Carnet 3.
Après des jours restée enfermée à écrire ce foutu rapport universitaire, dont l’un sur le milieu gangréné du journalisme où j’ai fais mon stage… Je m’accorde une pause avant d’attaquer mon mémoire. (D’ailleurs, si parmi vous certains sont bouddhistes ou connaissent des bouddhistes en occident, j’ai besoin d’entrevues ☺).
Z, la beauté latina
Ce soir, je sortirais donc avec ma bande d’amis, 100% de mecs. Ca me manque d’avoir une copine et des discussions féminines. Dans cette bande, Blues est présent. D’ailleurs je pense que ce surnom ne le représente plus très bien. Il a évolué. C’est mon ami AFC en changement, qui depuis peu, s’est entiché de cette copine à moi, d’amérique latine.
Elle est jolie. Carrément b…belle je dirais même. La dernière fois, elle était en jogging, mais tous les regards étaient rivés sur elle. J’ai abordé un mec pour prendre la température : mirroir, mon beau mirroir, suis-je la plus belle ? « Euuuuh, viens, on va voir ta copine ! ». Tu te sers de moi pour que je te crée le coup ? Va te faire foutre.
To-night
Cette fois, j’ai mis ma robe blanche raisonnablement courte, galbante à souhait, et moulante en général. Pas de soutient gorge, un léger maquillage qui fait un peu « mille-et-une nuits », un débardeur par dessus la robe sans bretelles : avec un dos-presque-nu, juste caché par des broderies orientales. Aucun talons. Cheveux attachés. Sexy, mais qui dit « tu ne vois qu’à moitié combien je peux l’être ;) »
Blues m’assure que cette fois les regards se font à la verticale, non pas à l’horizontale. (Ok, pour les moins imaginatifs… l’horizontal se situe sur l’environnement et donc les filles autour de moi, moi inclue. Le vertical, c’est juste moi, de haut en bas). Je suis joyeuse, mais calme. Pas vraiment l’esprit aguicheur.
BAR #1.
Nidwazo, & nos potes : La blonde là-bas te fixe.
Blues : Pas du tout.
Nous : On te paye une bière si tu vas lui parler.
( bla bla. Non. Non. Si tu fais ça je te tue. Non. Bref, voilà à quoi ressemblait les 15 minutes d’échanges suivantes )
Avant de quitter le bar, je fais mine de chercher une cigarette. « Allez devant moi ». Je vais voir la blonde.
Nidwazo : Salut les filles. J’ai remarqué que tu regardais mon ami. Il te trouvais jolie, mais il est timide. Il te plaisait je crois ?
Blonde : Ah non. Pas du tout.
Nidwazo :

Ok. Bonne soirée !
Pas content du tout Blues. J’ai été nulle ! J’avais déjà l’alcool un peu joyeux et je me suis lancée de manière irréfléchie. Je pensais intéressant de retranscrire l’échange, c’est une des premières fois où je suis confrontée aux réactions féminines en séduction, en étant "actrice". La première fois que j’aborde une inconnue pour un pote. La première fois que je fais la wing dans l’inconnuE.
BAR #2.
Je manque de cigarette. Je ne laisse pas finir la phrase de mes potes qui me sermonnent encore sur ma manie parasitaire à leur taxer tout et n’importe quoi. Il y a deux fumeurs devant moi, j’ai même pas pris le temps de regarder à quoi ils ressemblent, je voulais fumer, j’y vais.
L’un d’eux me file une cigarette, il a un très grand sourire, avec un goût de timidité, une pincée d’expression impressionnée, et un zeste d’homme mystérieux. Je lui parle avec le ton « on se parle sans ambiguïté, comme si on attendait le bus ensemble ou qu’on jouait aux échecs comme des petits vieux. » Ca marche. Ca fait contraste avec ma tenue assez suggestive.
Ce qu’on a échangé n’a rien d’intéressant. C’est la façon dont on échangeait. Le ton était agréable, même excitant. "On sait qu'on se plait".
Ah, c’est le serveur du bar.
