Refuser le dictat du travail

Note : 190

le 31.05.2016 par Nonchalance

155 réponses / Dernière par Nonchalance le 04.01.2018, 08h31

Le taf, on y passe 8h par jour minimum, et c'est loin d'être facile tous les jours. Ce forum est là pour échanger autour de tous les sujets en lien avec votre vie professionnelle.
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« Medicine law, business engineering: these are noble pursuits and necessary to sustain life.
But poetry, beauty, romance, love… These are what we stay alive for. » — Dead Poets Society


Alex-> Si on décortique un peu les exemples que tu mentionnes, il est important de distinguer lesquels sont des tâches nécessaires, et lesquels sont celles que l'on peut faire par passion. L'erreur consiste à mettre au même plan les métiers qu'on aspire à faire et ceux qu'on fait parce qu'on n'a pas le choix. L'automatisation vise à supprimer les seconds, pour permettre de se consacrer aux premiers.

Et justement, tes exemples visent les premiers. Bien sûr que ceux-ci ne sont pas (tous) automatisables. Mais c'est justement ceux qui se font par passion, et dont les passionnés ne voudraient pas se défaire. Pour certains, c'est un peu borderline, mais la raison vient que sous un mot tu caches en réalité plusieurs métiers.

Par exemple « la restauration ». Ce n'est pas un métier, c'est un domaine vaste. Il est vrai qu'on ne peut automatiser le métier de grand chef. Ça tombe bien, ceux-là le pratiquent par passion, c'est pas ceux-là qui sont intéressants à automatiser, c'est plutôt les mecs à la plonge, les personnes qui sortent les frittes quand l'alarme retentit chez MacDo. Je ne connais personne qui fasse ces métiers par envie.


Personne n'a prétendu tout automatiser. Ce qu'on prétend automatiser, ce sont les tâches qui n'utilisent l'homme que comme un robot à bas prix, niant son humanité. Et qui, à l'heure actuelle, représentent une écrasante majorité des emplois.

Au contraire, automatiser ces tâches aurait pour conséquence de libérer le temps et de permettre à beaucoup plus de personnes d'explorer leur créativité. De se consacrer peut-être à l'art, au sport, à l'astronomie. Je connais moi-même un certain nombre d'artistes qui consacrent à 40h par semaine à faire caissier, secrétaire ou serveur chez MacDo. Quel gâchis. Et qui sait ce que Van Gogh aurait peint d'autre s'il n'avait pas dû consacrer autant de son temps à des petits boulots pour se nourrir ?

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(aparté sur le contrôle)

Voilà, sinon pour les exemples que j'ai mentionnés et qui t'étonnent, j'ai mis pas mal de liens, ou suffisamment de références pour les trouver aisément sur Google. Ce ne sont pas des hypothèses ou des projections, ce sont des réalités d'aujourd'hui.

Par exemple,
Le pilote ne conduit plus manuellement, mais il reste tout de même le commandant de bord, supervise l'équipage et s'adapte aux aléas de la météo, de l'appareil ou des passagers.
Le pilote automatique s'adapte bien mieux à la météo et à l'appareil que le pilote. C'est justement l'un des arguments avancés pour la suppression des pilotes humains : sur les 15 dernières années, la possibilité de désactiver le pilote automatique a provoqué beaucoup plus d'accidents qu'elle n'en a évité.
Il a donc été question d’empêcher sa désactivation pour augmenter la sécurité. De là à supprimer le pilote et la cabine de pilotage…
…en plus on gagne de la place pour plus de passagers, donc un intérêt économique significatif…
En imaginant qu'il n'y ait plus de pilote, il faudrait tout de même des personnes au sol pour superviser et prendre le contrôle de l'appareil en cas de besoin.
Alors justement c'est intéressant que tu mentionnes ça car il y a en ce moment plusieurs projets d'automatisation du contrôle aérien, précisément pour des raisons de sécurité.

Parce que entre un mec qui note les numéros de vol sur un papier, estime les trajectoires à l'œil puis transmet des indications à la voix au pilote, un avion à la fois, et de l'autre côté un système informatique qui calcule les trajectoires, les met à jour et les transmet en temps réel directement aux pilotes automatiques de tous les aéronefs, bizarrement la deuxième option semble plus sure.


