Je vous fais un compte rendu de l'expérience dans un mois?
Bon ok, j'ai clairement sous-estimé la fréquence de l'expérimentation. Si je vous fais un retour dans un mois, je pense que je vais devoir sortir un e-book. Donc je vais mettre mes pensées en forme progressivement.
Je vais tenter d'aller dans le sens du constructif pour vous filer mes impressions et faire un retour sur "vos" façons de dragouiller une nana en plus de ce que je ressens (qui est assez chaotique de prime abord). D'abord l'impression "rencontre par internet", puis, quand j'aurai des rendez-vous, puis quand "vous" conclurez. Et quand vous conclurez pas. Considérez moi comme une presque infiltrée, mais dans votre camp.
N.B: Je pense être plus exigeante qu'une nana lambda. Juste parce que de base je suis homosexuelle, qu'aussi je connais assez bien comment séduire une femme pour "formuler" cette exigence, et que je mets la barre un poil plus haute pour avoir un rapport avec un homme. Ça fait beaucoup, je sais. Ça vouera peut-être à évoluer, c'est mes premiers pas. En même temps, je pense être plus compatissante aussi. Parce que je sais que c'est dur pour vous, pour nous, de séduire une femme, et que j'ai moins d'inconscience sur les pas que vous faites vers moi.
Compte rendu de Bridget. Jour 1,5.
Je me suis mise sur le "marché" hier soir donc.
Comme je l'avais déjà expérimenté, les "like" montent vachement plus vite que pour les filles. Je me sens inondée d'opportunité. Ce qui est un peu effrayant dans l'idée.
Pour optimiser, j'ai pris la version où je peux voir les likes. Ça me permet : 1/De voir le genre de gars que je peux intéresser. 2/De gagner du temps, parce que je me rends compte que j'ai suffisamment d'opportunité pour trouver un mec plaisant. 3/Je suis une feignasse parce qu'il existe trop de profil hétéro et que ça m'épuise d'avance.
J'ai effleuré quelques 293 profils, en diagonal, depuis. J'ai dû momentanément bloquer la visibilité aux mecs. Ça fait trop à gérer pour moi et ça me déstabilise.
Keep calm.
Parmi eux, un gars que j'ai reconnu que je croise au boulot assez peu, mais assez, et qui
n'est jamais venu vers moi. Ça m'a étonné venant de lui. Le peu de fois où je l'ai croisé, il était d'une froideur incommensurable avec moi. Totale indifférence à mon égard, presque fuyant. Je ne comprends pas pourquoi on like une nana sur une appli alors que tu as la possibilité de lui parler directement.
Pour ceux que j'exclus d'entrée de mes interactions :
- Il y a les mecs entre 45 et 60 ans. Autant je n'ai rien contre les gens plus âgés, autant là, ça me met vachement mal à l'aise.
- Il y a ceux entre 18 et 21 ans. C'est con mais, j'ai l'impression d'intéresser des collégiens-lycéens, ne serait-ce que dans leur visage un poil trop lisse.
- Il y a les mecs que je ne trouve pas beaux, tout simplement.
- Il y a les mecs qui ne savent pas faire une phrase, même la plus simple et inintéressante du monde, sans faute d'orthographe dans leur profil.
- Il y a les mecs un peu trop fleur bleue et gentillet, du type "relation sincère" blablabla.
- Il y a ceux que j'appelle "kékés". Les gars qui se la joue bad-boy/cailleras/beaux gosses.
- Les gars que je connais.
Pour ceux que j'intègre :
- Il y a les beaux gosses de base, bien bâtis, qui, s'ils attirent les premiers mon oeil, dans les faits, m'effraient dans leur carrure et m'impressionnent un peu trop. J'avais malgré tout commencé à entamer une conversation avec l'un d'entre eux, mais son trop plein de confiance en lui et de narcisse inonde ma messagerie. Puis, on ne balance pas des negs de beaux gosses maladroits à une fille si tu ne sais pas son niveau de confiance en elle, même si tu penses que c'est ce qu'il faut faire avec les filles que tu trouves jolies (ou juste que t'es un péteux mais que j'ai un vrai caractère de merde et que j'ai horreur des matchos).
