Tout d'abord Mr.Smooth, merci pour ton retour très constructif! J'apprécie l'échange. Je vais essayer de répondre.
Pour cette partie:
Je préfère qu'on ait décidé de s'embrasser avant, dans un fil conducteur. [..] Mais quitte à ce qu'il se passe quelque chose, je veux que les choses se fassent dans l'instant.
Paradoxe girl on: Je vois le "baiser du au revoir" comme le baiser de "la dernière chance". Je ne le vois pas comme quelque chose de fluide, "de l'instant". En somme, que l'une comme l'autre n'avons pas eu les "ovaires" (pour ne pas dire couille) ou l'envie de le faire avant, et maintenant, c'est "Ok, on va donner une note à ce rendez-vous et je vais te signifier si oui ou non tu me plais ou pas". C'est pour moi le moment le plus bas en terme de tension sexuelle pour un baiser, et je l'ai toujours trouvé très gênant quand ça se produisait. Mais ça c'est dans ma tête hein.
Je ne comprends pas en quoi faire ça revient à ne pas voir ou apprécier ce qui fait de la personne en face une personne stylée.
Pourrais-tu m'expliquer? Ca me fais me poser beaucoup de questions sur les autres. Surtout de savoir ce qu'ils cherchent dans une relation et une rencontre.
Bonne question. Je ne sais pas comment ça se passe dans la tête de ceux que tu connais, dans la mienne, ça n'enlève pas l'appréciation de la personne... c'est plus que ça modifie mon état d'esprit, et donc ma façon d'être et ma façon d'être perçue. C'est presque devenu un genre de rituel, avec des codes et des étapes précises, et ça devient vite addictif (d'être dans de la consommation sexuelle, je veux dire). Dans cet état d'esprit, c'est plus un genre d'évaluation sur une éventuelle compatibilité sexuelle avec une conclusion à l'expérience. Et en fait, je remarque aussi qu'en me comportant dans ce sens là, les femmes font les mêmes conclusions. Ce qui est logique en soit. "Si tu veux être une amie, comporte toi comme une amie, si tu veux être un plan cul, comportes toi comme un plan cul" bref tu comprends l'idée. Pour illustrer concrètement, les relations qui ont le plus comptées à mes yeux et qui ont été les plus longues, sont celles où je n'avais pas cet état d'esprit et où j'ai le plus attendu (ou fait attendre), où j'ai le moins sexualisé la relation. Et je ne pense pas que ça soit un hasard. Pour moi en tout cas parce que bon, ça n'empêche qu'il y a des gens qui évoluent du plan d'un soir au friend with benefit à la relation longue.
Surtout de savoir ce qu'ils cherchent dans une relation et une rencontre.
Je ne pense pas être très différente des autres, et vouloir à peu près la même chose que tout le monde. Être surprise, touchée, ou bousculée, sentir un feeling particulier, ressentir des émotions positives, éprouver du désir, de la curiosité, de l'attirance, avoir la sensation de vivre quelque chose de différent, d'unique, me laisser aller à quelque chose de spontané, d'évident, me sentir timide, vulnérable et attendre le prochain appel/sms/rendez-vous comme une adolescente amourachée et attardée. Après, quand je veux du sexe pour le sexe, je veux du sexe pour le sexe.
>c'est un évènement important donc elles/ils ont envie d'en parler, et assez rapidement quand tu deviens intime.
>seulement la plupart des gens réagissent de manière bien trop émotive.
Pour ce qui est de mon histoire, j'ai tendance à aborder les choses à partir du moment où j'ai une relation sexuelle avec quelqu'un, par précaution. Parce qu'il se trouve que j'ai un blocage physique autant qu'émotionnel, et que la pénétration m'est douloureuse voir quasi impossible, et qu'il faut un certain temps et conditions pour que les choses deviennent supportables et/ou agréables. En gros, c'est moi qui décide quand et comment on me pénètre, jamais l'inverse. Ça m'évite donc la douleur et l'envie d'arrêter net. Parfois, quand je n'ai pas particulièrement envie d'approfondir les choses, je dis simplement que j'ai un genre de vaginisme. Mais c'est vrai que je n'ai pas pour autant envie qu'on me victimise et que ça peut me mettre mal à l'aise lorsqu'on réagit de manière "bien trop émotive". Et que c'est difficile de savoir comment tourner les choses pour que la personne n'en devienne pas hyper précautionneuse. Parce que, dans les faits, je suis une femme très sexualisée.
