans un état (presque) second pour l'y appliquer.

Si votre body language se rapporte a votre ramage, vous serez le phoenix des hotesses de ces rues.
Merci :)

Hé bien à vrai dire j'ai tenté le spu il y a quelques temps et...j'ai vraiment pas accroché. J'avais l'impression que cela ne me servait pas à grand chose, dans la mesure où je n'ai pas vraiment peur d'aborder (ce qui manque ce n'est pas une paire de couilles mais plutôt de la technique et un bon language corporel) et où les résultats étaient franchement ridicules pour l'investissement : en 2h de spu je chopais à tout casser un ou deux numéros qui ne donnaient rien par la suite, pour la même durée en soirée étudiante je peux espérer obtenir au moins un kclose.. Je préfère vraiment draguer en soirée/dans mon cercle de connaissances (que je m'efforce d'étoffer en permanence pour ne pas me retrouver limité).

E. Dolokhov
Salut à tous,
La semaine précédente a été un peu mouvementée (dans le bon comme dans le mauvais sens du terme). J’ai passé le plus clair de mon temps à faire du sport la journée et à me mettre des tôles monumentales une fois la nuit tombée, en conséquence de quoi je dois faire un effort de mémoire surhumain pour tâcher de me souvenir de ma semaine dans les grandes lignes. Pour l’heure, le bilan que je peux tirer de mon retour à Grenoble (il y a de cela environ deux semaines) ne vend franchement pas du rêve :

Une petite dizaine de soirées, un nombre à peu près équivalents de murges et de lendemains difficiles, deux journées de ski, deux heures de boxe, 30 minutes de footing (mais pas sur du plat donc on ne rigole pas), plusieurs heures de chinage parfaitement infructueuses, 0 baises, 0 chopes. Aaaaaaaaaaaiiiight.


Tout a commencé samedi dernier. Un pote à moi avait eu l’heureuse idée de lancer une crémaillère pour son nouvel appart (l’individu en question a pour l’heure, soit une semaine après son emménagement, effectué 5 soirées, reçu 4 plaintes des voisins et un coup de fil incendiaire de son agence). Il y avait environ 6 meufs et à peu près autant de mecs. J’ai passé les deux premières heures de la soirée à discuter avec une fille assez mignonne (avec des yeux magnifiques, j’en reviens toujours aux yeux, fétichiste des yeux, ça existe ??), actuellement en fac de médecine à Dijon (youhou). Le problème, c’est que nous étions à ce moment-là tous assis en cercle, et que choper ou même chiner directement dans une ambiance pareille, c’est tendu. Je n’ai donc à peu près rien tenté, la fille aura un gros coup de barre vers 23h et passera le reste de la soirée toute seule sur une chaise avec un air de déterré sans rien dire à personne. Next.


J’y étais allé doucement sur la bouteille, aussi n’ai-je commencé à voir tout en flou et à raconter connerie sur connerie qu’à partir du moment où un dealer est venu nous approvisionner en substances hallucinogènes, suite à quoi l’hôte de la soirée se mit à rouler des pilons de 20cm de long, et moi à tirer dessus.


Aux environs de minuit, un groupe de trois nanas est arrivé, dont une brune pas super belle mais qui avait l’air sympa, et comme la drogue me rend encore moins difficile que je ne le suis déjà au naturel, je suis allé lui parler et je l’ai un peu chinée. Je ne sais plus trop ce que je lui ai dit, mais je sais qu’elle rigolait. J’ai passé un moment à lui faire promettre de revenir s’assoir à côté de moi une fois qu’elle serait revenue des chiottes, puis aucun souvenir. Je me téléporte sur la terrasse en train de fumer un joint gigantesque et de tenir une conversation complètement décousue. Pour vous donner une idée, ça ressemblait à peu près à ça :
« J’utilise une brochure procter et gamble maintenant pour faire des toncars. »
« Moi si y a un truc que je supporte pas, c’est Brochure procter et gamble. »
« Tu serais pas un peu raciste toi ? »
« ça c’est ton opinion personnelle que jsuis raciste. Je dis simplement que juif et arabe c’est bizarre, j’aime pas bien les gens bizarres. »
(ceux qui comprendront la référence gagneront soit un krisprols, soit une pensée émue de ma part quand j’irai me coucher ce soir).