Le fait est que, même si nous avons peur de l'automatisation, que ça nous rassure de savoir qu'il « y a une présence humaine quelque part prête à reprendre le contrôle ». C'est ce besoin de contrôle qui est au centre de la peur de l'automatisation.

Mais en vérité, dans absolument tous les domaines où les robots ont appris à réaliser des tâches que faisaient les humains avant, ils sont bien meilleurs. Ils réagissent plus vite, prennent des meilleures décisions, en intégrant davantage de paramètres. Et ils peuvent revoir et actualiser leurs décisions en temps réel et sans problème d'ego. Ils ont accès à des environnements inaccessibles à l'être humain, sont plus précis, plus puissants, mieux prévisibles. Ils sont également plus fiables et n'ont pas de tendance suicidaire.

Mais c'est normal, car l'être humain est un mauvais spécialiste, sa force réside dans l'adaptation, la créativité et la polyvalence. Pour pallier à ses faiblesses, il a justement fait preuve d'inventivité en créant des outils capables de le remplacer.

Ce qui est intéressant, c'est que le contrôle est une illusion. Ta voiture a un ABS et une direction assistée ? Si oui, tu ne la contrôles déjà plus, c'est l'ordinateur de bord qui la contrôle en fonction de tes instructions. Tu as déjà délégué la décision de quelle puissance mettre dans les freins et dans la colonne microseconde après microseconde à un robot. Lui déléguer le choix de quand les y mettre n'est que l'étape suivante. Et tout comme l'ABS freine mieux qu'un humain, le conducteur automatique conduiraconduit mieux. Tout ce qu'il faut, c'est un peu de temps pour qu'on accepte de lui céder le contrôle qui nous rassure, comme on l'a fait pour l'ABS par le passé.

[/aparté ?]
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 05.09.16, 17h17 par Aristophane
Je doute que l'automatisation à outrance n'ouvre à une population "oisive" et purement consommatrice... Les modèles économiques et la nature ne s’embarrassent pas d'éléments non "productif" ou non compétitifs, au finale l'adage "la fonction crée l'organe" s'applique aussi aux sociétés.

Je crains fort que les populations qui n'auront pas un rôle productive, viendront simplement à disparaître, soit sur le long terme et progressivement par une baisse des naissances automatiques et naturels là ou l'automatisation impactera le plus les sociétés.

Soit très brutalement suite à des conflits, guerres civiles, guerres mondiales et autres. Ou des crises civilisationnels. La nature à horreur du vide mais elle n'aime pas d'avantage le gaspillage d'énergie, hors entretenir un population non productive (même si elle consomme), ne se fera qu'assortit de conditions spécifiques.

De ce que j'en vois il y a peu de chance qu'une société "automatisé" ou la population n'a plus qu'un rôle de consommation débouche vers une utopie démocratique...
J'ai du mal à voir ça autrement que l'univers dystopique façon OCP des Robocop ou autres scénarios du même genre, ou les individus sont cantonnés à la consommation et rendus vassaux des multinationale dont ils dépendent pour obtenir leurs moyens de subsistance, car le salaire minimum de chacun ne sera payé que par les richesses produites par les dites sociétés.

Le bien commun et un peu de réflexion Politique montre bien les problématiques d'un système comme celui-ci.

Je vous invite à lire "les robots" d'Isaac Asimov qui illustre très bien ce sujet.
La machine (automatisation, progrès, etc) n'est pas potentiellement l'ennemie de l'Homme, mais elle n'en ai pas moins un vecteur de son déclin à trop bien la protéger.

Ce n'est que mon opinion et c'est un peu brouillon car ça reprend pleins de notions complexes difficiles à coucher sur un post entre deux dossiers...
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 05.09.16, 17h17 par Aristophane
  • [+1] Intéressant le 05.09.16, 19h30 par ailether
  • [+2] Constructif le 06.09.16, 10h47 par Onmyoji
Yragael> Tu as raison, il y a peu de chance qu'une société automatisée où la population n'a plus qu'un rôle de consommation débouche vers une utopie démocratique...

C'est la principale peur et le principal argument de ceux qui estiment l'automatisation impossible ou non souhaitable. Mais cette vision est biaisée. C'est la vision d'une société qui réduit l'homme à son rôle de consommateur ou de producteur.
Alors évidemment si le rôle de production est automatisé, il n'a plus qu'un rôle de consommation.

