Strange Days

Note : 7

le 13.02.2012 par Edvard Dolokhov

107 réponses / Dernière par Edvard Dolokhov le 21.06.2014, 13h32

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
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En ce moment, quand je ne suis pas en train de boire, de fumer ou de me branler, je lis des livres. A très haute dose. A ce rythme-là, j’aurais bientôt écumé la totalité des œuvres traduites en Français d’Edouard Limonov, mon écrivain favori. En deux semaines, j’en ai plié trois : Le poète russe préfère les grands nègres, Histoire de son serviteur, et Le dos de madame Chatain. Ça va laisser un grand vide, quand je les aurai tous lus. Il est en quelque sorte mon compagnon de malheur. L’excité dans le monde des fous tranquilles. Un trublion aussi sensible, violent, orgueilleux et complexe que moi. « Agent aveugle et sourd de mystères funèbres, une âme de malheur faite avec des ténèbres ! » Limonov vit toujours. Il est actuellement opposant politique en Russie. Je le rencontrerai peut-être un jour. Ou peut-être pas. Je n’escompte pas lui trouver facilement un remplaçant, mais je ne serais jamais à cours de bouquins à dézinguer. Je compte passer à Marc-Edouard Nabe, ensuite. Ou Rebatet. Et puis je dois impérativement finir Mort à crédit… et trouver le temps de baiser, avec ça.


La dernière fois que j’ai vu Sarah, la rouquine qui me sert actuellement de compagne, ce ne fut pas franchement une réussite. Enfin quoique. Comme d’hab, nous avons commencé par picoler du blanc en écoutant du jazz, puis Charles, mon colocataire, s’est joint à nous pour fumer un pétard. Du shit dégueulasse, car trouver de l’herbe dans ma ville est aussi simple qu’arracher un orgasme à Christine Boutin. Après ça, j’avais encore envie de picoler et déconner un peu, mais elle s’est allongée sur mon lit en fermant ostensiblement les yeux. Difficile de faire plus explicite. Charles s’est barré, j’ai éteint la musique et me suis pieuté. Je l’ai doigtée une première fois, lui arrachant quelques râles encourageants, avant de descendre m’occuper de sa chatte avec ma langue. Ce coup-là, ça lui a plu, je peux le garantir. Elle mouillait, et pas qu’un peu. On s’est caressé un moment, je me souviens que je bandais, mais, je ne sais plus trop pourquoi, je ne l’ai pas prise. Un peu plus tard ; j’ai recommencé à la doigter. En plongeant mon majeur bien au fond, j’ai atteint une sorte de cavité ultra-sensible (le deep spot ?). En la stimulant un moment, j’ai obtenu des effets spectaculaires. Ensuite, elle a voulu que je la prenne, mais sur le moment, plus moyen de bander. J’y arrivais pourtant quelques minutes plus tôt à peine. Je me suis efforcé de penser à Katie Holmes en minijupe et ballerines noires, mais rien à faire. Ensuite, j’ai dû m’endormir pendant qu’on se caressait.


J’ai définitivement des trips sexuels totalement perchés, et il faut certaines conditions bien précises pour qu’une nana m’excite. Ce n’est visiblement pas le cas de celle-là. Pas pour l’instant, du moins. Quel bordel. J’envie ceux qui sont capables de fourrer n’importe qui, n’importe quand, sans conditions. Si j’étais comme ça, je n’aurais jamais la moindre trouille d’aller au pieu, et je défouraillerais comme un lapin. Et je me servirai plus souvent de ma queue, au détriment de mes doigts et de ma langue. Foutue nature qui m’a fagoté comme un charlot. Mais je ne désespère pas encore de trouver un moyen de me débarrasser de mon appréhension et de faire se dresser mon outil sur simple commande. Et là….


Mercredi soir, j’avais envie de me la coller. On est d’abord sorti s’envoyer quelques bières dans un bar avec Charles et quelques autres compères. Comme le bar était moche, on est retournés chez moi pour continuer à boire et fumer des joints. Ensuite, ça devient très flou. Je me suis retrouvé dans un grand appart’ vraisemblablement habité par des nostalgiques de l’union soviétique, qui avaient fait toute la déco en conséquences. Affiches de Mao et objets d’époque compris. J’étais complètement pété. Je me suis mis je ne sais plus comment à discuter avec une Clémence, qui avait fait des études littéraires. J’adore les nanas qui font des études littéraires. Je suis foutrement incapable de me rappeler de quoi on a bien pu parler. De littérature, probablement. Mais le courant passait bien. Je voyais que je lui plaisais. Je le précise parce que c’est tout nouveau, je ne voyais jamais ce genre de trucs avant. Là, je la voyais se passer la main dans les cheveux, se mordiller les lèvres, je notais un imperceptible changement dans son regard. Ça me dopait aux hormones. Manque de bol, elle partait pour six mois au Pérou le surlendemain. J’ai pris son numéro au cas où, miroitant une unique baise d’adieu jeudi, pour la fin du monde. Classe. Hélas, ça s’est pas goupillé correctement. Tant pis.


