Owen a écrit :Tu oses, et c'est mal : Gainsbourg c'est dieu.
Non. J'aime pas Gainsbourg, ou plutot j'aime quand il laisse ses musiciens jouer et qu'il se tait.
J'aime pas plus que ca Hendrix.
J'aime pas Led Zep.
J'aime pas plus que ca les Beatles.
J'aime Bob Marlery, Dire Straits, Pink Floyd, les Stones...
Tout ca pour dire quoi? Qu'être capable d'avoir une culture de l'art qui permet de reconnaitre des artistes de qualité ne signifie pas qu'on va les aimer. Et inversement, le contexte, l'entourage joue beaucoup.
Un exemple tout con : qui irait citer Jean Jacques Goldman dans une discussion sur le rock / blues? Pourtant si on écoute ses vieux albums, je trouve - personnellement - que ce mec a beaucoup de talent. Oui mais voila le mec c'est JJG, suradoré par des gens "normaux" et je connais peu de mes amis musiciens qui iraient le citer.
Autrement dit : n'oublions pas les effets de groupes sociaux qu'il y a derriere tous ces mécanismes. Je trouve extremement difficile de juger de la qualité d'une oeuvre, et je m'en abstient en général, a moins d'avoir de bonnes raisons de le faire.
N'oublions pas que l'art, c'est beaucoup une question d'éducation, que ce mot soit pris au sens d'apprentissage ou de capital culturel.
Après, on peut juger "objectivement" d'une oeuvre, mais ca reste compliqué. Y'en a quand même qui soutiennent que Damien Hirst est l'un des plus grands artistes de notre époque, quand je n'y vois que la plus grosse m....archandise-expliquée-aux-badauds-pour-simuler-l'art-alors-que-pour-pouvoir-apprécier-son-oeuvre-il-faut-lire-les-panneaux-qui-te-disent-pourquoi-c'est-de-l'art.
Oui, enfin ma réflexion était essentiellement humoristique. Bien sûr qu'on peut critiquer Gainsbourg, comme on peut critiquer n'importe quel artiste.
Il y a deux choses, en fait : l'appréciation objective et l'appréciation subjective. Objectivement, tu ne peux pas mettre Goldman et Gainsbourg sur le même plan ; mais subjectivement tu as effectivement tous les droits de préférer Goldman à Gainsbourg.
Les critères objectifs sont difficiles à définir, mais on sait qu'ils existent. On sait bien que Guillaume Musso, ce n'est pas Victor Hugo. Comment le définir ? On peut parler du style, des idées mises en avant, de l'ingéniosité dans le traitement des histoires, etc.
C'est marrant que tu parles d'art contemporain car c'est justement une des choses sur laquelle on n'a pas trop de prise aujourd'hui, parce qu'on n'a pas encore le recul suffisant pour savoir si ce que font certains artistes auront toujours la même force d'ici quelques années ; or un chef d'oeuvre se reconnaît aussi et surtout à sa capacité à transcender les époques.
Il y a effectivement un snobisme certain dans les milieux de l'art, qui font que le populaire est souvent dénigré. Personnellement, c'est ce que j'aime dans la musique contemporaine : quand on arrive à allier l'exigence artistique au populaire, et c'est pour ça que j'aime tant Gainsbourg. Quant à Goldman, je te rejoins : c'est quelqu'un qui avait beaucoup de talent, et musicalement, et dans les textes, et il n'y a effectivement pas de honte à le citer. Maintenant, c'est pas non plus Johnny Cash, même si j'aime beaucoup ce qu'il fait.
En fait, le problème c'est qu'on a tendance à renverser complètement les choses : "vous dites que ce n'est pas bien car vous êtes snob, donc il faut aimer tout ce que les snobs n'aiment pas". Je pense que la vérité se trouve probablement davantage dans les nuances, en fait, et si je suis d'accord pour dire qu'on baigne forcément dans une culture propre à notre milieu social (malheureusement les deux sont souvent corrélés), on a la chance de pouvoir découvrir pas mal d'autres choses grâce à l'école ou grâce aux musées, aux salles de spectacle, etc. Perso, je prends autant de plaisir à aller voir Lady Gaga sur scène qu'à aller voir une tragédie de Racine, et je pense que si on avait tous une attitude moins complexée vis-à-vis de la culture, on comprendrait que dans les trucs populaires y'a vraiment des choses géniales, et que ça marche aussi avec la culture qu'on pense souvent réservée à une élite mais qui au fond est franchement accessible à tous si on se donne la peine de s'y intéresser.