Ce n'est pas l'idée de l'homme qu'ont les personnes qui envisagent l'automatisation comme une opportunité. Ceux-ci voient l'homme comme un potentiel plein de créativité, de richesse, de curiosité. Dont le rôle n'est pas un consommateur/producteur normé comme le veut la société de consommation, mais au contraire un artiste, un créateur, un chercheur dans l'âme. Et pour qui l'émancipation des tâches de production signifie davantage de place pour exprimer ce potentiel.

Mais comme le souligne Smooth, c'est sûr que ça ne va pas se faire en quelques décennies. C'est un changement en profondeur de la société que ça implique. Probablement une révolution aussi profonde que l'invention de l'élevage lors de la révolution néolithique, et probablement plusieurs siècles de crise pour qu'il en sorte une nouvelle façon de concevoir nos sociétés.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Effectivement le 05.09.16, 17h18 par Aristophane
Non mais question a laquelle tu ne réponds pas Ailether, c'est que même si je suis en soit d'accord avec ce que tu avances sur le papier, c'est pourquoi les gens qui auraient les moyens d'automatiser leur production propre le donnerais aux autres. Parce qu'avoir de quoi automatiser sa production ça a un cout.

Je vois très bien le genre de société dont tu parles, c'est le cas de l'univers postulat de base de Star Trek: tout le monde vit bien et poursuit des carrières ou non, par besoin d'accomplissement surtout.

Et la société de consommation n'est en rien incompatible avec le fait de créer, au contraire. C'est juste que créer est un acte difficile que peut son près à faire voir capables. Apprendre à bricoler peut paraitre difficile et ennuyant, alors même que cela permet d'être autonome. Les gens font appel à des pro. Et de ce fait, c'est une société d'interdépendance dans laquelle nous vivons. Encore plus qu'avant. Nous n'avons jamais été aussi interdépendants.


Et l'automatisation encore à un cout matériel (alors même que le cuivre est en voie d'utilisation totale, ainsi que d'énormément de métaux rares), et rendrais l'existence de certaine populations aux seins de pays moins nécessaires. Avec toutes les conséquences qui peuvent en découler.

Je vois très bien le potentiel dont tu parles, mais c'est quelque chose de très lointain, qui part du principe d'une transition réussie. Cela fait beaucoup de si.
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  • [+1] C'est pas faux le 05.09.16, 17h19 par Aristophane
  • [+1] Absolument le 06.09.16, 10h49 par Onmyoji
Le travail, un élément capital dans notre construction personnelle qui induit de nous adapter à des relations sociales bien particulières et qui participe à mon sens à nous découvrir en tant qu'individu.

En effet, notre cercle social est composé de personnes que nous avons choisi, une sorte de clan dont les membres possèdent des valeurs concordantes et où la compétition reste somme toute assez soft.

En intégrant un milieu professionnel, et ce à tous les niveaux, nous intégrons finalement une meute (patrons, salariés, collègues, chefs...) qui entretient des relations avec d'autres meutes (fournisseurs, clients, sous-traitants..) au sein de laquelle il va nous falloir développer d'autres capacités pour se faire respecter, d'autres stratégies pour régler les conflits avec des personnes que nous ne pouvons tout simplement pas écarter du processus puisque obligés de composer avec. La fuite n'étant pas une solution pérenne, nous allons devoir apprendre à développer plus encore notre intelligence et nos capacités à nous affirmer, à supporter la compétition.
Car même le patron qui "choisit" son employé ne sait pas sur qui il tombe vraiment au moment où le contrat est signé finalement.

En ce sens, le travail est un enrichissement personnel et permet, impose finalement de sortir de sa zone de confort (pas besoin de répéter les bienfaits de ces deux aspects socio-psychologiques, et oui, j'invente un mot au passage).


Mais :
Le milieu du travail souffre parallèlement d'un appauvrissement de son essence première : celle de la réalisation de l'objet (du concept, de l'idée, du service).

Je m'explique : l'agriculteur ne fait que produire une céréale en monoculture sans s'occuper de sa distribution, l'ouvrier ne fait qu'assembler les même pièces sans gérer la totalité du montage d'un produit, le vrp ne fait que vendre son café issu de l'agriculrure responsable, le juriste doit choisir une branche du droit précise...

Le travail devient donc hyper spécialisé, compartimenté, et laisse peu de place à la créativité. C'est ainsi qu'un gars vends des sandwichs et ne peut exploiter ses idées de recettes par exemple. Il peut même devenir assez irréel comme pour cet autre gars qui gère des contrats d'assurance en permanence.

