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Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 26.05.17
par voucny
Ce long écrit m'évoque cette petite image :

Les choses sont ainsi faites dans la nature et donc dans nos vies, que lorsqu'il y a un vide (un manque, une faille), quelque chose vienne l'occuper, en tirer partie.
Non pas, d'ailleurs, parce que la nature a horreur du vide, comme on l'entend souvent, mais plutôt à mon avis parce que la nature aime remplir (nuance, nuance).

Et souvent, quelqu'un nous nuit parce qu'on est pas assez fort face à lui. On peut lui en vouloir d'être plus forts. Le mettre sous le joug de la morale (c'est pas bien de taper les petits). Espérer qu'il change. Bref s'acharner sur quelque chose qui ne dépend pas de nous.

Ou bien soi même bien occuper sa propre place, devenir plus fort.

(pour la définition de la force, c'est un autre sujet).

Et ce faisant, on finira sûrement par pardonner, qu'on le veuille ou non, comme dans les récits de vengeance.

Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 26.05.17
par Nonchalance
Le processus que tu décris voucny s'appelle l'acceptation.

Je ne suis pas toujours précis avec mes mots mais le pardon est une notion religieuse. Cela n'a rien à avoir avec le sentiment que tu décris après un processus d'acceptation.

Pardonner c'est comme le dit Mr.Smooth soit pour se sentir moralement supérieur, soit pour faire changer l'autre. Cela n'a rien avoir avec ne plus ressentir de colère ou faire un travail sur soi pour accepter le mal que l'on a subi. Le pardon est un acte. Pas un sentiment, ni une sensation. Et ce n'est pas un acte anodin.

Il n'y a pas besoin de pardon pour se libérer de la colère ou de la haine. Il n'y a pas besoin de pardon pour ne plus en vouloir à quelqu'un.

C'est parce que le pardon est un concept religieux que je ne veux pas en parler sur FTS, la notion dépasse largement le cadre d'une discussion sur une rupture et les arguments que je peux avancer sont lapidaires envers les religions.

Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 26.05.17
par Apheleia
Tout à fait d'accord, on peut séparer l'acte et le sentiment, par exemple :

Quelqu'un subit un mauvais coup, il pardonne dans les actes, il ne tient pas rigueur de la faute. Cependant il n'accepte pas encore, et possède encore le sentiment de vengeance malgré qu'il ait pardonné. (Peut-on alors dire qu'il se soumet ? Et s'il avait accepté par avant, est-ce que cela serait encore de la soumission ?)

En revanche...

Le pardon est une notion importante dans certaines croyances, qui est directement liée et définie dans ces mêmes croyances, à la transcendance, au sacré, au divin... Oui.

Mais pardonner, (dans le civil), c'est juste ne pas tenir rigueur d'une faute, par définition. C'est ne pas vouloir punir pour la faute, abandonner le désir de vengeance...

Et ça marchait avant que l'Homme n'acquiert le langage, ça marchait et marche encore dans le règne animal, ne serait-ce que dans l'éducation des enfants ou le jeu... Dans la vie de tous les jours.

Ce sont des pardons communs si j'ose dire. On passe certainement un palier qualitatif dans le pardon, lorsque la faute devient jugée lourde par la victime. Là ça va s'approcher d'un pardon transcendant, infini, divin, si tu veux Nonchalance. C'est un autre concept selon la croyance qui le définit...

Mais, tu peux parler de ta conception du pardon sans aborder la religion, et sans insinuer deux fois qu'on ne retrouve cette conception que dans la religion. La preuve, non ? (je dis ça car le pardon m'a beaucoup appris dans la vie et étant non-croyant je trouve ça dommage de le réduire comme cela.)

