FTS

Quand j'imagine une discussion en famille sur le porno, je revois toujours le père dans American Pie et la tête effrayée du fils.

@NeverEnough Vous l'avez jouée en mode intervention parentale où vous avez fait en sorte que le sujet vienne naturellement ?

Non parce que dans ma famille, je crains que personne ne s'y soit réellement collé pour mon petit-frère et je sens que je vais devoir le faire un jour. Parce qu'il m'a déjà dit en regarder. Je ne sais pas à quelle dose cela-dit.

Sathinelilly a écrit : est ce que c'est vraiment le rôle d'une mère, de mettre en garde ses fils au sujet de l'abus de porno?

Même constat qu'Ozone: malheureusement ce sera totalement improductif.

Ozone a évoqué la gêne, j'ajouterai le déficit de crédibilité :
- En tant que femme. Dans l'esprit du gamin ça va faire "Ok, tu dis ça parce qu'en tant que femme tu as une haine réflexe pour le porno"
- en tant que mère. "Ok, c'est pas comme ça qu'on doit te faire l'amour à TOI ma maman chérie et sacrée. ça tombe bien, c'est pas avec toi que je compte m'envoyer en l'air, et ça m'étonnerait que toutes les femmes font l'amour comme toi (TOI, ma maman chérie et sacrée...)"

C'est juste trop lourd de dépasser le statut très spécial de la mère pour accepter que ce que tu vas dire est objectivement vrai. comme ça, par pure confiance. Quand on connaît l'esprit critique de merde, à tout le moins déplacé désespérément embryonnaire des adolescents, et leur confiance aveugle dans cet esprit critique, force est de constater que ça ne fonctionnera pas.

Il faut donc un homme, dans l'idéal le père, pour faire passer le message. Ou à la limite une professionnelle de l'information aux ados, à l'occasion d'une conférence sur le sujet...

Sathinelilly a écrit :A partir de quel âge est ce important de mettre le sujet sur la table?

Au pif, je dirais 12 ans.
Et je mitigerais avec le bon moment global pour aborder le thème de la sexualité avec l'enfant.
après-tout il est unique, il a donc son développement à lui par rapport à la mécanique physique et psychologique de l'adolescence...

Sathinelilly a écrit :Comment vous en parleriez, vous, à des ados??

Testé il y a quelque semaines, et pour la petite histoire c'est aussi pour ça que j'ai posé le sujet sur la table.

Contexte: un ado de 15 ans de mon association sportive.
Trajet en voiture pour un évènement sportif, du temps pour discuter. Initiative de ma part - J'ai lancé le sujet parce que le trajet était long, et parce que j'ai un côté apprenti-sorcier. Courageux ou téméraire? Si vous avez un avis, je suis preneur

Idées principales:

* Pas mal d'adultes sont inquiets au sujet du porno car ça ne fait que quelques années qu'il est accessible aussi facilement via internet, et ça change pas mal de choses. ça fait notamment plus de risques pour tous les jeunes de tomber dessus trop tôt, trop jeune.

* Pourquoi c'est nocif, 1)
Parce que c'est de la merde. Les scènes sont quasiment à 100% le contraire total de ce qu'il faut faire.

* Pourquoi c'est nocif, 2)
Sans aucune expérience, on n'a pas l'esprit critique pour savoir à quel point c'est faux et bidon

* Pourquoi c'est nocif, 3)
- La libido, définition (cadeau bonus, l'organe sexuel numéro 1 c'est pas les parties génitales mais le cerveau)
- La libido est fragile quand on est jeune, et elle restera tant qu'il n'y aura pas eu un vrai apprentissage avec une ou plusieurs filles. En attendant c'est une vraie éponge qui ne demande qu'à absorber tout ce qui traîne. Et donc si tout ce qui traîne c'est de la merde, ça absorbe de la merde. Voilà comment un ado peut devenir l'esclave de vidéos débiles, à croire que c'est comme ça qu'on fait, à vouloir faire comme ça, ce qui, crois-en mon expérience (et boum, argument d'autorité) est une source de catastrophes.

* C'est inutile
On a déjà nos pulsions, nos fantasmes et avec ça on se débrouille comme on peut dans son coin, pas besoin de s'hypnotiser comme un mouton devant une putain de vidéo.

frenchfab a écrit : Je vais parler de ce que constate avec mon pitchoun de 14 ans en ce moment.

