Citeriae a écrit :
Je recadre donc le fond de se topic : je souhaiterai surtout connaître l'évolution pour ceux qui on connu ça/ pour ceux qui on connu des gens avec ce problème...
De ce que je me souviens de mon adolescence et de mon entrée dans l'âge adulte, ce qui m'a permis de prendre confiance en moi ça a été de de
relativiser et lâcher prise
Je ne sais pas si ça peut marcher avec tout le monde. Il faut peut-être avoir mon amour pour la philosophie et les idées compliquées...
Disons que le lâcher prise comme je l'entends, c'est de carrément mettre ta confiance en toi en dehors de ta vie amoureuse. Je m'explique:
I)
Fantasme et réalité
A)
Fantasme: le mensonge de la confiance en soi
* Pour le moment tu veux avoir confiance en toi pour améliorer ta vie amoureuse. ça me paraît perdu d'avance parce que tu prends le problème par le mauvais bout. En fait tu veux juste améliorer un élément du problème pour régler le problème, mais ça ne fonctionne pas comme ça.
Si je reformule ça va donner ça:
- problème: mon manque de confiance en moi pourrit ma vie amoureuse.
- Solution: augmenter ma confiance en moi.
ça a l'air logique mais en fait ta confiance en toi va rester liée à ta vie amoureuse. A ton avis, que va devenir ta confiance en toi quand tu subiras des déceptions amoureuses?
--> Elle va s'effondrer, et toi avec. De quoi tourner en rond
ad vitam aeternam
C'est normal, ça plombe notre confiance de se prendre un râteau ou de se faire plaquer. Mais si notre confiance en nous se situe en dehors de notre vie amoureuse elle est moins atteinte. De même, si notre capacité à rencontrer, draguer, vivre à deux ne repose pas uniquement sur notre confiance en nous, on arrive mieux à "se bouger le cul", "aller de l'avant" et tout et tout.
* Je vais le redire autrement: imaginons une fille qui est accro au PMU. ça l'obsède et elle y perd un paquet de pognon. C'est un problème. Si elle est convaincue que la solution c'est se débrouiller pour gagner plus souvent, elle se trompe. Son addiction restera toujours là, et elle finira toujours par perdre gros, c'est statistiquement inévitable.
La solution n'est pas de mieux jouer, c'est d'arrêter de jouer tout simplement. Arrête de jouer avec ta confiance, de la mettre sur le tapis à tout bout de champ. Tu t'épuises toute seule.
* En fait le manque de confiance en soi est un problème dont tout le monde a conscience, mais personne n'a conscience d'un autre problème parallèle:
Nous avons trop besoin d'avoir confiance en nous.
C'est pour ça que j'ai évoqué l'exemple de l'addiction au jeu: nous sommes drogués à la confiance.
C'est une névrose de masse. On nous rebat les oreilles avec la confiance. Les films, séries télé, les articles de presse nous bassinent avec des personnages, réels ou fictifs qui sont bourrés de confiance. On met en scène la chute dramatique de héros malheureux qui manquent de confiance en eux. Le business de l'amélioration personnelle prend le relai en nous proposant mille méthodes pour booster notre confiance. Même sur FTS on parle beaucoup de confiance.
Tout le monde est de bonne foi parce que c'est important d'avoir confiance en soi. Simplement, il y a un moment où le serpent se mord la queue et où la confiance en soi prend trop d'importance dans l'inconscient collectif et dans l'esprit de chacun.
Je te propose de découvrir une autre vérité en lâchant prise,
en mettant ta confiance en toi tout simplement à la marge de ta vie amoureuse.
Ton problème n'est pas ton manque de confiance en toi. ça serait un problème si aucun mec ne voulait de toi. A partir du moment où ils viennent vers toi et où tu sors avec, pour un soir ou pour plus longtemps, c'est gagné, il ne reste plus qu'à profiter de l'instant présent. Mais d'après ce que tu nous racontes, l'instant présent c'est ta confiance en toi, seule sur une scène et sous le feu des projecteurs, et toi qui dis au garçon "allez, monte sur scène, ma confiance en moi et toi vous allez faire une petite représentation de théâtre d'improvisation."
Tu voudrais que le jeu d'acteur entre le garçon et ta confiance soit réussi, façon bradway, malheureusement à chaque fois ça tourne au drame mal ficelé, mais c'était faux à la base, c'est toi qui devrait être sur le devant de la scène, pas ta confiance.
On est nombreux à faire cette erreur, on met notre ego en avant, c'est idiot. Notre ego ce n'est pas nous. Ta confiance en toi ce n'est pas toi. Ce n'est pas ton identité, tu as bien d'autres facettes !
Regarde toi dans un miroir: un corps, un esprit, des talents, un passé, un avenir, pourquoi vouloir enfermer tout ça dans la minuscule boîte de la confiance?
