Les gens comme ça sont à mon avis plus à plaindre qu'autre chose.
Je fais souvent cette réflexion à des connaissances, mais il y a bien plus de suicides chez des icônes musicales adulées, riches, célèbres, que dans des familles d'ouvriers.
Et si tu prends des statistiques, tu constateras qu'il y a également plus de suicide en période très prospère qu'en période difficile.
Parce que les gens veulent s'en sortir. La galère, ça fédère. Je fais partie des gosses dont les parents sont dans la classe moyenne, même si quand j'étais petit, c'était plus compliqué, parce que mon père avait une bourse, et ma mère ne travaillait pas.
Et je suis persuadé que ce confort suffisant mais pas étouffant a fait de moi quelqu'un de différent de ce que je serais si j'avais eu plus d'argent. En bien, ou en mal, selon l'angle ou la situation d'où on tire cet exemple.
Et je pense que ces gens riches sont à plaindre, parce que les gens pauvres, eux, ont l'espoir, d'une part, et tissent des liens avec des gens par affinité, et non pas par intérêt.
Je repense à un épisode particulier de Futurama, où le professeur Farnsworth découvre la solution à toute la science, une sorte de formule permettant de répondre à toutes les questions, et il finit ivre mort dans le caniveau, lui qui avait toujours été curieux. Parce qu'il a eu ce qu'il voulait.
Je suis ainsi persuadé que c'est mieux d'être celui qui rêve devant les vitrines, plutôt que celui qui achète compulsivement en cherchant toujours dans des plaisirs éphémères la clé illusoire de son bonheur.
Mais ça ne compte pas pour les extrêmes, je pense qu'il vaut mieux être très (trop ?) riche, plutôt que de ne pas dormir la nuit parce qu'on arrive pas à nourrir ses enfants, ce qui doit être tragique.
Parce que ceux qui ont connu la pauvreté méritent aussi un peu de compassion.
Il y a peu de temps, l'émission On n'est pas couché s'est terminée, avec comme dernier invité interrogé Soan, le chanteur, sans doute sorti d'une obscur télé-réalité.
Pendant toute l'émission, il a dit des trucs démago' au possible, défiant la logique, et faisant ainsi hurler les badauds.
Et quand est venu son tour, les Tweets ont été cruels à un point que je n'aurais jamais imaginé. "Votre site mentionne "officiel", mais qui pourrait vouloir se faire passer pour vous ?" ; "J'ai entendu que vous aviez été sollicité par les restos du coeur pour chanter, mais que vous aviez refusé parce que vous étiez en train d'y manger" ; "Vous parlez du Stade De France, mais vous avez déjà fais le S.D.F, ce qui n'est pas si mal".
C'était gratuit. Moi qui l'ait trouvé insipide, fade, un amuseur de galerie sans profondeur qui cherchait l'approbation et qui cherchait tout prix à être insolent, jusqu'à être une caricature d'un enfant rebelle qui se contredit, j'ai commencé à avoir de la compassion pour lui à ce moment. Parce que la pauvreté, pour l'avoir connu de façon très courte et épisodique, je sais à quel point c'est dur, et il ne méritait pas d'être attaqué sur ce point.
Bref, les gens que je vois à la Fac, ou ailleurs, mais plus particulièrement à la Fac, qui affiche leur pauvreté, comme pour faire peser le poids d'une culpabilité qui n'a rien à voir sur ceux qui ont plus d'argent, et ceux qui affiche sans aucune dignité pour les autres leur richesse, je les mets dans le même sac.
On a tous notre situation, respectons-la, et faisons au mieux, comme nous pouvons, pour vivre ensemble.
Mais pour redevenir vulgaire (mais lucide) l'espace d'un instant, si une presque inconnue me demande de lui amener un cadeau qui n'est pas symbolique, mais qui n'a de valeur qu'en terme de coût, je crois que je n'arriverais pas à me retenir de lui expliquer que je n'avais prévu que du liquide pour la soirée, puisque c'est habituellement comme ça que les professionnelles souhaitent être payées.
A partir de là, je pense que je serais jugé comme misogyne si cette situation se passait dans un lieu commun ou à la fac par exemple, mais je me sens au-dessus de ça.