Re: Economie : La crise. Systémique ou non ?
Posté : 08.01.15
Efficace jusqu'à preuve du contraire. En clair, efficace jusqu'à une crise suffisamment hardcore et/ou récurrente la remette en cause. Keynes, on l'a laissé tombé quand on arrivait à une stagflation à deux chiffres et chômage.Chymero a écrit :"erreurs" comme tu les appelle, elles sont à mon sens particulièrement récurrentes. Et je ne vois pas comment tu évalue si une "politique économique" comme tu l'appelle marche ou échoue puisque c'est la même politique qu'on encensait jusque là qui crée la crise suivante.
Je ne vois pas en quoi le croissance ne permettrait pas de percer. Elle permet de percer parce qu'elle offre de nouveaux emplois, permet à de nouveaux talents d'éclore et de forcer leur place si nécessaire, offre une place dans la société à de nouveaux arrivants. Ensuite, le capital, c'est trop vague comme notion. En se focalisant uniquement dessus. Oui, ceux anciennement en place qui possédaient du capital bénéficient aussi, mais certains qui n'en avaient pas en acquièrent. Et tu remarqueras que le fait que ces anciens bénéficient est une carotte pour prendre des risques aux côté des nouveaux. Le bâton étant l'érosion de leurs acquis.Chymero a écrit :Quand à la croissance, aujourd'hui elle ne permet pas vraiment à qui que ce soit de percer puisque c'est le capital qui en récupère les bénéfices (au moins à l'heure actuelle) et que je ne vois pas pourquoi les nouveaux arrivants seraient meilleurs que les anciens s'il n'y a pas de changement de mentalité.
Je veux dire. Dans un monde sans croissance. Comment tu vas créer une vraie entreprise, à part te créer ton propre emploi parce que tu n'arrives pas à sortir du chômage (et encore, quand je dis ça, le sous-jacent c'est qu'il y ait une protection sociale différente entre salariés et entrepreneurs...) ? Je veux dire, l'entrepreneuriat, c'est cool, mais il faut pour cela de nouveaux secteurs. (Généralement, quand tu as un nouveau secteur, tu as de la croissance (exemple: NTIC)).
Les entreprises en place quant à elles, je les vois plus détruire des emplois. Parce qu'elles gagnent en expérience sur des tâches qu'elles font et refont, sans besoin de réadaptation. Donc de moins en moins d'emploi, de plus en plus de gens sur le carreau. Pourquoi investir dans la formation ? Se former, ça sert à augmenter sa capacité d'adaptation. Sauf que là, s'adapter à quoi et pourquoi ? Ce sera quoi l'intérêt des plus puissants en place ? Conquérir de nouveaux marchés ? Oui, mais on reste dans du jeu à somme nulle. En plus, comme je disais, avec le gain en expérience des firmes, je vois plus une réduction de l'emploi. Sachant qu'en plus, plus une boîte devient grosse, plus elle fait dans l'économie d'échelle, ça fait une nouvelle force à la réduction d'emploi. De plus, je pense que t'as déjà étudié le cycle produit. Et donc un produit qui atteint la phase mature (la "vache à lait"), ben, pour gagner dessus ensuite, on fait dans le cost killing. Et pour faire du cost killing, tu tapes dans des facteurs de production, en les cherchant toujours plus pauvres/moins chers. Tu remarqueras aussi que dans ce jeu à somme nulle, ce sont les gagnants qui eux, augmentent leur revenus. Sachant que, les études en font la constatation, plus tu possèdes à la base, plus ton espérance de gains augmente. Donc en clair, exactement ce qu'on peut voir en temps de crise, comme le rappelait Ploum: tout le monde trinque, sauf le haut de la pyramide qui lui, gagne, voire gagne pas mal !
Alors oui, là, j'ai mis l'empathie sur l'aspect darwinisme social du capitalisme selon moi. Il y a d'autres forces. Mais pour moi, ça reste la principale, et sans la croissance pou la contrecarrer...
Dans le fond, c'est bien pour ça que j'avais lorsque j'en ai entendu parlé quand la crise a commencé, une vision plutôt favorable des subprimes. Pour moi, c'était une innovation financière qui a foiré. Et on s'est aperçu à cette occasion que tous les coupe-feu qu'on avait mis étaient bancals. Mais une innovation financière louable. Bon, après, j'ai appris qu'il semblerait (je dis bien il semblerait, ça reste vraiment à confirmer) qu'en fait, c'était de la pure arnaque et que les gars même qui l'ont mis sur pied ne croyaient pas au succès du prêt. En clair, le banquier fait un prêt pour surendetter son client, ce qui est pas mal... Ça reste à confirmer. Mais tu admettras que dans ce cas de figure, n'importe quelle situation est scandaleuse (le médecin qui te donne des médicaments pour te rendre malade et que tu reviennes chez lui, le mécanicien qui profite d'une réparation pour te voler tes bonnes pièces et te foutre des pièces pourries ce qui permettra en plus que tu reviennes chez lui pour qu'il recommence le même manège et te dise à la fin que c'est la voiture qui est pourrie et qu'il faut la changer (vous remarquerez que ce sont deux rumeurs que j'ai déjà entendu))...
Chymero a écrit :si l'Europe devait s'enfoncer dans la crise, voire se dissoudre, il est clair que ce serait alors une crise sans précédent, emmenant donc au passage un certain nombre d'autres pays (surtout des pays développés mais pas que).
J'oublie s'il n'y a pas déjà eu au moins un précédent au 18me ou au 19ème siècle, et je ne vois pas pourquoi il y a aurait une crise dévastatrice. On se retrouverait simplement avec une bande d'états rivaux et désorganisés en Europe de l'Ouest. Bref, ils deviendraient simplement plus faible que maintenant, ce qui ferait la joie de nombre de pays très divers, genre la Chine. L'Europe, c'est une chance pour les européens. Les autres pays, ils s'en foutent un peu de son sort. Enfin, dans la mesure où on se fout d'un pays puissant actuellement, genre les USA. A cause de leur incroyable capacité à foutre la merde. Mais passé ça, sauf attirance personnelle, tu t'en fout un peu du pays.