Je me reconnais nettement plus dans cette formulation. En fait, il y a divers éléments dans ce fil qui méritent qu'on s'y arrête, pour les remettre en perspective.Rimegan a écrit :Je ne comprend pas bien ton message "soyez désespéré". Moi je dirais plutôt "détachez-vous des conséquences, faites juste votre maximum, voyez les résultats, et réallignez-vous afin d'atteindre vos objectifs".
L'ESPOIR FAIT VIVRE
La théorie de la liberté de Sartre est ardue, complexe; et c'est un ex-étudiant en philo qui vous le dit. "L'existentialisme est un humanisme" n'est d'ailleurs pas vraiment représentatif de la pensée sartrienne (d'après mon souvenir, l'auteur a plus ou moins renié cet opuscule). Elle est même poussée à l'extrême et n'est pas - comment dire - toujours pertinente, appliquée à la vie réelle. Je ne vous ferai pas de mystère que j'ai peu d'affinités avec Sartre, avec Heidegger non plus d'ailleurs. L'existentialisme, de l'un ou de l'autre, est une théorie datée, avec beaucoup d'arrières-pensées politiques et sociales, ce qui peut être rhédibitoire quand on connaît les engagements du couple Beauvoir-Sartre d'une part, et l'absence d'engagement total de Martin Heidegger d'autre par. J'arrête là la dissertation philosophique, mon avis n'est pas nécessairement autorisé (je n'ai pas claqué la porte de la fac pour rien).
La dernière contribution de Rimegan me plaît beaucoup, parce qu'elle me renvoie à une autre école philosophique, qui a connu une postérité ininterrompue sous diverses formes jusqu'à aujourd'hui. Je veux parler du stoïcisme.
Le message sur l'espoir est essentiel, bien que difficile à saisir sans avoir un peu vécu. Et il est simple: il y a des choses auxquelles on peut quelque chose, et il y en a auxquelles on ne peut rien. Ne vous tourmentez pas de ce qui ne dépend pas de vous, car JUSTEMENT vous n'avez aucune action sur ces choses. Concentrez vous sur ce que vous pouvez faire; la définition de la liberté est là intéressante; elle a presque une existence propre chez Sartre, elle est une force. Chez les stoïciens, c'est différent: la liberté, c'est ce que vous POUVEZ faire, une fois que vous avez éliminé ce à quoi vous ne pouvez rien.
Appliqué aux rapports sociaux, et à la séduction, la relation est vite faite. Quand vous tentez de séduire une femme, il y a des choses qui dépendent de vous, et certaines qui ne dépendent pas de vous. Vous avez une maîtrise limitée des circonstances de la rencontre; vous avez une action restreinte sur l'environnement; et même si vous avez un game très évolué, il vous sera très difficile de gamer la dame si votre tête ne lui revient pas, tout simplement. Bien sûr, un PUA expérimenté saura réduire au maximum la probabilité d'un rejet instinctif; et là c'est en agissant sur les paramètres qui dépendent de lui, justement.
Et l'espoir, dans tout ça? J'ai envie d'ajouter que la vision stoïcienne cède la place à la vision épicurienne. Car tout est question de temps. Et on peut voir qu'il n'y a pas un, mais plusieurs espoirs, dépendant des individus et des situations.
Le fameux précepte "carpe diem" nous dit quoi? A peu près ce que certains ont dit dans ce fil: il faut vivre au présent; se laisser ronger par le passé est inutile, ce qui est fait est fait. Se projeter dans l'avenir (comme dans le post initial du fil), c'est oublier que c'est maintenant qu'on le prépare. Les stoïciens et les épicuriens se rejoignent ici en filigranne: pour être heureux, il faut vivre ici et maintenant, pas par rapport à ou en vue de.
Donc l'espoir, dans le sens de "tirer des plans sur la comète", est en effet à exclure. Mais il ne faut pas pour autant être désespéré. Ce serait extrêmement stupide, et totalement inapproprié. Car le désespoir, c'est encore une fois s'enfermer dans l'avenir terrible, alors qu'il ne s'est même pas encore produit.
L'espoir, vous en avez quand vous abordez la jolie blonde HB9 dans la rue, parce qu'elle a un beau sourire, et que vous pensez avoir vos chances. Vous n'êtes pas nécessairement prisonniers du passé et encore moins de l'avenir. C'est juste que vous avez compris que:
1- Vous avez vos chances, et
2- Vous n'avez rien à perdre.
Le désespoir ou l'espoir radical, c'est un truc d'AFC (c'est un rAFC qui vous le dit). Mais il reste des dynamiques de vie: le désir, l'anticipation, les projets, etc... qui sont une autre forme d'espoir. Nous sommes des être humains, c'est à dire des animaux évolués, capables de nous inscrire dans le temps. Nous pouvons nous y inscrire sans en être prisonniers.
Donc n'abandonnez pas l'espoir, ne soyez pas désespéré. Il n'y a que les dépressifs ou les condamnés à mort attachés au poteau pour être réellement désespérés. Je dirais plutôt: soyez judicieux dans votre façon de vous représenter votre avenir, à court ou long terme.