Ozone a écrit :Je vais pas me faire que des amis, mais franchement, le féminisme actuel me fait royalement chier. Combattre pour interdire mademoiselle, rajouter e-e-s à la fin des phrases, alors que l'égalité salariale en France est encore une vaste blague ou que des filles telles que Malala, une fillette Pakistaise de 14 ans reçoit une balle dans la tête parce qu'elle se bat pour que les filles de son pays puissent aller à l'école... sérieusement, le féminisme Français a été pris en otage par une poignée d'ultras issues de la petite et grande bourgeoisie, totalement déconnectées des véritables problèmes des femmes en France.
J'ai été salarié pour une association féministe, et franchement ce que j'ai vu m'a totalement dégouté de ce combat. On se battait plus pour mettre un procès au cul à OrelSan ou changer les règles de l'orthographe que pour des combats concrets. Pourquoi ? Parce que ça faisait le buzz et donc ça permettait de redemander des subventions pour l'année prochaine.
C'est pas faux. Je me considère moi-même comme féministe (du coup, je ne sais pas si tu voudras me parler à nouveau ou même simplement répondre à ce post, mais je prends le risque), mais je ne me retrouve pas dans les associations qu'on voit le plus souvent monter au créneau telles Osez le féminisme (true story : elles m'ont même bannie de leur page Facebook, et j'ai eu la joie de me prendre la gueule en vrai avec Caroline de Haas... c'est dire si je suis contente de voir Najat ressortir toutes les conneries d'OLF).
Néanmoins, à chaque fois qu'on me dit "y'a des combats plus importants", je me demande si c'est vraiment pertinent. Perso, je milite aussi pour la défense des animaux (double casse-couilles je suis), et à chaque fois on me sort ça : "oui, mais les petits enfants qui meurent de faim, etc". Ben, ça n'empêche pas de faire des choses pour eux aussi, il me semble. On peut mener plusieurs combats de front, et avec ce genre de rhétorique, on ne fait plus rien car il y a toujours plus important. Il y a plus important que de revaloriser le SMIC : c'est d'offrir un toit aux SDF. Il y a plus important qu'offrir un toit aux SDF : c'est d'avancer la recherche sur le virus du SIDA. Etc etc. On peut aller loin comme ça...
Du coup, même si ça ne me plaît pas de rajouter des "e" partout (je me considère perso comme un auteur et pas comme une auteure mais bref), je ne crois pas que ce soit forcément idiot d'avoir des combats moins essentiels parfois. Idem pour le "mademoiselle" : ça ne change pas la face du monde, mais c'était une précision qui ne servait à rien du tout sur les docs administratifs.
Quant à savoir si elles luttent suffisamment contre les vraies inégalités, je ne sais pas, ne faisant pas partie de ces assos, mais les lois sur la parité, l'égalité salariale existant déjà, et n'étant pas respectées, elles ne peuvent pas faire grand-chose. La Barbe par exemple essaie de marquer les esprits en montrant que les femmes sont souvent sous-représentées dans les médias ou les milieux intellectuels, mais ça ne change pas grand-chose à la donne : si certains veulent frauder et qu'on ne le leur interdit pas, y'a pas moyen que ça bouge.
(Au passage, j'aime bien Orelsan moi.)
Ozone a écrit :Ensuite, j'ai un vrai problème avec la ligne féministe dominante actuelle, qui veut imposer comme une théorie scientifique que le genre n'est pas naturel, mais culturel... en gros, nier les différences, aller vers une humanité lissée, sans aspérité... une sorte d'eugénisme social bien degueu. Et les féministe radicales qui tiennent le haut du pavé je les ai rencontré: une haine de l'homme, une envie de revanche et un besoin de rabaisser l'homme à ses pulsions assez dégoutantes... des vrais juges-pénitents. Il y a presque quelque chose de stalinien dans leur démarche, si tu es un homme et que tu n'est pas d'accord avec leurs théories, que je trouve à titre personnel dangereuse, tu es un dangereux phallocrate.
Franchement, les mecs qui sont dans ce genre de ligne, je les ai fréquenté dans le cadre de mon boulot, j'ai rarement vu des gens aussi pathétiques: ils sont presque devenu des eunuques, le cerveau lavé par des féministes qui font de tout homme un coupable, car il est homme.
