Sarge et complexité
Posté : 11.12.06
Disclaimer : Cet article a pour but d’aider les débutants à se positionner dans la jungle des théories et courants qui jalonnent le monde de la sarge. Il présente de nombreuses simplifications de notions bien plus complexes, qui pourraient être développées sur des pages et des pages, dans un souci de pédagogie. Il ne vous donnera aucun truc ou théorie démoniaque pour mettre plus rapidement une HB12 dans votre lit, mais vous aidera peut-être à réfléchir à une sorte de philosophie de la sarge que vous pourrez trouver utile. Ou pas. Ou quelque chose entre les deux
Avant de commencer, qu’est-ce que la complexité ? Il est plus facile de comprendre ce que c’est en comparant le complexe et le compliqué.
Imaginez une assiette de porcelaine, finement travaillée, que l’on jetterait à terre et qui se briserait en milles morceaux. Comment qualifieriez-vous le travail consistant à recoller un à un les morceaux pour réparer l’assiette ? Pensez-vous que ce travail soit impossible ?
En fait, il est sensé de penser qu’une personne suffisamment motivée, minutieuse et ayant du temps devant elle pourrait réussir cette tâche, même si elle n’a rien de simple. On peut donc raisonnablement la qualifier de compliquée.
Imaginez à présent une assiette de spaghettis. Avec deux fourchettes, soulevez un peu les spaghettis et laissez-les retomber. Comment qualifieriez-vous la tâche consistant à replacer les pâtes exactement comme elles étaient précédemment ? Pensez-vous que ce soit possible ?
En fait, ça ne l’est pas, notamment parce qu’il n’existe aucun instrument qui permettrait de mesurer précisément la position de chaque pâte avant de les déplacer, et aucun outil qui permettrait de les replacer dans leur position initiale, même si l’on avait une carte détaillée de celle-ci. Quelque soit le talent de la personne qui tenterait cette tâche, elle est impossible à réaliser : c’est une tâche complexe.
On qualifie donc de complexe les concepts ou choses qui ne sont pas modélisables ou intelligibles complètement par l’esprit humain, à la fois dans son individualité et sa globalité. La notion sous-jacente est donc celle de limite, limite à la compréhension de la réalité qui nous entoure et contre laquelle nous luttons en permanence.
En quoi ces notions nous intéressent-elles pour la sarge ? J’y viens. Parmi les nombreux éléments de la réalité que l’on peut qualifier de complexe, l’humain en est un de choix. Il y a une infinité de possibilités d’approches de l’humain, comme la psychologie, la sociologie, la biologie, l’histoire, la chimie, la médecine, la théologie, les sciences cognitives, la spiritualité… Croyez-vous que chacune de ces approches suffise pour qualifier l’être humain et ses interactions avec ses pairs et son environnement ? Croyez-vous que la totalité de ces approches permettre une telle qualification ? Pouvez-vous en faire une liste exhaustive ? Evidemment, non.
La complexité de l’humain fait que non seulement, personne ne peut prétendre l’appréhender entièrement, mais que les disciplines même, comme concepts globalisants, ne peuvent prétendre que de lever un coin de voile sur un mystère inaccessible. C’est comme de vouloir éclairer une énorme grotte obscure avec une lampe torche : tout ce que vous pourrez faire, c’est mettre en lumière quelques éléments, mais vous ne pourrez jamais voir la structure dans son ensemble. Vous pourrez éventuellement vous mettre à plusieurs avec chacun une lampe, mais tout ce que vous pourrez faire, c’est tenter de comprendre et de visualiser ce que les autres ont vus, en l’intégrant à votre propre vision de la grotte (du monde). Et personne ne serait capable, à partir de ces fragments épars, de reconstituer mentalement la structure précise de cette grotte. Tout au plus pourrez-vous vous en faire un schéma plus ou moins flou vous permettant de vous mouvoir à tâtons à l’intérieur.
La sarge est pour moi une approche de l’humain à part entière, centrée plus précisément sur les rapports de séduction hommes/femmes, mais qui couvre un champ beaucoup plus large. Comme toute discipline, elle est composée de multiples courants et écoles de pensées, comme toute discipline touchant à l’humain, elle déborde parfois de son champ d’application et emprunte à d’autres disciplines plus ou moins proches.
Et comme tout ce qui touche à la complexité, elle ne peut prétendre apporter une réponse absolue et irréfutable, tout au plus des interprétations, sujettes à caution. Ses interprétations et leur pendant, les actions à mener d’après elles, sont multiples et le plus souvent liées aux écoles qui les défendent.
