[Q]Une situation intenable, où un choix s'impose

Note : 0

le 19.02.2010 par Myrmex

6 réponses / Dernière par Myrmex le 25.02.2010, 21h27

Le taf, on y passe 8h par jour minimum, et c'est loin d'être facile tous les jours. Ce forum est là pour échanger autour de tous les sujets en lien avec votre vie professionnelle.
Répondre
Bonjour, et désolé d'avance pour le post-fleuve ci-dessous (oui, je sais on ne s'excuse jamais, c'est un signe de faiblesse, merci Gibbs ! :blbl: ).
J'ai longtemps hésité à poser cette question ici, mais en même temps, c'est un des sujets principaux qui me taraude en ce moment. Il m'empêche de pratiquer la séduction ou quelque autre loisir que ce soit, et même de prendre un peu soin de moi. Je sais que cette situation est en partie de ma faute.

Comme je l'ai écrit dans ma présentation, je suis étudiant en musique à Genève. J'habite à 140 kilomètre de mon lieu d'étude (en arrondissant) et je n'ai pas le permis.

A côté j'ai quelques projets disséminés sur la Suisse romande (dont mon premier album solo, réalisation de quelques années de travail :D ), ainsi qu'en France voisine. Ceux-là ne sont pas ceux qui me prennent le plus de temps, le hic, c'est l'école.

Mon problème touche à mon style de vie.
Pour bien vous faire comprendre ou je veux en venir, voici un aperçu de cette fin de semaine. Gardez à l'esprit que ça fait plus de deux ans, depuis mon entrée dans cette école que mes horaires ressemblent tous les jours à cet exemple.

Jeudi matin, cours à l'école à Genève, de 10h le matin à 18h30 le soir, quasiment non-stop. Par la suite, petite accalmie qui permet tout juste de prendre les transports publics pour revenir au centre ville.
Là, concert pour l'école à 20h30, dans une ambiance pourrie par l'hypocrisie et le négativisme, mais comme on est supposés être des pros… bon concert quand même.
Fin du concert 21h30 (environ). Le dernier des trains pour rentrer chez moi partait à 21h14. Nous sommes à quelques centaines de mètres de la gare. Donc dodo sur place, à l'auberge de jeunesse. Je ne sais pas pour les autres pays, mais en Suisse, ça coûte un bras et une jambe d'y passer une nuit (35 frs la nuit, je vous laisse calculer le taux de change).
Vendredi matin. Réveil à 8h pour aller récupérer une autre guitare, laissée au casier à l'école. Puis répétition à 10h avec une chanteuse de Genève, un projet qui tourne plutôt pas mal dans lequel je suis co-compositeur.
Retour à Neuchâtel en train, pour mon rendez-vous de 16h30 chez le médecin. Mais avant, une ou deux heures de calme à la maison (au moment où je tape ce message, en somme).
Après le médecin, train de 17h37 retour vers Genève, puis la France voisine (Gex) pour une répétition dans une troupe de comédie musicale. J'adore cette troupe, malgré la distance.
Avec beaucoup d'effort, je parviens à prendre le train retour sur Neuchâtel et j'arrive à minuit. Je serai bien resté en ville pour sortir et m'amuser un peu (un vendredi soir, vous pensez !) mais je dois rentrer me coucher pour être en forme pour :
Samedi matin, 10h37. Le train pour le studio où j'enregistre mon premier album de compositions personnelles. C'est au Locle. Ca dure toute la journée, retour à la maison vers 20h00.

Voilà l'idée, en gros.
Pour l'anecdote, une des répétition s'est annulée au dernier moment vendredi soir, ce qui m'a permis de me reposer, quand même.

J'ai lu pas mal de livre et d'articles au sujet du style de vie, et si j'en crois, par exemple, l'excellent article "les 9 secrets de ceux qui sont bien dans leur tête" (le plus récent que j'ai lu sur le sujet, qui ne contredis pas les autres), il faudrait que je me débarrasse des pensées parasites.
Or, mes parasites viennent majoritairement de l'école dans laquelle je suis en ce moment. Problème : quand je suis entré, la formation devait durer quatre ans, j'aurais donc, comme tant d'autres, pu m'arrêter maintenant sans conséquence. Là, elle s'est réduite à deux ans et c'est ma dernière année. Si j'arrête maintenant, je perds le diplôme (soit dit en passant, la valeur du diplôme dans cette école est discutable et de toute manière, je n'étais pas entré pour ça à la base).

