But poetry, beauty, romance, love… These are what we stay alive for. » — Dead Poets Society
Alex-> Si on décortique un peu les exemples que tu mentionnes, il est important de distinguer lesquels sont des tâches nécessaires, et lesquels sont celles que l'on peut faire par passion. L'erreur consiste à mettre au même plan les métiers qu'on aspire à faire et ceux qu'on fait parce qu'on n'a pas le choix. L'automatisation vise à supprimer les seconds, pour permettre de se consacrer aux premiers.
Et justement, tes exemples visent les premiers. Bien sûr que ceux-ci ne sont pas (tous) automatisables. Mais c'est justement ceux qui se font par passion, et dont les passionnés ne voudraient pas se défaire. Pour certains, c'est un peu borderline, mais la raison vient que sous un mot tu caches en réalité plusieurs métiers.
Par exemple « la restauration ». Ce n'est pas un métier, c'est un domaine vaste. Il est vrai qu'on ne peut automatiser le métier de grand chef. Ça tombe bien, ceux-là le pratiquent par passion, c'est pas ceux-là qui sont intéressants à automatiser, c'est plutôt les mecs à la plonge, les personnes qui sortent les frittes quand l'alarme retentit chez MacDo. Je ne connais personne qui fasse ces métiers par envie.
Personne n'a prétendu tout automatiser. Ce qu'on prétend automatiser, ce sont les tâches qui n'utilisent l'homme que comme un robot à bas prix, niant son humanité. Et qui, à l'heure actuelle, représentent une écrasante majorité des emplois.
Au contraire, automatiser ces tâches aurait pour conséquence de libérer le temps et de permettre à beaucoup plus de personnes d'explorer leur créativité. De se consacrer peut-être à l'art, au sport, à l'astronomie. Je connais moi-même un certain nombre d'artistes qui consacrent à 40h par semaine à faire caissier, secrétaire ou serveur chez MacDo. Quel gâchis. Et qui sait ce que Van Gogh aurait peint d'autre s'il n'avait pas dû consacrer autant de son temps à des petits boulots pour se nourrir ?
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(aparté sur le contrôle)
Voilà, sinon pour les exemples que j'ai mentionnés et qui t'étonnent, j'ai mis pas mal de liens, ou suffisamment de références pour les trouver aisément sur Google. Ce ne sont pas des hypothèses ou des projections, ce sont des réalités d'aujourd'hui.
Par exemple,
Le pilote automatique s'adapte bien mieux à la météo et à l'appareil que le pilote. C'est justement l'un des arguments avancés pour la suppression des pilotes humains : sur les 15 dernières années, la possibilité de désactiver le pilote automatique a provoqué beaucoup plus d'accidents qu'elle n'en a évité.Le pilote ne conduit plus manuellement, mais il reste tout de même le commandant de bord, supervise l'équipage et s'adapte aux aléas de la météo, de l'appareil ou des passagers.
Il a donc été question d’empêcher sa désactivation pour augmenter la sécurité. De là à supprimer le pilote et la cabine de pilotage…
…en plus on gagne de la place pour plus de passagers, donc un intérêt économique significatif…
Alors justement c'est intéressant que tu mentionnes ça car il y a en ce moment plusieurs projets d'automatisation du contrôle aérien, précisément pour des raisons de sécurité.En imaginant qu'il n'y ait plus de pilote, il faudrait tout de même des personnes au sol pour superviser et prendre le contrôle de l'appareil en cas de besoin.
Parce que entre un mec qui note les numéros de vol sur un papier, estime les trajectoires à l'œil puis transmet des indications à la voix au pilote, un avion à la fois, et de l'autre côté un système informatique qui calcule les trajectoires, les met à jour et les transmet en temps réel directement aux pilotes automatiques de tous les aéronefs, bizarrement la deuxième option semble plus sure.
Le fait est que, même si nous avons peur de l'automatisation, que ça nous rassure de savoir qu'il « y a une présence humaine quelque part prête à reprendre le contrôle ». C'est ce besoin de contrôle qui est au centre de la peur de l'automatisation.
Mais en vérité, dans absolument tous les domaines où les robots ont appris à réaliser des tâches que faisaient les humains avant, ils sont bien meilleurs. Ils réagissent plus vite, prennent des meilleures décisions, en intégrant davantage de paramètres. Et ils peuvent revoir et actualiser leurs décisions en temps réel et sans problème d'ego. Ils ont accès à des environnements inaccessibles à l'être humain, sont plus précis, plus puissants, mieux prévisibles. Ils sont également plus fiables et n'ont pas de tendance suicidaire.
Mais c'est normal, car l'être humain est un mauvais spécialiste, sa force réside dans l'adaptation, la créativité et la polyvalence. Pour pallier à ses faiblesses, il a justement fait preuve d'inventivité en créant des outils capables de le remplacer.
Ce qui est intéressant, c'est que le contrôle est une illusion. Ta voiture a un ABS et une direction assistée ? Si oui, tu ne la contrôles déjà plus, c'est l'ordinateur de bord qui la contrôle en fonction de tes instructions. Tu as déjà délégué la décision de quelle puissance mettre dans les freins et dans la colonne microseconde après microseconde à un robot. Lui déléguer le choix de quand les y mettre n'est que l'étape suivante. Et tout comme l'ABS freine mieux qu'un humain, le conducteur automatique conduiraconduit mieux. Tout ce qu'il faut, c'est un peu de temps pour qu'on accepte de lui céder le contrôle qui nous rassure, comme on l'a fait pour l'ABS par le passé.
[/aparté ?]