Ces approches multiples sur des sujets complexes ont toujours existés, mais il existe une tendance occidentale qui consiste à opposer des réponses différentes à un même sujet, au lieu de les voir comme adjacentes ou complémentaires, et donc à les séparer en vrai/faux, et non en plutôt vrai/plutôt faux, et encore moins en pertinent et incomplet/pertinent et incomplet. Cela donne au final des écoles, le plus souvent composées d’élèves qui ont payés cher, en argent et investissement personnel, auprès du maître qui a créé cette école ou qui la perpétue, qui se battent entre elles pour imposer ce qu’elles considèrent comme étant LA bonne approche, celle qui leur permet de laisser tomber la lampe torche et d’illuminer d’un coup la grotte avec une puissante lampe halogène. Sauf que l’école en face pense être arrivée exactement au même résultat, mais avec une approche totalement différente qui est considérée comme opposée et qui paraît donc fausse… On appelle cela la pensée binaire, fortement ancrée en Occident en raison notamment de l’influence considérable qu’eu la logique aristotélicienne et son principe du tiers exclus, et d’un manichéisme bien/mal rabâché pendant des siècles par une religion chrétienne omniprésente.
Les orientaux ont une perception qui concilie plus facilement des points de vue différents. Le yin et le yang, dans la figure bien connue du Taiji, illustre ce concept : Le point noir yin dans le yang et le point blanc yang dans le yin illustre que même dans les réponses les plus opposées (le noir et le blanc) subsiste un peu de la réponse de l’autre, et que donc aucune réponse, concept ou vérité ne peut prétendre à une totale clairvoyance.

Une étude récente effectuée par des américains (1) a porté sur ce sujet : ils ont fait lire à des sujets occidentaux deux théories scientifiques touchant au même domaine, puis ils leur ont demandés quelle est celle qui d’après eux étaient la plus pertinente. La majorité ont choisies celle qu’ils ont lus en premier. Les chercheurs ont ensuite réitérés l’expérience avec des sujets orientaux, qui en majorité ont décrétés que la vérité était probablement située quelque part entre les deux théories.
Mon point de vue est que vous ne devriez pas croire quelqu’un, fut-il un PUA ou un gourou reconnu, qui prétendrai qu’une approche de la sarge est meilleure qu’une autre, qu’il vaut mieux utiliser la PNL, être un natural, abuser du canned stuff, improviser, structurer à fond son game, aborder la sarge comme une science plutôt qu’un art, l’inverse ou que sais-je encore. La vérité, s’il en est une, est que chacune de ces approches a des avantages et des inconvénients, des points communs et des différences, et que même le plus grand PUA du monde ne peut éclairer l’ensemble de la grotte avec sa lampe torche.
Quelles applications pratiques pouvez-vous tirer de tout cela ? J’en vois quelques unes :
Je vous encourage donc à poster vos propres éclairages/critiques/remarques : ce n’est pas parce que personne ne détient la vérité absolue que l’on ne peut critiquer l’autre. Il faut juste que la critique soit pertinente et ne tombe pas dans un manichéisme réducteur qui consisterait à faire croire que SA vérité est absolue. Rappelez-vous le yin et le yang : une partie de la réponse « adverse » contient votre réponse, et inversement.
1 : R. Nisbett, K. Peng, I. Choi, & A. Norenzayan, “Culture and systems of thought: holistic vs. analytic cognition.”, Psychological Review
2 : "Mozart n'a créé aucun langage. Sa vie durant, il ne laissa pas d'être à l'affût de tous les idiomes dont il pouvait prendre connaissance, et, quand il les adoptait, loin d'en rester au formalisme des procédés, il les recréait de l'intérieur. Mozart n'a été le maître d'aucun langage : il a été maître de tous ses langage" (Encyclopædia Universalis)

Avant de commencer, qu’est-ce que la complexité ? Il est plus facile de comprendre ce que c’est en comparant le complexe et le compliqué.
Imaginez une assiette de porcelaine, finement travaillée, que l’on jetterait à terre et qui se briserait en milles morceaux. Comment qualifieriez-vous le travail consistant à recoller un à un les morceaux pour réparer l’assiette ? Pensez-vous que ce travail soit impossible ?
En fait, il est sensé de penser qu’une personne suffisamment motivée, minutieuse et ayant du temps devant elle pourrait réussir cette tâche, même si elle n’a rien de simple. On peut donc raisonnablement la qualifier de compliquée.
