Another couch.
Ce matin-là j’étais allé faire du snow avec la team. Après quelques heures de ride j’ai lâché les autres pour profiter pleinement de la montagne, rien que la montagne et moi. À midi et après une longue marche dans la neige contre le froid et le vent je me retrouvais sur le pic. Le ciel entièrement dégagé m’offrait un spectacle inoubliable : une vue sur ce volcan colossal ancrée au milieu des vallées, l’océan pacifique au loin, la mer du Japon de l’autre côté, le blizzard sur les infimes parcelles de ma peau qui ne sont pas couvertes et mes bras écartés face à la puissance de cette nature qui se présentait devant moi !
Après une redescente des plus agréables je me suis rendu au travail. Je m’endormais presque pendant le service quand deux clientes m’ont demandé si j’aimais ce job car je n’avais pas l’air heureux. Je leur ait expliqué que si j’ai cette tête c’était parce que je profitais peut-être un peu trop tous les jours, entre snow, taff et fête. Cette conversation m’a remise d’aplomb et j’ai enchainé la suite du service avec une énergie folle !
Le service terminé, tout le staff – et la moitié des saisonniers d’ailleurs – allaient à un bar qui annonçait de bons DJs. Moi j’étais supposé avoir un date Tinder avec une Thai dans un bar qui m’est familier, le Tama ! Je m’y pointe, le bar est vide et ma pote Kaj est en service. On prend donc une bière au frais de la maison et on discute. La Thai ne se pointe pas et c’est tant mieux car j’étais en plein délire avec Kaj et une autre serveuse Japonaise ! Deux potes se pointent et nous décidons d’aller au bar ou tout le monde était. En effet, tout le monde y était, c’était blindé ! J’ai pris une bière, j’ai fait le tour pour dire bonjour à mes connaissances et danser un peu puis je suis ressorti. Kaj m’avait rejoint entre temps (elle avait négocié une pause pour aller voir comment la soirée se passait). Avec Kaj et un pote Franco-Japonais qui aura son importance dans le prochain chapitre, appelons le Xano, on retourne au Tama ou Kaj reprend son service.
Là c’était simple, il était une heure et demi du matin, Kaj est serveuse, Xano bosse pour le même propriétaire et les manageurs se faisaient une soirée dans un coin tellement il n’y avait aucun client. Donc c’est nous trois, open musique, open bar ! Je vous raconte pas la soirée qu’on a passée…
Je me réveille dans un canapé, jusque-là c’est normal puisque je dors sur le canapé une nuit sur deux tellement je m’y sens bien, sauf qu’en regardant par la fenêtre comme à mon habitude je tombe sur un paysage complètement différent… En tournant un peu la tête je vois un salon que je ne connais pas, un inconnu qui me souhaite une bonne matinée et une des serveuse du Tama qui prend son petit dej’. Oh shit !
Je rentre chez moi après quelques litres d’eau et Kaj me propose de se faire un petit trip en ville pour faire quelques achats. Pas de soucis, on y va en stop, on s’amuse bien là-bas et sur le retour – en stop toujours – on s’arrête manger un sandwich à une pâtisserie qui faisait du putain de bon pain comme j’en ai jamais vu à l’étranger !
Ce fût deux très bonnes journées.
Xano, un pont entre cultures.
J’avais accroché avec ce mec dès que je l’avais rencontré – dans un bar pour changer. Il est de père Français, de mère Japonaise et maîtrise parfaitement ces deux langues, en plus de l’anglais. Les années précédentes il bossait au bar de Kaj mais cette année il est serveur dans un restau à côté. Mais ça reste un invité particulier dans ce bar. On en arrive rapidement à parler de filles et j’apprends qu’il sort avec une des serveuses du Tama. Sauf qu’il me maintient que c’est pas sa copine, qu’ils ne font que prendre du bon temps et que si ils vont voir ailleurs ce n’est pas grave. Peu de temps après il était venu manger avec elle dans le restau ou je bosse, je les avais mis bien et leur avais fait un bon prix ! Ça m’a permis de rencontrer sa « non-copine », Mai, qui est une Japonaise très gentille et clairement canon.
Un autre soir tout le staff était sorti au Tama et il se trouve que ce soir-là Xano avait matché Vixine sur Tinder. Vixine, le fessier Canadien, était donc venue avec nous pour l’occasion, en général elle rentre à la maison directement après le service. Je passais une très bonne soirée et j’ai pu observer que Xano se faisait clairement chauffé par Vixine sous les yeux de sa « non-copine », dégoutée d’être en service. D’ailleurs je m’étais peu à peu pris d’affection pour cette « non-copine ». Elle est mignonne, très polie et on s’entend carrément bien. Bref, Xano a fini par dormir chez nous avec une Vixine complètement torchée et il s’est enfui le matin bien avant le réveil des gens.
Loin de moi l’idée de juger ce gars, c’est un bon gars, mais clairement si j’étais à sa place j’aurais préféré m’assurer de garder ma belle Japonaise, car les lions sont partout !
Tama : là ou tout commence et tout fini.
Et oui, encore une soirée au Tama ! On ne s’en lasse pas quand on a deux tiers des verres gratuits et qu’on connait juste tout le staff là-bas. Ce jour-là je bossais pas et j’avais eu une journée plutôt cool : snowboard avec Kaj et une autre nana aux airs asiatiques fraîchement rencontrée – autant dire que j’étais bien entouré – ensuite, onsen tranquillou ou j’ai pu me poser puis de la maison, avec cette nouvelle nana et sa pote on est allé au Tama car c’est là que tout allait se passer. Et ce soir-là, il s’en est passé des choses !