C’est lui qui amène un peu le sujet régulièrement, par petites touches, sur la table : verbalement et physiquement (la main aux balloches est devenu un peu un tic chez lui).

Je lui dis simplement que le porno c’est la science-fiction du sexe. C’est une version pleine d’effets spéciaux et de codes particuliers (teubs géantes, chosification des rapports, etc.). Et qu’il n’y a pas à se prendre la tête avec ça. Avoir du recul lorsqu’il en verra. C’est du cinoche.

J’essaye de lui faire comprendre qu’il n’aura pas à plaquer plus tard dans ses relations à lui ce qu’il serait amené à voir dans ces films. Que les rapports sexuels sont avant tout de l’ordre du ressenti, de l’émotion avec sa future copine, et non pas une compétition de gym où on enchaîne mécaniquement les agrès.

On verra ce qu’il en fera.

Haha, j'adore ton angle d'attaque. Tout en finesse!

@ploum : on l'a pas encore fait :-) le plus grand va tout juste sur ces 11 ans, mais on commence en effet à discuter de comment aborder le sujet. A priori, pas façon réunion de famille, nan.

En attendant, on lui a offert un livre sur les (pré-)ados dont 25% des pages parlent facilement de sexe, dont l'addiction au porno. Perso, j'ai vaguement essayé de lui faire passer le message que si il avait envie de parler de quoi que ce soit, qu'il y a aucune honte à avoir, qu'on peut aider...

Y'a peu, j'avais penser ouvrir un topic "ce que vous auriez voulu que vos parents vous disent", mais cela nécessite d'activer le mode vieux con :-) et c'est pas forcément la population majoritaire sur FTS (on sait tous qu'il y a surtout des jeunes biens dans leurs basquets ici...).

ploum a écrit :Non parce que dans ma famille, je crains que personne ne s'y soit réellement collé pour mon petit-frère et je sens que je vais devoir le faire un jour. Parce qu'il m'a déjà dit en regarder. Je ne sais pas à quelle dose cela-dit.

Cool, tu as déjà ton angle d'attaque du sujet alors : a quelle dose ? Et de là tu exposes en quoi le l'addiction peut nuire à la qualité de sa vie sexuelle (future), quitte à faire un rappel sur les évidences (fiction, fantasmagorique, etc).
Tu nous ferra un report, hein ?

J'avais regardé cette vidéo sur TED et je trouvais que l'approche était plutôt intelligente, le mec part de son expérience à lui et il reste positif envers le sexe.

http://tedxtalks.ted.com/video/Why-I-St ... 2israel%22

Je me disais qu'il y avait des arguments à récupérer là dedans.

Pour ma part, je me souviens avoir été briefée en 4e à l'école en cours de SVT.

Après pour ce qui est de la famille, parents, on n'a pas vraiment de tabou chez moi, je parle beaucoup avec mes parents, donc ça aide forcément. Jamais de détail mais contraceptions, pilules, capotes, gynéco, et tout le tintouin, c'est passé normal, c'était un sujet comme un autre. Mes parents sont plutôt du genre à nous encourager à profiter tant qu'on reste protégés. et ça ne m'a pas incitée à coucher plus jeune ( ce que j'entends parfois, du style, si on informe, on les encourage à coucher, heu...)

Pour le porno, mon père a eu une discussion avec mon frère sur le sujet je crois quand il avait 12 ans.

NeverEnough a écrit :

frenchfab a écrit :On verra ce qu’il en fera.

T'as quand même pas l'intention de lui fixer une GoPro sur la tête pour cela !?
;-)

Oui, rappeler que c'est de la fiction, avec montage, trucage, artifice, castings, scénar... ah, nan, pas vraiment (quoi que).
Mais au delà du rapport au cinéma porno, y'a, et c'est le topic ici, l'impact sur la libido de son *abus*. On peut parfaitement être conscient qu'il s'agit de fiction, et en abuser quand même au point de réduire fortement sa libido, handicapant la qualité de la vie sexuelle réelle, elle.

Pourquoi pas ? ça donnerait peut-être un boulard français fauchée et original. Une sorte de docu réaliste entre Man versus Wild et le Projet Blair Witch.