Dans la chambre où j’avais mis mes fringues, j’ai repéré une barrette de shit, sur une cheminée hors d’usage. Ni une ni deux, j’ai certifié à Charles que je repartirai avec cette foutue barrette. Problème : au moment où je comptais me barrer, trois types (dont le propriétaire des lieux, de la chambre, et vraisemblablement de la barrette) discutaient en cercle juste devant la cheminée. Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie… pardon. J’étais baisé. Mais tandis que le désespoir s’emparait de moi, j’ouvris machinalement une porte dans le couloir, et me retrouvais nez à nez avec… le disjoncteur. Ce qui m’inspira immédiatement un plan machiavélique. Je retournais dans la chambre qui renfermait la cheminée, et donc la barrette, et me mêlais au groupe des trois mecs en train de discuter. Au bout de trente secondes, il fit subitement nuit noire. Mon comparse venait de faire sauter les plombs avant de filer à l’anglaise. Sa part du boulot était accomplie, il me restait à faire de même. Ce ne fut pas très compliqué. Sitôt les lumières éteintes, les trois types bourrés et défoncés qui m’entouraient émirent simultanément un « ho ! » où se mêlaient surprise et dépit, et se ruèrent dans le couloir pour voir d’où venait le problème. Ni une ni deux, je chopais la barrette, marchait en sifflotant vers la porte d’entrée, dit au revoir à quelques personnes et fichait le camp en toute impunité. Victoire. Pitoyable forfait mais grosse satisfaction.


Le lendemain, j’ai accueilli François, un ami de la capitale descendu pour le week end. Il est blond, plait beaucoup aux femmes et possède un engin à faire rougir un noir. Après un pétage de crâne effectué dans les règles de l’art, je l’ai emmené à une soirée en centre ville. Pas de communistes cette fois-ci, mais de bonnes réserves de liqueur et une bande de marioles bien décidés à tout donner pour la dernière soirée de leur vie. Parce que oui, jeudi 21 décembre, c’était la fin du monde. Il y avait deux meufs qui me plaisent beaucoup. La première, c’est Violette, je vous en ai déjà parlé. Elle s’est ramenée déguisée en extra-terrestre, un costume un poil ridicule composé d’une robe flashy, d’une cape vert pomme et de fausses antennes en papier alu. J’ai surpris deux meufs qui ne peuvent pas la saquer se foutre copieusement de sa gueule. Ça m’a beaucoup touché. D’abord parce que quand une nana me plait, le fait d’entendre ses « rivales » se foutre de sa gueule me fait de la peine pour elle, me donne envie de la choyer et de la protéger. Ensuite parce que je trouvais ça craquant qu’elle se soit déguisée comme une gamine, quitte à prêter le flanc aux moqueries en tous genres. E plus, cette fille a un beau visage et une poitrine tout à fait correcte, mais ses atouts s’arrêtent au niveau de la ceinture. Elle a un cul vraiment énorme, et des jambes un peu mal foutues. Ses genoux se touchent. Ça rebute pas mal de mecs. Moi, ça me rend dingue. Ma pauvre petite princesse que certains ne regardent même pas à cause de ses jambes… Rien que pour ça, je lui donnerais tout l’amour qu’elle voudrait. Bref, je m’égare, encore une fois.


Il y avait aussi Emmanuelle. Elle est bourrée de qualités, Emmanuelle. Par exemple, elle est petite. Un adage dit que « qui se ressemble s’assemble », un autre que « les contraires s’attirent » : difficile de s’y retrouver dans un merdier pareil. Mais une chose est certaine : j’adore serrer une naine dans mes bras du haut de mon mètre 90. Et puis, elle a des grands yeux. Immenses. Malheureusement, ses goûts musicaux sont à chier. On peut pas tout avoir. Globalement, j’ai passé la soirée entre ces deux nanas, François, un hippie qui retape des maisons en montagne, un type qui avait adoré une blague que j’avais faite sur les portugais à une soirée précédente (aucun souvenir) et qui tenait absolument à ce que je lui en raconte d’autres, et le cubi de vin espagnol que j’avais rapporté. Quelqu’un avait distribué des « missions » aux invités, à savoir des petits papiers indiquant le nom d’une personne présente et une chose à lui faire subir. Je ne sais pas ce qu’Emmanuelle avait d’inscrit sur le sien, mais nous nous sommes retrouvés tous les deux dans la salle bain, elle en train de me tartiner du gel coiffant sur la barbe, et moi en train de peigner en arrière ses cheveux imbibés du même gel coiffant. J’étais relativement bourré, et elle m’excitait. Je me souviens que la scène a duré un moment, qu’elle a tenté de sortir mais que je l’ai ramenée contre moi en l’enveloppant avec une serviette. Mais je ne me souviens pas l’avoir embrassée.


Violette me harcelait en permanence pour que je vienne fumer avec elle. Elle fait partie de ce cercle restreint de personnes qui ne fument qu’avec quelques verres au compteur, et qui du coup n’ont jamais de clopes sur eux et passent leur temps à taxer. Je l’envoyais chier une fois sur deux. Le reste du temps, j’acceptais.