A un moment, je discutais avec un pote sur la terrasse et une nana est venue nous voir. On m’avait plus ou moins raconté qu’elle était à fond sur un des locataires de l’appart mais qu’il refusait catégoriquement de se la faire sous prétexte qu’elle était bonne mais con comme un pot de chambre. Et en effet, elle ne prononçait pas un mot et se contentait de glousser d’une manière un peu stupide chaque fois que je disais un truc. Du coup, lorsqu’elle a fini par prononcer une phrase, je l’ai fixée et j’ai gloussé de la même manière. Me souviens plus de sa réaction, mais je crois qu’elle a pas trop compris. Elle était quand même plutôt mignonne, si je la revois et que je me trouve dans un état un peu moins déplorable je tenterai surement quelque chose.
Ensuite, j’ai passé un moment à chercher Lisa (la brune pas super belle de tout à l’heure). On m’a dit qu’elle était partie, alors je suis rentré et ai dormi une poignée d’heure avant de partir au ski. Du coup dimanche soir j’étais vanné, je n’ai rien fait et je me suis pieuté à 22h. High Five.


Mercredi, j’ai décidé de m’inscrire (enfin) dans un club de boxe, et grâce à mes pouvoirs parapsychiques de jedi ((et une fiole de lubrifiant), j’ai même réussi à convaincre mon coloc de s’y inscrire également. La boxe, ça fait un moment que j’ai envie de m’y frotter, mais je n’avais encore jamais franchi le pas, un peu par paresse, et un peu par peur de me péter le nez. Rigolez pas, un nez pété, d’une part c’est moche, et de deux c’est irréparable, ça ne redeviendra jamais comme c’était avant. Perso ça me tétanise de me dire qu’il existe des blessures qui ne se réparent jamais totalement. Des trucs qui ne disparaitront pas, quoi qu’on fasse. Mais c’est peut-être mon côté romantique qui prend le dessus. Bref. Galvanisé par la nouvelle de Bukowski dans laquelle il met une tôle à Hemingway sur un ring de boxe, et par l’idée que j’allais enfin effectuer un vrai sport de combat, je me suis rendu à la salle de boxe.


L’entrainement était ultra physique, j’en ai chié comme jamais, mais à peine sorti, je n’avais qu’une envie, c’était d’y retourner. J’ai toujours trouvé incroyablement grisante la sensation qui nous envahit lorsque l’on joue avec nos limites, et c’est exactement ce que la boxe m’apporte. D’abord, l’entrainement est vraiment hard (j’étais complètement rincé au bout d’à peine une demie heure). Ensuite, lors d’un combat, il faut impérativement conserver en permanence tous ses sens en alerte : une seule erreur, une garde maintenue un peu trop basse, et on récolte un direct dans le menton qui peut vous clouer au sol. Ce genre de situation fait sans doute appel à des instincts de survie ancrés profondément en nous. Sur un ring, il n’existe plus rien. Rien n’entre plus en considération, sinon le type en face qui va chercher à vous démolir. C’est soit lui, soit vous. Aucune échappatoire possible. Si tu n’es pas à la hauteur, tu te fais déglinguer. Forcément, ça procure des sensations des plus intenses. Et comme je veille toujours à faire d’une pierre deux coups, j’ai repéré deux/trois nanas plutôt pas mal dans mon cours, je prévois de me battre avec elle, de les laisser me démolir, puis de leur proposer d’aller boire un verre en guise de réparation.

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Juste après cette harassante séance, je suis allé boire un verre à un pot organiser par l’école. Je compte juste me prendre une pinte et rentrer me pieuter. J’ai fini la soirée entre 2 et 3h du mat complètement torché et je me suis magnifiquement viandé dans la rue en essayant de tracter une poubelle. Il y avait Fanny au pot, je lui ai parlé pendant une grosse demie heure pendant que son mec se faisait chier à côté. Elle a définitivement des boobs et un regard hors du commun. Ceci dit il va bientôt falloir que j’arrête mes conneries étant donné qu’elle et son mec intègrent tous les deux l’asso étudiante dont je fais partie et que je m’en voudrais quand même un peu de foutre la merde au sein de l’asso. De toute manière je ne la niquerai pas.


