Voilà, le chapitre est terminé : j'ai tout fait foirer en faisant part de mes doutes et de mon incertitude. Elle a pris peur et a trouvé préférable d'annuler notre rendez-vous pour ne pas me laisser de faux espoirs. Pour elle c'était clair de toute façon : elle ne ressentirait que de l'amitié pour moi. C'est moi qui l'ai convaincue de passer une journée rien que tous les deux, parce que ça n'était jamais arrivé depuis que je la connais, et que je voulais prouver que je peux faire évoluer son regard. Finalement, j'ai eu un moment de doute, et je savais que je devais le garder pour moi, les risques qui étaient en jeu, mais je n'ai pas pu me retenir, c'est là toute l'absurdité de ce genre de sentiments, j'ai dit que j'avais peur que ça ne change rien entre nous. Ensuite, il était impossible de revenir en arrière, elle avait décidé qu'on ne devrait pas se voir. Et le pire, c'est qu'au final elle est persuadée que c'était le mieux à faire, et elle doit croire que plus tard je dirai : « En fait, elle avait raison, c'était la bonne décision, ne me laisser aucun espoir ». Mais moi je ne crois pas. Me retirer cette chance, c'est justement me faire espérer. Si j'avais pu avoir cette journée, qu'on la passe rien que nous deux, et que par la suite rien n'aurait changé, là j'aurais accepté. Je me serais dit que j'ai eu ma chance mais que je n'ai pas su la saisir. Là, j'ai juste le sentiment de n'avoir eu aucune occasion, et que même si c'était pour confirmer son amitié, elle aurait pu, et dû me permettre d'essayer, si justement elle voulait que j'arrête d'espérer inutilement. Mais je la comprends. C'est de ma faute, je le sais.
Eh bien bravo à tous ceux-là. Tous ceux-là qui avaient reconnu en mes choix les stupidités de leur « jeunesse », et qui se sont amusés de ma naïveté d'un regard confiant, n'attendant que de voir ces erreurs se répéter sous leurs yeux. Ils ont eu confiance en eux. Ils peuvent maintenant la renouveler et se dire : « j'ai eu raison ». Oui, vous aviez vu juste, alors bravo de l'avoir annoncé. Bravo aussi à ceux qui ont critiqué mon attitude vis-à-vis de mon amitié avec cette fille. Car aujourd'hui (même si je vous écrit assez tard) vous pouvez apprendre que j'ai coupé tous les ponts avec elle. Ma rancœur était trop grande. Ça y est, vous pouvez confirmer vos observations, et vous dire que finalement je n'étais pas un vrai, un bon ami, et puis pourquoi pas que je ne la méritais pas. Oui, bravo à vous également.
Quant à ceux qui m'ont sontenu, qui ont suivi cette sorte d'expédition en sachant peut-être qu'elle était suicidaire, mais en gardant un peu d'espoir en eux, bien qu'on puisse le trouver absurde ou naïf comme celui qui m'a fait tenir jusque-là (mais comme tout espoir, non ?) : vous n'avez certes pas annoncé une juste prédiction, une prédiction pessimiste et décourageante, en pariant sur ma défaite, vous n'avez pas non plus émis l'idée que je suis un bien ingrat ami sûrement à juste titre, mais vous avez fait bien mieux. Vous êtes sûrement un peu déçus, de la tournure des événements, et surtout de moi-même, mais vous avez eu cette foi, vous m'avez donné confiance en moi et vous m'avez aidé à croire. La chute en a peut-être été plus dure, mais le vol en a été beaucoup plus agréable. Il est facile de parier sur la défaite d'une voiture de course cabossée, avec une roue en moins et un moteur noyé, mais il est bien plus beau d'attendre la fin de la course en la supportant du mieux que l'on peut. Les autres ne font qu'encourager les voitures qui ont déjà gagné avant la course, est-ce que vous pensez qu'elles en ont besoin ? Il y a plus d'intérêt je trouve à soutenir les faibles, les fous, les naïfs, et même les idiots. C'est avec eux qu'on assiste aux vraies courses, celles qui donnent un sens aux paris, celles qui surprennent, celles qui ne se limitent pas à la ligne d'arrivée. Il ne peut bien plus rester qu'une carcasse après le départ, la voiture aura roulé du mieux qu'elle peut, et vous n'y serez pas pour rien, vous.
Pour finir, je dois avouer que je me sens revenu au même stade : avant de renter en troisième. C'est là que je l'ai vue à peine quelques heures, et que je ne l'ai plus oubliée, restant jusqu'en première sans la voir, avec deux ou trois messages envoyés mais souvent pas considérés. Elle était plus dans un coin de ma tête que dans un coin de mon cœur, mais elle était là, et j'attendais de la revoir. Elle revenue dans un coin de mon cœur, mais pas moi dans le sien. Elle retourne donc dans ce coin de ma tête, et je ne l'oublie pas. Je me dis qu'on verra bien. Je rentre en fac, mais je suis comme à cette post-quatrième.
Merci à tous ! Tout le meilleur pour vous ! Et pour tout le monde ! Il continue de tourner malgré tout, et nous avec
