[Film] American Psycho
Posté : 23.08.10
Le film American Psycho a été plusieurs fois mentionné sur le forum, mais à mon sens, il mérite une review. C'est donc chose faite. Différent de Alfie, player fun et enjoué, Patrick Bateman, le protagoniste d'American Psycho ici est le prototype du mâle alpha dominant. C'est un personnage vraiment intéressant. Peu de scènes de game dans le film, mais surtout un portrait réussi d'un statut social valorisé, de l'image de la réussite. Le film est excellent, je le recommande vivement.
Le jour, Patrick Bateman est un yuppie, un golden boy de Wall Street plein de succès. La nuit, il se laisse aller à ses pulsions meurtrières et agresse call-girls et SDF. Le film date de 2000, c'est l'adaptation d'un best-seller de Bret Easton Ellis qui a fait scandale aux Etats-Unis. Il dénonce les les travers du monde de la finance les travers du consumérisme et du matérialisme égoïste. La société américaine de la fin des années 80 est brocardée, présentée comme superficielle, compétitive et individualiste, où la recherche de performance et de statut social confine à l'absurde.
Je n'ai pas lu le roman, mais je suis sûr qu'il est toujours d'actualité (cf crise financière tout ça). Le film l'est en tout cas.
Portrait de Bateman
Le personnage de Patrick Bateman est LE gagnant par excellence, celui qui, en apparence en tout cas, a tout.
Il est jeune, riche, beau, intelligent, il a un très bel appartement bien situé, joliment décoré, il prend soin de son corps, il est athlétique. Il a fait Harvard, il a un travail qui lui donne de l'autorité, il a un bon réseau social, de bonnes manières. Il a certaines qualités qu'on retrouve dans le game : il a beaucoup d'assurance, une mentalité de battant, il a de la discipline et de la volonté (l'exercice tous les jours, la propreté), il cultive son goût (la nourriture, les vêtements, les draps, la déco de son appart, la musique), il a une certaine culture (son monologue à l'Espace, qui n'a ni queue ni tête, mais qui est juste pour briller en société). Bref, tout les attributs du mâle dominant de la société occidentale. Parce qu'il correspond aux canons de notre société, Patrick Bateman est attirant.
En fait, toutes ses qualités sont un peu autant d'accessoires d'une panoplie, la panoplie de l'homme parfait, accompli, l'image de pub, le bon reproducteur que les femmes voudraient épouser. Mais cette panoplie n'est qu'une enveloppe. Le film joue sur ça, car cette enveloppe cache une nature très sombre, déséquilibrée, et un profond mal être. En fait c'est un gros psychopathe dénué de toute empathie. Mais personne ne le sait.
Outre sa psychopathie (?), Bateman est plein de défauts à y regarder de plus près : narcissique, arrogant, mysogine, autoritaire, irrespectueux, d'une maniaquerie maladive, d'un matérialisme poussé à l'extrème. Il fréquente ses collègues traders, de sombres connards arrogants, mais bon, des mâles dominants.
Et là où je veux en venir c'est à une chose qui me semble hyper intéressante : c'est que le film montre que ces défauts n'en sont pas dans la société dans laquelle il vit. En partie parce que cette société a les mêmes. Et surtout parce qu'il a la panoplie citée plus haut, ce qui, pour la société vaut tout, cela absout ses défauts.
On le voit dans le film, il sort avec des HBs, mannequins et autres, il semble pouvoir les lever à volonté. Les filles un peu moins jolies, un peu plus "normales" (les "girl next door"), lui font les yeux doux (sa secrétaire, la fille de la blanchisserie). Il semble les regarder à peine. En clair Patrick Bateman EST le prix. Personne ne semble voir ses défauts, en tout cas personne n'y prête attention.
C'est là que je trouve que le film tient quelque chose. Des Patrick Bateman, hormis pour le côté psychopathe, ça existe, y'en a plein. C'est des connards, mais ils restent attirants.
C'est quelque chose que l'on sait déjà, mais je trouve que le film ici le met super bien en scène : les connards choppent. Pourquoi ? Le fait qu'ils soient arrogants et méchants ne fait pas le poids face au fait qu'ils sont alpha, qu'ils sont peut-être riches, qu'ils sont des individus auxquels la société donne de la valeur. Par contre, la société ne pardonne pas qu'on soit un gentil AFC qui ne fait pas partie des forts. Les femmes sont, comme les hommes, le produit de cette société. Elle font leur choix en fonction. Une fille sensée telle que la gentille et honnête secrétaire du film aura beau connaitre tous les travers de son patron, elle n'y peut rien, elle est attirée.
En fait, le film (et le livre) montre que tous les éléments que j'ai énumérés sont ce qui font la valeur dans notre société, mais que derrière, il peut ne pas y avoir de personnalité. C'est une panoplie qui, une fois enfilée, suscite l'admiration et la validation des pairs. Mais c'est une coquille vide. Et cependant des filles vont passer outre. Patrick Bateman est attirant parce qu'il a cette panoplie, dans laquelle on retrouve des qualités inhérentes au game (intelligence sociale manifestée par une certaine cordialité et des manières, l'attitude alpha), mais il lui manque les qualités cruciales d'être fun, intéressant, et surtout avec une vraie et belle personnalité.
Je pense que, si on regarde autour de nous, on trouve des mecs qui choppent, parce qu'ils possèdent certaines pièces ou toute cette panoplie, pas vraiment parce que ce sont de bons players. Alfie est en cela nettement plus sympathique, il vit dans un appart en bordel, n'est que chauffeur, conduit une vespa, achète des fringues de couturiers en solde. Mais il choppe parce qu'il game, et il a plus de mérite.