Jeudi soir, nouvelle soirée à l’appart où avait eu lieu la crémaillère samedi. Il y avait de nouveau Lisa. Je lui raconte que quand j’étais en prépa, j’ai fait croire à toute ma classe que j’avais le sida et que j’étais témoin de Jéovah. Elle se marre. Je lui dit qu’elle devrait pas rire, que ça a été un moment atroce de ma vie, qu’après ça plus personne ne m’adressait la parole et que ma meuf m’a largué.
« Ha donc ta meuf était dans ta classe aussi ? »
« Ouais. D’un certain point de vue. »
« Comment ça ? »
« Ben c’était ma prof, donc elle était physiquement présente dans la classe mais je suis pas sûr qu’on puisse dire qu’elle faisait partie intégrante du corps étudiant. Je poserai la question à Nostradamus. »
« Non t’es sérieux tu t’es tapé ta prof ?? »
« A ton avis ? »
Regard coquin bien appuyé. Elle se marre.
« Je te crois pas. En plus t’es vraiment con tu viens de me dire que tu faisais croire n’importe quoi à tout le monde. »
« T’as quand même l’air de douter. »
Nouvelle combo regard + sourire scandaleux.


Elle finit par demander l’avis de quelqu’un d’autre, je ne me souviens plus de qui, ni de sa réponse, ni comment a fini la conversation, mais je ne l’ai pas emballée. Ensuite ça devient un peu flou, je me suis retrouvé sur le balcon avec deux potes et deux mecs que je connaissais pas à hurler « T’es défoncé ????? » (référence inside : chaque fois qu’un type passait dans la rue. Ça à duré un peu plus d’une heure et entrainé une réaction immédiate du karma sous la forme d’un appel très matinal de l‘agence reçu par l’hôte de la soirée, l’invitant à cesser immédiatement toute activité nocturne sous peine de se faire illico expulser. Par voie de conséquence nous nous sommes vus contraints de fêter l’anniversaire d’un de mes meilleurs potes chez moi vendredi soir.

Ça manquait cruellement de chattes. J’ai quand même réussi à faire venir Virginie, une autre meuf makée que je chine en permanence. J’apprends au cours de la soirée par une connaissance commune qu’elle a une fâcheuse tendance à montrer à son mec (un abruti associable totalement inintéressant) une grosse partie des textos que je lui envoie.
Extraits choisis :
M : « Je vais me coucher, gros bisous. »
E : « Te coucher ?? »
M : « Ouais pourquoi ? »
E : « Ben il est 10h. Tu n’as pas dormi ? »
M : « Un petit peu. J’ai dû m’interrompre pour aller passer une soutenance d’étude de marché. Tu veux me rejoindre ? »
E : « Ah ah oui bien sur. A quelle cette soutenance ? Après je te laisse dormir ^^. »
(le monde si divise en deux catégories : ceux qui écrivent « ah ah » et ceux qui écrivent « ha ha ». Jsuis certain que dans un futur proche ces deux clans seront amenés à se livrer une lutte sanglante et sans merci pour assoir leur suprématie sur la galaxie toute entière. Mais ce n’est pas le sujet de cet épisode. »
M : « Jcomprends pas ta question. T’inquiètes ta conversation est toujours agréable. Tu fais quoi toi ? »
E : « Cour de langue jusqu’à 13h…dur dur… »
M : « Ho ma pauvre. Ça mérite un hug virtuel. »
E : « Je confirme….enfin je survivrai à ce cours. »
M : « Cool, tu passeras et je t’en ferai un vrai ;). »


(elle m’avait dit précédemment qu’elle était crevée et envisageait de dormir en classe)
M : Si tu ronfles pas ça peut le faire
E : ça va je suis pas comme toi ! :p
M : J’avais pas le souvenir qu’on ait dormi ensemble :o
E : quoi tu ne t’en souviens pas ?!?!?!
M : Aie ….j’étais soit hyper saoul soit c’était vraiment pas top :p (jrigole hein, jsuis sur que c’était ouf)
E : ouf c’est un minimum.
M : hé ben j’attends la prochaine fois avec impatience.
E : ben si on boit un verre avant (enfin plusieurs) une fois de plus tu ne t’en rappeleras plus.
M : Non d’ordinaire ça fait partie des trucs dont jme souviens, là t’avais dû me droguer ou un truc dans le genre. Puis exceptionnelement je pourrai m’abstenir de boire.
E : Bon ok j’avoue mais ça dope les performances
M : j’ai pas besoin de ça :p
E : sait-on jamais…
M : je ne te permets pas
E : ok je te laisserai prouver le contraire.

