[A] La dépression : symptômes, causes, prises en charge
Posté : 20.01.10
La dépression : synthèse
Il n'y a pas, à ma connaissance, de récent article ( < 2008 ) sur le forum qui traite de la dépression, alors en voici un.
Sujets abordés : symptômes, causes, prises en charge et principales psychothérapies de la dépression
La dépression est l'une des maladies psychiques les plus fréquentes : en France, la proportion des personnes dépressives est de l'ordre de 15 pour cent.
D'après les données épidémiologiques, le nombre de personnes dépressives est en augmentation : celui des nouvelles dépressions déclarées a été multiplié par six depuis 1970.
Le risque de présenter une dépression au cours de la vie varie de 10 à 25 pour cent pour les femmes et de 5 à 12 pour cent pour les hommes ( variation en fonction des études ).
Principaux symptômes
Il y a des différents types de signes :
- affectifs : humeur triste, auto-dépréciation, sentiment d'inutilité, anhédonie ( perte du sentiment de plaisir ), indifférence affective, angoisse
- physiques : troubles du sommeil et de l'appétit, perte de l'énergie, diminution libido ( désir sexuel ), ralentissement physique et psychique
- cognitifs : trouble de la concentration et de la mémoire
- psychiques : désintérêt, désespoir, idées suicidaires
Pour que l'on parle de dépression, il faut constater les deux critères suivants : les symptômes doivent être présents pendant au moins deux semaine consécutives, et l'épisode doit être accompagné d'une souffrance marquée ou d'une altération du fonctionnement social et professionnel.
Un épisode dépressif peut se manifester brutalement, mais, en règle générale , une dépression se met en place progressivement, en quelques jours, voire en quelques semaines.
Les causes
Depuis une soixantaine d'années, de nombreuses études montrent qu'il existe une vulnérabilité génétique ( héréditaire ) vis-à-vis de la dépression : on estime que le poids de l'hérédité génétique oscille entre 30 et 70 pour cent.
Par ailleurs, à chaque état psychologique correspond un état physiologique.
De nombreuses études ont montré la présence de différents dysfonctionnements chez les sujets déprimés, mais ces déséquilibres ne sont pas pour autant nécessairement la cause du trouble de l'humeur. On sait aujourd'hui qu'un cercle vicieux s'installe, où chaque facteur influence d'autres et les aggrave : les pensées négatives perturbent l'humeur, ce qui déséquilibre probablement la chimie du cerveau, ce qui influe sur l'humeur, ...
Conjugaison de facteurs
Les ruptures et expériences de deuil, les conflits conjugaux, ... peuvent conduire à une certaine fragilité psychique. Mais il n'est toutefois pas rare qu'une dépression apparaisse sans raison apparente.
Quoi qu'il en soit, la dépression, comme la plupart des troubles psychiques, résulte d'une combinaison de facteurs biologiques, psychiques et environnementaux. Ainsi, il existe au départ une fragilité biologique , marquée par la diminution de certains neurotransmetteurs. A cette fragilité biologique s'ajoutent une fragilité psychologique, qui se traduit par une personnalité vulnérable, et les facteurs environnementaux, notamment le stress.
Lorsque ces trois ensemble de facteurs se conjuguent, la personnalité présente des risques d'être submergée par la dépression.
La prise en charge
Un entretien avec un spécialiste permet de clarifier la situation. La personne dépressive reçoit alors des informations sur sa maladie et son traitement.
Si la personne est agitée ( car elle est angoissée ) ou qu'elle présente des troubles du sommeil, on dispose de médicaments calmants qui agissent rapidement ( hypnotiques ou anxiolytiques ). En cas de délire ( dans certaines formes graves de dépression ), un antipsychotique peut être prescrit.
Les principaux symptômes de la dépression sont traités par des antidépresseurs. Un seul médicament est généralement prescrit ( pour éviter les associations de substances ).
Il faut attendre une quinzaine de jours pour que l'état du patient s'améliore, l'évolution du sujet étant souvent marquée, au début du traitement, par des améliorations suivies de rechutes.
Si, au bout de trois semaines de traitement, l'état du malade ne s'améliore pas, alors le médecin en prescrit un nouveau.
Il est préconisé de poursuivre l'antidépresseur six mois après la disparition complète des symptômes dépressifs. Donc, en général, on conseille aux patients de prendre leur médicament pendant environ neuf mois.
Il y a deux phases dans le traitement médicamenteux d'une dépression : la première phase, dite phase d'attaque, où le médicament est pris pour aller mieux; et une seconde phase, dite de consolidation ou d'entretien.
