FTS

Le Mojo

Après ma soirée avec Wing, c'est penaud et fatigué que je me rend à l'anniversaire de la copine de mon ancien collègue, le Français qui s'est fait viré. Je rejoins Mac le player sur le chemin, on a pris des fleurs et des bières, on sait pas trop à quoi s'attendre. Je présente mon pote, quand même, je l'ai jamais fais dans mon journal.

Jerem
Fraichement licencié, j'ai au début sympathisé avec lui en jouant au babyfoot au boulot. Un authentique BG, et j'admet rarement ça je crois. On a fait plusieurs soirées, je crois qu'il admire et respecte mon gout pour la littérature, c'est assez rare. Mais le type semble un peu borderline. Il a connu la drogue, les squats, il a vécu partout. C'est pas le banquier de base.

On trouve l'appartement, on sonne. Et là, blam, vive la France et, Oldboy, bienvenue hors de ta zone de confort. Une vingtaine de personnes sont déjà là, presque tous des amis français à Jerem. Je fais 1m78, je suis limite le plus petit, ça doit être la potion magique. Même les filles sont plus grandes que moi, d'immenses créatures braillardes, tatouées, moulées de cuir. Il y a des guitares, des banjos, tous en jouent et bien mieux que moi. Je suis dans un monde totalement inconnu, je suis hors de ma zone de confort. Mac aussi, je le vois. Alors on picole.
Je parle aux gens, je cherche les plus destroy du lot. Je les trouves.

Un mec de Lyon, une fille de Monpellier, un type de Grenoble, le parfait sosie de François Damien. On discute, on picole. Sérieux, au début, ça parle des avantages comparés de la Suisse et de la France. Mais j'apprend vite que ces 3 personnes ont vécues ensemble aux 4 coins du monde, dans des squats. Ils ont baisé tous ensemble, galéré tous ensemble, Jerem est un peu l'intello de la bande, le type qui a réussi ses études en Finance et tout.
D'autres gens arrivent. Une blonde diaphane de passé 1m80 avec un jean en cuir et les bras tatoués, un docteur en droit de Turquie qui fait du Banjo, un géant blond, gravure de mode, qui surf pour de l'argent sur les vagues d’Australie et du Portugal. Je suis à l'aise, je joue de mon humour, je fais rire tout le monde. Je fais même un peu de guitare.

Je suis cerné par des gens extravertis, ayant des vies hors normes, sûr d'eux, Alpha. Jadis, ça me faisait peur je crois. Je me sens bien. Je m'amuse, vraiment. Il est trop tard pour le karaoke, on bouge dans une boite rock.

Mon pote le player Stef nous rejoins. Je suis un peu bourré, j'ai une très haute énergie. Il le remarque je crois et me demande ce qu'il se passe. Il m'offre un shot et en même temps, aborde un set de 3 filles et les ramène vers nous. Je me présente aux demoiselles et j'aborde le sécu, j'adore parler aux videurs. Puis la 30 aines de personne de notre groupe descend dans le club.


Vu mon absence d'envie de cul, ma fatigue et le reste, j'ai pas envie de choper. J'ai juste envie de m'amuser. Mais l'énergie est trop positive, elle me bave dessus. Je suis trop bien. Sur le dancefloor, entouré de tous ces gens étranges, de ces extraterrestres, de ces players, de ces filles tatouée, je réalise un truc.
L'état de grâce que je cherche sans arrêts, cet état que je pouvais avoir à 20 ans, ce feeling qui m'a permis de chopper mes ex, je le ressens. Je l'ai.
J'ai le Mojo

Je vois un groupe de 4 jolies filles, je l'aborde immédiatement. L'une d'elle me fixe intensément et me souri, c'est une des gonzesses que Stef à abordé et m'a présenté dans le bar. Je leur montre le géant blond surfer et leur dis de venir danser avec nous. Elles se pointent sans discuter, on danse.
Le temps passe, je les perds de vue. Il n'y a plus de fille. Je me bouge, je vois un autre groupe de 4 jolies filles. J'aborde, je leur dis de venir, elles viennent.

Oldboy : Tu t'appelles comment ?
Esmeralda: Esmeralda ! Et je suis sérieuse !
Oldboy : Tu te fout de ma gueule ou quoi ?
Esmeralda : Non ! Je m'appelle vraiment comme ça !

Je parle un moment à la fille, je déconne à mort, elle me lâche pas. Elle est bonne, je danse, je pose les mains sur son cul. Sauf qu'une de ses amies se sent mal et veux bouger. Elles partent. François Damien me demande pourquoi j'ai pas pris son numéro.