Serveur : tu vas aussi me demander du feu ?
Nidwazo : j’en ai !... Mais tu vois à quel point mon sac de fille est rempli à rabord.
Blabla.
Nidwazo : C’est difficile d’être serveur, d’être tout le temps décalé et courir à droite à gauche, non ?
Serveur : C’est pour la transition on va dire. Mais sinon, je cherche un vrai job.
Nidwazo : Haha. Un vrai job. C’est quoi un vrai job alors dans ton cas ?
Blabla. J’ai oublié. Ca craint.
Serveur : Et toi ? Tu fais quoi dans la vie ?
Nidwazo : *j'affiche une expression à demi blasée pendant une seconde. Pas pu la retenir.* Etudiante en...
(Il a fait retomber la tension… Question bâteau, ennui. J'avais pas envie de répondre une bêtise comme il faudrait peut-être. Faut que je trouve une autre parade.)
Serveur : Bon, je te dis à tout à l’heure, c’est la fin de ma pause *grand sourire suggestif*
Nidwazo : Haaa. Ok. A toute.
Ce bar est super, des lampions partout, spacieux, une terrasse en bois, perdue justement dans les bois donc un décors agréable et naturel… Et d’autres amis qui arrivent.
Je retrouve Les deux R, immigrés d’amérique latine. En fait, l’un est l’oncle de Z, la fille d’amérique latine que mon pote Blues idolâtre. Ils ont bien 15 ans de plus que moi mais aucune importance. Cette fois, ils ont ramené un autre pote à eux, de République dominicaine, H.
H, c’est un peu comme un paquet de bonbon qu’on va cacher dans sa chambre pour le manger le soir. Un désir enfantin et coquin.
Mais H, c’est aussi le stéréotype du latino avec la culture US, qui met les blancs au défi de le stigmatiser. Il ne parle pas français, il comprend un peu. Pas de chance pour lui, je parle espagnol et j’ai très bien compris son idiome salace quand il me regarde de haut en bas « tu es si légère qu’on peut te porter dans tous l’appartement ».
Je feints l’incompréhension pour qu’il m’explique, et qu’il se rende compte qu’il n’assume pas de tels propos, et lui offre une deuxième chance pour me respecter.
H : C’est ça le problème avec les françaises. Si je te siffle dans la rue, tu vas dire quoi ?
N : Rien. Mais ça me fait penser que je suis un animal à tes yeux.
H : Et voilà ! Tu vois ? (en demandant l’approbation des deux R)
N : Ok. Mais je dois avouer que personnellement j’agirai peut-être différemment. Je serai flattée au fond.
Bref, j’ai autre chose à faire, comme d’habitude je me comporte en social butterfly et je vais voir à droite, à gauche, mes amis, des potes, des connaissances, ou des inconnus.
H : Tu prends une bière ?
N : Ouais ☺
H : Mais ça ferme…
N : Ha zut ! Ca ferme déjà ?
Je ne vais pas foncer pour H. D'abord, il faut que j'entame un long processus avec ce mec. Il est inintéressant de le suivre ce soir, tout est trop superficiel. Il faut d'abord que je casse la propre image qu'il a de lui "le killer". Au fond, il n'a rien compris aux femmes, et il le sait quand je le regarde: Je n'ai pas peur de lui, et ses tatouages, ses regards machos latinos ne sont qu'une image. Si jamais je suis amenée à le revoir, j'essaierai de m'en faire un pote. Ca sera plus simple, il y a une différence culturelle donc forcément nous aurons un milliers de conversations à avoir, de découverte et il sera facile de casser cette barrière superficielle qu'il édifie pour se protéger.
Et une fois qu'il aura du respect pour lui, et pour moi, à ce moment là seulement... ça se révélera intéressant. Mais je doute d'être amenée à le revoir.