Imaginez à présent une assiette de spaghettis. Avec deux fourchettes, soulevez un peu les spaghettis et laissez-les retomber. Comment qualifieriez-vous la tâche consistant à replacer les pâtes exactement comme elles étaient précédemment ? Pensez-vous que ce soit possible ?
En fait, ça ne l’est pas, notamment parce qu’il n’existe aucun instrument qui permettrait de mesurer précisément la position de chaque pâte avant de les déplacer, et aucun outil qui permettrait de les replacer dans leur position initiale, même si l’on avait une carte détaillée de celle-ci. Quelque soit le talent de la personne qui tenterait cette tâche, elle est impossible à réaliser : c’est une tâche complexe.
On qualifie donc de complexe les concepts ou choses qui ne sont pas modélisables ou intelligibles complètement par l’esprit humain, à la fois dans son individualité et sa globalité. La notion sous-jacente est donc celle de limite, limite à la compréhension de la réalité qui nous entoure et contre laquelle nous luttons en permanence.
En quoi ces notions nous intéressent-elles pour la sarge ? J’y viens. Parmi les nombreux éléments de la réalité que l’on peut qualifier de complexe, l’humain en est un de choix. Il y a une infinité de possibilités d’approches de l’humain, comme la psychologie, la sociologie, la biologie, l’histoire, la chimie, la médecine, la théologie, les sciences cognitives, la spiritualité… Croyez-vous que chacune de ces approches suffise pour qualifier l’être humain et ses interactions avec ses pairs et son environnement ? Croyez-vous que la totalité de ces approches permettre une telle qualification ? Pouvez-vous en faire une liste exhaustive ? Evidemment, non.
La complexité de l’humain fait que non seulement, personne ne peut prétendre l’appréhender entièrement, mais que les disciplines même, comme concepts globalisants, ne peuvent prétendre que de lever un coin de voile sur un mystère inaccessible. C’est comme de vouloir éclairer une énorme grotte obscure avec une lampe torche : tout ce que vous pourrez faire, c’est mettre en lumière quelques éléments, mais vous ne pourrez jamais voir la structure dans son ensemble. Vous pourrez éventuellement vous mettre à plusieurs avec chacun une lampe, mais tout ce que vous pourrez faire, c’est tenter de comprendre et de visualiser ce que les autres ont vus, en l’intégrant à votre propre vision de la grotte (du monde). Et personne ne serait capable, à partir de ces fragments épars, de reconstituer mentalement la structure précise de cette grotte. Tout au plus pourrez-vous vous en faire un schéma plus ou moins flou vous permettant de vous mouvoir à tâtons à l’intérieur.
La sarge est pour moi une approche de l’humain à part entière, centrée plus précisément sur les rapports de séduction hommes/femmes, mais qui couvre un champ beaucoup plus large. Comme toute discipline, elle est composée de multiples courants et écoles de pensées, comme toute discipline touchant à l’humain, elle déborde parfois de son champ d’application et emprunte à d’autres disciplines plus ou moins proches.
Et comme tout ce qui touche à la complexité, elle ne peut prétendre apporter une réponse absolue et irréfutable, tout au plus des interprétations, sujettes à caution. Ses interprétations et leur pendant, les actions à mener d’après elles, sont multiples et le plus souvent liées aux écoles qui les défendent.
Ces approches multiples sur des sujets complexes ont toujours existés, mais il existe une tendance occidentale qui consiste à opposer des réponses différentes à un même sujet, au lieu de les voir comme adjacentes ou complémentaires, et donc à les séparer en vrai/faux, et non en plutôt vrai/plutôt faux, et encore moins en pertinent et incomplet/pertinent et incomplet. Cela donne au final des écoles, le plus souvent composées d’élèves qui ont payés cher, en argent et investissement personnel, auprès du maître qui a créé cette école ou qui la perpétue, qui se battent entre elles pour imposer ce qu’elles considèrent comme étant LA bonne approche, celle qui leur permet de laisser tomber la lampe torche et d’illuminer d’un coup la grotte avec une puissante lampe halogène. Sauf que l’école en face pense être arrivée exactement au même résultat, mais avec une approche totalement différente qui est considérée comme opposée et qui paraît donc fausse… On appelle cela la pensée binaire, fortement ancrée en Occident en raison notamment de l’influence considérable qu’eu la logique aristotélicienne et son principe du tiers exclus, et d’un manichéisme bien/mal rabâché pendant des siècles par une religion chrétienne omniprésente.
