{…UFO} Director's Cut

Note : 69

le 16.03.2012 par Mr.Smooth

205 réponses / Dernière par Mr.Smooth le 20.08.2015, 21h02

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
Répondre
Smooth'n'Smoke


Note: je vous encourage vivement d'écouter ce texte avec la musique proposée, j'ai fait en sorte que ça aille à peu près ensemble, et j'avais shazamé ça durant la soirée que je vais vous raconter, il y a un mois et demi. Du reggae-lounge du cru.

[youtube][/youtube]

(sisi, lisez ça en écoutant la musique)

Image






Je devrais être dans mon lit. Dans mon lit à écouter du Cherokee, du Sting, du Chopin, a boire un truc au thé matcha et lait de riz, un truc bien à moi quoi. Un truc bio. Un truc sain.
Marrant: il suffit d'ouvrir ses yeux pour se rendre compte que la réalité nous transporte parfois plus dans l'irréel que notre propre imagination.



En l’occurrence, il me suffisait de relever la tête.
Fumée. Brume.
Ça danse. Les cirrus de THC et de dioxide de carbone qui font la valse entre les spots de l'appart'.
Qu'est ce que ça peut fumer une nana.

Une atmosphère tamisée a coup de weed premium, une chevelure grise au plafond qui se tortille, qui se fraye un passage, un passage au dehors et au dedans de la salle, ou alors en moi... je ne sais plus.
Je suis dans un aquarium, on frise la chambre à gaz. L'hilarité et le vice pour elle, et moi encore dans mes pensées et mes peurs, mais je crois que la bouffée que la minette m'a fait prendre -quasiment de force- me fait m'oublier.

Ou si: la peur est toujours là. Mais peu importe. Le bio filtre de mes bio poumons capote, c'est elle, qui -à coup de flirt- m'a fait crapoter.

Petite chambre d'étudiante vers Nation. Au milieux d'autres chambres d'étudiantes, partout. Résidence de jeunes filles, je crois.
Bien rangée, un grand lit qui fait office de canapé, un espèce de über meuble, hub de la baraque, sur lequel on est allongé.

Allongé, là, à regarder la fumée danser.
Je crois qu'elle s'est mise sein nus. Pour le moment c'est la fumée qui m'intéresse.
Des effets violents de la weed sur Smooth

Danse petite fumée, danse. Tournoie. Elle est comme une eau grise. La brume au plafond.
J'étais complétement explosé.
Je crois que j'avais dit ça, ou je l'avais pensé très fort. "La brume au plafond".
Alors, moi, à côté de cette fille aux seins nus, je m'étais mis à penser que le plafond était le sol, et le sol le plafond, que la gravité avait été inversée, parce que la brume reste au sol, et que la brume au plafond ça n'avait aucun sens.
Je crois que j'ai du penser à ça pendant une minute, ou plus, et j'ai eu l'impression d'un flottement.
Un ange passe (fumeur).

Ah oui...merde, elle s'est mise les seins à l'air. Vite, réagir, ça vaudrais mieux.

La fumée m'inspire. Ou c'est moi qui inspire de la fumée..je ne sais plus. Les deux je crois, en fin de compte.
La fumée qui m'ensorcelle, qui danse et caresse cette salle sous la lumière tamisée.

Bientôt c'est ma bouche qui l'ensorcelle, je crois, à l'écouter, à l'entendre, ma bouche qui danse et caresse et tournoie sur et autour de ses seins et son ventre.
Comme la fumée.

Le plus beau quand tu commence à embrasser le corps d'une femme, c'est d'entendre la respiration qui s’accélère, le buste qui se redresse à l'à coup d'un frisson. La bouche n'exprime qu'un soupir, un léger souffle d'abord....alors le corps montre son aval par le geste.

Sa peau était douce, très douce, et blanche, comme une neige, et je patinais de mes lèvres sur les zones sensibles. Je serpente.
Comme la fumée.