OSEF ! Je vois deux jolies filles, j'attaque. J'ai un moment de malaise car c'est la première fois que ça m'arrive, mais l'une d'entre elles est le sosie parfait d'une nana que je connais, un truc de malade. J'essaie de savoir si il y a un lien de parenté, c'est pas le cas. La nana se vexe, je lui dis je sais plus quoi, elle rigole, on danse. Le temps passe. Mon groupe s'est réduis, les gens ont du partir. Je sors.

Je vois quelques gens de mon groupe qui veulent partir, devant la boite. Assise d'un air dépité sur le rebord d'une fenêtre, je reperd une fille. Un avion de chasse. J'attaque immédiatement.

Oldboy : T'en fait une tête, c'est la grosse déprime ?
Aviondechasse : GRumble

Elle marmonne un truc et regarde son téléphone. Tu me prends pour qui ? T'as aucune chance, j'ai le Mojo.

Oldboy : Allons miss, fait moi un sourire ! Laisse moi deviner : L'amour de ta vie rencontré il y a 10 minutes est rentré ?
Aviondechasse : Non, c'est pas ça
Oldboy : Alors dans ce cas, c'est tes copines qui ont rencontré l'amour, et toi t'es toute seule.
Aviondechasse : Putain oui ! Ma copine s'est faite draguée par un gars et je la trouve plus!

On parle un peu, elle s'ouvre et au même moment, Stef arrive avec un immense sourire au bras d'un canon. C'est, évidemment, l'amie de l'Aviondechasse. On rigole sur la coïncidence, je me rapproche de la fille et là, je sens une main qui se pose sur ma joue.

Mortitia : Salut Oldboy

What the fuck ? Le monde est petit. Surtout la Suisse Romande. Mortitia est venue danser tardivement, avec son amie qui m'aime pas, une obèse qui je pense sincèrement lui sert de faire-valoir. Aviondechasse disparaît, tout disparaît, comme d'habitude quand elle se pointe. Une partie de mon groupe rentre, je décide de rester un peu avec Mortitia.

Oldboy : Tu veux que je te laisse tranquille avec ta pote ?
Mortitia : Pas question ! Tu restes, je t'offre un shot, viens on va danser.

Pendant environ une heure, avant que la boite ferme, je revis avec elle un peu de mon passé. Elle est jolie, très jolie, mais c'est pas non plus un top modèle. Mais elle a un magnétisme vraiment hallucinant, tous les mecs de la boite n'ont d'yeux que pour elle.

Amog avec un bandana : Laisse tomber mec, c'est mort pour toi avec elle.
Oldboy : De quoi tu parles ? C'est mon épouse
Amog avec un bandana : T'es sérieux ?
Oldboy: Oui, regarde.

J'attrape Mortitia par la taille, je noue mes mains sur son cul, je danse. Elle me repaie un Shot. Un type nous regarde fixement depuis 10 minutes, il vient vers moi et me tend... sa carte de visite. Il est avocat. Il essaie de draguer Mortitia avec sa carte de visite, c'est inédit et je suis mort de rire. Elle le trouve limite creepy et se colle à moi. On danse. L'avocat essaie alors de se rapprocher de l'ignoble amie de Mortitia, mais même là je crois que ça marche pas.
Je tease Mortitia sur les vacances, je lui dis qu'il faut partir à Bali tresser des paniers, sans proposer. Je vois que vous aviez raison, elle est à fond, si je lui propose de partir avec moi je pense qu'elle achète le billet sur l'heure.
La boite ferme. Je claque mes bises, je lui dis que j'ai apprécié de revivre avec elle le bon vieux temps. Mon uber arrive. C'était bon, d'avoir le Mojo.

[...] je sens une main qui se pose sur ma joue.

Mortitia : Salut Oldboy

L'appel du vide


C'est les petites choses. Il y a de ça environ 15 jours, sans raisons particulières, j'ai été lorgner le facebook de mon ex. J'ai utilisé un autre compte, car je l'avais dégagée. Toujours la même photo de profil, rien de spécial. J'allais fermer la page, quand j'ai réalisé un like de mon cousin germain. Ce qui implique, de la part de l'un ou de l'autre, une demande d'ajout.
Je vais pas entrer dans les détails, mais j'ai des relations pour le moins compliquées avec ma famille. Ça m'avait demandé des efforts colossaux de la ramener à un repas de famille auquel je n'aurais pas participé sans son insistance, ou il y avait ledit cousin avec lequel je n'ai aucune relation. Ça c'était mal passé.