Dans une grande entreprise de plusieurs centaines de salariés, la capacité d'entreprendre est justement quasi nulle pour les salariés : les circuits hiérarchiques sont fractionnés : chef, sous-chef, sou-sous-chef... division des pouvoirs, diviser pour mieux régner, et si régner en politique passe par la passivité du peuple, régner en entreprise passe par le fait de juguler l'énergie salariale et de la canaliser.
Qu'un salarié soulève une idée et que de réunions en réunions à différents stades hiérarchiques cette idée arrive en haut de la pyramide, il faut en moyenne deux ans dans une grande entreprise.
Un grand merci aux études secondaires qui nous ont lâché tout un tas de personnes trop qualifiées pour être simples employés, pas assez pour être dirigeants et pour lesquelles il a fallut créer des postes intermédiaires qui ont participé à freiner la capacité d'entreprendre au sein de l'entreprise.

Vous allez dire, ceux qui ne sont pas contents peuvent devenir entrepreneurs, niveau diversification des domaines d'action, ils seront servis. Certes mais tous n'en ont ni les capacités, ni l'envie.
Et quand à ceux qui en ont l'envie, ils n'ont parfois tout simplement pas d'idée de départ.
Ainsi cette ex qui me disait vouloir monter sa boîte pour "être son propre patron"
Bon, elle ne savait pas dans quel domaine et finalement elle s'en foutait, ce qu'elle voulait c'était fuir les difficultés liées au développement personnel qu'induit le monde du travail.

Pour ma part dans mon milieu professionnel on ne s'en sort pas sans une sacrée dose d'égo, et même en faisant partie de la base de la pyramide, avec un peu d'intelligence sociale on arrive à avoir la paix, du moment qu'on sait s'affirmer et dire "non".
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 05.09.16, 17h22 par Aristophane
  • [0] Tout à fait le 05.09.16, 18h06 par Jalapeno
  • [+1] Intéressant le 05.09.16, 19h32 par ailether
Parfois c'est pas les idées qui manquent pour ceux qui veulent "créer une boîte" c'est un savoir faire...
Haskeerlos a écrit :Le milieu du travail souffre parallèlement d'un appauvrissement de son essence première : celle de la réalisation de l'objet (du concept, de l'idée, du service).
Tout à fait. Ca me fait penser au documentaire "La mise à mort du travail" (2009) qui décortique bien en trois épisodes comment et pourquoi le travail a perdu son sens premier :

[youtube][/youtube]
[youtube][/youtube]
[youtube][/youtube]

Si vous avez un peu de temps devant vous ça vaut la peine de s'y plonger.
Ainsi cette ex qui me disait vouloir monter sa boîte pour "être son propre patron"
Bon, elle ne savait pas dans quel domaine et finalement elle s'en foutait, ce qu'elle voulait c'était fuir les difficultés liées au développement personnel qu'induit le monde du travail.
Je m'étais fait cette même réflexion, lorsque j'étais mal à mon précédent boulot et que j'avais l'idée qu'en créant ma boite je serais plus libre.

J'en suis arrivé à cette même conclusion qu'il ne fallait pas créer sa propre boite avant d'avoir réussi à s'affirmer en tant que salarié, c'est à dire oser être celui qu'on est, et oser modifier son poste pour qu'il réponde à ses intérêts et son éthique, oser exprimer (intelligemment) son désaccord sur tel aspect de son travail ou telle évolution d'un projet, et oser éventuellement changer d'employeur si nécessaire.



Concernant le fait que l'automatisation puisse libérer l'être humain de tout le travail ingrat et pénible, pour lui laisser le travail noble et élévateur :
- Dire qu'une tâche est ingrate et une autre noble dépend du regard porté dessus.
- Les conditions de travail modifient la manière dont est perçu, et vécu une tâche.

Par exemple, aujourd'hui je suis allé faire des courses d'abord dans une coopérative bio, et ensuite dans un supermarché classique.

Dans la coopérative bio, je demande à la caissière où se trouvent les oeufs. Elle m'indique qu'il n'y en a plus, me montre l'emplacement où ils sont disposés quand il y en a, et m'indique qu'il y aura un arrivage demain.