Et nos respirations qui s'accélèrent, et la brume au plafond qui vibre au rythme des basses d'une sono crachant du reggae, et nos corps qui suivent le mouvement. Des ondes dans la chevelure grise qui coule à l'envers, de nos bouches vers le sommet de la chambre.
Je m'aventure plus bas.
The game is on
Slowly.
Ma première fois?
Peut être.

Mais j'oubliais que la fumée n'a aucune présence. Elle est belle, elle tournoie, elle fascine, mais elle est sans substance, insaisissable.
J'ai été fumée jusqu'au bout, un spectre caressant, quelque chose de beau sur le papier.
Le THC se barre et la peur revient.
L'éventualité de l'acte sexuel final me ramène à ma condition: vierge. Une poudre aux yeux, du bullshit enveloppé dans un corps club med gym, incapable d'assumer sa nature.
Non désolé, je ne suis pas la promesse de mon emballage brun ténébreux rital.

Avoir la goujaterie de refuser la danse charnelle après une rapide fellation.
Je l'ai reprise dans mes bras, je tremblais un peu, et je me suis remis à jouer à la fumée sur son corps en sachant que j'avais cassé un truc. De pas vouloir coucher. Je voulais lui dire avec mes mains et mes lèvres que j'étais désolé, que j'étais un mensonge. Elle était chaude comme une braise. Elle me répondis que je n'y étais pas pour rien.
Et après ça, j'ai arrêté, je me suis senti mal à l'aise, d'un coup, et on a décidé de dormir.




En fait, je lui avait dit que je couchais pas le première soir. C'était au départ à moitié pour rire.

Jugez par vous même:
Une fille m'accueille chez elle, en guise de premier rendez vous. M'appelle pour me dire vers 19h qu'elle à la flemme d'aller dans le marais boire un verre et que "c'est plus posé chez moi".
Soit.
Adopte un mec donc: échange de messages, taquinerie, courant qui passe, ect...
Fille complétement libérée, névrosée sur les bords, du chaos dans ses yeux, comme j'aime. Artiste.
Belle, bi et légèrement bohème.

Je m'embarque dans des trucs pas possible les enfants.
J'embarque et je fais tout exploser. Fumée grise et dansante deviendra fumée noire.
Je m'étais montré efféminé et susceptible dès ses premiers tests: "Tu me dragues là? Je n'aime pas qu'on me drague" "Qu'est ce qui te fait penser qu'il va se passer quelque chose entre nous ce soir".

J'avais entendu ça, et j'avais dit en riant que je couchait pas le premier soir, puis je sombrais dans un mutisme dérangeant. Je lui avait ensuite dit que je m'en irais si elle me le demandais et que j'étais désolé de l'avoir mis mal à l'aise.
Puis j'ai craché mes insécurités.
Et à ce moment, par un quelconque miracle, elle m'a demandé de lui faire un massage, elle a mis de la musique et elle a rallumé un énième joint et m'a dit "prends".

Voilà comment je me suis retrouvé dans cet aquarium, avec cette belle fille, les yeux noirs comme le chaos en elle, ses cheveux couleur corbeau, sa peau douce, et le septentrionel combo "pommettes hautes et yeux en amande" qui me fait craquer.
Elle avait de grand yeux brillants. Ces yeux si noirs et clairs que je pouvais me regarder en reflet dans sa pupille. Ou voir les reflets de la fumée. Cela revient au même.
Un parfum au bois de cèdre et à la vanille qui m'as rendu fou.




Un nuit ou je n'ai pas fermé l’œil. Je dors mal quand je suis avec quelqu'un.
Et un lendemain ou j'ai vu dans son regard que je ne la reverrais plus. Elle avait cogité durant la nuit, et avait décidé de souffler sur mon incorporalité, l'absence de concret, comme on ouvre la fenêtre pour chasser un smog âcre.
Une réalité inconfortable, ça avait cramé dans la cuisine, la sauce n'avait pas pris entre nous, ça sentait déjà le brulé.
Je n'avais rien dit.
J'avais dit au revoir, joué de la comédie en prétendant qu'il y aurait une autre fois.
Ce n'étais pas ma première Smooth, ni la dernière, et j'en connaissais la sentence. Over.