Un peu plus tard, je me suis retrouvé dans la cuisine en compagnie de la colocatrice de Violette, Jenny, une fille avec l’accent du sud et un caractère bien trempé. Elle a pour habitude de me traiter de pédale et autres trucs du genre à chaque soirée. Comme ce soir-là, elle ne l’avait pas encore fait, je suis venu quémander.
« Allez quoi, rien qu’un petit « homo refoulé ! »… »
J’ai dû finir par trouver les mots justes puisqu’elle m’a carrément collé une tarte. Amicale, bien sûr. La prochaine fois que je serai au pieu avec une nana, je lui demanderai de m’en mettre une. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me plait. Ensuite, Violette m’a longuement parlé de ses complexes sur le balcon.
« Mon physique, je m’en fous, on m’a souvent dit que j’étais jolie. Mais personne m’a jamais dit que j’en avais dans le crâne. Ça me manque. »
Je ne sais plus ce que j’ai répondu. Je venais de fumer de la marijuana et j’étais un peu à l’ouest.


J’ai demandé à Emmanuelle de me rincer un verre dans la cuisine. Elle l’a fait. L’espace d’un instant, je me suis senti l’âme d’un bon père de famille à l’ancienne. Ensuite, elle est partie. Je lui ai dit au revoir sur le seuil. J’ai dû être un peu trop expressif, puisque François, qui avait vu la scène, en a profité pour me rappeler que j’étais censé être en ménage. La soirée commençait à se vider. Violette m’a demandé de l’accompagner chez elle pour une sombre histoire de pull col roulé bleu marine. En, bref, un pote à moi l’avait emballée il y a quelques mois et elle était rentrée avec son pull, qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de lui rendre. Son appart était juste à côté, mais il faut monter six étages pour y accéder. 103 marches pour garder la forme. Je l’ai suivie dans sa chambre, elle m’a donné le pull. Je me suis un peu attardé, je sentais qu’on hésitait autant l’un que l’autre. Mais je me suis contenté d’offrir sa joue à mes lèvres. J’étais visiblement trop sec pour avoir du cran.


Nous avons pris le chemin du retour avec François. Par hasard, nous sommes passés devant son ancien immeuble.
« Ed… tu te rappelles de mon voisin du dessous… Ramez ? »
Un peu que je m’en rappelais. Un connard de portuguais quadragénaire, obèse et fasciste du sommeil. Le genre de loser qui n’a rien dans la vie et dont le seul plaisir se résume à emmerder les autres. Un faible habité par le ressentiment. Friedrich l’aurait adoré. Il nous avait emmerdé à maintes reprises pour des broutilles. Il était 3h00 du matin. La fin du monde approchait. Le moment idéal pour une petite vengeance personnelle. Par chance, le code de l’immeuble n’avait pas changé. Nous sommes montés silencieusement jusqu’au deuxième étage, et, nous plantant tous deux face à la porte de Ramez, l’avons copieusement arrosée de pisse. Avant de décamper, j’ai tambouriné comme un sourd sur sa porte en hurlant :
« POLICE !! OUVREZ !!! POLICE !!!! »


Puis nous avons mis les bouts en vitesse. Un grand moment. Je chialais encore de rire en arrivant chez moi. François s’est pieuté quasiment tout de suite, la vinasse ayant vraisemblablement eu raison de lui. Moi, je tenais à vivre pleinement les dernières heures de l’humanité. Je me suis assis dans mon fauteuil à bascule, un joint dans une main et un verre de vin espagnol dans l’autre. Mes enceintes ont commencé à jouer My way, de Frank Sinatra. Idéal pour le crépuscule d’une vie. And now, the end is near, and so I face the final curtain… Je me repassais les temps “forts” de mon existence. Il n’y en avait pas beaucoup. My friend, I’ll say it clear, I’ll state my case, of which I’m certain. Il y avait d’abord, bien sûr, toutes celles que j’avais baisé, embrassé, ou même désiré. Ce sont elles qui jalonnent une vie. Sans elles, nous ne valons pas grand-chose. I’ve lived a life that’s full, I’ve traveled each and every highway... Il y a tous les bouquins que j’ai lu, aussi. Enfin, pas tous. Les meilleurs. Ça, je garde. Et puis tant d’autres trucs qu’il ne sert à rien de raconter. Mon verre était presque vide. And more much more than this, I di dit my way…
Je reposais mon verre au moment où retentirent les dernières notes. J’étais prêt. J’aurais bien vu un final grandiose, du genre une première baise spectaculaire avec Emmanuelle. Ensuite, je l’aurais serrée contre moi en attendant la fin. Tant pis, c’est raté pour cette fois. Les premières explosions retentirent au dehors en même temps que les premières notes d’Hallelujah, de Leonard Cohen. La meilleure version. A ciao bonsoir ! Qu’est-ce que je ferais s’il me restait encore des dizaines d’années devant moi ? Les chœurs commençaient tout juste à entamer « Hallelujah » lorsque la terre s’arrêta de tourner.

