Je me sens infiniment plus libre dans ma sociabilité sous toutes ses formes en étant célibataire, et comme je le dis souvent
C'est justement un des reproches qui est souvent reproché le plus aux célibataires. "ah mais tu as de la chance toi, tu peux faire ce que tu veux ... Tu es libre."
En fait, ça oscille entre les deux :
- soit, il est projeté sur le célibataire un pseudo désespoir (ce qui relève deux choses à mon avis ; d'abord que la majorité des gens sont incapables de voir le monde qui les entoure en prenant un peu de recul par rapport à leur situation personnelle, ils ne font que projeter leur vécu, persuadé que tout le monde est pareil ; ensuite une insécurité personnelle, un besoin de se rassurer personnellement sur le fait du bienfondé de son choix personnel de vivre en couple, et donc un besoin de rabaisser tout ce qui ne vient pas corroborer celui-ci dans son environnement )
- soit il est projeté (reproché) sur le célibataire un égoisme, un attachement trop important à SA liberté ( ce qui peut relèver à mon avis une certaine jalousie, voir même une certaine agressivité, qui chercherait à faire rentrer dans le monde dans la norme, et rejeter tout ce qui n'y rentre pas, car potentiellement dangereux pour l'équilibre de tous ... mais peut relever aussi simplement un constat qui peut être vrai parfois ...)
J'ai moi aussi toujours un espèce de mélange entre un peu de méfiance vis-à-vis de ces études sociologiques (car je me dis, comment peut on être sûr de leur fiabilité, est ce que les gens disent vraiment la vérité, si ils disent vraiment la vérité, est-ce que ce qu'ils pensent dans l'idéal (leur raison) correspond vraiment à ce qu'ils vivent (et là intervient beaucoup que la raison, les émotions, le vécu dont les gens n'ont pas forcément conscience en totalité ...) et un grand intérêt pour celle-ci car ça permet de prendre de la hauteur, de rationnaliser ce qui n'est qu'un vécu personnel au début, et donc qui peut être faux, car la simple projection de son vécu personnel est souvent faux ...
Je m'interroge, suite à cet article, sur le fait :
"Les femmes à haut poste de responsabilité ont de l'autorité sur leur équipe, il n'empêche que dans la vie intime, elle recherche de nouveau la polarité dans la relation, que les hommes prennent des initiatives."
Mon vécu personnel m'a fait observé autour de moi des couples ( de plus de 10 ans ...) ou les femmes sont très indépendantes, avec des postes de cadre, voir des postes à haut niveau hierarchique, et A L ' EXTERIEUR ( je mets ça en gros, car c'est important ), c'est elles tiennent
"la culotte" dans le ménage, c'est elles qui prennent toutes les décisions, c'est elles, la chef dit autrement, et l'homme qui obéit.
Je dis à l'extérieur, tellement je sais qu'il peut y avoir une dichotomie chez certaines personnes, entre ce qu'on a envie de montrer à l'extérieur (du couple), et ce qu'on a envie de vivre réellement à l'intérieur, si bien qu'on en finit par brouiller volontairement les cartes à l'extérieur, et qu'analyser ça de l'extérieur devient très bancal.
Je m'interroge aussi sur la jalousie. Peut t'on différencier ça de la possessivité, peut t'on différencier ça de rapport de force qui se joue en sous main ... Je sais pas.
Je pense que dans tous les couples que j'ai vu, il y a un besoin de polarisation masculin/féminin qui apparait, même chez les couples cités plus haut, ou c'est la femme qui tient la culotte. Mais, si le besoin de polarisation se fait, il ne s'exprime pas sur les mêmes signes.
Par exemple, si la femme détient l'autorité, le pouvoir de décision, elle peut retrouver la polarisation sur un autre critère, et choisir un homme physiquement très masculin, gaillard, fort, grand, ou bien tres "bricoleur". La polarisation se fera toujours, mais différemment, au final.
J'ai l'impression que maintenant, le temps ou existait UNE norme avec UN repère pour tout le monde est fini ; et que maintenant, nous entrons dans une ère ou cohabiteront une multitude de norme avec LEURS PROPRES repères chacuns, chacuns cohabitant de façon parallèle ... Que cette donnée entraine une certaine insécurité générale, difficile à gérer ... Comme si maintenant, il n'y avait pas un modèle pour vivre, mais un empilement de modèles différents, parfois contradictoires les uns par rapport aux autres, chacuns projetant leurs codes, leurs propres normes, leurs valeurs, de façon diffuse, partout en même temps ...
Comme chacun peut créer la polarité comme il l'entend, en la fixant davantage sur les signes qu'il a choisi, ça donne une très grande liberté, et en même temps beaucoup de pommés, de gens perdus, désemparés ...
L'exclusivité amoureuse, j'ai l'impression, fait partie aussi de ça; elle peut appartenir à un modèle, comme être en contradiction avec un autre modèle; ces deux modèles qui cohabitent en même temps, projètent en même temps dans notre environnement leurs valeurs, leur code, leur norme ... Et au milieu, beaucoup de gens qui ne sont pas encore adaptés à cette multitude, qui sont pommés, car ils ne savent pas vraiment, sinon confusément ce qu'ils veulent; qu'ils n'ont pas les moyens de rester stable sur leur patte en choisissant fermement LEUR modèle qui leur convient, sans être perturbé trop fortement par les modèles contradictoires qui existent autour d'eux ...
Cet état de fait va imposer aux gens de devenir beaucoup plus tolérent qu'ils ne l'étaient jusqu'à maintenant. Leur imposer d'être suffisamment stable sur ses propres choix pour ne pas se sentir attaqué ou déstabilisé par le fait de côtoyer et d'accepter quelqu'un qui a fait des choix de vie différent, avec un modèle différent. Sinon, les gens s'enfermeront dans une espèce de micro-communauté rassurante pour eux, ou tous partageront le même modèle ...
D'ailleurs, j'aime bien le fait que Frenchkiss, je ne sais plus trop dans quel topic, avait remis en question cette notion de "communauté de la séduction", parce que ça peut devenir ça pour certains ; une communauté restreinte et rassurante, car fermée sur elle-même, de gens partageant le même modèle . Or, ce ne doit pas être ça, mais plutot des lieu qui permettent aux gens de retrouver qui ils sont, et leur donner les clefs pour stabiliser cette identité et les moyens de l'assumer au quotidien...