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Bref, du coup son mec est hyper jaloux et veut me casser la gueule. J’attends ça avec impatience. Les mecs des filles que je fréquente de près ont tous une fâcheuse tendance à me détester, c’est profondément injuste. Je vais boire un verre de smoothie pour oublier ça. Que la Force soit avec vous.

E. Dolokhov
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  • [0] Sympa :) le 06.03.12, 20h38 par Olfff
Samedi aprem, j’ai fait un footing monstrueux (montée de la Bastille, seuls les Grenoblois comprendront) avec deux potes, et je leur ai tous les deux mis la pâtée sachant que je ne cours jamais et qu’eux si. Je ne dis pas ça pour me la péter de manière purement gratuite, mais pour illustrer un paradoxe : j’ai tendance à être plutôt doué dans pas mal de domaines, et pourtant je n’ai absolument aucune confiance en moi. Je suis intimement persuadé que je finirai toujours par échouer. Et plus ça va, plus je me dis que ce doit être la cause principale de tous les fails que je me prends auprès des nanas. Je ne crois pas du tout en moi, et je cherche actuellement un remède à cela, si vous une lotion miraculeuse, l’adresse d’un spécialiste de ce genre de cas, ou même une barrette chocolatée enrobée dans du papier aluminium dont vous cherchez à tout prix à vous débarrasser, n’hésitez pas à me contacter au 06 76 75 46 45. (je parie que vous vous êtes immédiatement demandé si c’était mon vrai numéro, HAHA !!).


J’ai profité de cette expérience pour dresser un listing aussi subjectif que possible de mes défauts et qualités. Voilà le résultat :

Qualités :
-Volonté de fer (il est vraiment très rare que je renonce à quelque chose auquel je tiens)
-Plutôt bien sapé
-Une bonne tchatche (que j’ai cependant la fâcheuse tendance de perdre dès que la nana m’intéresse vraiment)
-Un corps vraiment sympa (grand, fin et plutôt bien dessiné)
-Un énorme engin
-De nombreuses passions et centres d’intérêt (musique, littérature, philo), mais ça plus ça va plus je suis convaincu que ça ne sert absolument à rien.


Défauts :
-Un BL nul à chier (enfin de mon point de vue), c’est un vrai supplice de me voir sur une vidéo alors que je me trouve bien sur les photos
-Une voix d’abruti (enfin, certaines meufs kiffent, j’ai une voix hyper grave et certaines trouvent ça sensuel, les autres ça les fait tout simplement marrer)
-Addiction à l’alcool et à diverses drogues (nan jdéconne, juste aux herbes médicinales)
-Inexpérience
-Paresse, inertie : j’ai beau carburer à une moyenne de 9h de cours par semaine en ce moment, je trouve encore les moyens d’en sécher une partie et de galérer pour me trouver un stage cet été et un CDD tout de suite.
-Manque de confiance total : cf paragraphe plus haut. Je pense que c’est mon plus gros handicap.

Je ne sais pas si on peut lutter vraiment efficacement contre ses défauts, en tout cas je vais tout faire pour y remédier, même si certains trucs sont vraiment hards (modifier son BL je trouve ça quasiment impossible).