- Il y a les mecs mignons, choupinet. Par contre, j'ai l'impression qu'ils sont vraiment très timides, pas confiants. Ils t'abordent une première fois puis, n'ose pas s'assumer durant la conversation. Avec eux, il faut creuser, sinon...
- Il y a les mecs intellos et intéressants, mais un peu plat plat et mou du genoux que je suis obligée de mouvementer pour bousculer. Pas max de sensualité, de jeu. Ce qui me donne moyen envie de pousser les choses. Les mecs... soyez pas si sérieux. Votre intelligence, je la verrai et la sentirai sans que vous n'ayez à la verbaliser.
Dans l'ordre de mes préférences, je me tourne naturellement vers :
1/Les belles-gueules (mais pas BCBG, fashion).
2/Les sportifs.
3/Les barbus.
4/Les tatoués.
5/Les globes-trotteurs.
6/Les intellos.
7/Ceux qui font preuve d'humour.
8/Les gars dont la simplicité inspire.
9/Les jolis sourires.
10/Les jolis yeux bleus/verts (mais pas que).
11/Les musiciens.
Je me rends compte que je suis très (trop?) offensive et/ou active avec les mecs qui m'abordent. Relans d'Hillel. Je n'arrive pas vraiment à me laisser faire passivement. Déjà parce que la plupart sont mous, et parce que sinon je m'ennuie. Je ressens que ça fait bloquer et/ou grimper le manque d'assurance chez les mecs. Même pour ceux qui en avaient au prime abord, ils tiennent difficilement sur la longueur. On me suggère que ça pourrait être cool d'aller se boire des verres, mais sans l'assumer vraiment vraiment (par peur du râteau?). Ou bien on me parle pendant 20 plombes, on joue au faux interrogatoire qui traîne en longueur sans jamais proposer de concret. Ce qui me donne libre champ pour éviter que ça arrive. Là je rationalise, mais instinctivement, c'est ce que je ressens: ça ne me donne pas envie.
J'attendrais plutôt d'un mec qu'il me propose rapidement de se voir une fois qu'on voit que l'interaction se passe bien.
Il y avait un mec qui ne gérait pas trop mal, qui commençait même très bien, mais qui traîne en longueur. Je vous montre l'interaction :
Anthony: Je suis probablement le mec le plus cultivé de tinder. Si tu es réellement sapiosexuelle alors prépare tes mouchoirs.
Bridget : Anthony, tu es terriblement prétentieux, en plus d'être un pervers. Mais comme tu es le premier à me faire rire, je te pardonne gracieusement.
Anthony: Tu m'as tuée ahah.
Anthony: Je suis mort.
Anthony: Bref que lis tu en ce moment ? ?
Bridget : Je pourrai te le dire mais après, c'est moi qui risque de passer pour une perverse... tu me cites le tien en premier ?
Anthony: Avec zizir. (cite les livres) A toi
Bridget : Et bien, c'est très très sérieux. Toi aussi tu les comptes par trois? Sur ma table de chevet trône "Lolita" de Nabokov, "L'éducation sentimentale" de Flaubert, et "La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux" de Sade.
Anthony: Hum, ça me plairait que tu m'en parles un jour, autour d'un café, portant une veste en tweed. Tu tinteresses à la philosophie donc ?
Bridget : Pas vraiment. Ma philosophie s'arrêterait bêtement à "Bouffe la vie".
Anthony: Bouffe la vie, dans quel sens ?
Bridget : Bouffer la vie... l'aimer, vivre sans faire semblant, à fond, sans concession, des remords mais pas de regrets, rire très fort et beaucoup, faire suinter les corps, savoir que j'ignore tout et apprendre, prendre soin de moi, de ma tête, de mon corps, prendre soin des autres aussi, juste, être là, maintenant, tout de suite, et pas demain. Comment toi tu verrais ça?
(là, j'ai honnêtement fait un effort pour lui retourner la question)
Anthony: Pour résumer, en profiter totalement en ayant la force que la confiance en soit procure pour s'épanouir réellement. J'aime bien. Je dirai que je retire de la vie ce que j'ai envie d'en retirer mais sans tendance boulimique. J'ai envie d'apprendre, de découvrir, ne pas arriver à un âge avancée en me disant que je n'ai rien vu et rien su, que j'ai été frustré et haineux sans m'en rendre compte et surtout ne pas me dire que j'ai vécu la vie d'une manière qui fait qu'il me serait impossible d'en prendre conscience a un âge avancé, car cela serait la réalisation que je suis passé complètement a côté.
