Pas d'accord.Alors d'un côté il y a ceux qui vont entraîner les gars à devenir plus compétitifs et contribuer à aggraver le problème. Et il y a ceux qui vont s'extirper de la pensée dominante et faire tomber un pan entier de ces croyances toxiques (valeur percue et tutti quanti) pour accéder à une vie amoureuse et sexuelle plus épanouie.
La notion de regard des autres, ou de valeur perçue, c'est pas une croyance toxique, c'est un fait social - et parfaitement neutre : les gens se regardent, s'évaluent (et s'autoajustent les uns aux autres, en permanence).
Les gens ont des yeux; des oreilles et des croyances; ils se forgent des impressions, et au global, ça conditionne les prédispositions des uns, par rapport aux autres.
L'acceptation d'un individu (ou son refus) de cette info peut sans doute le destresser, mais en aucun cas, le soustraire à cette dynamique. Il fait partie du système. Nier le système, ou le rejeter, ne te permet pas de te soustraire à ses dynamiques. Tout au plus peux tu adopter une posture passive - mais les dynamiques demeurent, et continuent de s'appliquer à toi.
Donc dire que la notion de valeur perçue est une croyance toxique, franchement pas d'accord : c'est un concept pragmatique et qui se vérifie au quotidien.
Par contre, que quelqu'un puisse en faire une interprétation et en avoir un ressenti source d'angoisse et de malêtre, ou dire que ça puisse enfermer dans une vision utilitariste / matérialiste des relations humaines : ok.
Mais dans ce cas, ça relève de l'interprétation du mec, pas du fait lui-même.
=> "Le regard des autres existe", c'est une info neutre : après, c'est l'individu qui la passe au filtre de ses insécurités et qui peut en faire une pensée toxique / inhibitrice.
Pour moi :
- Les gens se mesurent les uns aux autres (en one to one, one to many, many to many), à travers le filtre de leurs systèmes de valeurs (hérités de leurs tribus / milieux)
- Tu peux pas empêcher ça - que ça te plaise ou non, tu seras regardé, et les gens se feront une opinion, plus ou moins justifiée, et plus ou moins souple. Certains te rejetteront parce qu'ils te sous-valorisent ou parce que tu entres en confrontation avec leurs croyances / valeurs /codes. D'autres t'apprécieront parce que tu entres en résonnance avec leurs croyances / valeurs / codes.
- Dans tous les cas le regard de l'autre n'est qu'une info externe subjective ( = "c'est SON avis perso, pas un jugement absolu")
- L'autre peut se méprendre et être berné par ses préjugés
- Et de toutes façons, tu peux pas plaire à tout le monde (et il faut surtout pas le vouloir, ça serait une quête extrêmement destructrice)
- Si tu choisis d'être attentif (et pas "soumis") à l'info "regard des autres" / feedback externe, tu peux t'en servir pour ajuster ta façon d'être et de faire, pour mieux t'intégrer et mieux régler ton attitude / tes échanges avec les autres. A l'inverse, ignorer les réactions des autres est un parfait moyen de marcher sur les pieds des autres, de brusquer les codes et de passer pour un indésirable.
- Et si la notion de regard des autres angoisse ou stresse, c'est que la personne lui accorde trop d'importance et d'autorité; ou que pour une raison X ou Y, la pression sociale qui pèse sur elle est exagérée (le pb peut venir d'eux, ou de la personne, ou les deux). La pression sociale peut même être fantasmée par la personne (si elle est trop exigeante envers elle-même - comme c'est le cas de beaucoup de timides)
- Valeur sociale PERÇUE : sous entendu : subjective. Sous entendu : à prendre comme il se doit (comme une info subjective, pas comme un jugement objectif ou une vérité absolue).
Pour moi, un coach qui voudrait désangoisser un timide, ou une personne trop soucieuse du regard des autres, doit plutôt choisir d'essayer de lui faire comprendre que le regard des autres est une donnée subjective, que simplement l'amener à penser que "c'est de la merde et de toutes façons on s'en fout".
Parce qu'à moins de vivre seul sur une île déserte, le regard des autres et leur validation (enfin... de ceux qui comptent), on s'en fout pas, c'est un facteur clé de bien être (la reconnaissance des pairs, l'acceptation par les semblables, l'appartenance à une tribu, ...).
Par ailleurs, je crois pas qu'on puisse nier que les relations amoureuses imposent un minimum de "performance" (même si oui, le mot est vilain, et que oui, je suis d'accord, on est de plus en plus objectisés).
A minima, pour plaire à quelqu'un, ton image doit entrer en resonnance avec les schémas qu'il valorise. Tu dois faire un high score dans sa grille d'évaluation perso.
- Après, est-ce qu'il est bon de chercher à le faire sciemment ou est-ce qu'il faut s'en remettre à 100% au "ça se fait tout seul, sinon tant pis parce que pas question de forcer les choses", c'est un autre débat.
- Et je reconnais que la tendance à passer chaque personne que l'on rencontre au crible de sa checklist est tout à fait effrayante. Mais 1) est-ce vraiment si répandu et si marqué que ce que dit l'article que tu cites et 2) que peut-on vraiment y faire ?
Si c'est le monde dans lequel on vit, essayons de bien faire à notre échelle, et de tenir compte intelligemment des règles que le système nous impose, et auxquelles on ne peut pas se soustraire (quant à celles auxquelles on peut se soustraire, si elles sont néfastes, donnons-nous en à coeur joie).
Pour moi, la voie saine et intelligente, c'est pas le déni ou le rejet en bloc.
C'est
1) reconnaître le regard des autres pour ce qu'il est : subjectif mais tout à fait réel pour autant;
2) accepter le fait d'être partie imparfaite d'un tout imparfait;
3) décider de faire de son mieux dans ses relations aux autres, en essayant de rester humain et tolérant (envers les autres, et envers soi-même)
En faisant ça, on se donne toutes les chances de bien appréhender ses rencontres humaines.
TL;DR :
La notion de "regard des autres" et de valeur perçue, c'est pas toxique en soit; ce qui est toxique, c'est d'y accorder trop d'importance et d'autorité; et de vouloir plaire / imposer le respect à tout le monde.