>De mon expérience, une personne qui te parle de son épisode, elle ne le fait pas pour que tu modifie ton comportement, mais pour que tu l'acceptes, et pour se délester d'un truc lourd a porter. Pas pour que la personne en face devienne hyper, et ne la vois plus que comme une victime, ou comme ayant été réduite à cet épisode.
Pour Clémentine, c'est exactement ce qu'elle m'a dit. Que le comportement de ceux qui le savaient avaient changé, qu'elle avait l'impression d'être prise en pitié et qu'elle détestait ça.
>Ca se matérialise pas mal quand tu couches en fait. Ce que m'ont dit les filles, c'est que plein de mecs vont se mettre à être trop empathique et vont :
-soit devenir mou, ne plus oser mettre du bestial, être entreprenant, dominant
-soit, et ça c'est commun, sentir qu'ils ne peuvent assumer le poids et arrêter là. Ces gens là pensent qu'ils ne veulent pas prendre le risque de faire du mal à la personne, qu'il ne voient en fait que comme une "abimée".
Ça dépend aussi du stade d'acceptation de la personne ayant été victime je pense. Autant, il y aura des femmes qui auront été victime de viol qui l'auront intégré comme faisant partie intégrante de leur vie et qui réussissent à vivre aujourd'hui sereinement les relations sexuelles qu'elles ont, autant il y en a d'autres qui ont encore beaucoup de symptômes post traumatique même des années après. L'idée en fait, je pense, c'est d'écouter la femme en question et de voir comment elle entrevoit, sent et veut les choses.
>ce qui m'avait marqué, c'est que deux des filles qui avaient subi un viol m'ont dit un truc du genre "ce que j'aime avec toi, c'est que je t'ai dit ce qu'il s'était passé, et pourtant tu me regardes et tu couches avec moi comme si rien ne s'était passé".
Si ces filles ont fait le deuil de l'expérience, ça ne m'étonne pas. Il y a des différences fondamentales entre avoir une relation sexuelle consentante et non consentante. Le ressenti est différent et, lorsqu'on couche avec une personne dont on en a envie, il n'y a pas vraiment cette idée de violence, de dégoût ou de répulsion. Les choses sont fluides et se font par désir, et notre corps réagit en conséquence.
Après je te parle de femmes que j'ai connu bien après leur viol (genre au moins un an), et ça avait eut le temps de se tasser. Donc ce que je dis n'est valable qu'une fois la phase de choc passée. D'ailleurs la phase de choc n'est pas obligatoire, ça dépends du contexte de l'évènement déjà et de la personne qui le subis.
Je te rejoins entièrement là dessus!
Du reste, tu n'as pas à te sentir coupable pour la faute d'autres personnes. Et je pense que c'est un peu inutile d'aller dans les "si j'avais fais X alors peut être..." C'est même égocentré (bon ça à la limite...) mais surtout improductif.
On ne contrôle pas tout, même si on aimerait.
Moi ce que m'a dit maman c'est qu'il y a un temps pour tout, et qu'il y a effectivement une période ou tu dois gérer ça seul. Parce que malgré tout les soutiens du monde, t'es avant tout TOI dans ton corps, ton esprit, et tu y es seul. Il y a un passage de confrontation à cette réalité qui est dure. Là, je pense que ça dépend des individus. C'est un peu comme les militaires qui souffrent de PTSD (enfin le vrai PTSD), certains ont besoin de temps pour eux, d'autres de s'épancher, d'expliciter. Et savoir que t'as du soutien intelligent (et pas juste dans la réaction émotive) ça aide dans tous les cas.
Merci pour ces pensées, conseils.