Les orientaux ont une perception qui concilie plus facilement des points de vue différents. Le yin et le yang, dans la figure bien connue du Taiji, illustre ce concept : Le point noir yin dans le yang et le point blanc yang dans le yin illustre que même dans les réponses les plus opposées (le noir et le blanc) subsiste un peu de la réponse de l’autre, et que donc aucune réponse, concept ou vérité ne peut prétendre à une totale clairvoyance.

Une étude récente effectuée par des américains (1) a porté sur ce sujet : ils ont fait lire à des sujets occidentaux deux théories scientifiques touchant au même domaine, puis ils leur ont demandés quelle est celle qui d’après eux étaient la plus pertinente. La majorité ont choisies celle qu’ils ont lus en premier. Les chercheurs ont ensuite réitérés l’expérience avec des sujets orientaux, qui en majorité ont décrétés que la vérité était probablement située quelque part entre les deux théories.
Mon point de vue est que vous ne devriez pas croire quelqu’un, fut-il un PUA ou un gourou reconnu, qui prétendrai qu’une approche de la sarge est meilleure qu’une autre, qu’il vaut mieux utiliser la PNL, être un natural, abuser du canned stuff, improviser, structurer à fond son game, aborder la sarge comme une science plutôt qu’un art, l’inverse ou que sais-je encore. La vérité, s’il en est une, est que chacune de ces approches a des avantages et des inconvénients, des points communs et des différences, et que même le plus grand PUA du monde ne peut éclairer l’ensemble de la grotte avec sa lampe torche.
Quelles applications pratiques pouvez-vous tirer de tout cela ? J’en vois quelques unes :
- • Comprendre que nul ne détient de vérité absolue, et que chacun a une parcelle de celle-ci (je ne dis pas qu’il n’existe pas de spécialistes plus compétents que le commun des mortels dans leur domaine. Je dis que les spécialistes qui prétendent posséder une meilleure approche que leurs collègues ont à la fois tort et raison). Regardez les querelles des médecins du Moyen-Age et comprenez à quel point elles étaient stériles et sans fondements.
• Ne pas vous dépenser en lutte inutile et stérile pour défendre un point de vue plutôt qu’un autre parce que vous avez suivi le workshop de untel ou untel qui vous a vendu son approche. Ce n’est pas parce que l’approche de votre coach/maître/gourou est intéressante et vous semble pertinente (et que vous avez dépensé pour elle temps, argent et investissement personnel) que les autres ne le sont pas.
• Trouvez votre propre style et les théories/actions qui vous correspondent le plus. Sans doute, ceci est difficile et ne peut être réalisé qu’après une pratique régulière et assidue ainsi qu’un apprentissage important des différentes théories.
• Rencontrez des personnes utilisant des techniques différentes, regardez comment ils les utilisent, imprégnez-vous d’elles et tirez en le meilleur. C’est exactement ce qu’a fait Mozart (2) toute sa vie en allant à la rencontre des différentes musiques de l’Europe pour en tirer la quintessence et créer son style personnel . Lisez The Game : Style a parfaitement compris cela, rencontrant les meilleurs PUA américains et se gardant bien de tomber dans leurs querelles de chapelles, se contentant de prendre le meilleur de ce qu’il trouvait.
• Enfin, comprenez que la sarge, les relations hommes/femmes, l’humain et même la réalité est d’une complexité qui dépasse à la fois les capacités de l’individu, et aussi celle de l’humanité. Ce qui signifie que personne aujourd’hui ne peut prétendre éclairer tous les recoins de la grotte et que vous pourrez, peut-être, apporter votre propre éclairage, petit ou grand.

Je vous encourage donc à poster vos propres éclairages/critiques/remarques : ce n’est pas parce que personne ne détient la vérité absolue que l’on ne peut critiquer l’autre. Il faut juste que la critique soit pertinente et ne tombe pas dans un manichéisme réducteur qui consisterait à faire croire que SA vérité est absolue. Rappelez-vous le yin et le yang : une partie de la réponse « adverse » contient votre réponse, et inversement.
1 : R. Nisbett, K. Peng, I. Choi, & A. Norenzayan, “Culture and systems of thought: holistic vs. analytic cognition.”, Psychological Review
2 : "Mozart n'a créé aucun langage. Sa vie durant, il ne laissa pas d'être à l'affût de tous les idiomes dont il pouvait prendre connaissance, et, quand il les adoptait, loin d'en rester au formalisme des procédés, il les recréait de l'intérieur. Mozart n'a été le maître d'aucun langage : il a été maître de tous ses langage" (Encyclopædia Universalis)