Page 2 sur 2

Re: Philosophie adolescente et réseaux sociaux

Posté : 07.08.17
par Nonchalance
Moumane a écrit : Merci, Nonchalance, de ta réponse, mais est-ce que tu entends par là qu'il n'y a pas de valeurs importantes à respecter ? Il me semble que si l'on dit que rien n'a de sens dans l'absolu, cela implique que respecter quelqu'un n'a pas plus de sens que de se comporter comme une ordure avec lui.
Par ailleurs, je comprends plutôt bien l'idée que la vie est gratuite ou qu'il n'y a pas forcément de sens à chercher dans des événements négatifs qui nous tombent dessus sans dépendre de nous ; en revanche, il y a, il me semble, des manières d'agir qui ont plus ou moins de sens pour répondre à ce type d'événement.
Jusqu'à il y a peu, le respect c'était la peur du pouvoir d'autrui. Et c'est encore le cas dans beaucoup de sociétés et c'est encore le cas dans notre société au plus haut niveau.

L'être humain ne sait pas automatiquement être valeureux et respectueux. Il sait par contre automatiquement créer des règles pour que ce ne soit pas trop le bordel. D'où la variation des cultures et des croyances dans le monde: ce sont des variations d'interprétation sur ce que sont les meilleures règles pour régir le groupe.

Il ne faut pas le voir comme si je faisais une apologie de "tout se vaut". Par contre, quand on est plongé dans des structures données, il n'y a pas beaucoup de choix. Soit tu t'adaptes, soit tu es marginalisé. D'où le sens de mon post et celui de Mr.Smooth si je ne me trompes pas: il est contre productif de se battre contre ce qui est déjà établi en tant que personne lorsqu'il est plus rentable de s'adapter. Ça ne veut pas dire que tu adhères aux valeurs qui sont véhiculées, ça veut dire que tu es assez intelligent pour sortir ton épingle du jeu tout en gardant en tête que les règles que tu suis ne sont que des règles, pas un absolu à atteindre.

Bien sûr, il y a des contre exemples mais pour ça il faut soit avoir du pouvoir et/ou de l'argent, soit être martyrisé jusqu'au point où c'est tout ou rien et que tu n'as rien à perdre à essayer de changer les règles. Mais alors comme dans la fable de "la ferme des animaux" d'Orwell, les animaux se révoltent pour à la fin se comporter exactement comme leurs geôliers dont ils se sont débarrassés après la révolte.

La leçon étant quand on le transpose dans ce qui est écrit ici que peu importe ce qui régit les hommes. Les mécanismes qui créent les codes et qui les appuie sont originaires de la même matrice humaine, quelle que soit la société rêvée ou réalisée, il y aura toujours de la compétition, une élite, des dominants, des dominés... Et les changements qui nous sont proposés d'une société à une autre ne sont que des nuances de ce comportement animal pour obtenir un même résultat par des moyens différents: être au dessus de la masse, avoir le plus de ressources et le plus d'options sexuelles. Ce n'est pas parce que je me considère humaniste* que cette prise de conscience doit être occultée au profit d'une vision moins réaliste et plus idyllique, au contraire. Je suis bien content de vivre dans une "démocratie" et pas dans un régime totalitaire ou suppressif à la nord-coréenne ou à la chinoise.

*Bon nihiliste, puis cartésien et enfin humaniste mais enfin quand même.

Re: Philosophie adolescente et réseaux sociaux

Posté : 21.08.17
par Moumane
Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Je comprends ce que tu dis sans pour ressentir les choses exactement comme toi. Par exemple, je ne sais pas si être en position de domination (être au-dessus de la masse et avoir le plus possible d'options sexuelles) est véritablement le but que nous poursuivons tous dans nos interactions sociales. C'est une dimension qui existe et effectivement, c'est important de ne pas la nier, mais pour moi c'est seulement une dimension parmi d'autres. On peut aussi choisir d'orienter notre vie sociale (et notre vie tout court) d'une façon qui a du sens pour nous et qui nous satisfait pour cette raison même si cela ne nous place pas en position d'avoir une place centrale dans les groupes sociaux ou de disposer du plus grande nombre de ressources possible.
Tu me répondras peut-être que c'est aussi une façon de se placer au-dessus de la masse... peut-être, je ne sais pas ; quelque part, la façon dont on interprète la réalité est une décision, non ?

Sinon, bien sûr, oui, on baigne dans les normes et il est difficile de s'en défaire ou même peut-être d'en avoir conscience dans certains cas. Quant à la question de se soumettre aux normes sociales sans y adhérer pour autant, dans le but d'arriver à ses fins, oui, effectivement je comprends l'idée, mais je dois dire que pour moi cette façon de formuler les choses est un peu abstraite et que je ne suis pas sûre de voir à quels cas concrets tu penses en écrivant ça.
Pour ce qui est par exemple des réseaux sociaux dont il était au départ question dans ce sujet, je pense que l'on peut avoir une vie sociale plutôt épanouie sans être dessus, mais il est vrai qu'en agissant ainsi on se place de fait un peu en marge.

Je comprends cette idée des normes qui n'ont de sens que pour maintenir la cohésion du groupe, pour moi c'est déjà leur reconnaître un sens qui se suffit à lui-même. Par ailleurs, il est vrai que j'ai tendance à considérer que certains systèmes sont meilleurs que d'autres parce qu'ils respectent certaines valeurs comme par exemple la liberté individuelle, mais je ne sais pas si j'ai raison de voir les choses ainsi en me plaçant du côté de considérations quelque peu abstraites sur les valeurs ; peut-être que souligner simplement, comme tu le fais, que l'on préfère vivre dans un tel régime plutôt que dans un autre pour un certain nombre de raisons a quelque chose de plus modeste et de plus concret.

Une dernière chose qui me vient, c'est que oui, peu importe peut-être comme tu dis, mais en même temps il me semble que le propre des cultures humaines est justement de chercher à donner du sens, à la vie, aux règles sociales, à nos actions... d'où le fait d'habiller les règles qui servent peut-être avant tout au maintien du groupe de considérations sur des valeurs censées avoir un sens dans l'absolu.