Onmyoji
tu n'as pas le choix de t'aimer. Si tu prends une autre direction, le choix c'est comment en finir et ça semble pas être ton objectif.
Non, en effet. Je peux avoir des idées vraiment noires dans certaines périodes mais j’ai mes ripostes. Cela fait longtemps que je ne me suis pas mise en danger.
Ne pas s'aimer c'est clairement insupportable.
Oui. Sauf que, ayant vécu avec la douleur, je suis habituée à l’insupportable. J’ai un seuil de tolérance remarquablement, ou dangereusement, élevé en la matière. Pour dire, par le passé, je m’étais fait des plans de vie où j’incluais comme un paramètre froid et logique l’idée que je ne pourrais jamais être heureuse mais que c’était « pas grave » (pour raisons d’amour-propre et d’orgueil, j’étais contre le suicide, équivalent d'une désertion symbolique) parce que je me trouverais du sens autrement – en étant utile à mes semblables, comme lorsque j’étais bénévole pour des personnes bien plus en souffrance que moi, ou en utilisant mon énergie négative comme une dynamo à des fins artistiques, chose que beaucoup de grands poètes ou musiciens ont faite, par exemple. Je planifiais méthodiquement l’idée de vivre avec ce que tu qualifies d’insupportable.
Dans mon cas, renoncer à l’insupportable est un choix intellectuel, une vue de l’esprit, non un instinct naturel. Ca ne veut pas dire que je ne vais pas le faire. Juste que l'impulsion n'est pas la même.
Et de toute façon s'aimer ça ne doit pas être indexé sur notre valeur. Ça c'est un truc que les autres peuvent nous appliquer et que nous pouvons appliquer aux autres. Mais pour soi, vu qu'on a pas trop le choix de coexister avec soi-même et qu'on est pas responsables de nos fondations, on va pas se détester pour ça. Et pour le reste, s'aimer inconditionnellement, ça ne veut pas dire aimer tout chez soi.
Ça veut dire accepter d'être imparfait (oui, c'est un perfectionniste qui dit ça, parce qu'on ne peut être parfait pour tout, il faut choisir ses combats, mais techniquement on aura toujours des zones de faiblesses), sans pour autant ne pas s'aimer assez pour ne pas changer ce qui ne nous plaît pas pour tendre vers notre idéal. Car il faut s'aimer pour avoir la force de changer pour soi et pas pour les autres. Parfois c'est par fierté mais par amour-propre c'est essentiel aussi.
Très intéressant, et très juste.
En fait, je suis d’accord avec toi sur tous les « pourquoi ».
Je ne bloque pas tant sur les « pourquoi » que sur les « comment » : décider qu’un sentiment est souhaitable, voire indispensable (un amour raisonnable de soi-même) est une chose, déclencher son existence en est une autre.
la majorité des gens a des passes sombres et des éléments de vie personnelle peu joyeux. Les aspects type agression sexuelle ou maltraitance ça reste malgré tout et heureusement plus rare et il y a certainement beaucoup plus de travail pour s'en remettre. Malgré tout il faut le faire, pour soi et les autres avec qui tu veux frayer.
Comme dit par d'autres les gens qui traînent leur passé comme un boulet c'est compréhensible mais ça le fait pas.
Je suis tout à fait d’accord et tel n’est pas mon souhait. D’autant que j’ai été dans la position inverse (relation amoureuse avec une personne au passé lourd mal géré), et je ne veux infliger ça à personne.
Après certaines choses restent gravées à vie et c'est compréhensible.
Mon ambition reste quand même de me guérir de ces souvenirs. Un exemple : petite, j’ai fait une chute. Très douloureuse, et je me souviens avoir eu très mal en tombant. Des semaines de plâtre.
Cependant, il y a des photos de moi, petite, avec mon plâtre, et quand je les regarde, je ressens zéro douleur.
Je ne peux évidemment pas perdre la mémoire (ni ne le veux), mais j’aspire à transmuter mes souvenirs blessants en photos d’album inoffensives sur le plan cérébral. Un côté : oui, c’est bien moi, et c’est bien mon histoire, mais ça ne blesse plus du tout. Et j’en ai déjà transmuté un nombre non négligeable. Je suis par exemple capable de penser à mon agresseur avec un froid mépris plutôt indolore – avant, je ressentais de la rage et de la détresse. Même chose pour ma mère, de plus en plus. Elle m’a fait vraiment un mal fou, mais son fantôme perd de son pouvoir maléfique.