Déjà en entrant, Mai qui était en service se jette sur moi. Un câlin suivit d’une discussion intense durant laquelle on se rencontre un peu plus. Quand je lui dis que j’ai vingt-trois ans elle me dit qu’elle en a vingt-huit mais que l’âge ne lui pose pas de problèmes. Intéressant ! Elle me propose d’aller fumer une cigarette pour finir sa pause, on convient d’aller faire du snow ensembles deux jours plus tard puis elle reprend le service.
La soirée s’entame et tout notre staff est là ! Je danse, je m’amuse comme un fou, mes copines me kiffent et je danse avec tout le monde ! Les copines dansent avec moi quasiment une par une, j’apprécie ces moments de jeu enfantin. Je me suis même retrouvé en sandwich entre deux d’entre elles. Je sais pas, une histoire de mojo surement. J’observe autour de moi : Xano est encore fourré avec Vixine devant la pauvre Mai qui bosse, tout le monde s’éclate, et au loin il y a la petite réceptionniste underage me dévore du regard.
Je vais la voir, appelons la Emie, et on entame une danse plutôt chaude. Ah attendez, il faut que je vous parle un peu d’elle et de nous. Cette jeune fille de dix-neuf ans est en couple depuis un peu plus d’un an, son premier amour, elle est mignonne et au boulot on flirte genre… Beaucoup trop ! Je ne compte pas le nombre de moments chaque jours ou on se retrouve face à face à dix centimètres l’un de l’autre en se regardant dans les yeux et en se taquinant. Mais clairement j’ai l’impression de la dominer dans la relation, et j’ai l’impression que ça lui plaît. Au début c’était pour rire que je lui donnais des ordres mais vu qu’elle en jouait avec humour ben on a continué et depuis nos échanges c’est un mélange de piques jetés suivit de grands moments de tension sexuelle. Bref, on s’entend bien plus plus.
Donc oui, on danse, on joue, rien de plus. Je l’emmène prendre un verre, on rigole, on ne se lâche plus. Elle ne fume pas mais m’accompagne. On est dehors, l’un contre l’autre à se dévorer du regard, on se tient par les hanches et je lui demande :
Moi : Emie ? Je peux t’embrasser ?
Elle : Non, j’ai un copain.
Moi : Oh quel dommage !
Elle : *D’un air ironique et provocateur, comme le mien en fait.* C’est dommage hein !
Bon, je respecte sa décision, elle choisit d’être fidèle. On continue la soirée et je vais danser avec les autres. Un mec paye sa tournée de shoots, merci gros. Lorsque je m’approche d’Emie sur la piste nos danses sont chaudes et nos provocations sont incessantes. Je reprends un verre qu’on boit à deux, elle et moi. Elle me propose d’aller dans le bar d’à côté car elle connait le mec. Vu qu’il était déjà tard on se fait jeter et on finit par errer sur les deux cents mètres qui séparent les deux bars. Je me cale le dos contre une voiture. Elle est toujours-là, contre moi ses mains dans mon manteau et les miennes dans le siens. On se regarde et cette fois-ci je n’ai pas su lui demander : j’ai délicatement posé mes lèvres sur les siennes et nous nous sommes embrassés. Nous avons remis ça à plusieurs reprises avant qu’elle rentre chez elle car : « Mon copain m’interdit de dormir dans la maison du staff. »
C’était une très bonne soirée, j’ai dormis sur le canapé de la maison et au matin Laureen est venue s’allonger contre moi. Ayant une sacrée matinale j’ai trouvé ça risqué comme opération de sa part, mais c’était un bon réveil !
Le retour de claque qui t’arrive sans freins dans la gueule !
Xano est en train de s’en prendre un bon de retour de claque en voyant Mai et moi se rapprocher. Moi mon retour de claque c’était en arrivant au boulot et en voyant Emie en pleurs… Et mon manageur qui me dit : « Je sais pas ce qu’il s’est passé hier soir mais elle a l’air assez en colère, tu devrais aller lui parler. »
Alors voilà, j’ai pas vraiment pu lui parler tant elle était silencieuse en ma présence. Tout ce que j’ai obtenu c’est un : « C’est bon je vais bien. » de la part d’une fille qui regardait parterre tellement elle ne voulait pas me voir, ou que je la vois.
J’ai eu tout mon service pour me questionner au sujet du consentement. Dans ce cas-là elle était consentante à condition que je prenne la responsabilité de faire le premier pas, elle se pointait devant moi en attendant mes baisés sans en initier aucun. Et aujourd’hui elle a sa relation amoureuse en péril, et je me sens comme si j’avais abusé d’elle avec mes quatre années d’expériences en plus et le fait que je l’attirais à mort. J’ai de la peine pour elle, c’est quelqu’un de bien mais qui manque un peu d’expérience.
D’un autre côté je me dis que si elle faisait pas cette expérience avec moi elle l’aurai faite avec quelqu’un d’autre et que si son copain ne lui interdisait pas de sortir elle serait peut-être plus sérieuse quand elle boit. Bref, j’étais un peu pété aussi, je m’accorde ça et le fait qu’elle aurait pu me redire non à tout moment je l’aurais respecté.
J’ai quand même l’impression de faire gaffe sur gaffe ces derniers temps. Pour que cette situation ne se reproduise plus, je vais passer un moment à n’embrasser qu’après en avoir reçu l’autorisation verbale, même si ça doit me faire manquer quelques bisous.
Xano a encore fini dans le lit de Vixine.
Et moi j’ai hâte d’aller faire du snow avec Mai.
La bise assassine.