Samedi soir, Margaux m’a invité à une soirée. Margaux = meuf-en-couple-que-je-chine-comme-un porc-mais-qui-pour-l’instant-reste-parfaitement-fidèle-à-son-mec numéro 3. Coup de bol, son mec n’était pas présent à la soirée. Je lui ai pas mal parlé pendant celle-ci, avec notamment une conversation sur le canap’ qui a duré un bon bout de temps, durant laquelle ma jambe était collée contre la sienne et où je l’ai pas mal touchée. Je lui ai un peu parlé de cul, aussi. Malheureusement, il y avait une de ces potes à cette soirée, le genre que je déteste : la fille moche comme pas possible qui pourtant se la pète encore plus que la pire des pétasses hollywoodiennes. La nana en question (qui en plus était aussi sympathique qu’un croisement entre Roger Hanin et Adolf Hitler) s’est mise à engager la conversation avec moi et m’a fait au bout d’à peine 5 minutes une vraie remarque de pute comme on m’en a rarement faite. J’ai oublié de le préciser : je suis vraiment, mais alors vraiment susceptible. Sur le coup j’ai pas bronché mais il y a un ptit voyant rouge qui s’est aussitôt allumé dans ma tête. Toi, à la première occasion, je te casse en deux. L’opportunité s’est d’ailleurs présentée assez rapidement : la gueuse s’est mise à me raconter qu’elle avait « chopé » mon coloc récemment (paye ta chope : il l’avait smackée une demi seconde à une soirée où le principe était d’un bisou pour une conso offerte). La réponse a fusé d’elle-même :
« Haha oui y chope souvent n’importe quoi, la preuve ;). »
Elle a passé une partie de la soirée à tirer la tronche à cause de ça. Aucun remords.
Malheureusement, le karma s’est suite à cet incident une nouvelle fois manifesté (ptain, elle l’avait cherché pourtant) : Margaux est partie s’enfermer dans une chambre avec une de ses potes qui devaient lui parler d’un « truc super important ».

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M’en fous, j’ai désormais cours d’history of rock’n roll avec elle trois heures tous les lundis, de belles heures de dragouille en perspective.
J’ai par conséquent passé le reste de la soirée à siroter des bières, jusqu’à ce qu’un de nos potes se fasse virer de l’appart manu militari. Solidaires, nous l’avons suivi dans son ignominieuse rétrogradation, et j’ai offert mon appart pour un after entre hommes. Amen.
Dimanche et lundi soir se résumèrent à d’énormes tôles entre potes qui aussi amusantes qu’elles puissent être se révèlent d’un intérêt draguistique (c’est absolument pas français mais je suis crevé, j’ai une barbe de clochard et j’ai mal partout, alors rien à battre) assez limité.


Mercredi soir, concert de hip hop organisé par une asso de l’école. Je suis passé fumer un joint (ou deux) chez un pote marocain juste avant. J’arrive au concert complètement défoncé. Ambiance feutrée et irruptions acoustiques. Je tombe sur Camille, une petite brune plutôt mignonne. Un peu plus tôt dans l’année, tous ses potes me faisaient chier en permanence, ils étaient persuadés que je voulais absolument me la faire. C’était pas totalement faux. Jamais su ce qu’elle en pensait. Je tenterai surement un peu plus tard dans l’année. Ou pas. Je me fous un peu de sa gueule. Elle rigole. Plus tard, je danse dix secondes avec elle, lui parle à l’oreille et lui file un peu de ma bière. Rien de plus.


Je me retrouve dans un cercle, juste en face du mec de Fanny. J’engage la conversation. Plutôt sympa, le bougre. Je dois profondément lui casser les burnes, à sa place j’aurais surement déjà pété un câble. J’ai de la chance, les mecs de mes amies sont tous plutôt calmes. Fanny discute avec d’autres types juste à côté de moi. J’évite de la regarder. Un peu plus tard, elle est assise à une table avec deux copines à elle, un de mes potes veut rouler un joint, je propose qu’on aille se poser avec elles. Je m’assois à côté de Fanny et lui fais la bise. Deux minutes plus tard son mec vient se poser juste à côté de moi, visiblement un peu méfiant. La situation était assez comique : moi, passablement défoncé, en train de discutailler avec une meuf en faisant en sorte que ça passe le moins possible pour de la drague, pendant que son mec me surveille d’un œil. Je lui fais tirer une latte. Elle est déjà totalement à l’ouest dans son état normal, défoncée ça doit être un vrai spectacle. Je lui dis. Elle me tape. On rigole. On finit par se séparer je ne sais plus trop comment, et comme le dernier groupe était naze, qu’il faisait froid et que la pluie commençait à tomber, j’ai décidé de rentrer.


Sur le chemin du retour, Margaux commence à m’envoyer des messages indiquant de manière à peu près certaine qu’elle est complètement faite. J’essaie de l’attirer dans un abject traquenard (sous la forme d’un aimable after chez moi en tête à tête), mais elle tergiverse et finit par me prendre la tête pendant une demie heure parce que je lui ait écrit un « je t’aime » qu’elle a pris, sous l’effet de l’alcool, pour une déclaration en bonne et due forme. Hé merde, ce sera pas encore pour ce soir. Rangez les capotes et le lubrifiant, soldats.