Mais, parfois, je l’avoue, c’est le découragement car les souvenirs sont là par milliers et la tâche est titanesque. Je ne baisse jamais les bras, mais je peux éprouver des pensées du genre « est-ce qu’il y aura une fin un jour ».
L’autre défi, c’est que les blessures subies lorsque l’on est dans une période de construction, enfance/petite enfance notamment, sont beaucoup plus dures à éradiquer que celles que l’on subit adulte, parce qu’elles formatent l’individu dès ses origines, programment des lignes de code dans son inconscient pour le reste de son existence et l’accès à ces lignes invisibles sous la surface est un travail introspectif/thérapeutique de très longue haleine.
Or, mon objectif final, ma « ligne d’arrivée », c’est de parvenir à me reformater et à recréer mon propre code, sans bugs. J'y reviendrai sûrement plus tard parce que c'est complexe. Au début, je pensais que ce serait impossible. Mais entre-temps, je crois avoir commencé à trouver des pistes.
Tant que c'est pas envahissant et permanent une personne qui t'aime devrait pouvoir comprendre. Et c'est un bon filtre. Les gens qui s'effraient de choses que tu as digérées et à qui ça donne envie de fuir, tu les aimes peut-être pour d'autres aspects mais objectivement tu devrais toi aussi les fuir.
C’est certainement un bon rappel. J’ai tendance à me mettre beaucoup à la place de l’autre (c’est pas intellectuel mais instinctif) et à « comprendre » tous ses ressentis négatifs envers moi. Ce qui prend parfois le dessus sur : prendre mon propre parti.
Perlambre
Je n'ai rien d'une "super jolie femme", ni hier ni aujourd'hui.
Je n’ai pas dit que tu l’étais. Juste, quand tu décris ta silhouette, spontanément, je l’imagine jolie.
Et si je l'écris c'est justement afin que les filles 1/ ne perdent pas confiance 2/ se concentrent sur leurs atouts plutôt que leurs manques. Et les atouts se travaillent.
Intéressant.
Point bis : chercher à allumer un mec est une chose, aller au bout de la rencontre peu importe sa durée en est une autre. Je pense sincèrement que pour une femme, il faut aimer séduire, pas seulement jouer à séduire. Pas non plus se contenter d'être séduite. Etre actrice, voilà ce dont je parle. De sa vie en général, de ses coups de cœur, de ses plans et pourquoi pas d'une vraie histoire.
Et voilà l'un de mes points névralgiques :
je n'aime pas séduire. Je suis un peu dans la même situation qu'un gosse qui se met à détester l'école parce qu'il a tout le temps des sales notes, et qu'il a beau "essayer", il y a un truc qui ne passe pas. Dans les rapports homme-femme, ce que je déteste plus que tout, c'est "l'avant". La phase d'approche/de prise de contact (que ce soit pour du sérieux ou du pas sérieux). Pas de problème pour le "pendant". Ni pour "l'après". Mais je déteste "l'avant" à un point que quelqu'un n'ayant pas mes difficultés ne peut guère imaginer. C'est un cauchemar.
Sinon, je me sens actrice de ma vie en général, malgré mon énergie aléatoire et certaines phases de procrastination. Je déteste me croiser les bras, je prends souvent des initiatives, dans différents domaines. Le psy qui avait testé mon intelligence et mon équilibre psychique a noté en points forts, entre autres, dans le rapport qu’il m’a rendu, une « capacité à provoquer le changement ».
Exemple : quand j’étais ado, j’avais d’énormes difficultés sociales. Du genre : timidité maladive qui me rendait presque incapable d’adresser la parole à quelqu’un, ou alors, j’y arrivais et je passais ensuite des moments angoissants à scruter dans ma tête l’interaction récente, comme un examinateur impitoyable.
