Mr.Smooth a écrit :Je me suis fait un énorme service quand je me suis enfin rendu compte -très récemment- que je ne désirais pas rencontrer les femmes pour être heureux (j'en ai pas besoin) mais pour vivre des choses puissantes.
Parfois, j'ai la sensation que cela va encore bien plus loin.
En fait, je me souviens de cette époque où j'étais malheureux parce qu'incapable de séduire, et où cela m'obsédait véritablement. Si à cette époque j'étais résolument malheureux, je ne crois pas pour autant que le simple fait d'avoir une vie sentimentale et sexuelle satisfaisante est suffisant pour prétendre obtenir le bonheur. Et parfois, c'est au contraire quelque chose dont il faut s'occuper pour que ça ne soit pas une source de dommages ou de préoccupation supplémentaire.
Jusqu'il y a environ 3 mois, j'étais terriblement seul. J'avais l'impression de compter les jours. Les jours depuis qu'il n'y a plus cette femme qui m'aime. Les jours depuis lequel je n'ai pas pu baiser. Les jours depuis que je ne suis plus séduisant. Certains de ces jours ont été difficiles. Le fait d'être isolé était difficile. Le fait de souffrir de la comparaison qu'on fait en permanence avec une version antérieure de soi bien plus séduisante est difficile, également.
Puis j'ai rencontré une femme, un peu par hasard.
Je m'étais teins les cheveux en bleu la semaine précédente. Je sortais d'un cours d'Informatique à la Fac, bien plus tôt que prévu car j'avais envie de rentrer chez moi plus tôt. Dans la rue, j'ai vu une demoiselle avec une grande chevelure bleu azur, également.
J'ai hésité, et j'ai senti cette pulsion, en moi. Ce bras qui m'attrape, qui me fait dévier de ce chemin qui se répète chaque jour inlassablement, et qui me jette dans une porte aléatoire, dans une de ces possibilités infinies que la vie nous offre à chaque instant.
Je suis allé la voir, elle était jolie, et souriante. Je lui ai demandé comment elle avait pu arriver à une teinte aussi sublime. Nous avons discuté quelques minutes, c'était agréable ; puis, nous nous sommes séparés quelques minutes plus tard, lorsqu'elle est partie faire ses courses. Je n'ai pas cherché à garder un moyen de la contacter, je l'ai regretté immédiatement.
Quelques jours plus tard, je me sentais encore plus mal de n'avoir osé qu'à moitié saisir cette opportunité. Je me sentais si mal que j'en perdais la motivation d'aller en cours. J'ai donc décidé un matin de filer entre deux heures d'idéalisme allemand.
Sur le chemin de chez moi, j'ai eu cette drôle de sensation. Je ne suis pas sur que cela soit juste ou sage de personnifier ainsi le cours des évènements, mais je crois que d'une façon ou d'une autre, un cadeau m'a été fait. Celle que j'avais laissé ainsi filer m'est tombé dessus. Au détour d'une rue du centre-ville, je tombe sur elle, qui me remarque, et m'aborde. Ni une ni deux, elle décide de ne pas se rendre en cours également, afin de partager un chocolat avec moi. Nous discutâmes ainsi pendant plus de 3 heures. Nous nous perdîmes dans les rues, visitâmes une église, et discutâmes.
C'était tout-à-fait agréable, et j'ai senti quelque chose de particulier. Pour l'expliquer, je ne peux rien faire de plus efficace que de vous proposer de vous rapporter à "I was made for loving you" de KISS. Cette demoiselle semblait être mon reflet dans un miroir. Elle partageait cette contradiction entre son exubérance affichée, et cette réserve, paradoxale. Une vraie g33k dans l'âme, passionnée par Terminator, les jeux Legend of Zelda, les Pokémon, Karim Debbache, etc. Un physique agréable, doux, et cette pétulance qui me rend ivre.
Le temps passé, et nous nous revoyions. De plus en plus. Mais à chaque fois, je ne parvins pas à conclure. Ou même à l'embrasser. J'ai senti comme je n'avais senti, que ce n'était pas "worth it" de risquer l'amitié d'une demoiselle ainsi pour une histoire de cul.
Puis, un jour, elle me présenta une amie. Une drôle d'amie.
Une petite demoiselle à la peau mâte, aux yeux légèrement bridés, se cachant sous une ptite tignasse couleur ébène. Elle peint sur mon visage, alors caché sous une touffe de cheveux désormais verts, et je compris alors que si on m'avait fait un cadeau, on m'en avait en fait fait trois.
Car je sentis une foule de sentiments se presser en ma personne. Parmi ceux-ci, je compris en fait que j'étais désormais amoureux, ou au moins attiré par deux personnes, qui étaient en plus d'excellentes amies.