Drôle de formulation, je recevais un message quelques jours plus tard: "Salut Smooth, t'es un mec bien, t'es très mignon, mais j'avais l'impression d'être le mec durant la soirée, et si j'ai envie de ressentir ça, je préfère le faire avec une autre fille".

C'eut le mérite de me faire sourire.


Image
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] A lire le 17.05.13, 19h45 par Edvard Dolokhov
  • [0] le 18.05.13, 14h41 par Serial
  • [0] Pas de chance mais ça arrive le 19.05.13, 13h38 par AigleFour
Sympa vieux ;). Ptain je t'envie, j'ai toujours voulu passer une soirée avec une accro au THC.
C'était la deuxième fois de ma vie que j'ai ingéré cette merde, donc bon.

Bouarf, t'en trouvera bien une a Berlin.
Yo' !

Ta musique me fait plus bad qu'un joint sur Wonderwall d'Oasis, je t'assure.
Ta poésie sensuelle, ça change des mecs défoncés qui jouent avec du papier alu'.

C'est vrai qu'en te lisant, on croirait lire une femme. C'est spécial, mais c'est surement ce qui fait que tu es ce Smooth si spécial.

Edit : La Note de ton Journal, c'est 69. J'trouve ça assez amusant tout de même.
Ouais j'ai vu. Priceless.

De la a dire que j'écris comme une femme man, c'est un peu trop haha.




Sinon Serial. "oublie la". Je crois que le ton de mon billet montre bien que c'était dommage mais qu'au fond c'était pas important, non? ;)
Yo' !

Honnêtement, si je devais te lire sans les allusions au corps de l'autre fille, j'aurais pensé que tu étais une femme. Après, je ne pense pas que ça soit une défaillance de ta virilité ou quoi que ce soit dans la même veine. C'est juste que la société nous martèle que les mecs veulent baiser dés qu'ils peuvent, et que les filles veulent se réserver. Alors quand on voit une histoire où les rôles sont échangées, on se sent retourné.

Avant de voir ta tof', je t'imaginais tout menu, discret, effacé, alors quand j'ai vu une énorme touffe (frère de touffe !), des gros muscles et un corps sculpté je me suis dis "Ah putain, j'suis sérieusement doué pour imaginer les gens …".

Voilà.

J'ai trouvé.

Smooth, t'es un paradoxe.

Le mec qui a l'image dans l'inconscient collectif d'un séducteur, les muscles, le "Je prends soin de mon corps", et en fait, derrière, t'es pas un trempeur de biscuit, t'es super sensible.

Et ça doit surprendre les gens.

Je pense que ça te sert, quand une fille réalise que t'es pas un bonobo avec des muscles et une touffe, et ça doit rendre très intense ce que tu vis avec les filles même quand il n'y a pas de cul. Et ce que tu nous a raconté avant, c'est exactement ça. C'est bien plus intense que tellement d'histoires de baise banales. D'ailleurs, je serais curieux de voir comment tu le ressens en fait.

Mais je pense que ça te dessert, quand une fille extrapole de ce que tu projettes qu'elle pourra s'envoyer en l'air avec toi et que c'est pas le cas.
Je crois que le ton de mon billet montre bien que c'était dommage mais qu'au fond c'était pas important, non? ;)
Ca, c'est la question importante. Tu préfères "devoir" la baiser le premier soir, ou ne pas la baiser du tout ? Je précise que ça n'a rien d'une question rhéthorique, et que je ne serais pas étonné que tu préfères qu'il ne se passe rien. Et finalement, c'est un peu ça le côté Smooth.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Pas convaincu le 19.05.13, 06h57 par Iskandar
  • [0] 100% d'accord le 12.12.13, 08h33 par wayl
Sinon Serial. "oublie la". Je crois que le ton de mon billet montre bien que c'était dommage mais qu'au fond c'était pas important, non? ;)
je sortais du taffe et j'ai hesite a mettre un mdr ou un lol,
Drôle de formulation, je recevais un message quelques jours plus tard: "Salut Smooth, t'es un mec bien, t'es très mignon, mais j'avais l'impression d'être le mec durant la soirée, et si j'ai envie de ressentir ça, je préfère le faire avec une autre fille".
en meme temps comme jtai dit sur le select sa reaction ne m'etonne pas :p ,la nana t'invites direct chez elle des le 1er soir c'est que forcemment elle veut ta bite. Tu lui donne autre chose forcemment elle va t'en vouloir, c'est comme chercher a refiler du porc a un muslim ou du non kasher a un juif ;p
There and back again







L'épisode relaté date de Novembre dernier. J'ai essayé de rendre au mieux mon état d'esprit de l'époque.