E. Dolokhov
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  • [0] La suite, vite ! le 02.01.13, 16h41 par FK
Salut à vous !

J'ai tout lu sans m'en rendre compte. Arrivé à la fin, je me suis rendu compte que c'était tout de même long. J'aime toujours autant, peut-être plus qu'au début, un peu comme le café, ou les saloperies que j'ingurgite chez mes aïeux.

Une addiction aux femmes, à la littérature, à la juana, et aux boissons ? Tu ferais presque rougir Moody et Valmont. Continue comme ça, j'adore tes Field Reports.

Pas de baise du fin du monde, hélas, mais je crois qu'il te reste une vie pour te rattraper.
Merci c'est très sympa :)
Je crois que ça a toujours été ma plus grosse phobie. J’en avais une peur irraisonnée, irrationnelle, délirante. Ça me tétanisait rien que d’y penser. Autant, la mort, j’en ai jamais rien eu à foutre, autant ça, c’était tout bonnement inenvisageable. Et puis on me l’a annoncé ce matin. Comme ça, l’air de rien, au cours d’une discussion tristement banale. Je perdais mes cheveux. J’avais déjà peur que ce soit le cas depuis quelques mois, mais je mettais ça sur le compte d’une paranoïa exacerbée. Et ben non. Dans quelques années, je serai donc un tocard dégarni avant l’heure qui fera rire la totalité de la gent féminine. Réjouissant.

Mais je vous vois venir. J’accorde une importance déraisonnée à un phénomène somme toute banal, affreusement répandu. Je fais tout un drame d’un simple problème physiologique quand des hommes se font écharper en Syrie. Oui, mais non. Déjà, contrairement à Bruce Willis ou André Agassi, je ne ferai pas un beau chauve. Au contraire. Le crâne rasé, je serai proprement hideux. Abject, ignoble, dégueulasse. Sans exagération aucune. Etant donné l’importance que j’accorde à mon physique, cette perspective n’est donc franchement pas bandante. Je me suis toujours juré que je n’aurais jamais de bide, cette protubérance immonde qui déforme la silhouette. Plutôt crever. Pour ça, je m’acharne à bouffer aussi sainement possible et à ne jamais manquer mes 130 pompes et 30 abdos quotidiens. J’ai aussi toujours veillé à garder des dents à peu près correctes, en évitant de me goinfrer de sucre. Dans ces cas-là, on peut toujours lutter, on conserve un certain pouvoir. Mais là, non. Aucune perspective d’avenir, sinon celle de remettre mon sort entre les mains de quelques traitements hasardeux.


Longtemps, j’ai éprouvé une certaine répulsion à l’égard de mon physique. Je me trouvais franchement laid, je n’imaginais pas une seule seconde qu’une fille puisse un jour avoir envie de coucher avec moi. C’était d’autant plus dur que je ne pensais absolument qu’à ça. Je me branlais depuis l’âge de quatre ans, plusieurs fois par jour, et contrairement à mes camarades qui se gavaient de films de boule, je me contentais de fantasmer sur les trois quarts des meufs de ma classe. Or, à cette époque-là, la seule chose qui réhaussait mon physique bien terne était justement ma chevelure, que j’avais alors, et pour cette raison même, fait pousser à l’extrême. On ne m’a pas toujours fait beaucoup de compliments sur ma gueule, mais on m’a toujours dit que j’avais des beaux cheveux. J’ai sans doute conservé de cette époque un attachement très fort à ma pilosité crânienne.


Et aujourd’hui, alors que les choses se sont grandement améliorées et que je me mate plusieurs fois par jour dans le miroir avec satisfaction, on m’annonce que d’ici quelques années je redeviendrai un mec au physique abject qui devra suer sang et eau pour compenser et parvenir à tremper son biscuit malgré tout. J’ai donc encore quelques années pour baiser sans trop de problèmes, ensuite ce sera bel et bien fini. Parce qu’entrer sur le marché sexuel avec un physique à chier et sans don extraordinaire permettant de compenser ce défaut, c’est un peu comme courir un 100 mètre avec un boulet de 20 kg à trainer derrière soi. Exit, l’espoir de devenir un vieux beau. Avant, je me rassurai en matant la superbe chevelure que le fringant Limonov arbore encore à 70 balais, la raie sur le côté sculptée à la cire coiffante de Don Draper, ou même celle de Gainsbourg, ou de Bukowski. Mais non. Fini. Terminé. Rideau. Moi, je serai plutôt semblable à un abject comptable dégarni en costume verdâtre et lunettes trop grandes.