Autour de moi, les avis sur cette situation varie, mais la majorité revient toujours à : "tu devrais aller jusqu'au bout, comme ça c'est fait".
J'ai donc le choix entre :
1. Tout plaquer dans le mois ! Vu les connaissances accumulées, je peux survivre assez bien dans la musique (ce que je fais déjà, d'ailleurs). Je tiens à préciser que malgré tout, j'ai d'excellentes notes dans toutes les matières sauf une.
2. Serrer les dents et aller jusqu'au bout. Et donc, conserver des horaires harassants de gare en arrêt de bus pendant les quatre prochains mois. Et même si je ne suis pas sujet aux crises de nerfs, y a des chances que ça arrive dans un environnement anti-positif comme celui de l'école.

Moi, je suis épuisé, physiquement et moralement, et je sens bien qu'il faut que ça change. Donc que faire ? Voilà ma question, merci d'avoir pris le temps de lire...
Bendilius a écrit :Bonjour, et désolé d'avance pour le post-fleuve ci-dessous (oui, je sais on ne s'excuse jamais, c'est un signe de faiblesse, merci Gibbs ! :blbl: ).
J'ai longtemps hésité à poser cette question ici, mais en même temps, c'est un des sujets principaux qui me taraude en ce moment. Il m'empêche de pratiquer la séduction ou quelque autre loisir que ce soit, et même de prendre un peu soin de moi. Je sais que cette situation est en partie de ma faute.
Attention : si ça t'empêche de faire des activités habituelles ( loisirs, ... ), voire prendre soin de toi, c'est limite un début de dépression, donc le problème est loin d'être négligeable.

En quoi la situation est-elle en partie de ta faute ?
Bendilius a écrit :J'ai donc le choix entre :
1. Tout plaquer dans le mois ! Vu les connaissances accumulées, je peux survivre assez bien dans la musique (ce que je fais déjà, d'ailleurs). Je tiens à préciser que malgré tout, j'ai d'excellentes notes dans toutes les matières sauf une.
2. Serrer les dents et aller jusqu'au bout. Et donc, conserver des horaires harassants de gare en arrêt de bus pendant les quatre prochains mois. Et même si je ne suis pas sujet aux crises de nerfs, y a des chances que ça arrive dans un environnement anti-positif comme celui de l'école.

Moi, je suis épuisé, physiquement et moralement, et je sens bien qu'il faut que ça change. Donc que faire ? Voilà ma question, merci d'avoir pris le temps de lire...
A première vue, je dirais que si tu es épuisé physiquement et moralement, et qu'en plus tu sens qu'il faut que ça change, c'est qu'il est grand temps de prendre quelques heures pour se pencher sur la question.

Point 2. Je dirais " oui, fonce, tu auras ainsi un diplôme ". Mais après réflexion, je me demanderais si ce diplôme va m'offrir tant d'opportunités que ça. Et aussi si j'ai une autre voie d'étude qui m'intéresse.
Mais je suis aussi tenté de dire " arrête, ce n'est pas une vie ". Car si c'est pour mordre sur ta chique pour encore 4 mois, et être en " dépression " durant un an après ce n'est pas la peine.

Point 1. Je me poserais la question de savoir si j'ai une autre voie d'étude qui m'intéresse.
D'abord, merci de ta réponse (rapide :mrgreen: ), je te promets, c'est déjà un poids en moins de pouvoir en discuter. Et encore plus avec quelqu'un qui prend le temps d'analyser mon propos avant de me balancer l'argument trop évident : "nan, mais y te reste 4 mois, c'est rien !"
Dams007 a écrit :Attention : si ça t'empêche de faire des activités habituelles ( loisirs, ... ), voire prendre soin de toi, c'est limite un début de dépression, donc le problème est loin d'être négligeable.