(ce qu'il m'a dit là, ça m'a plu. Ça renvoie l'image d'un gars sain, équilibré, et bon vivant)
Anthony: Ne m'en veut pas si tout ceci te semble être dis sans usage de jolie mots et de belles lettres mais disons que je n'aime pas me forcer. J'aime quand les choses comme ça me viennent naturellement, dans le moment.

Bridget : Je n'ai pas fait attention à tes lettres, c'est dommage que tu penses que ce ne sont pas de jolis mots. Moi je les trouvais jolis. La force, la confiance, apprendre, découvrir, ne pas être frustré et haineux, avoir du vécu, ne pas passer à côté, c'est déjà très chouette, non?
Anthony: Vu dans ce sens là, ça l'est, effectivement.
Anthony: J'en déduis que tu es quelqu'un qui fait un travail sur lui même, je me trompe ?
Anthony: Qui cherche l'accomplissement de soi peut être.
Bridget : Si ça te va, je te répondrai une autre fois? Là je fatigue et j'ai les yeux qui clignotent comme des stores vénitiens... ahah. Je te souhaite une belle nuit Anthony!
Anthony: Pas de problèmes. Bonne nuit
Anthony: C'est ça le problème de la masturbation intellectuelle, c'est chant et fatiguant.
Anthony: Au pire si tu as messenger, file le moi.
(Raison A : tu veux me jauger davantage physiquement. Raison B : Tu veux prolonger la conversation en dehors de Tinder dans un autre espace virtuel ce qui est con. Raison C : T'as pas eu les couilles de me demander mon numéro, de m'appeler un jour, et d'aller boire ce verre dans une veste en tweed.)
Je ne sais donc pas si à ce stade, je reprends les rennes en lui donnant mon numéro et en lui montrant qu'en fait, il y a plus simple que sa proposition bidon. Ce qui implique d'être active. Ou bien si je lâche l'affaire parce que je ne suis pas tant stimulée/curieuse que ça.
J'en viens aussi à me demander à quel moment je suis censée parler de mon côté libre, ouverte, homosexuelle + en relation avec des femmes. Je trouve que ce n'est pas anodin. J'imaginais en faire part davantage durant un rendez-vous, dans la continuité d'une conversation. Est-ce que c'est le genre d'info que vous aimeriez avoir très tôt ou vous vous en foutez dans les faits?
CONCLUSION
Beh, passer du côté des hétéros, ça a l'air en fait vachement simple. Limite, j'imagine qu'en tant que femme qui assumerait sa sexualité avec les hommes, un poil plus expérimentée, je pourrai avoir un plan cul tous les quatre matins en gérant à peu près bien. A ce stade, une rencontre tous les quatre matins. A confirmer en IRL. C'est soulageant d'être "prise pour cible" plutôt que de "viser la cible". Les mecs ont vachement plus de propension à t'aborder en premier et jouer avec toi que les nanas.
Il y a une sorte de "manque d'intérêt" à voir qu'il y a autant de mecs qui viennent vers toi. Alors que quand tu as un nombre plus restreint de possibilité, t'as plus tendance à accorder de l'attention aux gens. Je ne sais pas comment je vais gérer ça. Comment je vais faire le tri.
Qu'aussi, c'est dingue comme les mecs, même super mignons et qui ont tout pour plaire n'ont pas confiance en eux et ne s'assument pas. Je pensais que ce serait moi qui manquerait de confiance et que je galèrerai, mais force est de croire que les mecs se mettent très (trop) vite la pression et me mettent rapidement en position "du prix". Je commence donc vachement plus à rendre réel ce que je lis ici. Je vous comprends un peu mieux les gars.
Malgré tout, c'est difficile pour moi de jouer les "passives". J'ai envie d'attaquer et de prendre le relais très rapidement, mais je vais apprendre à me contenir puisque visiblement, ça effraie. Je vais donc plus essayer de tendre de grosses perches implicites pour qu'ils les saisissent et gérer mes frustrations.