"Je te vois comme un très bon ami"



Elisa m'avait balancé ça en ayant pris le soin de cogiter. Ça se sentait. Saloperie.
La première chose que j'ai pensé c'est qu'elle mentait. En fait, j'ai senti qu'elle mentait. Elle avait du en avoir marre de mes airs de transi sur chaque fille qui passe, de ma faiblesse face aux filles que j'aime. Et ma faiblesse face au désir.
Faut-il encore savoir dans quel état elle m'avait vu cet été.
Même après qu'on se soit dit être des amis avec bénéfices, dont elle n'a bien sur jamais vu la couleur. J'étais fou d'une autre.

Moi, j'étais venu pour le champagne. Enfin le "Champagne".
Vincent (mon meilleur ami) m'avais téléphoné comme ça "Smooth, on va à la soirée de Cyril, il y aura du champagne, des tables et on rentre gratuitement"
Elisa et son amie Camille venaient à Paris, c'était au poil.

Cyril est un benêt.
Le genre de quidam un peu trop simple qui ne fait pas la différence entre du sarcasme et une vérité générale. Amusant.
Le genre de mec qui habite au Vésinet, qui bosse chez Abercrombie parce qu'il a des tablettes de chocolats greffées sur le ventre. Rencontré en Corse.

Ce brave type nous avait donc invité pour une soirée dans une quelconque discothèque pas trop pourrie parisienne, afin de dépenser le budget de sa start up de t-shirts dans des "frais de communication publiques".
Traduisez que son business-model était d'inviter ses collègues Abercrombie, de porter des t-shirts en boite, en prenant le soin d'acheter 8 bouteilles au passage. La start up n'a pas fait long feu.
Je suis médisant. Faut dire que ce mec est celui qui a balancé à Albertine qu'il m'avais vu pleurer pour elle. Je suis sur qu'il n'a même pas fait exprès, il a du sortir ça comme ça.
Toujours est-il que cela nous a permis de rentrer un peu partout gratuitement comme des vieux renards avec mon ami.

Cette soirée m'avait pété les couilles.
Parce que le champagne était du mousseux. Et ça, ça me mets hors de moi.
Parce qu'Elisa avait commencé à jouer du rapport de force.
A parler d'un mec dont elle était folle, a me dire comme ça "Bon, je me lève, je vais me faire draguer".

Moi, j'affichais un sourire jaune. Je ne savais pas trop quoi en penser. Haïr ne sert à rien. Me haïr?
Bouaf. Un mélange entre un rien à foutre global et un malêtre assez profond, un questionnement sur les pourquoi de mon self esteem moisi.
Aller, reprendre du mousseux dégueulasse.


Ce que c'est hypocrite les filles.
Élisa était là, dans les bras d'un Abercrombie, à se laisser aller. Grand bien lui en fasse.
J'avais commencé à danser avec mes amis, et trois jolies noires sont venues m'aborder en me disant que je bougeais bien pour un blanc.
"Raciste". J'avais lâché ça avec désinvolture. Puis j'avais partagé un moment cool avec les donzelles, un collé, des mains baladeuses (mais bien élevées), même si je n'étais pas plus intéressé que ça.
Puis on avait fichu la merde avec Vincent, dansé avec les 3-4 filles Abercrombie présentes, jusqu'à ce qu’Élisa décide à me tirer par le bras, se coller contre moi et m'embrasser.
J'ai été très froid.
Très distant.
Je ne supporte pas le manque de transparence.
Je ne supporte pas les jeux.
Et même si aujourd'hui j'ai appris à intégrer ça, à l'époque ça me dégoutait. Enfin, je ne lui en voulais pas, je me disais que les relations humaines pouvaient quand même être un sacré tas de merde.
Et puis, je n'étais pas amoureux la miss. Attaché, attiré, mais pas amoureux.