Une fois à la caisse, il y a une vieille dame devant moi. Elle lui passe ses articles et me montre le 2e comptoir où je peux poser mes articles en attendant. Elle attend que la dame ait rangé ses articles puis me passe les miens. Elle m'inscrit au programme de fidélité.

Dans le supermarché, la file d'attente aux caisse était bien plus longue. Il y avait également une vieille dame devant moi. La caissière n'a pas attendu que la dame range ses articles avant de scanner les miens (ce qui est parfaitement inutile puisque je ne peux pas me mettre en bout de caisse pour ranger mes articles, puisque la vieille dame y est encore). Dans un supermarché classique, le personnel de caisse ne connaît pas forcément l'emplacement des rayons, et encore moins les références en rupture et la date d'approvisionnement. Il n'enregistre pas un nouveau compte fidélité.

Le même jour, deux caissières, deux réalités de travail fort différentes.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] En effet le 06.09.16, 02h47 par Aristophane
  • [0] C'est pas faux le 06.09.16, 13h27 par Rickhunter
Mr.Smooth a écrit :Non mais question a laquelle tu ne réponds pas Ailether, c'est que même si je suis en soit d'accord avec ce que tu avances sur le papier, c'est pourquoi les gens qui auraient les moyens d'automatiser leur production propre le donnerais aux autres. Parce qu'avoir de quoi automatiser sa production ça a un coût.
[...]
Je vois très bien le potentiel dont tu parles, mais c'est quelque chose de très lointain, qui part du principe d'une transition réussie. Cela fait beaucoup de si.
C'est vrai. Je n'ai pas la prétention de disposer des réponses à ces questions, seulement de mentionner que les questions existent et qu'y chercher des réponses a un intérêt.

Je vois le revenu de base comme étant un levier puissant pouvant pousser dans cette voie, pour plusieurs raisons :
  • N'étant plus poussés par le besoin, les employés qui sont aujourd'hui dans la situation d'être contraints à un travail ne le sont plus. Ils recouvrent leur temps et peuvent le consacrer à autre chose.
  • Ces emplois n'étant plus pourvus, les entreprises se retrouvent devant l'alternative de les automatiser ou de les rendre attractifs, en les payant davantage.
    • Dans le premier cas, ça répond à la question du pourquoi automatiser.
    • Dans le second, ça change en profondeur le rapport entre l'argent et le métier. Les personnes qui acceptent le travail ainsi revalorisé font un choix délibéré. Le salaire se retrouve à nouveau corrélé à la difficulté et au coût psychologique du job.
  • Les métiers qui sont déjà aujourd'hui valorisants ne sont pas affectés.
Ce n'est pas suffisant, mais c'est un grand pas dans la bonne direction, et qui présente le mérite d'être réalisable dès aujourd'hui. Évidemment, comme tout changement de valeurs et de mœurs, ça va être long, et ça heurte beaucoup de sensibilités. Mais c'est quelque chose qu'on a déjà vécu quand on a introduit les congés payés et les arrêts maladie. Avec exactement le même panel d'arguments contre d'ailleurs (trop cher, l'économie va s'écrouler, etc, etc).
Je suis même prêt à parier que quand on a inventé l'élevage, nombre d'homo sapiens ont trouvé scandaleux que certains mangent de la viande sans avoir à endurer le risque de la chasse. Que l'écosystème allait s'écrouler, etc, etc.

Le revenu de base présente même l'avantage de ne pas déstabiliser fondamentalement la structure économique. En dehors de la redistribution du coût de la main d'œuvre, un revenu de base calculé pour pouvoir vivre correctement n’empêchera pas les gens de continuer de vouloir acheter des smartphones, et pour ça de travailler.
De fait, le travail continuerait d'exister, mais on travaillerait pour s'offrir des suppléments de confort et des loisirs, plus pour survivre.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Intéressant le 06.09.16, 02h50 par Aristophane
Ailether ce serait bien de présenter également les contre arguments au revenu de base. Parce que c'est un peu simpliste (intellectuellement malhonnête?) de dire que c'est juste les mêmes que pour les congés payés.

Et puis il y a un moment aussi où il faudra prendre en compte l'humain et ces défauts... Regarder les limites du concept face à la réalité de ce qu'on est.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] C'est pas faux le 06.09.16, 08h08 par Aristophane
  • [0] Il y'a du vrai... le 06.09.16, 13h29 par Rickhunter
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