Ah oui et il y a aussi ce romantisme omniprésent qui nous fait croire que seule notre vie amoureuse peut donner un sens à notre existence. N'importe quoi. Mais on sort du sujet, je le dis juste pour mémoire.
B)
Réalité: les aventures de Terrigan, gentil petit ange rêveur expulsé à coup de pied au cul du monde des bisounours
Tout ça parce qu'il a eu l'ambition futile de cartonner dans son sport favori. Tsss...
* Toi qui souhaiterais connaître l'évolution de ceux qui ont souffert d'un manque de confiance en eux, sache que quand j'étais gamin je manquais cruellement de confiance en moi. Or, mon éducation et le hasard du choix de mes loisirs ont fait que je me suis construit à la fois comme un sportif et un intellectuel.
* Entre parenthèse, je souhaite ça à tout le monde. J'ai de la pitié pour tous ces ados qui se construisent un personnage de glandeur-fêtard, avec leurs pauvres soirées bière, leurs joints coupés au pneu et leur vanité. Je souhaite à tout le monde d'être le plus possible
- Sportif
- Artiste
- Intellectuel
Tous les gens admirables que j'ai rencontrés avait développé un ou plusieurs de ces trois pilliers. Fin de la parenthèse.
* Revenons à mon enfance: le sport de compétition m'a projeté dans le réel. C'était inévitable. Impossible de me réfugier dans la rêverie car avec mon père on se levait le dimanche matin à 6h et on partait à l'autre bout de la banlieue pour me confronter aux adversaires sournois, aux arbitres neuneus, et aux sandwichs rassis qui nous niquaient les dents (et les mistrals gagnants)
J'étais mauvais. Tout petit, tout maigre, pas assez agile, pas assez guerrier. Mes seuls atouts étaient une rage d'y arriver sans limite et un sérieux sans faille de bon élève. Je m'entrainais bien et tout le monde me disais que ça finirait par payer.
Et donc, instinctivement, je me suis mis à faire le deuil de ma confiance en moi. Il s'avère que même si je n'avais pas cette divine assurance qui est vue par nous tous comme l'alpha et l'oméga sans lequel rien n'est possible, dans le feu de l'action j'étais tout de même combatif. On ne peut pas faire autrement dans la confrontation sportive. On ne peut pas demander un temps mort, aller voir l'adversaire et lui faire le genre de comédie que nous imposons trop souvent à nos amants. Pas moyen de faire ceci:
- "Ouiiiiin, je me sens nul, rassure-moi"
- "Tu dis que tu m'adores, mais je vois bien que n'en penses pas un traitre mot"
Etc, etc, etc...
Sérieux, tu t'imagines un sportif dire ça à son adversaire??? Ce serait tellement ridicule. Et pourtant on impose ce genre de conneries à l'autre, et on pousse l'indécence jusqu'à nous draper dans une dignité de façade comme si ce genre de comportements relevaient de notre droit le plus légitime. De la merde oui, dans quel délire égocentrique avons-nous rêvé que nous pouvons faire chier les gens qui nous aiment avec nos insécurités???
* Pour revenir au sport et pour en parler avec le jargon des entraîneurs, disons que les facteurs de la performance sont multiples. Evidemment ça se passe toujours mieux avec un mental en béton, mais il y a aussi, c'est évident des facteurs comme le physique, la technique, la ruse, la perception de l'adversaire et des éventuels équipiers, la connaissance des règles et le psychologie des arbitres, etc...
Si on pousse les investigations vers le mental, on s'aperçoit aussi que la confiance en soi n'est qu'une composante. Et c'est parti pour une nouvelle énumération: combativité, ténacité, lucidité, intelligence du jeu, créativité... Eh oui, un bon guerrier se doit AUSSI d'être créatif.
Alors tu sais dans tout ça la confiance en soi... De grâce, remettons la confiance en soi à sa place, je suis convaincu que ça ira mieux!
Il y a plein de jeunes compétiteurs qui ont un mental de biscotte. Tu appuies dessus, ça craque. Eh bien c'est comme ça, ils ont quand-même leurs chances parce que leurs adversaires avec un mental en béton ont d'autres failles, et à la longue ils se forgent un mental.
* Dans ma vie amoureuse il y a eu un moment où j'en ai eu marre de faire le geignard, de tendre le bâton et tout et tout. En tant que mec il faut se battre pour séduire, et donc tout seul comme un grand, (c'est à dire sans les bons conseils de Tonton FTS), j'ai commencé à fermer ma gueule sur mes insécurités. J'ai commencé à arrêter de dire aux filles que je me sentais tout vilain avec ma carrure de crevette, que je les trouvais trop bien pour moi, que j'étais prêt à vendre mon âme pour un malheureux petit baiser de leur part...