La soirée s'était terminée chez moi.
Élisa est allée se coucher dans mon lit, en me lançant un regard de défi.
Vincent et Camille m'ont ensuite lancé un regard du genre "Qu'est ce que tu attends".
Et là, commence alors l'appel du Smooth.
J'avais été vexé de son comportement.
J'avais peur. Peur que tout ça soient des conneries, que je me prenne un gros vent si je tentais.

La première phase d'une Smooth c'est de demander si c'est bien sûr, que la fille ait envie.
Camille a son franc parler: "T'es malade comme type, tu rend fou, elle vient te voir, elle fait ses minauderies, elle me parle de toi, elle vient te chercher et tu fait rien, elle te veut".
Mon égo malsain est rassuré.

Vient la peur.
La peur, et encore une couche d'égo. Je pourrais, mais je ne vais pas le faire.
Non.
Je suis au dessus de ça.
Je suis fort.
Je me sent fort.
Et je fais ça car au fond je me hais, et que je te tremble comme un enfant.

Vincent me regarde et il a compris.
Vincent m'as vu faire trop de Smooth pour être surpris.
Il n'essaie plus de me convaincre.
"Tout ce que je peux te dire c'est que tu auras des regrets"
Oui des regrets. Je sais. Il y a un maelström de concepts dans ma tête, je suis conscient de chaque étape de mes raisonnements, des fondements de mes peurs, je suis en clarté totale, mais je ne fais rien.
J'ai des envies contradictoires.
Je veux une première fois avec une fille que j'aime.
Qui prenne tout les devants.
Une fille que sache que je suis vierge.
Et le maelström dans mon esprit me rend las, je suis excédé d’être moi même et même le regard des autres n'y changera rien.
Je m'abandonne, je me laisse aller. La facilité est là, elle me tends les bras, ses mains, une porte de sortie.
La facilité: "Je n'ai pas envie d'amour physique, je ne suis pas prêt".
Voilà, la messe est dite, je me ferme, je m'observe un instant, moi, comme un personnage de roman qui pourrais mais qui ne fait pas, encore, et encore.

Camille va se coucher après qu'on ai parlé des relations humaines, légèrement excédée, Vincent reste avec moi.
"Tu vas le regretter"
"Je sais"

Je mets alors du Chopin, j'irais donc me perdre dans la mélancolie, à 6 heures du matin, avec du reste de mauvais mousseux dans le sang.
La mélancolie est ma drogue.
Je suis junkie de bile noire. Je me sens vivre, je sais que je me ment, mais je me laisse l'illusion, ne serais-ce que pour un moment.

Je m'endors, Vincent s’endort, et le lendemain est froid.
Élisa m'as vu. Elle a compris ma nature, et elle fuirais.
Et elle a fuis.
Je l'ai croisée deux jours après, elle était venue me rendre ma carte d'étudiant que j'avais laissé dans son sac.
Elle m'avait quitté, et j'ai vu dans son regard la masse informe des névroses que je me créait, faute de vivre.


Puis elle avait été sèche et froide.

Deux semaines après, ma médiocrité me travaillait encore. Je me suis posé et j'ai écris.
Écris sur ce dernier regard, afin d'en porter un neuf sur moi.
Pour E.


Pour E.


Elza, Lise, Solène, Elise, Line, Lilith, Lola.
Tu as un beau prénom.
J’étais en train de faire ça, oui. J’étais en train de me dire que tu avais un beau prénom.
Je me disais que tu aurais pu t’appeler autrement, je m’en faisais une liste.

Elza, Lise, Lola.
Elza.
Un souffle slave dessine sur ton visage des traits de l’Est.
Lise.
Car la candeur et l’innocence de se prénom te sied à merveille.
Lola.
Les cheveux châtains, des reflets amandes, le corps couleur miel, la taille fine, le trait subtil des épaules. Une Lolita.
Tu aurais rendu Humbert fou.