Comme c’est souvent le cas chez moi, l’annonce de cette horrible nouvelle a agi comme un bélier. Pas l’animal, mais plutôt le gros rondin utilisé au moyen-âge pour défoncer les portes des châteaux. Comme un bélier, donc, cette nouvelle a violemment et sans vergogne enfoncé les portes de mon inconscient, permettant à tout un tas de craintes, de frayeurs et d’interrogations d’envahir et de tétaniser ma conscience. Brusquement, j’ai porté un regard affreusement lucide sur moi-même, le genre de vision au scalpel qui ne me vient d’ordinaire que quand je suis dépressif et dans un état de défonce très avancé. S’observer sous toutes les coutures avec un œil purement objectif est l’un des exercices les plus cruels qui soient. En l’occurrence, à l’autre bout de mon microscope, je voyais un connard incapable de baiser, et même d’aimer sa nana, à l’égo aussi immense que minuscule, et qui passait son temps à draguer des myriades de meufs qui n’en avaient dans le fond strictement rien à foutre de sa personne.


En fait, je suis une sorte de bête de foire. On me trouve marrant, décalé, original, un peu comme un caniche capable de marcher sur ses pattes avant, ou comme un singe capable de compter jusqu’à dix en teuton. J’amuse, je distrais, je divertis. Mais vous imaginez une nana coucher avec son caniche ?


Exemple frappant. Il y en a une à qui je parle tous les jours à distance depuis des années, que je n’ai pas vu depuis plusieurs mois, à qui je raconte absolument tout et que je considère comme ma meilleure amie. Elle, je ne veux pas la baiser. Mais elle a beau me répéter que je compte énormément pour elle, elle ne fait jamais aucun effort pour me voir en chair et en os. Elle me préfère derrière un écran impersonnel que debout devant elle. Si je remplis mon rôle à distance, pourquoi s’encombrer de ma compagnie ?


Bref, dans ces moments-là, il vaut mieux que je m’abstienne de penser. Comme souvent, je m’échappe grâce à Fight Club. Lorsqu’Edward Norton perd une dent et réagit stoïquement par un simple « Even The Mona Lisa is falling appart », la déchéance physique me semble moins effrayante. Lorsqu’il commente une affiche de pub représentant un beau mec en boxer par un « Is it what a real man looks like ? » je nourris moins de complexes par rapport aux cadors du marché sexuel. Et surtout, quand Tyler Durden me murmure à l’oreille que « Le monde est notre laboratoire social », je me dis qu’il me reste encore un paquet de conneries réjouissantes à réaliser avant la tombe, la décrépitude, la vieillesse, et même avant de devenir chauve.

Ps : quand j'aurai la motiv', je raconterai ma soirée de nouvel an et d'autres trucs un peu plus réjouissants que mes angoisses existentielles. Amen.
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  • [0] C'est pas le plus important le 02.01.13, 15h45 par Raven
Yo' !

Bon, j'ai mis comme motif "C'est pas le plus important" pour deux raisons.

1°) J'ai bien fais chié Fk pour de nouveaux motifs, et je me devais d'en balancer un.

2°) Ca n'affectera pas ton succès tant que ça ne t'affecte pas toi. C'est sur que c'est dur ( Et je te comprends, je tiens particulièrement à mon énorme touffe de chevelure ) mais je pense que c'est avant tout une question d'habitude.

Courage bonhomme. Je doute que ce soit uniquement une crinière qui ait forgé ton succès, et je doute encore plus qu'elle soit responsable de ta "fin" avec les femmes à cause de sa disparition.
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  • [0] Merci ! :) le 02.01.13, 16h12 par Edvard Dolokhov
Toi, tu sais écrire, ça fait plaisir :)
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  • [0] Sympa :) le 02.01.13, 16h56 par Edvard Dolokhov
Je plussoie Raven, tu y accordes bien trop d'importance.

Comment tu expliques que des mecs moches comme des culs se tapent des bonnasses? Je te laisse y réfléchir :wink:
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  • [0] C'est pas faux le 08.01.13, 18h40 par Edvard Dolokhov
« Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde.

Hier à huit heures Madame Bérange, la concierge, est morte. Une grande tempête s'élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C'était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l'enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : "Ne vous allongez pas, surtout !… Restez assise dans votre lit !" Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis. »

Les premières lignes de Mort à crédit. Ma mère est une grande admiratrice de Céline. Elle est allée jusqu’à donner son nom à ma sœur. Sans pousser jusqu’à l’idolâtrie pure et simple (j’admets avoir du mal avec son argot des faubourgs et ses tournures qui donnent le vertige), je lui voue aussi une certaine admiration. Ce passage, je me le répète en boucle, plusieurs fois par jours. Il résonne à mes oreilles comme une voix surgie des limbes pour me susurrer à quoi ressembleront mes derniers instants. J’ai vu Luchini le déclamer des dizaines de fois sous les yeux ébahis de François Busnel. Pour la semaine prochaine, je dois choisir un texte et le réciter, pour un cours de travail de la voix. C’est sans doute celui-là que je prendrais. Bien que je ne sois pas sûr de pouvoir en restituer toute la puissance.