Depuis rien de bien nouveau, je passe le week end à paris et n’étant pas tellement motivé pour une sortie en boite, j’estime mes chances de choper pendant le week end à environ 0%. Je m’étais juré de ne pas revoir Amélie mais étant donné que quand on parle de naines avec des grands yeux et un cul à faire bander le pape je me transforme en loque dénuée de la plus petite once de volonté, je lui ai stupidement envoyé un texto indiquant que j’étais à Paris ce week end. Dans l’état actuel des choses elle ne me fait pas vraiment bader et je pense pouvoir la revoir sans trop de casse, mais je devrais commencer à savoir qu’elle est comme une drogue dure : après quelque semaine de sevrages, on pense en être définitivement débarrassé, alors on se refait un petit shoot, un seul, en souvenir du bon vieux temps, et c’est reparti pour trois semaines de descente. Crap.

Bref. En ce moment je pense déraisonnablement beaucoup au cul, je suis à deux doigts d’aller tenter un truc avec mon tromblon de voisine de palier âgée de 56 balais. Haha, non je blague. Enfin, en partie.

E. Dolokhov
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  • [+1] Lol le 10.03.12, 20h42 par Olfff
9:00. Une sonnerie stridente; quatre chiffres verts daft punk, et une foule de sensations toutes plus merdique les unes que les autres qui envahissent ma conscience. Un mal de crâne atroce, d'abord, les lèvres et la langue asséchées, un arrière goût d'alcool encore en cours de dissolution. Les vendredi matin se suivent et se ressemblent. Je ne comprends pas trop le pourquoi du comment de cette traditionnelle murge du jeudi soir. Chaque semaine, on rejoue inlassablement la même scène, avec les mêmes acteurs, la même trame et le même dénouement. Ils sont tous chauds comme des baraques à fritte, en sachant pertinemment qu'ils vivront un enfer le lendemain matin. Pourquoi se la coller le jeudi soir et pioncer le samedi ? C'est illogique. Donc profondément humain. Trop humain.

La sensation qu'un train m'est passé sur le crâne ne me gène plus trop : j'ai appris à m'y faire. Mais il y a une chose à laquelle je ne me ferais sans doute jamais. Le goût amer de défaite qui ce matin là imprégnait mon palais et inondait mon corps chaque fois que je déglutissais. Un arrière goût sanglant, comme après s'être mangé une droite dans la mâchoire. Sensation d'autant plus amère qu'elle m'était bien trop familière. Nietzsche avait comme toujours visé juste. L'histoire est un éternel retour du même. Je semble condamné à revivre toujours et inlassablement les mêmes situations, les mêmes frustrations, les mêmes échecs. J'ai souvent tendance à employer un vocabulaire militaire quand je parle d'une femme. Sans doute parce que dans mon médiocre quotidien post-moderne, la conquête du beau sexe constitue la dernière aventure exaltante, l'unique éclat de romantisme dans une frise de grisaille.

Ma dernière défaite a un très joli nom, comme beaucoup de batailles d'ailleurs : Iéna, Trévi, Crécy... La mienne a le nom d'une fleur. Violette. Et je l'ai perdue exactement de la même manière que les précédentes, et comme j'en perdrai sûrement encore beaucoup.

Comme toujours, rien ne laissait prévoir qu'elle me ferait passer des moments difficiles. Mignonne, bien sûr, voir très mignonne, mais moi, il me faut autre chose. Un petit déclic. Un truc qui fasse que je bande en pensant à elle plutôt qu'à mes ex, ou qu'à Audrey Pullvar en mini jupe et talons aiguille. Quand je l'ai rencontrée, il y a environ trois mois, rien de tout cela. RAS. Zéro frétillement, zéro passion, zéro danger. Repos, soldats. Circulez, y a rien à voir. Bon, certes, elle avait un gros cul, et j'adore les meufs à gros cul, mais ça ne suffit pas pour faire rentrer une donzelle dans ma zone baisatoire. Pendant un moment, je lui parlais à peine, la vannait un peu de temps en temps, à l'occasion, quand je la croisais, comme j'ai coutume de le faire avec à peu près tout le monde.