Seulement tu as 20 ans.
Seulement, tu es une nymphette sans désinvolture, sans décadence, car toute Lola que tu es, tu restes aussi Lise, tu restes Elza.

Et moi qui te regarde. Et le temps qui passe.
Je n’écoute pas ce que tu dis.
Je suis ailleurs, rêveur.
Si ça se trouve, nous ne nous reverrons plus.
Tu ne me reverras jamais de la même manière.
Le temps est trop passé. Il a creusé ses sillons sur les promesses et mes rêves.
Il y a eu pire.
Peu importe.

Alors je te regarde et je n’écoute pas.
Je n’ai pas besoin t’écouter, tu sais…
Tes yeux parlent pour toi.

Si ton visage est Elza, ton allure Lise, ton regard est Lola.
Il est pénétrant.
Lola me regarde. Elle semble perdue. Ou plutôt déçue. Lola fait mine d’être Lise par son regard.
Mais je te vois, Lola, sous Lise.
Lola qui sait ce qu’elle veut.
Lola qu’on ne peut tromper.
Lola qui vois.
Lola qui comprend.
Qui sait tout, et qui me voit Nu, et dont l’iris d’or laisse passer le noir perçant de sa pupille miroir.
Le regard m’a percé.
Tu me vois tel que je suis Lola, ou Elza, Lise, peu importe.

Tu bredouilles.
Je vois la douce Lise qui essaie de mettre des mots sur ce qu’elle observe. Moi, petit idolâtre obsolète, soupirant arraché, statuette déchue.
J’étais une promesse.
Nous étions une promesse, je crois, promesse que je n’ai pas tenue, une promesse de quoi ?
-rien de précis, de quelque chose-
D’un lien. D’une amourette.
Ca n’aurait pas marché de toute façon. Tu en conviendras d’avance, j’espère.

Sorel est un idiot

Tu bredouilles encore « Mais toi…Mais toi… »
La pointe d’exaspération, ça y est, nous sommes passés de l’autre côté.
Mais tu refuses encore un instant de voir ce que je suis.
Le dément.
Celui qui mets feu.

Je mets feu, je me mets feu, je suis feu, je brûle, et je contemple.
Je me veux esthète.

Ne t’en fait pas, ce n’est pas la première fois, et en toute honnêteté, ce ne sera pas encore la dernière.
Pour le moment je me regarde flamber avec satisfaction.
Le chaos éphémère des flammes m’apaise, un instant.
J’avoue.
J’en joue.
Je suis comédien.
Le comédien qui se baigne de flammes factices, et qui pourtant en ressent l’intensité.

Je ne pouvais faire autrement, tu sais.
Car pour le névrosé qui a un semblant de raison, tout est assez clair. Semble-t-il.
Il est assez clair que je suis idiot.
Que pour vous public, pour toi, ma douce, le comédien a maquillé mon idiotie du fard des personnages de ces anciens romans.
Ceux là dont les héros torturés vivaient les cheveux au vent, l’espoir en poupe, et l’égo transi.
Ces Sorels, ces Rastignacs, qui ne rêvaient, eux même, personnages de papier, qu’à être des héros d’autres romans.
Ceux là qui ont du s’inspirer de romans, de songes, de légendes plus vielles encore.
Je suis de cette trempe là.
Si l’on puis appeler cela une trempe.

Parce que, pour tout personnage de roman, mais aussi pour tout homme qui a conscience de la banalité de ses démons, de la banalité notoire que représente l’Envie, il y a derrière l’égo.
Il est égocentré, ce Sorel. Il fait souffrir sa belle. Peut être ne l’a-t-il jamais aimé, la Rénal, peut être n’a-t-il jamais aimé. Il n’aura aimé que Napoléon.

Et si moi, contrairement à cet insupportable Sorel, au fougueux Rastignac, au perspicace Bel Ami, j’ai aimé, j’aime, -c’est là d’ailleurs mon pêché, aimer et m’en sentir indigne- je reste sur le moi, un peu. Moi. L’Ego.
L’Ego. La Peur.