Après, pour te rejoindre, je suis d'accord qu'aborder le pardon sous un point de vue spirituel lui donne une dimension plus vaste.
Je ne suis pas toujours précis avec mes mots mais le pardon est une notion religieuse. [...) Pardonner c'est comme le dit Mr.Smooth soit pour se sentir moralement supérieur, soit pour faire changer l'autre.
Dans ce cas il faut aussi faire la distinction entre pardon et soumission, pour aussi rejoindre Onmyoj. Question de contexte, c'est complexe. Je pense que "pardonner pour se sentir moralement supérieur", c'est plutôt se faire croire qu'on est moralement supérieur dans la soumission réelle... Car lorsqu'on pardonne un ami avec le coeur, par exemple, j'espère que l'idée d'être moralement supérieur n'intervient pas. D'un autre côté, si tu subis une attaque physique et que tu pardonnes, c'est clair que dans ta tête il vaut mieux que tu te sentes supérieur... (ça évite le traumatisme ?)

Autrement, et pour en revenir à notre ami, justement, son pardon ne sera pas une soumission, au contraire.

On lui conseille de pardonner afin d'accepter et passer outre, afin de l'aider à se reconstruire. Lorsque notre ami se sentira plus en contrôle sur sa situation, le pardon, son acceptation, son nouveau départ, s'enclencheront de concert. Tout cela ne se fera bien entendu pas par séquences bien distinctes, mais le tout "lié" et de concert.

Il peut donc pardonner, par acte civil pour aider le reste à suivre, comme pour soutenir un engrenage composant d'une machine.

Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 27.05.17
par Perlambre
@Nonchalance : je n'envisageais pas le pardon sous l'angle religieux.
Accorder son pardon est un vrai travail sur soi, un choix. Je le vis comme une démarche apportant une nouvelle énergie à sa vie. Mais c'est vrai que certains ne peuvent pas pardonner, nous ne sommes pas égaux devant le pardon.

Il ne s'agit pas de refouler l'offense, de mettre un mouchoir sur sa colère. Un agresseur par exemple est coupable d'une faute et notre colère ou même haine sont bien réelles et doivent s'exprimer. En face à face si c'est possible et sinon avec des proches, un psy, par écrit. A chacun ses moyens.

Un pardon n'est efficace que si le (futur) pardonné ne peut plus nous nuire. Il faut donc impérativement mettre du champ entre soi et l'autre. Car comment envisager le pardon si l'offense ne cesse pas...

Par contre, il ne me viendrait jamais à l'idée de me mettre au niveau de la personne m'ayant blessée. Et encore moins d'adopter le "oeil pour oeil...". C'est une attitude qui m'apparaît comme manquer de noblesse. Et cela ne signifie pas se sentir supérieure mais différente.
Pour ce qui est de changer l'autre, nous savons bien que nous ne pouvons "changer" personne.
Quant à rester coincée dans des désirs de vengeance, c'est en définitive accorder bien trop d'intérêt à une personne avec qui par la force des choses, je n'ai plus rien à partager.
La force s'est justement de se redresser, de repartir, de se libérer.

Nous débordons de la situation de ChantePaul mais s'il veut avancer il devra d'une façon ou d'une autre sortir de sa colère et se pardonner d'avoir cru en une histoire possible avec la fille dont il parle.

Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 02.06.17
par Nonchalance
Se pardonner et pardonner aux autres ce n'est pas pareil.

Se pardonner c'est vital, après tout on a que soi et l'on est la seule personne chez qui notre influence, bonne ou mauvaise compte vraiment dans le sens où la culpabilité est un frein au développement de soi et l'on est obligé de s'en débarrasser pour avancer.

Pardonner aux autres peut être un danger et ça l'est plus souvent qu'il n'y parait. Pourquoi? Parce que le pardon de l'autre n'est pas nécessaire.

Si l'on est en état de faiblesse, supprimer de force sa colère ou son indignation pour pardonner, c'est se mettre en danger. Les mêmes erreurs peuvent alors se reproduire et la souffrance perdurer. Pour moi, la colère est un sentiment sain qui permet de se remettre en question et d'avancer, de voir ses erreurs comme celles de l'autre et de ne plus se laisser avoir par celles-ci. La colère peut et doit être dépassée mais il ne faut pas se forcer tant qu'elle n'a pas d'emprise sur nous. Si cette colère se transforme en haine, cela peut être dangereux mais ça veut aussi dire que l'on est toujours en position der faiblesse face à l'autre, que le danger réel ou imaginé n'a pas été dépassé. Ce n'est plus du ressort du pardon alors mais de la confrontation (une confrontation saine si possible mais de toute façon je pense que ChantePaul est très loin du cas de figure du haineux).