J’aime imaginer à quoi ressembleront mes dernières heures. Je sais déjà ce que je choisirai comme épitaphe. Les quatre derniers vers du Bateau Ivre. Le chant de la fin, de l’épuisement et du renoncement. Je m’imagine ligoté à un poteau, un peloton d’exécution en face de moi. Je les vois lever leurs armes, car j’ai refusé qu’on me bande les yeux, naturellement. Les détonations résonnent à la chaîne. Je m’imagine aussi à un âge canonique, marchant de longues heures dans la campagne, avec une casquette gavroche et une veste en tweed, songeant sans cesse à ma muse disparue il y a déjà quelques années de ça. Je m’ennuie, je m’ennuie tellement depuis que vous êtes morte, Alexandra… Après l’effort, le réconfort : une pipe au coin du feu. Je vous ai déjà dit que j’étais un peu cinglé ?

Je suis rentré à Paris pour quelques semaines. Paris, ville lumière, à qui je dois mes plus belles aventures nocturnes. J’ai renoué avec les joies du poppers. Mis une fessée à un rouquin. Vu l’expo Dali avec ma femme (enfin, mon ex-femme, patience ça vient après). Bu de la vodka polonaise quinze ans d’âge. Voyagé dans des lignes noctambules et dans des univers parallèles. Fumé de la mariejeanne aussi bonne que celle qu’on trouve chez Rembrandt et Van Gogh. Dormi chez une allemande au corps ne demandant qu’à être profané. Rêvé qu’elle venait me rejoindre dans mon lit, la nuit. Escroqué le BHV pour payer mes fringues moins cher. Mangé un burger à 20 balles chez les bobos. Squatté plusieurs apparts dans lesquels je n’avais strictement rien à foutre. Bu une Kilkenny dans un pub irlandais, devant un match de Manchester Utd. Failli chialer devant Alceste à bicyclette (« Vous voulez un grand mal à la nature humaine ! » « Oui, j’ai conçu pour elle une effroyable haine. »). Liste non exhaustive.

J’ai aussi fait un rêve étrange dans lequel je tentais d’échapper à des zoulous sur une île haute en couleur en compagnie d’une illustre inconnue. Nous fuyions en faisant des bonds de plusieurs mètres et en cassant un peu tout sur notre passage. Nous finissions par trouver refuge sur un bateau blindé d’agents du FSB gouverné par Vladimir Poutine. On se faisait pincer peu avant mon réveil, et pour je ne sais quelle obscure raison je m’adressais au tsar de toutes les Russies par un cocasse : « Hé, Vladimir ! ».

Les retrouvailles avec ma chère province se sont faites tout naturellement. Je me suis mis quelques balles avec des compagnons de beuveries les premiers jours suivant mon arrivée. Sans trop me l’avouer, je n’avais aucune envie de voir ma femme pour le moment, et prétextais une semaine trop chargée. D’autres compagnons sont descendus pour le week end. On est allés à une party. Il y avait Violette. Et Emmanuelle. J’ai passé la première moitié de ma soirée avec la seconde, et la seconde avec la première (ça va, vous suivez ?). Elles m’excitent tout autant l’unes que l’autre. Avec une petite longueur d’avance pour Violette. Violette qui, à ma grande stupéfaction, m’a demandé (bien aidée par quelques verres de liqueur dionysiaque) si je l’avais déjà emballée. Bigre.

Les réactions de mon entourage se sont elles aussi peu à peu scindées en deux camps irréconciliables. Celui du : « Bordel, mais pourquoi t’as pas tringlé Violette ? Elle attendait que ça. ». Et celui du « Reprenez la phrase précédente, en remplaçant Violette par Emmanuelle ». Je suis un triste con. D’abord parce que je suis resté un peu trop longtemps avec une nana dont je n’avais finalement rien à foutre. Sans doute par confort, pour pouvoir dire en toute sérénité après une nuit arrosée : « Ben non, j’ai emballé personne, j’allais pas tromper ma meuf ». ça, au moins, j’y ai remédié. En la larguant au début de la semaine.

Ensuite parce que pour que je me décide enfin à sauter dans le vide, il faut au minimum que la nana soit allongée sur le lit les cuisses écartées en gémissant « Fais-moi jouir, Eddie ». Que je me l’avoue ou non, j’ai sans doute des complexes qui remontent à mes vertes années. Mon inconscient est resté bloqué à l’époque où je n’avais franchement pas grand-chose d’intéressant. Et où j’étais de toute manière trop con pour profiter des rares occasions qui s’offraient à moi. Quelques déceptions d’autrefois ont solidement ancré dans ma tête l’idée qu’aucune meuf ne voudrait jamais de moi. J’ai beau prouver sans cesse le contraire, le surmoi finit toujours par l’emporter. Ça donne des situations dans ce genre-là, avec deux nanas magnifiques qui n’attendent qu’un geste de ma part, que je ne suis pas foutu d’accomplir.

Samedi prochain, mon ancienne business school se drape de rouge et de noir pour accueillir le gala des nouveaux diplômés. J’y serai. Violette aussi. Quoi qu’il arrive, qu’il neige, qu’il vente ou que les chinois nous envoient une bombe sur la gueule, je me suis juré de coller ma bouche contre la sienne. Elle m’obsède littéralement depuis plusieurs jours, et toutes mes pensées sont tournées vers ce seul et unique objectif. « Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : c’est Vénus tout entière à sa proie attachée. » Je sors de deux mois d’apathie sentimentale, au cours desquelles je me sentais toujours d’humeur égale, plutôt bonne mais dépourvue d’extrêmes. Pas de pics escarpés, d’orages virulents ou de fonds abyssaux. Un état d’esprit petit bourgeois relativement reposant pour mon âme habituée aux déchirements aristocratiques. J’aurais été bien incapable de mourir pour une femme, alors.