En quoi la situation est-elle en partie de ta faute ?
C'est vrai que je suis à ma façon plus sombre que d'habitude, mais je te rassure, mon "caractère de cochon" (dixit mes proches, moi je prends ça pour de la détermination :blbl: ) me sauve de la dépression. J'ai donc encore suffisamment d'énergie et de bonne humeur pour assurer tous les projets qui me plaisent (et vu qu'ils me plaisent, j'ai pas à me forcer pour la bonne humeur... CQFD).
La situation est en partie de ma faute, mais pas totalement. En tout cas, c'est comme ça que je l'interprète. Là où je me suis planté, c'est que depuis deux ans dans cette école, j'aurais dû voir venir et me tirer plus tôt. J'ai un peu tendance à réagir avec deux temps de retard. La contrepartie, c'est que j'ai beaucoup (trop ?) de patience.
Dams007 a écrit :A première vue, je dirais que si tu es épuisé physiquement et moralement, et qu'en plus tu sens qu'il faut que ça change, c'est qu'il est grand temps de prendre quelques heures pour se pencher sur la question.

Point 2. Je dirais " oui, fonce, tu auras ainsi un diplôme ". Mais après réflexion, je me demanderais si ce diplôme va m'offrir tant d'opportunités que ça. Et aussi si j'ai une autre voie d'étude qui m'intéresse.
Mais je suis aussi tenté de dire " arrête, ce n'est pas une vie ". Car si c'est pour mordre sur ta chique pour encore 4 mois, et être en " dépression " durant un an après ce n'est pas la peine.
Oui, tu résumes assez bien le dilemme. Je me suis déjà posé la question : dans cette école le mot "diplôme" n'est bien qu'un mot. Ca n'ouvre rien, ça fait juste un petit peu mieux dans le CV (et encore). J'ai sondé au fur et à mesure les gens externes à l'école que je rencontrais, pour savoir ce qu'ils en pensaient. Résultat, même la réputation de l'école n'est pas toujours jolie à entendre.
Ce qui explique que plus ça va, plus l'argument "mais il te reste que 4 mois, tiens bon" s'applatit.
Dams007 a écrit :Point 1. Je me poserais la question de savoir si j'ai une autre voie d'étude qui m'intéresse.
Celle-là aussi, je me la suis posée. Ce qu'il y a de bien avec un domaine aussi informel que la musique, c'est qu'on peut atteindre ses objectifs par plusieurs chemins et que tous ne passent pas forcément par l'académisme à outrance :wink: ! Autrement dit : musicien sans diplôme, mais pas sans ressources 8) ! J'essaie un peu d'atteindre ce que j'appelle l'objectif Patrick Sébastien : "je m'éclate dans mon travail et je suis sérieux dans mes loisirs". L'école est l'épine dans le pied qui m'empêche de finaliser cette situation. Une sacrée épine, tout de même.
Je te conseille de tenir bon encore 4 mois. Si tu as fais déjà tout ce chemin, tu dois pouvoir encore tenir jusqu'au bout, ne serait-ce que pour honorer, si je puis dire, les efforts effectués.

Maintenant, sache que la fatigue est l'antichambre de la dépression, et en effet, c'est quelque chose à prendre au sérieux. Sois sûr de pouvoir te reposer. En forme, tu verras les choses plus objectivement et tu trouveras des solutions mieux adaptées à tes problèmes, et ce plus rapidement.

Si le diplôme en lui même n'est pas un argument de poids, les concerts et autres travaux sont autant d'expériences qui te serviront dans le futur et qui seront tôt ou tard rémunératrices. Et cela vaut quel que ce soit le domaine considéré.

Donc mes conseils: achèves ta formation, obtient ton diplôme, et offre toi quelque chose (des vacances, un voyage, une année de césure, que sais-je ? Quelque chose dont tu as véritablement envie).

