Que voilà une discussion intéressante, je me suis posé et me pose toujours beaucoup de questions à propos du couple libre. Pour moi, c'est un peu un numéro de funambule, mais cela me semble le meilleur moyen de garder un équilibre entre satisfaire des besoins naturels et construire une relation de couple durable.
Je pense que vraiment beaucoup de questions pertinentes ont été soulevées dans cette discussion.
Terrigan a écrit : j'ai juste l'impression que pour ce qui est des choix de vie amoureuse la plupart des gens optent tous pour le modèle culturel traditionnel.
Le modèle hédoniste que tu pointes est bel et bien là, ancré dans la culture populaire, mais il semble rester bloqué sur le palier du loisir.
Quand il s'agit d'organiser sa vie amoureuse sur le long terme, c'est comme si la majorité décidait, librement et individuellement, je le rappelle, de dire: "bon on va arrêter les conneries. Les histoires de partenaires multiples, d'union libre et de plumes dans le cul c'est pas mon truc. Moi je veux du solide, quelqu'un qui n'aime que moi et je n'aimerai que lui/elle en retour, et avec qui je pourrais avoir des enfants"
Comme quoi les gens ne sont pas si débridés que ça, ou alors à une période donnée de leur vie, qu'ils considèrent vouée à prendre fin le jour où ils décideront de "se caser". Tout cela demeure très binaire.
Je crois que Terrigan a tapé dans le mille. Beaucoup de queutards, séducteurs, hédonistes, avec une vision très ouverte et progressiste des rapports hommes/femmes, vont opter pour le modèle réputé stable, traditionnel, de leurs parents. Parce qu'a un moment donné, "il faut être sérieux, arrêter de déconner".
Est-ce que c'est parce qu'après avoir connu beaucoup de partenaires et d'expériences différentes, on a plus besoin de vivre ça, on peut vivre une relation exclusive ? Ou est-ce que c'est parce que on veut mettre toute les chances de son côté pour que ça marche, donc faire une croix sur les aventures extra-conjugales ?
Ce choix est-il culturel ? Ou naturel ?
Je pense que savoir faire la distinction entre ce qui dans nos moeurs provient de la nature, de notre biologie, et de la culture, de ce qui est construit socialement et de nos représentations mentales est primordial.
Levis-Strauss est le premier a avoir théorisé cela, c'est un champ d'étude passionnant dont beaucoup de questions restent encore sans réponses. Je pense que cela peut aider à mieux nous connaitre en tant qu'êtres humains et sociétés humaines.
Peut-être ce choix est une affaire de culture.
Constant99 a écrit : Je vois ce que tu veux dire, et en effet c'est notre culture/société qui nous dit qu'on doit être jaloux quand notre conjoint couche avec quelqu'un d'autre, mais pas quand il lui fait la bise. D'un autre côté, j'ai tendance à penser que c'est notre société qui nous dicte la plupart de nos émotions, donc je ne sais pas si la distinction est vraiment pertinente.
Pas vraiment d'accord. Je pense au contraire que la jalousie est une émotion complètement naturelle. Manifestement, ce n'est pas quelque chose qui existe chez les animaux, j'ai lu deux-trois choses,. Mais chez l'homme, on la ressent dès tout petit (jalousie entre frères et soeurs par exemple).
Cela dit, peut-être que ce sentiment de jalousie est favorisé par le fait que dans notre culture occidentale, c'est encore la relation monogame ou rien. Si notre copine a des affinités avec d'autres personnes, cela met en danger cette relation, et nous-mêmes.
Peut-être que si on vivait dans une société ou les rapports sexuels sont libres et multiples, on ressentirait moins cette jalousie, ou elle se manifesterait dans d'autres occasions.
Blusher a écrit : J'ai déjà expliqué par ailleurs ma conception de la jalousie. Celle-ci est tout à la fois une émotion composite allant de la tristesse à la colère mais aussi et surtout un mécanisme de pouvoir dans la relation.
Je pense que le mécanisme de pouvoir est une conséquence, mais pas le but de la jalousie. La jalousie entraîne un pouvoir, un contrôle ("je surveille tes faits et gestes, tu m'appartiens, j'ai l'exclusivité", etc.). Mais le mécanisme qui est en place, pour moi, c'est bien un mécanisme de défense, de survie peut-être, lié a une, parfois, grosse insécurité. Pour moi, la jalousie est ni plus ni moins que de l'insécurité, un manque de confiance en soi.
Je pense qu'on a tous ressenti ça. C'est une sorte de douleur, de peur viscérale, la peur d'être inimportant, d'être nul, d'être trompé, moqué, abandonné au final. C'est quelque chose qui vient de loin. Je ne pense pas être quelqu'un de très jaloux, mais j'ai souvent ressenti des piques de jalousies, quand mes copines riaient aux blagues d'autres hommes, ou passaient du temps avec eux. Et ce malgré tout l'amour qu'elles me portaient, et toutes les marques d'attachement, et aussi le fait que je n'avais aucun doute qu'elles m'adoraient et recherchaient une relation exclusive avec moi (dont moi je ne voulais pas, cherchez l'erreur !).
Bref, le seul moyen de lutter contre la jalousie, c'est de faire un immense travail sur soi. C'est une sacrée bataille.
Expérimenter le couple libre me semble un bon moyen de mener cette bataille. Sur une période de temps courte et avec une copine dont on sait qu'on ne fera pas sa vie, ça me semble aussi une bonne idée de la part d'Owen. Avant de mettre ça en application, et de tâcher de le réussir, avec celle avec qui on veut vraiment faire sa vie.