Bref, il y a un moment que mes pensées n’avaient pas à ce point convergé vers une représentante du beau sexe. Je me sens plus vivant, plus fort, plus proche du loup que de l’agneau. Hélas, l’entreprise n’est pas dénuée de risques, car mon émotivité à fleur de peau supporte extrêmement mal l’échec. Je m’imagine déjà l’état dans lequel je serai si je me plante en beauté. Retour en solo aux aurores, déprime amplifiée par des litres d’alcool, plusieurs jours d’Ennui en perspective. Le terrible Ennui décrit par mon ami, Charles. A choisir, je préfèrerais nettement l’option dans laquelle je me réveille dans le pieu de Violette après une folle nuit d’amour. Après l’avoir effarouchée avec ma cohorte de fantasmes délirants.

La dernière fois que j’ai manqué ma cible, je me suis pris l’un des pires bad alcoolisés que j’ai connu. Je pensais l’affaire conclue, malheureusement la donzelle en question s’est fait accaparée par ses cons de potes protecteurs. Je suis rentré tout seul, dans la neige, complètement bourré, avec des pensées à ne plus savoir qu’en foutre. Ça bourdonnait sévère, mon crâne était à deux doigts de péter. Sur le coup, j’ai noté toutes les pensées qui me traversaient la tête. Je n’en pense plus la moitié. Mais je trouve amusant de les retranscrire en ces pages :

« Nous ne sommes que de pauvres corps chutant éternellement dans le vide sans jamais se heurter les uns les autres. Tels les atomes décrits par la physique épicurienne. Parfois, deux atomes s’accrochent l’un à l’autre et poursuivent leur chute ensemble. Il arrive qu’ensuite, ils se détachent. A vrai dire, cela se produit dans la majorité des cas. Mais pas toujours.

On peut nous comparer à bien des choses. Les atomes ne sont pas nos seuls compagnons de misère. Tiens. Les flocons qui tombent, s’écrasent et fondent instantanément sur le sol, par exemple. Comme eux, nous vivons, nous crashons et mourons, sans être foutus de laisser la moindre trace dans le vide intersidérale. Le silence éternel des espaces inconnus m’effraie.
Dans ces moments-là, je me sens proche de ce type, Ben. Un pauvre hère qui a beaucoup d’amies et aucune partenaire de baise. Qui pense qu’on tringle des nanas en les choyant, ou pire, en les apitoyant. Il lui arrive de passer toute une soirée seul sur un canap’ sans parler à personne. Il m’arrive de le mépriser. Une fois, à une party, aux environs de 2h du mat’, j’étais assis dans un fauteuil, Emmanuelle était sur mes genoux, je la tripotais depuis un moment. Ben lui avait longuement parlé durant la soirée, avant de partir en coup de vent avec une gueule d’enterrement, sans dire au revoir à personne. Il lui a envoyé un texto une fois dehors. Elle me l’a fait lire. Ça commençait par un truc du genre « Puisque visiblement tu as un cœur de pierre… etc. ». Vous voyez le tableau. Comme un connard, je me suis foutu de sa gueule. Quel salaud. Hé bien, dans des moments comme celui-là, où mon impuissance explose sous mes yeux, je ne peux m’empêcher de nous trouver bien semblables. Peut-être que c’est ça, après tout, qu’il me faut ? Chercher du réconfort auprès d’un autre mec meurtri par le libéralisme sauvage qui sévit sur le marché sexuel. Ne plus m’occuper de drague, ni de chattes, me contenter de chialer dans les bras d’une autre âme en peine. Le pomper, s’l le faut. Ou le prendre à quatre pattes pour soulager ses souffrances. A la réflexion, je ne suis vraiment pas sûr que ça me plairait. Pourquoi la nature m’a-t-elle fait aimer les femmes à ce point ?

Misères de l’homme moderne, si bien décrites par Houellebecq et Bardolle que je me sens incapable d’y ajouter une ligne.

Je suis un voyageur aux mille visages. Je pourrais porter plus d’un pseudonyme. Edouard, Hank, Albert, ou Bruno, comme le pathétique antihéros des particules élémentaires. Celui-là, je ne l’aime pas beaucoup.

Il m’arrive d’avoir la sensation que je ne pourrai pas faire un mètre de plus. Et pourtant…
Je me touche beaucoup trop souvent sur ma soi-disant popularité. Dans le fond, elle ressemble bougrement au voile de Maya décrit par ce bon vieux Schopenhauer : une illusion qui me masque la vérité. Celle que j’aime mieux ne pas voir. C’est beaucoup plus confortable comme ça. Je peux être une vraie couilles-molles, parfois.