Je le pensais toujours, mais je ne le montrais plus. Question de fierté. Voilà encore un conseil qui me paraît utile et qu'on entend rarement:
apprends à fermer ta gueule.
II)
Conseils et observations pour les filles en général et Citeriae en particulier
A)
Quelques idées reçues trop répandues chez les filles
...Et qui n'aident pas. Mais alors pas du tout!
Mon conseil précédent, "apprends à tenir ta langue" (on va le dire comme ça à l'avenir, parce qu'à la relecture ça pique les yeux

) vient également de mon expérience personnelle, mais sous l'angle de ce que les filles m'ont
laissé voir collé dans la gueule montré.
Tu imagineras facilement que les problèmes de confiance en soi, je ne les ai pas uniquement expérimentés à mon niveau, j'ai également été confronté à ceux des filles que je rencontrais.
Il y a un gros piège dans la vision populaire de l'amour, c'est cette histoire de partage et de mecs qui doivent être rassurants. Le fait est que la plupart des filles considèrent que les hommes ont la mission sacrée de les rassurer, les valoriser, et blah blah pipeau.
De ce que j'ai vu, ça ne fonctionne pas, en tout cas pas quand on en abuse. ça nous a fait une génération de geignardes casse-pieds, d'emmerdeuses multi-récidivistes qui veulent tout et son contraire, et qui jouent aux apprentis sorciers avec la féminité et la masculinité. Un coup "je suis la meilleure et t'es trop naze", un coup "je suis une pauvre petite chose fragile, rassure-moi" à la longue c'est fatigant et ça tue l'amour.
Je ne compte plus le nombre de filles qui m'ont glissé perfidement des clichés du style: "pour moi un homme doit être fort et rassurant, il doit me faire sentir spécial". Le tout en prenant un verre, avant le moindre petit baiser, avec les gros appels de phare qui vont avec.
Désolé Mesdemoiselles, mais vous oubliez deux ou trois petits détails:
- Tout d'abord, fort ET rassurant ce n'est pas la même chose. Veuillez clarifier votre demande.
Boum
- Ensuite, c'est facile d'aligner les exigences comme si on enfilait des perles. Vous penseriez quoi d'un homme qui vous dirait de façon aussi prétentieuse que vous qu'il recherche une femme qui le traite comme un Dieu vivant et qui passe son temps à lui dire qu'il est le meilleur? Et pourtant vous le faites régulièrement, et oui oui, c'est ridicule.
Reboum
- Enfin, si vous voulez être spéciales à nos yeux, il serait bon de commencer par le mériter, et vous êtes mal parties quand vous parlez comme les gamines capricieuses avec des lieux communs qu'un scénariste de plus belle la vie n'oserait même pas mettre dans une ligne de dialogue.
Triple Boum
- Cadeau bonus: vous adoptez des postures qui laissent entendre que vous avez inventé l’éternel féminin. Encore une fois c'est prétentieux, et on en vient à se demander comment vous avez pu ne pas vous apercevoir qu'entre vous et Eve, pas mal de femmes se sont succédées.
Ultimate final Boum
C'est un vrai problème pour notre génération, notamment pour les hommes qui sont trop nombreux à se laisser impressionner par ce genre de discours, voire qui l'encouragent. Mais tu as de la chance car tu as vu le problème. C'est une chance énorme, comme quoi à quelque chose malheur est bon. En étant extrême tu t'es rendue compte que c'était une impasse. N'hésite pas à faire un petit coucou de la main à toutes ces filles qui vont passer leur vie à se bercer d'illusion.
Alors comme ça tu n'as aucune confiance en toi? Eh bien avant de booster ta confiance en toi, apprends à garder ce problème pour toi. C'est ton problème, ce n'est pas forcément le problème de ton mec. Forcément si tu passes ton temps à lui jeter à la face ton manque de confiance en toi, en réclamant d'être rassurée ou en faisant du sabotage, ça va devenir son problème, mais prends une pose dans ta lecture et pose-toi la question: est-ce que ça doit AUTOMATIQUEMENT devenir son problème?
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Tu as trouvé la réponse? Dans ce cas tu vas déjà mieux. Si tu suis mon conseil ta vie amoureuse ne va pas se débloquer d'un coup, mais au moins plus aucun mec ne te traitera de Drama Queen. J'ai cette ambition pour toi parce que je trouve ça trop triste.
Tu as bien vu que je trouve ça casse-pied et indécent de mettre ton manque de confiance en toi au centre des (d)ébats, mais c'est aussi imprudent. Franchement en amour, on n'est pas potes, alors autant ne pas faire étalage de ses points faibles. Quant à recycler son manque de confiance en soi en arme d'agression pour faire du sabotage, il n'y a rien de bon à en tirer, pas la peine de revenir là-dessus.