S'il incarne le côté humain de la séduction, Patrick Bateman est son pendant froid et matérialiste.
Le jour, Patrick Bateman est un yuppie, un golden boy de Wall Street plein de succès. La nuit, il se laisse aller à ses pulsions meurtrières et agresse call-girls et SDF. Le film date de 2000, c'est l'adaptation d'un best-seller de Bret Easton Ellis qui a fait scandale aux Etats-Unis. Il dénonce les les travers du monde de la finance les travers du consumérisme et du matérialisme égoïste. La société américaine de la fin des années 80 est brocardée, présentée comme superficielle, compétitive et individualiste, où la recherche de performance et de statut social confine à l'absurde.
Je n'ai pas lu le roman, mais je suis sûr qu'il est toujours d'actualité (cf crise financière tout ça). Le film l'est en tout cas.
Portrait de Bateman
Le personnage de Patrick Bateman est LE gagnant par excellence, celui qui, en apparence en tout cas, a tout.
Il est jeune, riche, beau, intelligent, il a un très bel appartement bien situé, joliment décoré, il prend soin de son corps, il est athlétique. Il a fait Harvard, il a un travail qui lui donne de l'autorité, il a un bon réseau social, de bonnes manières. Il a certaines qualités qu'on retrouve dans le game : il a beaucoup d'assurance, une mentalité de battant, il a de la discipline et de la volonté (l'exercice tous les jours, la propreté), il cultive son goût (la nourriture, les vêtements, les draps, la déco de son appart, la musique), il a une certaine culture (son monologue à l'Espace, qui n'a ni queue ni tête, mais qui est juste pour briller en société). Bref, tout les attributs du mâle dominant de la société occidentale. Parce qu'il correspond aux canons de notre société, Patrick Bateman est attirant.
En fait, toutes ses qualités sont un peu autant d'accessoires d'une panoplie, la panoplie de l'homme parfait, accompli, l'image de pub, le bon reproducteur que les femmes voudraient épouser. Mais cette panoplie n'est qu'une enveloppe. Le film joue sur ça, car cette enveloppe cache une nature très sombre, déséquilibrée, et un profond mal être. En fait c'est un gros psychopathe dénué de toute empathie. Mais personne ne le sait.
Outre sa psychopathie (?), Bateman est plein de défauts à y regarder de plus près : narcissique, arrogant, mysogine, autoritaire, irrespectueux, d'une maniaquerie maladive, d'un matérialisme poussé à l'extrème. Il fréquente ses collègues traders, de sombres connards arrogants, mais bon, des mâles dominants.
Et là où je veux en venir c'est à une chose qui me semble hyper intéressante : c'est que le film montre que ces défauts n'en sont pas dans la société dans laquelle il vit. En partie parce que cette société a les mêmes. Et surtout parce qu'il a la panoplie citée plus haut, ce qui, pour la société vaut tout, cela absout ses défauts.
On le voit dans le film, il sort avec des HBs, mannequins et autres, il semble pouvoir les lever à volonté. Les filles un peu moins jolies, un peu plus "normales" (les "girl next door"), lui font les yeux doux (sa secrétaire, la fille de la blanchisserie). Il semble les regarder à peine. En clair Patrick Bateman EST le prix. Personne ne semble voir ses défauts, en tout cas personne n'y prête attention.
C'est là que je trouve que le film tient quelque chose. Des Patrick Bateman, hormis pour le côté psychopathe, ça existe, y'en a plein. C'est des connards, mais ils restent attirants.
C'est quelque chose que l'on sait déjà, mais je trouve que le film ici le met super bien en scène : les connards choppent. Pourquoi ? Le fait qu'ils soient arrogants et méchants ne fait pas le poids face au fait qu'ils sont alpha, qu'ils sont peut-être riches, qu'ils sont des individus auxquels la société donne de la valeur. Par contre, la société ne pardonne pas qu'on soit un gentil AFC qui ne fait pas partie des forts. Les femmes sont, comme les hommes, le produit de cette société. Elle font leur choix en fonction. Une fille sensée telle que la gentille et honnête secrétaire du film aura beau connaitre tous les travers de son patron, elle n'y peut rien, elle est attirée.
En fait, le film (et le livre) montre que tous les éléments que j'ai énumérés sont ce qui font la valeur dans notre société, mais que derrière, il peut ne pas y avoir de personnalité. C'est une panoplie qui, une fois enfilée, suscite l'admiration et la validation des pairs. Mais c'est une coquille vide. Et cependant des filles vont passer outre. Patrick Bateman est attirant parce qu'il a cette panoplie, dans laquelle on retrouve des qualités inhérentes au game (intelligence sociale manifestée par une certaine cordialité et des manières, l'attitude alpha), mais il lui manque les qualités cruciales d'être fun, intéressant, et surtout avec une vraie et belle personnalité.
Je pense que, si on regarde autour de nous, on trouve des mecs qui choppent, parce qu'ils possèdent certaines pièces ou toute cette panoplie, pas vraiment parce que ce sont de bons players. Alfie est en cela nettement plus sympathique, il vit dans un appart en bordel, n'est que chauffeur, conduit une vespa, achète des fringues de couturiers en solde. Mais il choppe parce qu'il game, et il a plus de mérite.
S'il incarne le côté humain de la séduction, Patrick Bateman est son pendant froid et matérialiste.