FR : La chemise rouge
Comme d'habitude, je constate l'état lamentable de mon logis. Il est 11h du mat, je me décide à ranger, laver, méthodiquement.
5h plus tard, l'eau de rinçage est toujours aussi noire, les murs aussi jaunes, aussi vide de toute trace de ma personnalité, de toute image. Je me demande comment j'ai pu en arriver là, à me laisser aller, à me laisser disparaître, tout ce temps. En une journée, j'ai à peine eu le temps de décrasser un peu ma chambre. Ça me déprime, j'ai envie de craquer une allumette et de tout cramer, moyen rapide et sûr pour retrouver de la salubrité, pour purifier.
Un peu déprimé, j'apprend que la soirée s'annonce mal. Un film, pour commencer puis un petit verre dans une ville voisine. Mouais. Faut quand même que je bouge, quand même que je trouve une fruste plus ou moins à ma taille.
Triant des T-shirt et des chemises trop longues / courtes / salles / petites de mon armoire, de plus en plus dépité, je constate au fond du meuble une tâche au reflet bordeaux. C'est ma vielle chemise Zara cintrée, celle que je mettais à 20 ans quand je me rêvais PUA. Marrant ça, que je l'aie pas jetée. Je la sors, l'essaie, convaincu qu'elle ne pourra être que trop petite. C'est pas le cas. Si elle n'a plus de pectoraux à mouler, elle n'emprisonne pas non plus de bide à bière, partis lui aussi. Un coup d’œil dans le miroir. Y'a quelque chose, dans ce reflet, un truc dans cet Oldboy usé qui me rappel vaguement quelqu'un que j'avais fini par croire mort. Marrant, ça. J'opte finalement pour une chemise grise trop grande, laisse tomber ces tâches ménagères insurmontables et me barre au ciné.
Le film est naze. Le pote qui nous a chauffé se barre. 30 bornes. J'ai le choix entre rentrer aussi, mon envie principale, ou rester. Je motive l'espagnole, son amie et mon pote qui sort avec elle. On convient de prendre le train de 1h30. Ce qui me pousse à rester, en toute franchise, c'est FTS. J'ai dis que je devais bouger. Je dois bouger.
On arrive dans un bar. On picole. L'espagnole est comme à son habitude, relativement distante. Mon pote et sa nana sont collés serrés. Je dois bouger. Le bal des prétendants commence. Des types tournent autours de l'espagnole. J'vais me faire griller la politesse. On sort les deux fumer une cloppe. Je ne bouge pas. Je dois bouger.
Je dois bouger. On reprend un verre. Elle commence à être bien bourrée, moi aussi. Je deviens plus tactile. Ma main glisse sur son épaule. Elle ne se rebiffe pas, n'apporte pas non plus de réciprocité.
Et dans ma tête, j'me dis :
code]Oldboy : Faut kinoter. Ouais c'est ça ! Kinoter. Il me reste une heure, après on dois se barrer. Y'a plein de mecs qui la regardent. J'peux pas tous les prendre en 1 v 1. Y'en a des gros. Je dois bouger. Elle me regarde de travers, non? [/code]
FTS : Débranche ton cerveau.
Oldboy: Cocky and funny. Ouais, c'est ça. Elle est belle, elle le sait. Casse son égo.
Détruit le Bitch Shield. C'est la chose à faire!
Là, je commence à lui tirer des fions sur son physique, de plus en plus violent, alors qu'on est les 2 au bar. Elle se mare, en premier lieu, puis comme je pousse le bouchon rudement loin, dit que je suis blessant et.. s'arrache.
Oldboy: J'ai merdé ! Elle va se barrer ! Ou est-ce qu'elle est ? Elle est sûrement
avec d'autre gars ! Putain, j'ai encore tout foiré!
FTS : Débranche-ton-cerveau!
Je la retrouve vers notre couple d'ami, elle a pas l'air de bonne humeur. Je m'excuse d'avoir été blessant. Elle a un regard un peu fuyant. Un mec tourne autours. Dois-je essayer de l'agresser ? Il est grand, je dois conserver un casier vierge et ..
FTS : OLDBOY PUTAIN MAIS ECOUTE MOI, DÉBRANCHE TON CERVEAU!!
Je me rapproche de l'espagnole. Je m'excuse si j'ai pu être blessant, la tire par le bras. Je l'isole.
Oldboy: J'ai très envie de t'embrasser.
L'espagnole: Non, je crois pas.
Oldboy: Ah, vraiment ?
Kissclose.
La soirée s'est poursuivie ainsi, mêlée de flirt, de déconne, de boissons. J'ai claqué un fric monstre, bien au dessus de mes moyens. Elle m'a embrassé, encore et encore. Et quand je tenais son visage au creux de mes mains, dans ses yeux, je ne voyais plus cette HB8 distante et trop sûre d'elle, mais une fille a qui je dévorais l'esprit, qui brûlait pour moi, je voyais mes ex LTR que j'étais venu à posséder jusque dans leur âme.
Tu me rends folle
a-elle lâché dans un souffle à peine parfumé de vodka, alors que mes lèvres courraient sur son corps. Même sa voix à changé, ce n'est plus celle d'une princesse, mais celle d'une fille qui a perdu tout contrôle de la situation. Pendant ces quelques heures, j'ai 20 ans à nouveau. Je suis invincible.
Nous finissons la soirée à 3, mon pote étant rentré. Il ne reste que L'espagnole, son amie et moi. Périodiquement, nous flirtons comme deux adolescents lubriques.
Alors que nous rentrons, à mesure que le jour se lève, l'Espagnole reprend de sa superbe assurance. L'alcool se dissipe, les ombres sont avalées de lumière, la fatigue nous marque tous. Arrivé devant chez moi, je la sens hésitante. Partagée entre l'envie de venir passer la nuit chez moi et celle d’accueillir son amie fatiguée chez elle, pour lui épargner un trajet.
La situation redevient étrange, anormale. Je tranche : Ça sera chacun chez sois. Pas envie de lui montrer mon appart, pas envie de baiser. J'ai un FR à raconter. Ne sachant trop que faire, je la smack et je m'éclipse, un sourire au lèvre.