Et tout ça.
Tout ça dans tes yeux, Lola, en quelques secondes.
Lola qui m’a percé.
Tu l’as vu. La peur. Ma peur…
Et tant qu’il y aura la Peur, le danseur ne danse plus par passion, le comédien ne joue plus par conviction, ils fuient.
Prestation factice.

Une Danse dans le Froid

J’ai un devoir a finir, le droit des contrats, la garantie d’éviction. C’est drôle comme cela me semble tout à fait léger face à l’inertie et la lourdeur de mes réflexions.
Je pourrais danser avec un manuel de droit que cela en serait plus gai.

Danser.

Parce qu’après cette courte entrevue, on s’éloigne, t’ayant précisé ce travail que je devais rendre, toi qui étais venue me rapporter quelque chose d’aussi insignifiant qu’une carte d’étudiant laissée là dans ton sac –un oublis-

Danser.

C’est ce que font tes cheveux dans le vent à présent.
Tes joues et ton nez étaient un peu rouges.
Il faisait froid.
Le vent peignait dans tes cheveux des arabesques délicieuses.
L’air caresse le châtain et l’amande de ta tête, comme tu as jadis caressé les boucles brunes qui tombaient sur mon visage. Mes mèches dans tes mains.
Le vent caresse tes cheveux comme jamais je n’ai osé le faire. Comme je regrette !

Danser.

Nous nous étions rencontrés en dansant. Tu t’étais abandonné avec moi, dans une nuit chaude de Corse.
La musique et la lumière sous le ciel ébène.
Tu avais vu le Danseur.
Tu ignorais que les esthètes fuyaient, que je fuyais et que je fuis toujours.

Mais je serais fort un jour, Lise.
Je serais fort, et je boirais de tes lèvres avides la tendresse qui nous était du.
Ca ne durera pas. Au risque de me répéter, ça ne marchera pas.
Mais cela en vaudra la peine.
La tendresse et la passion valent toujours la peine.
Peut être.
Un jour…

Mais pour le moment, il n’y a que les arabesques dans tes cheveux et ta taille fine qui s’éloignent dans le vent froid.
Tu t’éloignes, et ce n’est pas faute de l’avoir vu.
Ce n’est pas faute de l’avoir demandé.
Tu t’éloignes, et tu n’aura à mon égard que la frigidité de cette brise qui te fait danser.

Mais le temps passera.
Et les jours passeront, et il ne restera peut être que le froid. Et malgré toute la clairvoyance du monde, je t’en voudrais.
Comme toi, tu m’en veux.
Je t’en voudrais d’avoir su et de n’avoir rien fait.


Nous nous quittons en dansant, comme lors de notre rencontre.
Dans le froid cependant, toi voletant dans le vent, et moi voletant dans mes mots.
Une danse dans le glacial et le blasé.

Qu’il en soit ainsi.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Wow le 17.04.16, 14h33 par Jsh
I'm Back

Pour la fin de l'histoire, je lui ai envoyé ce petit texte il y a 3-4 mois, elle m'avait comblé de compliments, à me servir le blablabla "extraordinaire...parfait".
Je lui avait dit que j'étais en train de changer.
J'ai changé.
Elle est revenue vers moi il y a 2 semaines, on s'est vu, on s'est embrassé.
On ne pouvait se voir qu'une heure. Comme l'année dernière.
J'ai changé, et je lui ai dit que je n'étais plus vierge. Que j'avais adoré.
De toute manière, elle l'avais sentie, je suis devenu détaché, serein et confiant.
On avait parlé de sexe.
Elle vient en Corse, et m'a dit qu'on avait intérêt à s’envoyer en l'air cet été. Que je pouvais voir d'autres filles. Qu'elle pouvait voir d'autres mecs. Ça n'avait aucune importance tant que l'on pouvait passer un peu de bon temps.


Propre.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Like ! le 11.06.13, 14h17 par kee
  • [0] LFG ! le 11.06.13, 15h43 par Cellar Door
  • [0] Yesssss! le 12.06.13, 12h01 par MrBuffman
Répondre