En rentrant, je tombe sur un pauvre message à la con dans lequel Violette taquine un autre mec. Bordel, z’allez pas tirer sur l’ambulance en plus ??! Ayez pitié quoi, merde ! Laissez moi une chance, une bouée de sauvetage, une branche à laquelle me rattraper… !
Je me pieute maintenant, ou je me plains auprès d’une oreille docile ? Non, c’est inutile. Inutile de parler à qui que ce soit. Parce que personne, non, personne n’en a rien à foutre de vos emmerdes. Les autres (et surtout les femmes) veulent prendre du bon temps, êtres divertis, s’amuser en toute insouciance. Inutile de leur prendre le chou avec vos histoires. Marche ou crève.

Music when the lights go out.”

Dimanche, dès l’aube, à l’heure où blanchit la montagne, je serai en train de saillir dame Violette, moi, la grande gueule coiffée d’une casquette gavroche. Il m’arrive de m’interroger sur l’intérêt des beuveries géantes auxquelles je participe toutes les semaines. A quoi bon boire, se péter le crâne, parler à des cons ? Mais cette fois-ci, j’ai un but précis. Un plan de bataille. Culbuter l’aristo. Et si ça foire, je pourrai toujours noyer ça dans l’ivresse, car c’est ainsi que font les prolos, n’est-ce pas ? Oui, je suis un prolo. Un prolo du sexe. Ou plutôt je l’étais.

Les media s’escriment à dépeindre la concurrence féroce qui règne sur le marché du travail. Ils oublient qu’il existe un autre marché où sévit le libéralisme le plus sauvage : celui de la baise. Pas d’Etat pour réguler, défendre les faibles, restreindre les privilèges. Dans cette matrice-là, rien d’autre qu’un capital de départ, des chattes d’un côté et des pénis de l’autre. Mais j’exagère. J’ai pour habitude de noircir le tableau, surtout quand il s’agit de la fresque qui relate ma pauvre existence. Je n’ai plus grand-chose d’un prolo aujourd’hui. Je suis pire que ça : un nouveau riche. Un prolo qui s’en est à peu près sorti. D’où mon ego surdimensionné. D’où la fierté que j’aurais, demain, à savoir que je serai le mec le mieux sapé du gala. Ma gueule n’est pas exceptionnelle, elle passe, sans plus, si l’on omet mon regard. Je suis très fier de mon regard. Mais niveau fringues, là d’o ù je viens, personne ne m’arrive à la cheville. Vous me trouvez surement présomptueux. On l’est toujours, quand on s’est longtemps détesté.

J’ai croisé trois types de mon ancien établissement, tout à l’heure, en allant acheter à boire. Trois ténors du marché de la baise. Jeunes, beaux, riches et sociables. Tous casés dans les meilleures assos, du genre qui font rêver les ménagères en devenir. Les filles de là-bas se les arrachent. Si l’un de ceux-là se met en tête d’emballer Violette, je sais pertinemment que je n’aurais aucune chance. Même tableau si mon ami Tim s’y met. Tim possède un charme magnétique. Il lève n’importe quelle chatte sans lever le petit doigt. Ça m’impressionne. Beaucoup. Dans ma nouvelle école, je fais partie du haut du tableau. Je ne suis plus habitué à une concurrence aussi rude. Et si l’un d’eux me pique Violette ? Bah, je me consolerai en songeant que tous ces petits merdeux deviendront tôt ou tard des comptables bedonnants, aux tempes grisonnantes, abrutis par leur métier à la con et forcés de se rabattre sur de la moule de troisième choix. Moi, mon bide demeurera impeccablement plat, et je ne perdrai jamais mes forces comme un esclave dans un boulot de merde. Plutôt bouffer de la soupe aux choux tous les jours que fait le seigneur. Bref, je m’égare.

Rester cool, niquer Violette, prendre du bon temps, mollo sur la bibine. Alea jacta est.
Edvard Dolokhov
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  • [0] Like a boss ! le 25.01.13, 20h41 par TheMista
  • [0] Like ! le 28.01.13, 01h26 par Nnnicooo
Yo' !

Ca fait toujours plaisir de lire tes pavés. Vraiment.
Edvard Dolokhov a écrit :Si l’un de ceux-là se met en tête d’emballer Violette, je sais pertinemment que je n’aurais aucune chance.
Si ça devait arriver, montre-leur que les prolétaires, qui suintent, puant la sueur, et la bière, ont quelque chose dans le ventre.

Je prends un plaisir tout juste orgasmique à échanger des regards érotiques avec les demoiselles en sac Louis Vuitton devant les petits bourgeois qui n'osent pas l'ouvrir pour arrêter ce spectacle.

Je t'assure que tu as une chance. Ca se sent, ça se voit à tes lignes. Tout ça est plus puissant qu'un sourire Colgate, une grosse voiture, ou même un engin qui dépasse le double-décimètre.
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  • [0] Merci ! :) le 25.01.13, 19h52 par Edvard Dolokhov
Merci mec, ça fait toujours plaisir de lire tes encouragements aussi ;).
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