C'est vieux comme le monde: ne pas montrer sa peur. Les dresseurs de fauves le font, et notre ami Raphael Nadal le fait aussi. Lui qui est considéré comme un modèle de mental de gagneur avoue avoir peur de perdre avant chaque match. Évidemment il doit bien avoir ses petites recettes pour se transformer en la bête de combat qu'on connaît, mais comme ça à vue de nez je dirais qu'il commence plutôt par ne pas montrer sa peur.
B)
Faire la part des choses, lâcher prise
* En résumé, au lieu d'essayer de réparer ta confiance en toi, apprends à faire avec. Regarde tout ce que tu arrives à faire malgré ton manque de confiance en toi.
* Encore mieux, met ta confiance en toi en dehors de ta vie amoureuse. Sors-la de l'équation. Si comme moi tu es nulle en maths, tu peux au moins faire ça, et même si à la fin tu n'arrives pas à résoudre l'équation, ça fera toujours moins mal au crâne.
* Que ce soit dans la vie amoureuse ou ailleurs, mes compétitions sportives par exemple, nous sommes capables de nous dire: "je ne me sens pas à la hauteur mais je vais jouer ma chance jusqu'au bout." C'est à notre portée et c'est très puissant.
Comme j'en ai un peu marre de me prendre en exemple, pensons à Jacques Brel, cette bête de scène qui forçait l'admiration du public. Il était terrassé par le trac avant chaque concert. Il était verdâtre et il vomissait tripes et boyaux. Mais une fois sur scène c'était parti. La magie de l'instant présent.
* Même si tu sens nulle, pas aimable, tu peux profiter de chaque instant que tu passes avec un mec. Je sais, il y a les arrières pensées, les discussions qui changent la donne, les malentendus et toute cette merde qui fait que ça tourne souvent au vinaigre. Mais je maintiens que la bonne étape ce n'est pas de booster ta confiance en toi, c'est déjà de balayer devant ta porte. Tiens ta langue, tiens tes actes et profite de l'instant présent. Sois cool, même si tu trembles de peur.
* Sois convaincue que c'est ton problème, pas celui des mecs. Ne fais pas l'erreur grossière de leur coller ce problème sur les épaules. Retrouve la fierté de te dire: "c'est ma merde, je m'en occupe toute seule comme une grande. Je gère"
Si tu sens qu'un mec ne t'aime pas, ou pas suffisamment, accepte le. Tu peux rompre à n'importe quel moment, mais tant que tu es avec lui, profite du moment.
* A l'inverse, ne crois pas qu'une confiance en toi surboostée suffirait à rendre les hommes amoureux, à faire ta vie une succession ininterrompue de succès, ça ne fonctionne pas comme ça, c'est du fantasme. Les gens confiants se plantent aussi, ils se plantent juste moins souvent et surtout ils sont plus heureux. Tu peux être déjà plus heureuse tout de suite, et la confiance va venir.
***
* Petites précisions: en fait la communauté des players a pas mal réfléchi à cette question de confiance en soi et des américains ont sortie une théorie assez proche de ce que je dis. C'est le "fake it until you make it" L'idée c'est de faire semblant, d'avoir l'air, jusqu'à ce que ça finisse par venir de l'intérieur et devenir vrai. A force d'avoir l'air confiant on devient confiant pour de vrai.
Tout le monde se méfie de ce système parce qu'il est artificiel. En fait c'est la dernière étape, et c'est pour ça que ça ne marche pas souvent. Si on commence par là on fait des audaces de timide et on se décompose dès que ça commence à chauffer.
La vraie première étape c'est d'assumer son manque de confiance en soi et de faire les choses quand-même. On met la trouille de côté et on joue avec les autres ingrédients: la bonne humeur, l'écoute, l'humour, des vêtements sympa, une hygiène impeccable... On tient sa langue, on essaie de faire bonne figure, et ma foi, on verra bien ce qu'il se passera. Cool non?
Ce qu'il y a de magique c'est qu'à force les gens commencent à nous voir comme quelqu'un qui a confiance en soi. C'est une très bonne surprise. On avait mis le sujet de côté et les gens nous ouvrent les portes, nous renvoient du positif, et ça donne confiance en soi. Pour de vrai.
Puisqu'on parle de psychologie, j'ai le sentiment que plus on va écouter nos insécurités, plus on va être à vif par rapport à elles, plus notre inconscient va générer des actes manqués. Je ne suis sûr de rien, je ne dis surtout pas qu'il faut refouler les choses, mais qu'on peut faire la paix avec nos insécurités.
* ça fait des années que j'ai confiance en moi. En sport je suis allé jusqu'aux compétitions internationales, et en amour je suis allé jusqu'à certains matelas extrêmement moelleux.
Et je continue à ramer. Monde de merde...
Le trajet s'est passé comme ça à mon niveau, et je crois que tu peux faire le même trajet.
Amuse-toi bien.