Retient une chose: le travail pait toujours.
D'accord, j'accepte ce conseil. La perspective n'est guère réjouissante, mais c'est probablement la meilleure chose a faire.
Cependant j'ajoute une précision : c'est qu'a la base, je ne devais pas faire partie de la section diplômé. En fait au départ, je comptais m'inscrire en auditeur libre pour pouvoir me concentrer sur l'apprentissage de la musique, sans avoir la pression du diplôme. Je ne l'ai pas fait pour une raison toute simple : a l'époque, le prix auditeur libre était plus élevé que le prix diplôme. Et mon budget ne me le permettait pas.
Tout comme toi, j'étais étudiant intensif il y a peu, mais je bossais un peu a coté, et n'avait plus de temps de libre pour vivre (oui on peut être a l'école le soir après le taff et les weekends).

La cocotte est montée doucement, mais étant très bosseur, je n'imaginais pas m'arrêter en cours de route, la reussite c'est faire des bonnes etudes en un seul coup, bien dans les clous, etc, ....
J'en ai discuté avec un medecin, a la base juste pour avoir quelque chose pour dormir, après avoir résisté assez longtemps. Résultat, le médecin m'a dit que je partais en couille et m'a file des anxiolytiques, en me disant que si dans 2 semaines ca n'allait pas, il faudrait voir du cote des antidépresseurs (et que la durée des antidépresseur c'était de 4 a 6 mois).

Etant le genre de mec qui va au bout et qui réussi bien en général de l'opinion des autres, ca m'a foutu une bonne claque d'entendre ca! :? (+ opinion que j'avais des gens dépressifs)

Résultat: je fais une année de pause dans mes etudes, je me demande pourquoi je ne l'ai pas fait avant! Je suis super motive pour reprendre ensuite, je taff dans une boite ou le boulot me plait et ou j'apprends énormément (plus qu'a l'école), des recruteurs me contactent pour des jobs très bien payes si je reprends pas mes etudes (apprenez a utiliser viadeo, c'est une mine d'or qui s'exploite les bras croisés!), j'ai repris le sport que j'avais arrêté depuis longtemps (ce qui me fait énormément de bien), etc.... Enfin que du bon :D (et je plain mes ex-camarades de promos qui deviennent fous, et a qui on propose des jobs de merde).

[FIN DU MYLIFE]

3 choses:
-Change de point de vue en oubliant tout ce qui est conventionnel (le plus difficile selon moi)
-Estime ta capacité de résistance par rapport au temps qu'il te reste a faire (plus la pression montera, plus il faudra de temps pour évacuer)
-Vois si partir maintenant, ce n'est pas arriver ailleurs plus tôt (ce a quoi tu sembles réfléchir). Vois si t'as pas des portes ouvertes autour de toi. Si c'est le cas fonce (et oui, si le diplome sert a ouvrir des portes et qu'elles sont deja ouvertes :D )

En gros, prends les choses en mains, tu dis toi même que tu réussiras professionnellement, alors quel est le risque? De toute façon, t'as les chocottes, c'est normal, donc tu vas exagérer les risques en y pensant.

Si t'es vraiment a bout et que tu décides d'arrêter, je te donne pas 3 semaines pour te dire que c'était une vie de con.

Après, personne ne choisira pour toi :wink:
"[...]si partir maintenant, ce n'est pas arriver ailleurs plus tôt[...]"
C'est à ça que je pense. Je suis... heu, indécis parce que ça reste une grosse prise de risque. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que de toute façon, vivre, c'est déjà un risque.

Je reste complètement incapable de me décider, je suis en permanence en train de réfléchir à la question. Chaque avis qui m'a été donné est bon, dans un sens comme dans l'autre.

La semaine prochaine c'est les exas. Ce sera décisif : si je sens qu'on me manipule et que je dois me retaper un trimestre avec le moral au fond des chaussettes comme ce précédent trimestre, je crois que je vais simplement arrêter de fréquenter les cours. Après tout, je ne pars pas de rien.

EDIT : après quelques recherches je viens de me rendre compte que je suis victime de ce qui s'appelle le mobbing (ou harcèlement psychologique). Ça porte donc un nom, parfait ! Ça me sera plus facile a combattre maintenant que je sais de quoi il s'agit. Merci encore de votre aide.
Répondre