Et puis, il y a eu cette nuit où je l'ai longuement enlacée sur une terrasse à l'atmosphère encore tiède, après m'être fait gentiment jeté par une naine aux grands yeux. Il y a eu cette soirée passée dans la salle des fêtes d'une zone industrielle glauque au possible, où elle n'a pas arrêté de me prendre la main, de me trimballer un peu n'importe où, de me faire boire des canons et de me demander de l'enlacer. Je ne me souviens pas de tout, l'alcool brouille pas mal de choses. Il y a eu cette fois où je l'ai vannée sur son cul et où je me suis retrouvé tout seul avec elle dans une chambre obscure à la tripoter gentiment. Bon, là, ça devient carrément plus que flou. En farfouillant bien dans les recoins les plus sombres de ma mémoire, il me semble qu'elle m'a enlevé ma ceinture en rigolant avant de battre en retraite quand j'ai commencé à lui peloter les seins.

Bref, quand elle m'a invité à une sauterie dans son appart' jeudi dernier; j'y suis allé avec la ferme intention, de la troncher dans la nuit. Sur le papier, c'était gagné d'avance. Je m'étais pas branlé de la journée pour être en rut, j'avais ramené de la vinasse en quantités industrielles pour la décoincer plus rapidement, et j'avais même pré-roulé un pilon destiné à être fumé à deux dans un délicieux moment post-coïtale. J'avais même rêvé d'elle le matin même ! Bref, je m'étais mis en condition. Parce que je ne peux pas baiser n'importe quelle meuf comme ça. Non non. Il faut qu'il y ait eu le fameux déclic dont je parlais plus haut. L'étincelle qui met le feu au poudre, le petit détail qui me fera bander même après des heures de beuverie. J'étais fin prêt.

J'en fais sûrement des tonnes, mais ça faisait des lustres que je n'avais pas fait des plans sur la comète vis-à-vis d'une nana. En général, je ne drague jamais à moins de deux grammes. Toutes mes incartades avec la gent féminine ont lieu après minuit, avec des grosses basses en fond sonore, une foule d'animaux déchainés tout autour et un taux d'alcoolémie ambiant à faire passer Johnny pour un mou du gland. Je ne sais jamais trop comment ça se passe. Elles me font comprendre qu'elles veulent bien de moi, je m'y colle, et ça passe (enfin, en général). Alors là, là ! Une blonde au physique de mannequin qui s'intéresse à moi, même sans une goutte de sky dans le sang, quel événement ! Ça me paraissait presque trop beau pour être vrai. Je me disais que ça ferait partie des choses que je lui demanderais après l'avoir niquée, d'ailleurs : « Qu'est ce qui fait que tu m'as choisi moi, plutôt que tous les autres ? », le tout en me pelotonnant contre elle. Qu'est ce qui peut motiver une aristo bien gaulée à jeter son dévolu sur un prolo vieille France ? En fait, la réponse était toute simple : rien.

Car hélas, cette soirée apporta un démenti cinglant à mes espoirs, sous la forme d'un type rencontré en auto-stop et meilleur que moi à plus d'un point de vue. Elle passa la soirée à couver son auto-stoppeur des yeux en buvant littéralement ses paroles. A moi, elle ne m'a quasiment pas parlé. Bref, j'étais baisé. Faire des plans sur une meuf, c'est naze : il y a toujours un type sorti de nulle part pour vous voler la vedette au dernier moment.

Alors moi, ni une ni deux, coutumier de la situation et doué d'un sens de l'impro à toute épreuve, j'ai switché sur le mode « cuite express », tout en draguant gentiment la petite aux grands yeux suscités. Je me souviens vaguement lui avoir intimé de se déhancher dans le couloir comme sur un podium de défilé tout en enlevant lascivement ses fringues. Il me semble qu'elle se marrait. Et puis elle est rentrée. J'ai philosophé avec une inconnue dont j'ai oublié le prénom, aussi. A un moment, Violette s'est miraculeusement posée à côté de moi pour me demander si j'étais amoureux de la petite. Plutôt cocasse. J'ai pas répondu. Je suis rentré à l'arrière d'un vélo branlant au moment où les quelques survivants de la soirée se déhanchaient sur de la bonne soupe commerciale. J'ai pas eu l'occaz de dire bonne nuit à Violette. Je ne sais pas trop ce que je lui aurais dit, toute manière. Je ne savais pas trop quoi penser, ni ce qu'elle pensait, elle : deux semaines à se chercher pour finir par s'éviter au moment clef, ça fout en l'air toute communication.