Parfois, certaines formes chroniques, récidivantes ou cycliques, nécessitent un traitement plus long ( plusieurs années ).
Lors d'une dépression grave, le recours à un antidépresseur est indispensable en raison du risque suicidaire.
Des dépressions légères et de courte durée peuvent être contrôlées par des moyens thérapeutiques variés, une psychothérapie pouvant alors être suffisante.
Il y a plusieurs psychothérapies de la dépressions, voici les trois principales.
Les TCC ( thérapies cognitivo-comportementales ), qui visent à éviter les pensées négatives du patient. Pour ce faire, ce dernier doit les examiner , les confronter à la réalité et apprendre à développer de nouvelles de façon de penser et d'agir ( c'est donc un travail sur le présent, à faire avec le thérapeute et chez soi ).
Les TCC durent en moyennent une quinzaine de séances et ont pour objectif d'améliorer l'estime de soi du patient, de lui donner confiance en lui, de réduire les symptômes et de modifier les schémas de pensées automatiques qui entretiennent la dépression.
Les thérapies familiales, car la dépression étant aussi liée à des difficultés relationnelles, ce type de thérapie améliore ces relations. Le sujet doit prendre conscience des enjeux relationnels, au moyen de jeux de rôle, et apprend à sa mettre à la place d'autrui pour relativiser sa propre situation ( c'est donc aussi un travail sur le présent ).
Une thérapie familiale dure en moyenne une vingtaine de séances, et vise à modifier les automatismes relationnels : le sujet adopte de nouveaux comportements facilitant ses relations à autrui.
La psychanalyse, car la dépression serait aussi liée à des conflits non résolus durant l'enfance. Le sujet va tenter de mettre au jour des mécanismes inconscients grâce au travail avec le thérapeute ( c'est donc un travail sur le passé et sur le présent ).
La durée de l'analyse est souvent illimitée. La méthode vise à se libérer de sentiments parasites liés à l'enfance ou à des deuils douloureux.
Jérôme PALAZZOLO ( psychiatre )
in " Cerveau & psycho " n°37 ( 01-02/2010 ), pp92-93
Pour aller plus loin :
- " Dépression et anxiété, mieux les comprendre pour mieux les prendre en charge "; du même auteur que l'article
- " Aider vos proches à surmonter la dépression "; du même auteur que l'article
- " Je déprime, c'est grave docteur ? "; P. LEMOINE
Il n'y a pas, à ma connaissance, de récent article ( < 2008 ) sur le forum qui traite de la dépression, alors en voici un.
Sujets abordés : symptômes, causes, prises en charge et principales psychothérapies de la dépression
La dépression est l'une des maladies psychiques les plus fréquentes : en France, la proportion des personnes dépressives est de l'ordre de 15 pour cent.
D'après les données épidémiologiques, le nombre de personnes dépressives est en augmentation : celui des nouvelles dépressions déclarées a été multiplié par six depuis 1970.
Le risque de présenter une dépression au cours de la vie varie de 10 à 25 pour cent pour les femmes et de 5 à 12 pour cent pour les hommes ( variation en fonction des études ).
Principaux symptômes
Il y a des différents types de signes :
- affectifs : humeur triste, auto-dépréciation, sentiment d'inutilité, anhédonie ( perte du sentiment de plaisir ), indifférence affective, angoisse
- physiques : troubles du sommeil et de l'appétit, perte de l'énergie, diminution libido ( désir sexuel ), ralentissement physique et psychique
- cognitifs : trouble de la concentration et de la mémoire
- psychiques : désintérêt, désespoir, idées suicidaires
Pour que l'on parle de dépression, il faut constater les deux critères suivants : les symptômes doivent être présents pendant au moins deux semaine consécutives, et l'épisode doit être accompagné d'une souffrance marquée ou d'une altération du fonctionnement social et professionnel.
Un épisode dépressif peut se manifester brutalement, mais, en règle générale , une dépression se met en place progressivement, en quelques jours, voire en quelques semaines.
Les causes
Depuis une soixantaine d'années, de nombreuses études montrent qu'il existe une vulnérabilité génétique ( héréditaire ) vis-à-vis de la dépression : on estime que le poids de l'hérédité génétique oscille entre 30 et 70 pour cent.
Par ailleurs, à chaque état psychologique correspond un état physiologique.
De nombreuses études ont montré la présence de différents dysfonctionnements chez les sujets déprimés, mais ces déséquilibres ne sont pas pour autant nécessairement la cause du trouble de l'humeur. On sait aujourd'hui qu'un cercle vicieux s'installe, où chaque facteur influence d'autres et les aggrave : les pensées négatives perturbent l'humeur, ce qui déséquilibre probablement la chimie du cerveau, ce qui influe sur l'humeur, ...