J'ai fermé la page, en me disant que ce n'était rien. Je sais qu'elle ajoute tout le monde. Mais j'ai senti un gouffre s'ouvrir, un abîme de colère qui ne m'avait pas habité depuis ma rupture. J'ai essayé de chasser la paranoïa en faisant le ménage, en me branlant avec une sainte fureur, mais la rage allait croissante, en passant l'aspirateur je concevait des plans divers et variés pour ruiner sa vie, en me reprenant par sursaut : Oldboy, ce n'est pas productif, Oldboy, ce n'est pas grave, Oldboy, ce n'est plus ton problème. Toutefois, l'appel du vide fut trop fort.

Alors, j'ai envoyé chier mes bonnes résolutions. Je me suis pris des cuites seul en pleine semaine, devant les jeux vidéos, avec des pauses porno bien régulières. J'ai mangé n'importe quoi, pris de fortes doses de somnifères qui ne m'ont pas empêchés de me réveiller en hurlant, poursuivis par d'obscurs cauchemars. J'ai annulé les activités sympas auxquelles j'étais conviés, supprimé Tinder et Adopte et je suis aller me démonter la gueule à 50 km de chez moi avec Stef et Mac.

Drôle de soirée. Un bar super sympa, une copine de Mac super mignonne, on nous offre presque toutes les consos. Puis une boite splendide, toute de pierres blanches, envahies de jolies filles. J'étais pas trop ivre, tout allait bien. Une belle blonde, une russe je crois, a commencé a frotter son cul contre ma bite. Elle s'est retournée pour me parler en anglais. J'ai répondu, je crois :

Oldboy: Get lost! I dont speak english.

J'étais pas dans le mood. Je crois, au fond, que je voulais pas qu'un truc sympa m'arrive. L'appel du vide.
Puis je me suis enquillé 3 ou 4 gin tonic avant de quitter la boite, tellement ivre que j'ai pas retrouvé la gare et que j'ai du payer un taxi pour faire les 50 bornes.

Je me sentais bien parti pour rester dans cette joyeuse humeur encore quelques années, mais l'été a fini par arriver en Suisse après cet interminable hiver. Et wing s'est faite virée, sans surprise. Je me suis un peu repris.
Pendant mes études, je me suis fait deux amis. Des types plus jeunes. Ils sont finalement revenus d'Australie et je les ais vu. Ils se sont trouvées des copines, là-bas, ils ont vécu des tas de trucs cool. J'étais content pour eux, un peux jaloux aussi. J'aurais du les rejoindre en Février, après ma rupture, mais tant pis.

Et mercredi passé, Wing est venue chez moi pour me raconter comment elle s'est faite virée. Elle a l'air de prendre plutôt bien le fait de se retrouver mère célibataire sans emplois, du moins en apparence. En creusant un peu, j'ai vu que c'était du flan.
Elle voulait fêter son licenciement, donc on a bien picolé. J'ai senti un fort appel du vide, enfin plutôt un appel d'air, en provenance de son vagin. Elle a commencé à faire des paris idiots ( je ne parie que quand je suis certain de gagner, et elle le sait ) et me doit maintenant le ménage chez moi en porte-jarretelle. Avec toute la subtilité d'un ouvrier portugais ivre abordant une fille depuis le chantier, elle m'a montré les photos d'elle en petite tenue qu'elle envoie à ses deux plans cul.

Wing : Quand j'ai dormi avec toi la dernière fois, à quoi ça rimait ?
Oldboy: A rien.
WingAlors pourquoi ?
Oldboy: C'est l'appel du vide !
Wing:...ouais je crois que je vois.

J'ai développé un peu en expliquant qu'on avait chacun nos soucis et qu'on se sentait seuls tous les deux et que c'était pas la mort. Elle a insisté pour dormir sur le canapé, j'ai pas bronché. Puis elle a râlé comme quoi il n'était pas confortable, ce qui est un mensonge éhonté. Il est très agréable, mon canapé. J'ai proposé qu'elle dorme dans mon pieu, elle a dit ok.

Wing: Moi, ça me saoule les mecs avec qui tu couches et qui dorment reclus dans un coin du lit, comme des vampires.
Oldboy:Je te crois sur parole, jamais couché avec un mec.
Wing:Non mais tu vois, aucune tendresse blablabla...
Oldboy: Te fatigues pas. Tu veux dormir dans mes bras?
Wing:Ouais!

Au moment de m'endormir, je me demandais pourquoi je la baisais pas. Vu les discutions que nous avons eues, j'aurais je pense pu y aller franchement au niveau de mes fantasmes, faire plus ou moins ce que je voulais. J'essaie de me convaincre que je m'abstiens par bonté d'âme, pour préserver son âme, notre amitié et l'enfant Jesus. Au fond, je pense que je suis bouffé par des angoisses diverses et variées, c'est tout.