Cela faisait deux ou trois semaines que toutes mes pensées étaient tournées vers un seul objectif : mettre Violette dans mon pieu. D'une, ça m'aurait pas fait de mal après deux mois de disette. De deux, soyons fous, j'envisageais même de vivre quelque chose à ses côtés. Parce que bon, pour un type qui n'a pas beaucoup d'amour propre, se balader main dans la main avec une nana qui attire tous les regards dans la rue, ça fait du bien. Je me voyais déjà lui faire acheter des fringues dans lesquelles je la trouverais bandante, la laisser refaire mon nœud de cravate, nous bourrer la gueule au restau, baiser dans les lits de mes colocs, sur la table de ma cuisine, nous tripoter discrètement en public... Elle était vraiment belle, Violette, et pas conne avec ça. Parce que j'ai tendance à me sentir très supérieur à mon entourage intellectuellement. Mais elle, elle faisait des belles phrases, elle utilisait des mots improbables, et elle savait être aussi subtile que moi dans ses vannes. Et puis, elle chassait. A courre. Pas banal, ça. Maintenant, il s'agit de me trouver un nouvel objectif. Je suis comme ça. Si je n'ai pas une carotte à atteindre dans ma ligne de mire, toutes mes angoisses existentielles se réveillent d'un coup et je n'ai plus la moindre envie, si ce n'est de me laisser lentement dépérir avec une pipe à opium entre les mains, en écoutant du Miles Davis.

Comme chaque fois que je me plante quand ça a de l'importance, ça réveille tous mes vieux démons d'un seul coup. Je me dis que je me suis emballé pour rien, que dans la vraie vie, ni le clochard ni la bête ne se tapent jamais la belle. Que ce que j'ai pris pour de l'intérêt n'était que de la curiosité. Je crois les attirer, mais je me contente de les amuser. Je distraits, je divertis. Un peu comme un caniche qui marcherait sur ses deux pattes arrières, ou un singe qui saurait compter jusqu'à dix. Une bête de foire qui semble sortie du dernier Wes Anderson, avec qui l'on s'amuse un moment, mais dont on se détourne aussi sec une fois dissipé l'attrait de la nouveauté. Je songe que je n'aurais décidément jamais celles que je veux vraiment, qu'il serait plus sage de me contenter de baiser celles qui veulent bien de moi. Quand on aime pas ce que l'on aime, faut aimer c'que l'on a, disait le grand Serge (bon, ça c'était avant qu'il fourre Bardot). Je me lance dans des spéculations plus ou moins hasardeuses selon lesquelles je ne suis décidément pas fait pour la vie sociale moderne, que j'aurais d'avantage ma place en Antarctique, dans une cabane de bûcheron au Canada ou en Sibérie, ou même en tant qu'engagé volontaire dans quelque conflit qui déchire le Tiers-Monde. En attendant, je vais me servir un verre de moelleux.

Ptain, elle était quand même vraiment belle. Reste à trouver une autre cible, ou à profiter de la prochaine occasion qui se présentera. Tout marche définitivement mieux quand je me laisse porter que quand je tente de prendre les choses en main.

Et puis voilà. Et puis tant pis. *

*Cette chute a été abjectement volée à un génie de la littérature moderne, que ses mânes me pardonnent.

Edvard Dolokhov
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Like ! le 24.11.12, 21h23 par Raven
  • [+1] Post de qualité le 25.11.12, 16h44 par mephistoteles
  • [0] Sympa :) le 09.03.13, 22h31 par Esty
Salut à vous !

Je découvre ce journal, et ... Bah, j'adore. J'aime les pavés. J'aime la prose. J'aime tout.


D'ailleurs, Fk, si tu passes par là, tu peux ajouter un truc style "Courage frère" en motif de note ? Ca serait pas mal pour la consolation post-Fr où tu conclus pas comme t'aurais voulu, non ? :mrgreen:
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] 100% d'accord le 24.11.12, 22h54 par fifkos
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