J'ai un peu réfléchi sur le sujet et essayé de sortir quelque chose de cohérent de ma tête. J'ai repris certaines phrases de la philosophie de Yoshi car elles me parlent beaucoup :
L'égo est l'image que l'on a de soi. L'égo dit "Je suis X ou Y donc je suis capable de faire A et B". C'est le surmoi de Freud.
Le Moi est symbolisé par la flèche rouge et l'égo par le vase.
L'égo est fixe, car une image de soi est toujours fixe. Ainsi, en disant "Je suis X ou Y donc je suis capable de faire A et B", le moi reste dans des limites finies. C'est valable pour n'importe quoi: "Je suis petit/moche/boutonneux donc je ne dois pas aller vers les autres, je vais retourner jouer à counter strike", "Je ne suis pas très intelligent donc je n'aurai pas ce job de cadre, je vais rester éboueur".
Il est à noter que ces pensées sont profondément inconscientes, et que c'est "une voix qui ne parle pas".
C'est la routine. Le Moi dit : "J'abhorre la vie, je me fais chier..."
L'image que l'on a de soi peut s'agrandir ou se réduire, et les limites fixes peuvent êtres repoussées ou se rapprocher. Principalement par un effet "miroir", l'image que les autres ont de nous s'ancre en nous et inversement.
On peut prendre l'exemple de Jean-Marcel qui est très timide, car il se sent anormal, inférieur aux autres, indigne d'être accepté. Un jour, Jean-Marcel en a marre d'être seul. Il se paye un bon psy, et ce dernier le pousse à se bouger le cul car rien ne tombera tout cuit. Ainsi, Jean-Marcel se force et va rencontrer son collègue Gégé à la machine à café. Jean-Marcel est étonné car Gégé ne lui balance même pas de vannes comme tant d'autres l'ont fait par le passé. Jean-Marcel finit par se dire
"Wouahou finalement je suis assez sympa/cool/BG, j'ai le DROIT d'avoir une vie sociale". Ainsi, il dépasse peu à peu sa timidité (quel homme ce Jean-Marcel!) et acquiert une vie sociale stable.
Je symboliserai ça par le schéma suivant :
Durant le court laps de temps pendant lequel le moi va s'étendre, Jean-Marcel va être heureux car il va
découvrir quelque chose. Mais après quelques semaines, il sera exactement dans le même état qu'auparavant.
On peut bien sûr imaginer le phénomène en sens inverse: Jean-Marcel, fort de sa confiance naissante en lui même, va aborder sa jeune collègue Cindy. Il y va d'un pas amical, et dit "Bonjour", ce à quoi Cindy répond "Casse-toi". Et là c'est la catastrophe, Jean-Marcel retrouve l'ancienne image qu'il avait de lui même, et même pire. "Je suis moche/idiot/inférieur et je ne mérite pas de vie sociale".
Pour finir, je dirais que l'homme moyen cherche à éviter

et à vivre dans la "sécurité" de
Les plus vaillants entreprennent une démarche de développement personnel et arrivent de temps en temps à ça :
Il y en a aussi qui se "séparent" de la masse, et arrivent ainsi à maintenir une image d'eux même "stable" malgré l'opinion des autres. Ils sont les seuls constructeurs de l'image qu'ils ont d'eux même.
Bref à mon avis quasiment tous les hommes sont dans la même situation. Les plus orgueilleux ont plus de "place", de "possibilités" que les personnes complexées.
Là où ça commence à devenir intéressant, c'est lorsqu'on apprend à se connaître soi même
(= le dromadaire dans les trois métamorphoses de Nietzsche). Par les méthodes d'auto-analyse (pourquoi est-ce que j'ai fait ceci à ce moment précis ? Pourquoi j'ai ressenti ça ?) et en approfondissant, en creusant de plus en plus, on arrive à définir progressivement les contours de l'égo. On peut réussir à voir aussi cet égo chez
toutes les personnes que l'on côtoie.
Alors à ce moment il se produit quelque chose, comme une illumination. On se rend compte que tout ça est profondément pathétique. Il n'y a que des gens enfermés. Dans la Matrice, dans le système, en eux mêmes, et qui essayent d'aménager leur prison. On aboutit finalement à une hiérarchie, les plus forts, étant ceux qui ont la plus haute opinion d'eux mêmes, et les plus faibles, ceux qui n'ont aucune valeur à leurs propres yeux. Tous deux se renvoient mutuellement leurs images respectives. Le faible broie du noir, le fort se prend au sérieux. Ainsi va la vie.
Mais le problème, justement, c'est qu'il n'y a aucune "vie" dans ce genre de système. Tout est fixe, puéril, mort. Il n'y a pas de mouvement lorsqu'on se cantonne dans des limites fixes. La vie est un mouvement, donc il n'y a aucune vie.
En cernant les contours de l'égo, et en comprenant quel est cet "autre nous", on en finit par comprendre ce qu'est le Moi, cette pulsion de vie. A partir d'ici, il y a un combat, rude, un combat contre soi-même
(= Lion vs Dragon chez Nietzsche).
Le Moi dit:
"Je suis l'alpha et l'oméga, le principe et la fin. Je ne suis rien de ce que je pense être, je suis simplement ce que je suis. Et en étant rien de fixe, je deviens tout. Je suis le seul maître du monde car, pour moi, je suis le seul à percevoir le monde. Excepté Moi, il n'y a aucun Dieu. Je suis au centre de tout mon univers. C'est pour ça que je peux abolir toutes mes limites, car j'en suis le seul créateur. Dorénavant, je ferai et j'aurai toujours tout ce que je veux."
Et il s'engage contre lui même. C'est en écoutant uniquement le Moi, et en rejetant totalement l'image que l'on a de soi même, qu'on aboutit finalement à faire exploser le carcan dans lequel on s'est si longtemps maintenu.
Ainsi, on ne pense plus être ceci ou cela, on ne cherche pas à connaître sa "valeur".
Au final:
" Dorénavant,
Je Suis. Ce qui signifie que je suis libre de faire tout ce que je veux. Ce qui signifie que ma vie devient une découverte et un émerveillement perpétuel. Je sais qui je suis, je suis libre, je ne suis plus enfermé dans des opinions. Donc plus rien ne peut m'atteindre, et donc ma confiance en la vie devient totale."
(Enfant de Nietzsche)
Le moi dit: Je kiffe la life