Ce n'est pas une théorie scientifique, puisqu'il n'y a aucun moyen de prouver ça scientifiquement. C'est le fruit de recherches en sciences sociales, humaines ; on peut ne pas être d'accord avec ça, évidemment, mais ce n'est vraiment rien de plus que ce que disait Beauvoir quand elle commençait
le Deuxième sexe par : "on ne naît pas femme, on le devient" (ce qui à mon sens vaut aussi pour les hommes).
Personnellement, c'est effectivement à ce courant-là que je me rattache, ce qu'on nomme les études sur le genre, de même qu'au féminisme qu'on appelle pro-sexe et dont Constant a parlé un peu plus haut (oui, en tant que sale féministe castratrice, je suis favorable au porno et à la prostitution, notamment...)
Je ne souhaite nullement que l'humanité devienne lisse et sans aspérités. Et ce n'est pas le cas non plus de celles que j'ai lues et qui pensent comme moi, qu'il s'agisse de Judith Butler, Virginie Despentes, Camille Paglia, etc. Il s'agit au contraire de penser l'humanité dans sa diversité : une personne de sexe mâle n'a pas forcément une identité de genre masculine, et une personne de sexe féminin n'a pas forcément une identité de genre féminine. L'identité de genre est ce qui est construit par le biais de notre rapport aux autres, à la société ; l'injonction pour une femme d'aimer la tendresse, les bébés, etc, et celle faite aux hommes d'aimer la violence, de ne pas montrer leurs sentiments, etc. Bref : il s'agit de permettre à chacun de vivre pleinement son identité de genre, qu'elle corresponde ou non à son sexe.
Pour faire vite, je n'ai pas de problème avec un mec très viril s'il est heureux comme ça, comme je n'ai pas de problème avec une nana très féminine si elle est épanouie. J'aimerais simplement que les mecs qui ont envie de chialer, d'être faibles, et les nanas qui ont envie d'être viriles, d'aller au combat soient aussi bien acceptés que les autres, c'est tout.
Maintenant, quant à la question du stalinisme, personnellement je n'ai jamais considéré les hommes comme mes ennemis, au contraire. Je pense que le féminisme n'est pas l'apanage des femmes : il y a des tas de femmes tout aussi sexistes voire plus que les mecs. La bêtise n'a pas de sexe, et le conditionnement social repose sur tous et toutes. D'ailleurs, c'est souvent dans les cadres féminins que j'ai pu côtoyer que je me suis sentie le moins bien acceptée, parce que je ne correspondais pas à leur idée de la féminité. Mais bref...
Je connais d'ailleurs des militants hommes qui pensent comme moi et qui n'ont rien à voir avec des eunuques.
Après, très franchement, je mélange rarement intellect et sexualité, parce que je pense que ce sont deux choses différentes, et si je milite pour l'égalité de manière raisonnée, ça ne m'empêche pas d'aimer me faire baiser par un mec très viril qui me traite de petite pute, par exemple. Je ne cherche pas à lier les deux, ça n'aurait pas d'intérêt ; les fantasmes n'ont pas à être intellectualisés et/ou raisonnables.
Ozone a écrit :Je ne crois pas en l'égalité homme-femme, je crois en l'équité, totale. Un homme et une femme sont différents, mais l'on se doit d'avoir une égalité totale de traitement et de salaire, ainsi qu'un respect des deux côtés. Mais qu'on ne vienne pas me dire que je dois ressentir de la honte parce que j'aime les gros seins ou les mini-jupes. Elles veulent imposer un sentiment de culpabilité très judéo-chrétien, et très dangereux.
Désormais, quand une fille me dit être féministe, je ne discute plus avec elle ou je passe à autre chose, parce que le combat actuel me semble non seulement bien éloigné des vrais combats à mener, mais surtout castrateurs.
Bon, comme je le disais, à toi de voir si tu veux ou non me répondre, j'ai annoncé la couleur dès le départ.
Moi aussi, d'ailleurs, j'aime les minijupes et les gros seins. Comme quoi...