Mais en ma qualité de lâche courageux, je décidais de séduire Madame Etoile (celle aux cheveux d'Ebène), plutôt que Madame Cheveux Bleus. Elle habitait loin, et longues furent les semaines avant que je me sois perdu jusque chez elle, à une centaine de kilomètres de mon repaire.
Elle avait un "compagnon". Mais cela "ne se passait pas bien". Et nous savons tous ce que cela signifie. J'interromps mon monologue ainsi. Si vous êtes en train de séduire une femme, et qu'elle vous dit que son couple bat de l'aile, alors il y a deux possibilités. Soit vous l'attirez suffisamment peu pour qu'elle ait décidé de se confier à vous comme à un ami, soit c'est littéralement un appel à l'enlever pour l'aimer.
Désireux de toucher et d'embrasser celle qui semblait m'attirer, je décidais de tenter ma chance. Elle accepta mon baiser, avant de m'expliquer qu'elle ne pouvait décemment pas faire cela. Puis elle m'embrassa sur la joue, à de nombreuses reprises. Ensuite, je crois que je perdis l'esprit. J'en vins à lui raconter toutes sortes de choses tirées pour la plupart de rêves mystiques que je fais à l'occasion. Soudain, nous nous embrassâmes, puis encore, jusqu'à ne plus être que deux créatures souhaitant uniquement se sentir, même l'espace d'un instant.
Puis, avec les semaines, et mes visites, nous devinrent deux amoureux, liés par l'envie de ne pas se séparer, et d'avancer, ensemble.
Cette fois, la vie s'amusa encore de moi.
Le fraîchement ancien "compagnon" de mon amoureuse en vint à faire des siennes. Et, malheureusement, il s'avéra être un excellent ami de Madame Cheveux Bleus. Il lui conta de nombreuses histoires à mon propos, que j'acceptais, comme on accepte de se faire insulter par l'ivrogne qui n'a plus que ça pour se sentir vivant.
Je croyais ainsi perdre l'amitié d'une personne précieuse, à laquelle je pensais intensément.
Jusqu'au jour où je compris. Je compris qu'un Homme doit parfois se battre pour ce à quoi il tient. Qu'un Homme ne doit pas être obsédé par sa représentation. Que parfois, il vaut mieux accepter de s'ouvrir, et dire "Je veux te voir".
J'envoyais donc une dernière missive à mon ancienne amie. "Hey, je veux te voir autour d'un chocolat. Vraiment. Ensuite, si tu souhaites ne plus me revoir, c'est entendu". Elle répondit positivement, et je vins chez elle, avec un chocolat pour chacun.
Elle m'expliqua alors de nombreuses choses sur sa vie. Sa dépression. Le fait qu'elle se sente comme une personne vide, inintéressante, bonne uniquement à servir d'éponges à des connaissances nocives. J'avais bousculé tout cela. J'avais fini d'arracher les racines d'une relation nocive, qui avait conduit le compagnon à aller décharger sa négativité chez son amie pleine de compassion.
Je vis alors une chose que je n'avais jamais vu. Je vis une personne magnifique. Je vis une personne étaler son chagrin devant moi, comme une martyre, n'espérant rien que quelques mots, sans doute.
Et là, je sentis. Je sentis que je n'étais désormais plus capable de cacher qu'elle m'attirait. Et je lui dis, aussi simplement que j'aurais fais remarquer que le ciel était bleu. Je lui dis qu'elle me plaisait. Je lui dis qu'elle était magnifique. On s'embrassa, quelques minutes avant qu'elle ne doive filer prendre son train. C'était un moment beau, et vrai.
Ce moment conduisit à une relation d'amitié charnelle. Elle était d'ailleurs vierge. Comme une pierre précieuse que personne n'aurait vu sous la poussière.
J'avais alors la chance sublime d'entretenir une relation amoureuse avec une personne qui me donnait chaque jour envie de me lever, de sourire, et d'aimer, tout en ayant le droit de laisser cours à mes envies, fusionnant de longues heures avec cette amie qui m'attiraient par sa beauté fragile.
Mais, je n'étais alors pas heureux.
Car je devais vivre ces deux relations en assumant leurs hauts, mais surtout leurs bas. Les doutes de mon amoureuse quant à la viabilité de notre relation, la jalousie d'un "ami" de celle aux cheveux bleus, désireux de l'aimer quand nous étions ensemble à nous toucher.
De nombreux soirs, je n'étais qu'une ombre inquiète, cherchant à se rassurer. Et j'agissais comme pour fuir en avant, en prenant tous les risques sans jamais me demander si j'étais encore capable d'avancer.
Aujourd'hui, je voudrais dire à celui qui pense que séduire lui apportera le bonheur que c'est une équation bien plus complexe. Séduire est une aventure, que chacun(e) vit à sa façon. Et qui peut apporter autant de douleur que de bonheur. Il s'agit juste alors de ne pas être aussi cupide, inconséquent, et terriblement fou que moi.