Si l'on est en état de force, le pardon ne sert à rien d'autre qu'à appuyer le fait que l'on est en état de force. Ça n'a pas d'intérêt. Une personne qui fait la démarche d'aller pardonner une autre personne qui ne lui a rien demandé pète plus haut que son cul selon moi. Si c'est l'autre personne qui cherche à être pardonnée par contre, en état de force ça ne coûte rien, la colère est déjà dépassée. Par contre en état de faiblesse, lorsque la colère est encore présente, que l'on a pas fait le chemin nécessaire, c'est se tirer une balle dans le pied que de pardonner.

Pour finir sur une note sarcastique, je ne crois tellement pas au pardon que quand on me demande mon pardon, je pardonne. Après tout, ce ne sont que des mots.

Re: Reconstruction après relation hautement toxique

Posté : 05.06.17
par ChantePaul
Merci pour votre implication à tous, c'est intéressant cette problématique du pardon, et finalement je me retrouve bien dans ce qu'à dit Nonchalance dans ce post :
Nonchalance a écrit :Se pardonner et pardonner aux autres ce n'est pas pareil.

Se pardonner c'est vital, après tout on a que soi et l'on est la seule personne chez qui notre influence, bonne ou mauvaise compte vraiment dans le sens où la culpabilité est un frein au développement de soi et l'on est obligé de s'en débarrasser pour avancer.

Pardonner aux autres peut être un danger et ça l'est plus souvent qu'il n'y parait. Pourquoi? Parce que le pardon de l'autre n'est pas nécessaire.

Si l'on est en état de faiblesse, supprimer de force sa colère ou son indignation pour pardonner, c'est se mettre en danger. Les mêmes erreurs peuvent alors se reproduire et la souffrance perdurer. Pour moi, la colère est un sentiment sain qui permet de se remettre en question et d'avancer, de voir ses erreurs comme celles de l'autre et de ne plus se laisser avoir par celles-ci. La colère peut et doit être dépassée mais il ne faut pas se forcer tant qu'elle n'a pas d'emprise sur nous. Si cette colère se transforme en haine, cela peut être dangereux mais ça veut aussi dire que l'on est toujours en position der faiblesse face à l'autre, que le danger réel ou imaginé n'a pas été dépassé. Ce n'est plus du ressort du pardon alors mais de la confrontation (une confrontation saine si possible mais de toute façon je pense que ChantePaul est très loin du cas de figure du haineux).

Si l'on est en état de force, le pardon ne sert à rien d'autre qu'à appuyer le fait que l'on est en état de force. Ça n'a pas d'intérêt. Une personne qui fait la démarche d'aller pardonner une autre personne qui ne lui a rien demandé pète plus haut que son cul selon moi. Si c'est l'autre personne qui cherche à être pardonnée par contre, en état de force ça ne coûte rien, la colère est déjà dépassée. Par contre en état de faiblesse, lorsque la colère est encore présente, que l'on a pas fait le chemin nécessaire, c'est se tirer une balle dans le pied que de pardonner.

Pour finir sur une note sarcastique, je ne crois tellement pas au pardon que quand on me demande mon pardon, je pardonne. Après tout, ce ne sont que des mots.
Et clairement j'ai fais l'erreur de me "forcer" à pardonner dans le but d'effacer la colère qui me pesait beaucoup trop.
Sauf qu'étant encore en position de faiblesse (dans ma tête) je suis retombé dans les mêmes travers et je suis retombé, le week-end passé, dans la frustration, le sentiment d'impuissance, l'incompréhension, le rejet de tout, la colère, la merde quoi.

J'ai l'impression quand même d'avoir déjà fait de grands pas, mais c'est horrible ces moments où t'as l'impression de ne pas avancer et de refaire toujours les mêmes connerie.

La petite boutade du jour, d'ici 2 semaines on fêtera mes 1 an de galère avec cette fille, champagne !