Blusher a écrit :Encore ces capacités doivent-elles être présentes d'entrée de jeu, ce qui n'est pas systématiquement le cas pour chacun.
Il ne me semble pas qu'il faille nécessairement opposer l'analyse relationnelle et l'approche intuitive. Cette dernière n'est possible qu'à condition d'avoir intériorisé certains mécanismes, qu'on peut mieux comprendre par une approche analytique. Après, il est évident que l'analyse ne doit pas noyer le relationnel, faute de quoi on passe, comme tu le dis, à côté de tout le coeur du rapport humain.
Ce sont deux circuits neuronaux dont le fonctionnement est mutuellement exclusif.
Je t'avoue que je suis dubitatif sur ce point. Mais si t'as des éléments scientifiques qui vont dans ce sens, je serais intéressé pour en prendre connaissance.
J'ai, personnellement, tendance à croire une ou deux choses sur ce sujet (mais ça relève de l'impression, plus que du fait scientifique).
1/ Je crois que dans le relationnel, en réalité, toute personne fonctionne sur une part d'intuitif et sur une part d'analytique. On réagit tous intuitivement aux sollicitations relationnelles, mais il y a toujours un moment où on réfléchit rationnellement aux signaux/messages de l'autre -> approche analytique. Je pense que tout échange est fait d'un mélange des deux et que la part relative de chaque approche dépend essentiellement du mode de fonctionnement de chaque personne - certains fonctionnant de manière plus intuitive, certains de manière plus analytique, sans qu'un aspect ne prenne jamais totalement le dessus sur l'autre.
2/ Je crois aussi que dans tous les cas, il est illusoire de croire qu'une personne puisse, par sa volonté, substituer un mode de fonctionnement défini volontairement au mode de fonctionnement qui lui est naturel. Dans ce sens, je ne crois pas vraiment que le "gamer" passe de l'intuitif à l'analytique et devient ainsi mauvais par ce fait même. Je crois plutôt qu'il inibe son fonctionnement normal par un fonctionnement qui ne lui est pas naturel et que c'est là que se situe l'interférence, indépendamment même du fait de savoir si ce comportement relève de l'analytique ou de l'intuitif.
Qu'est-ce qu'intéragir analytiquement par opposition à intuitivement ? Ce n'est rien d'autre qu'intéragir en construisant un métadiscours du discours. Au lieu de réagir de manière intuitive - "comme on le sent ", on réfléchit aux données objectives de l'échange pour tenter de l'infléchir dans un sens ou dans l'autre.
C'est loin d'être inutile, d'avoir une telle approche, à condition qu'elle ne devienne pas dominante au point de tuer toute intéraction naturelle. Surtout, il me semble qu'une approche métadiscursive (j'espère que j'utilise ce mot dans un sens correct...) de l'échange permet d'améliorer ses manières d'échanger et de construire de nouvelles approches qui seront ensuite intériorisée - elles seront alors déployées de manière intuitive.
Je vais donner un exemple tout con, qui se situe totalement en dehors du plan de la séduction - ça permettra de dépassionner le sujet. La communication entre deux personnes, en cas de situation conflictuelle. Il se trouve que le comportement de la plupart des gens, en cas de formation d'une attitude agressive, est de fonctionner en miroir: face à l'agressivité, on devient soi-même agressif. Le ton monte, éventuellement dérape. Ça, c'est la réaction intuitive, "naturelle" à la plupart des gens.
Il y a pourtant d'autres approches possibles, mais pour les adopter, encore faut-il passer par une approche analytique -> analyse de la situation -> développement d'une réponse adaptée. Dans le cas de situation conflictuelle, ça peut être par exemple de remettre la discussion à plus tard, à tête reposée, ou d'exprimer son ressenti, ou encore détendre l'atmosphère par de l'ironie.
À force de s'imposer un comportement prédéfini analytiquement, on redéfinit son propre mode de fonctionnement naturel - intuitif - mais pour que cette évolution se fasse, une analyse rationnelle du mode d'échange est quand même nécessaire.
Le côté "creepy" du gamer mal dégrossi vient donc surtout du fait qu'il est dans cette phase de transition, entre deux modes de fonctionnement intuitifs, transition qui passe par une inadaptation entre son propre naturel et ce qu'il tente de faire.