Donc ma question, c'est , toi de ton côté, comment tu vois les mecs? Concrètement, est-ce que comme moi l'odeur de la plupart des mecs te dégoute? Est-ce que le corps masculin viril ne te fais ni chaud ni froid ?(sauf à reconnaitre effectivement que c'est beau, sans attirance)
Si en implicite tu me demandais si l'évènement que j'ai vécu a modifié ma perception des hommes, certainement. Cela dit, j'ai depuis toujours été attirée par les femmes, j'avais des "amoureuses" et non des "amoureux", et les mecs qu'on essayait de me coller dans les pattes quand j'étais gosse ne m'inspiraient absolument rien. Au pire je faisais semblant pour faire plaisir aux autres.
Alors je ne pourrai pas te dire qui de l'oeuf ou la poule est née en premier, mais je peux dire qu'il y a un mur très opaque entre les hommes et moi. Il y a des mecs que je trouve sympa et même que j'apprécie beaucoup, mais je n'arrive pas à gommer cette différence qui nous sépare. D'un point de vue sexuel, physique, c'est "drôle" parce que comme toi, oui, l'odeur des hommes me rebutent. Je ne dirai pas qu'elle me dégoûte fondamentalement, mais elle est répulsive. Leur peau aussi (j'avais dit plus haut être sensible à la matière). Non, le corps masculin ne me fait ni chaud ni froid. Je vois qu'esthétiquement ça peut avoir de la gueule des muscles sculptés, mais ça ne produit absolument rien. Je pourrai observer un joli canapé que ça me ferait à peu près le même effet. Et puis c'est difficile à expliquer, mais la dimension "humaine" des hommes ne m'attire pas non plus, que ça soit sexuellement ou romantiquement.
Qu'est ce qui te plait chez une femme? La féminité?
C'est difficile de dire ce qui m'attire chez les femmes, parce que c'est purement émotionnel, impulsif, instinctif, animal, que mes goûts ne seront pas celles des autres et que c'est difficile à intellectualiser. Je peux dire que pour moi, le sexe ne fait pas la femme comme je le perçois. Je pourrai très bien faire l'amour à une femme qui aurait un pénis (trans), si tant est que les traits de son visage et les courbes de son corps ne me fasse pas penser que c'est un homme (puis son odeur aussi, du coup), alors qu'un homme qui aurait un vagin, ce serait impossible à envisager. Je sais aussi que je suis quasi exclusivement attirée par les filles dites "féminines". Pas nécessairement qui auraient des cheveux longs ou qui aiment le shopping parce que ça ne veut franchement rien dire, mais je suis plus facilement attirée par les femmes dites "cisgenre", à savoir celles qui se sentent femme, et qui n'ont pas d'ambiguïté ou de problème d'identification à leur sexe. J'ai du mal aussi avec les femmes un peu "disgracieuse", j'aime qu'il existe une certaine "élégance" et "raffinement", mais j'imagine que ça a plus à voir avec ma personnalité. Je suis attirée par une odeur, une voix, une peau, un regard, des lèvres, des seins, une nuque, des épaules, un dos, une façon de rire, de marcher, de penser, un intellect, bref. Les femmes plus androgynes ou "masculines", je peux pour certaines leur trouver un certain charme mais je n'ai jamais été attirée sexuellement par l'une d'entre elles. Romantiquement, esthétiquement, oui peut-être. J'ai été attirée une fois par une androgyne, mais ce n'était pas sexuel, et il existe à peu près la même absence d'attirance physique que j'éprouve envers les hommes. Contrairement à toi, je dissocie la pratique sexuelle de l'orientation, et donc ce que mon corps pourrait faire avec un homme ne me rebute pas particulièrement d'être fait avec une femme, mais là, on rentrerait dans des détails un peu trop lubriques. Sinon je ne me suis jamais particulièrement interdite d'avoir une relation sexuelle ou amoureuse avec un homme, c'est plus que ça ne me donne pas envie et que je n'éprouve réellement aucune attirance. Pourtant, j'ai essayé la partie préliminaire, vraiment en me forçant (parce que bon, dans la société, on fait plus ou moins comprendre aux homosexuelles que si elles n'ont jamais essayé elles ne peuvent pas savoir, ce qui sème le doute chez nous), mais l'envie d'aller plus loin n'est jamais apparu (même avant et pendant, d'ailleurs). Au pire je veux bien un câlin (et encore que), faire semblant de jouer à séduire sans que ça n'implique aucune ambiguïté, mais ça s'arrête là.
Je ne sais pas si ça t'éclaire.