Conjugaison de facteurs
Les ruptures et expériences de deuil, les conflits conjugaux, ... peuvent conduire à une certaine fragilité psychique. Mais il n'est toutefois pas rare qu'une dépression apparaisse sans raison apparente.
Quoi qu'il en soit, la dépression, comme la plupart des troubles psychiques, résulte d'une combinaison de facteurs biologiques, psychiques et environnementaux. Ainsi, il existe au départ une fragilité biologique , marquée par la diminution de certains neurotransmetteurs. A cette fragilité biologique s'ajoutent une fragilité psychologique, qui se traduit par une personnalité vulnérable, et les facteurs environnementaux, notamment le stress.
Lorsque ces trois ensemble de facteurs se conjuguent, la personnalité présente des risques d'être submergée par la dépression.
La prise en charge
Un entretien avec un spécialiste permet de clarifier la situation. La personne dépressive reçoit alors des informations sur sa maladie et son traitement.
Si la personne est agitée ( car elle est angoissée ) ou qu'elle présente des troubles du sommeil, on dispose de médicaments calmants qui agissent rapidement ( hypnotiques ou anxiolytiques ). En cas de délire ( dans certaines formes graves de dépression ), un antipsychotique peut être prescrit.
Les principaux symptômes de la dépression sont traités par des antidépresseurs. Un seul médicament est généralement prescrit ( pour éviter les associations de substances ).
Il faut attendre une quinzaine de jours pour que l'état du patient s'améliore, l'évolution du sujet étant souvent marquée, au début du traitement, par des améliorations suivies de rechutes.
Si, au bout de trois semaines de traitement, l'état du malade ne s'améliore pas, alors le médecin en prescrit un nouveau.
Il est préconisé de poursuivre l'antidépresseur six mois après la disparition complète des symptômes dépressifs. Donc, en général, on conseille aux patients de prendre leur médicament pendant environ neuf mois.
Il y a deux phases dans le traitement médicamenteux d'une dépression : la première phase, dite phase d'attaque, où le médicament est pris pour aller mieux; et une seconde phase, dite de consolidation ou d'entretien.
Parfois, certaines formes chroniques, récidivantes ou cycliques, nécessitent un traitement plus long ( plusieurs années ).
Lors d'une dépression grave, le recours à un antidépresseur est indispensable en raison du risque suicidaire.
Des dépressions légères et de courte durée peuvent être contrôlées par des moyens thérapeutiques variés, une psychothérapie pouvant alors être suffisante.
Il y a plusieurs psychothérapies de la dépressions, voici les trois principales.
Les TCC ( thérapies cognitivo-comportementales ), qui visent à éviter les pensées négatives du patient. Pour ce faire, ce dernier doit les examiner , les confronter à la réalité et apprendre à développer de nouvelles de façon de penser et d'agir ( c'est donc un travail sur le présent, à faire avec le thérapeute et chez soi ).
Les TCC durent en moyennent une quinzaine de séances et ont pour objectif d'améliorer l'estime de soi du patient, de lui donner confiance en lui, de réduire les symptômes et de modifier les schémas de pensées automatiques qui entretiennent la dépression.
Les thérapies familiales, car la dépression étant aussi liée à des difficultés relationnelles, ce type de thérapie améliore ces relations. Le sujet doit prendre conscience des enjeux relationnels, au moyen de jeux de rôle, et apprend à sa mettre à la place d'autrui pour relativiser sa propre situation ( c'est donc aussi un travail sur le présent ).
Une thérapie familiale dure en moyenne une vingtaine de séances, et vise à modifier les automatismes relationnels : le sujet adopte de nouveaux comportements facilitant ses relations à autrui.
La psychanalyse, car la dépression serait aussi liée à des conflits non résolus durant l'enfance. Le sujet va tenter de mettre au jour des mécanismes inconscients grâce au travail avec le thérapeute ( c'est donc un travail sur le passé et sur le présent ).
La durée de l'analyse est souvent illimitée. La méthode vise à se libérer de sentiments parasites liés à l'enfance ou à des deuils douloureux.
Jérôme PALAZZOLO ( psychiatre )
in " Cerveau & psycho " n°37 ( 01-02/2010 ), pp92-93
Pour aller plus loin :
- " Dépression et anxiété, mieux les comprendre pour mieux les prendre en charge "; du même auteur que l'article
- " Aider vos proches à surmonter la dépression "; du même auteur que l'article
- " Je déprime, c'est grave docteur ? "; P. LEMOINE