Pour redevenir sérieux et concernant le côté compulsif que peut provoquer l'abus de porno pour un ado, c'est aux parents aussi à surveiller un peu ses fréquentations et connexions internet, tout en respectant aussi son besoin de liberté, qui va en grandissant avec l'âge. C'est pas simple...

Quand je dois lui limiter ou lui interdire un truc, je lui donne toujours une raison (ça c'est pas possible "parce que" blabla...). Je ne suis pas certain que ça marche toujours, mais au moins, il a une explication argumentée.

Terrigan a écrit :

frenchfab a écrit : Je vais parler de ce que constate avec mon pitchoun de 14 ans en ce moment.

C’est lui qui amène un peu le sujet régulièrement, par petites touches, sur la table : verbalement et physiquement (la main aux balloches est devenu un peu un tic chez lui).

Je lui dis simplement que le porno c’est la science-fiction du sexe. C’est une version pleine d’effets spéciaux et de codes particuliers (teubs géantes, chosification des rapports, etc.). Et qu’il n’y a pas à se prendre la tête avec ça. Avoir du recul lorsqu’il en verra. C’est du cinoche.

J’essaye de lui faire comprendre qu’il n’aura pas à plaquer plus tard dans ses relations à lui ce qu’il serait amené à voir dans ces films. Que les rapports sexuels sont avant tout de l’ordre du ressenti, de l’émotion avec sa future copine, et non pas une compétition de gym où on enchaîne mécaniquement les agrès.

On verra ce qu’il en fera.

Haha, j'adore ton angle d'attaque. Tout en finesse!

Je précise qu'avec mon fils, l'âge avançant (le sien et le mien), on devient plus complice et on se marre ensemble. Et l'humour, parfois, permet aussi d'aborder des sujets épineux (enfin, moi ça m'aide).

amelia a écrit :Pour ma part, je me souviens avoir été briefée en 4e à l'école en cours de SVT.

Pareil.

Et j'en profite pour remercier Astrid qui, à une question d'une prof pas forcément plus à l'aise que son élève, avait alors en répondant "clitoris" :
- stopper net les ricanements idiots des garçons
- de petite majorité de nanas également
- m'a fait râler sur l'absence de schéma morphologique dans le dico à ce mot ;-)
- pris facilement 2-3 ans de maturité aux yeux de tout le monde...

merci pour vos retours!
Je ne pensais pas aborder ça en mode réunion de famille, non.
Parfois, une actualité, un article, un documentaire permet de rebondir sur ce type de sujet. Il m'est déjà arrivé de parler de puberté et de sexe avec mes fils, souvent suite à une question de leur part.
Je pense qu'il n'y a pas de gêne si en tant que parent, et encore plus en tant que mère qui parle de sexe avec son fils, on reste dans le cadre informatif. J' évite donc le " eh ben tu sais, moi ....."
Ça dépend aussi beaucoup du jeune en question et de son caractère. J'ai 3 fils. Mes 2 plus grands (16 et 14 ans) ont des caractères très différents : l’aîné plutôt discret sur sa vie privée et intime, le cadet très expansif, limite à vouloir tout me raconter.
Avec l’aîné, même la prévention IST / MST a été compliquée, j'ai bien ramé!! Je me contente donc du minimum. Le jour où je l'ai trouvé devant le lave linge, perplexe avec ses draps en boule dans les bras, alors qu'ils avaient été changés la veille, je n'ai pas posé de question, ni fait de commentaire, je lui ai montré comment utiliser la machine et remercié pour son aide.

En revanche, le second ne rate pas une occasion de me raconter ses histoires ou celles de ses ami(e)s, je suis parfois obligée de le freiner en lui disant qu'il n'est pas obligé de tout me dire, que les détails ne me regardent pas.

Le soucis, si je dois aborder le sujet de l'abus de porno, c'est qu'effectivement c'est difficile de ne pas entrer dans le détail. Je vais donc m'abstenir, surtout maintenant que j'ai lu ça :

- en tant que mère. "Ok, c'est pas comme ça qu'on doit te faire l'amour à TOI ma maman chérie et sacrée. ça tombe bien, c'est pas avec toi que je compte m'envoyer en l'air, et ça m'étonnerait que toutes les femmes font l'amour comme toi (TOI, ma maman chérie et sacrée...)"

OMG!!