Je m’étais imposé des « défis » pour prendre la difficulté à bras-le-corps. Par exemple : tu détestes passer en exposé devant toute la classe, DONC, tu vas te forcer à le faire, et défense de prendre trop de notes et de lire les notes le nez sur le papier. Tu jettes juste des idées en vrac sur ton papier et tu te forces à « parler » en improvisant et en regardant l’auditoire.
Je l’ai fait. Plusieurs fois. Avec des nœuds au ventre atroces à chaque fois, mais je l’ai fait. Jusqu’à atteindre un stade où mon directeur de mémoire me dise, en fac : « vous avez vraiment un talent à l’oral, Alniyat. Vous êtes sûre que vous ne voulez pas enseigner ? »
Ou aller parler à des inconnus dans la rue. Sous des prétextes du genre leur demander l’heure ou le chemin (pour moi c’était un acte de bravoure énorme parce que j’étais persuadée de déranger et qu’on allait m’envoyer paître). Aujourd’hui, on dit de moi que j’ai « le contact facile ».
Pour moi, c'est moins tranché. J'ai des phases "yolo" où je peux copiner avec plein d'inconnus assez facilement, et des phases où l'existence de mon manque d'assurance foncier se fait davantage sentir.
En séduction je suis également actrice (au sens « agir ». Au sens « comédienne », non, pas du tout, en revanche). Du moins, j’essaie. Plusieurs de mes amies m’ont déjà dit qu’elles admiraient mon courage à « essayer » dans certaines situations. Sauf que… bah en général, ça marche pas XD Je pense que c’est un problème d’aura, de confiance, d’habiter son corps, ce que je dégage etc. Avec le temps et l’échec, ces situations sont juste devenues des situations de panique pure et simple. Quelqu’un d’un peu timide ça peut être vaguement craquant. Quelqu’un qui lutte contre sa panique pour aller vers toi c’est pas craquant. Les émotions se transmettent et sont contagieuses. Panique = mal-être. Et clairement, le mal-être ça fait pas envie. A personne.
Je ne pense pas que ce soit l’initiative ce qui me manque.
Au risque de te décevoir sur ma personnalité, certains de mes partenaires n'ont pas automatiquement 'habité' leur regard ou leur main… j'avais envie d'eux pour une raison bien étrangère à leurs petites personnes. Ils m'ont longtemps donné l'illusion de rester connectée à l'amour alors qu'il ne s'agissait que de sexe. J'ai aimé être actrice d'un film somme toute plutôt oubliable.
Pourquoi serais-je déçue par ta personnalité ? ^^
En fait voilà comment j’ai interprété les rencontres dont tu parlais avec le regard, la main : comme des rencontres pas forcément sérieuses (et il n’y a pas que les rencontres sérieuses qui soient intéressantes) mais avec une « connexion » a minima.
Pour ma part, je n’ai rien contre le fait d’être actrice d’un film oubliable, mais il me faut une étincelle, si le type est par exemple glauque/froid/bizarre/dérangeant dans son aura (même s’il est beau) ça ne va pas le faire. Qu’en penses-tu ?
Je suppose que cela marche en sens inverse (et je pense que mes émotions inconfortables genre « panique » éprouvées en situation n’aident pas).
Suis-je assurée ? Oui. Parce que pas assujettie à la dictature des réseaux sociaux que je ne fréquente pas.
Je ne suis sur aucun réseau moi non plus (parce que j’ai certaines positions sur la vie privée sur Internet, etc.).
Tu penses qu’il y a une corrélation entre être sur les réseaux et pouvoir manquer d’assurance ? Pourquoi ?
Ce qui ne signifie pas ne pas se poser des questions sur mon futur tant pro que perso et de ce fait oublier d'évoluer. Rien d'anxiogène néanmoins puisque je n'ai aucun modèle à suivre absolument.
Entièrement d’accord avec toi.
Parle-nous de séduction puisque côté vie sociale ça a l'air de rouler pour toi ;)
Il va bien falloir, je suppose. Je reviendrai plus tard en essayant d'expliquer plus en détail. J’ai préféré commencer par ce qui allait bien^^
Et pour moi, ce n’est pas hors sujet dans la mesure où les choses qui « vont bien » constituent aussi des ressources dans lesquelles je peux puiser pour réguler les autres situations.
Merci à tous deux de vos réponses