Je me rappelle alors du serveur. Et toutes les lourdes allusions, les moqueries de mes potes, « il est canon », « t’as pas tapé dans le plus moche », « Nidwazo est repartie telle qu’on la connaît ». J’ai beau dire que non, que rien, que je m’en fiche. Ce qui est vrai… j’étais vraiment juste venue pour une clope, et j’ai parlé avec lui sans aucun but... Je dois avouer que l’effet que je lui faisais me plaisait. Je ne le trouve pas à tomber par terre, ce qui m'importe c'est juste la connexion qu'on avait.
Je vais donc prendre une dernière bière. Deux de mes potes me suivent : un AFC à qui je plais à qui je devais une bière, et un BON player qui connaît pas la communauté mais qui est naturellement fais pour ça, D.
Blues est derrière moi. Il me presse pour partir.
N : Mais, le serveur ne m’a même pas demandé mon numéro. Il m’a juste fais un sourire et dis « oh, c’est toi

» au bar.
Blues : Eh ben vas-y.
N : Non.
Blues : Vas-y !
N : Ok.
D est en train de commander et d’attendre sa bière, devant une horde de personnes accoudées qui se bat pour garder sa place au bar. J’arrive comme une fleur, je m'accoude de manière un peu séduisante. D appelle le serveur qui ne répond pas. Quand enfin il arrive à l’avoir, je lui coupe presque la parole.
D : Ouais, je veux une bière steup…
N : … Dis-moi ?
Serveur : Oui ?
N : (en prenant exactement le même ton que quand on demande « qu’est-ce que vous me conseilleriez sur la carte ? » naturellement) J’ai oublié de te demander ton numéro ?
Serveur *il bloque un moment, surpris, rougit* Oui.
*Il arrive et je lui tend mon bras*
N : J’ai la flemme de sortir mon téléphone. Tu as un stylo ?
Une fille au bar, et ses copines : NON mais je rêve !!! Est-ce qu’il est vraiment en train d’arriver ce que je crois qu’il arrive ?
D : Non mais c’est TROP facile. C’est trop facile quand t’es une fille, ça m’énerve.
N : *grand sourire, pendant que le serveur lance un petit rire gêné en écrivant son numéro sur mon avant bras* Bah non. J’ai demandé, voilà.
Je regarde autour de moi, les gens ont l’air un peu surpris et excités. Quoi ?
Je décroche un grand sourire, et je m’en vais comme une fleur.
Je déteste écrire des textos, réfléchir à quoi mettre… Je lui envoie un texto deux heures après, « Coucou, c’est nidwazo. Tu es rentré ? »
Il répondra le lendemain, « on devrait toujours avoir un chargeur sur soi ! Je n’étais pas rentré. Tu es toujours sur *ville* ? ». Blabla, et oui, j’y suis toujours. J’attends encore sa réponse. Je pense que ça ne mènera pas plus loin, sinon il aurait répondu assez rapidement.
Quel enseignement je dois tirer de cette expérience...?
Il suffit de demander ?
Une fille peut aborder / devrait s’abstenir et laisser le mec agir ? Au risque qu’il ne fasse rien.
Laisse tomber les serveurs ?
Les textos c’est énervant, il faut se démerder pour obtenir un moyen de se revoir sans s’échanger les numéros ?
Il faut prendre plus de temps pour échanger sinon il n’y a aucun intérêt à se revoir ?
A proscrire : la petite robe blanche galbante ?
Bref. Pour répondre à tout ça, il me faut le fin mot de l’histoire, donc, savoir si c’est un échec camouflé, ou un triomphe.
EDIT : Voilà sa réponse -
"Hello! L'after a vraiment débordé en fait, même pas le temps de souffler et me revoilà derrière le bar ;)"
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Option A : Je laisse tomber. J'aime pas me prendre la tête avec les textos et les échanges virtuels à moins de vivre vraiment à distance, c'est non.
Option B : Je joue le jeu, j'envoie des textos, je me prépare à un millions de plans "ah désolé je vais me coucher" "ah c'est marrant parce que moi je me lève, maintenant

" (il est serveur - je suis en mode étudiante dont l'isolement social l'a conduite à devenir sauvage ou presque (j'exagèèère. un peu.)). Mais j'essaie.