Filière médicale : le topic
Posté : 01.10.11
Bonjour à tous, je n'ai pas vu de topic dédié.
J'ai donc décidé d'en créer un pour renseigner un peu ceux qui se poseraient des questions à ce sujet.
Pour commencer, je me présente succintement:
J'ai 24 ans, j'ai passé le concours de l'internat (maintenant appelé E.C.N: examen classant national) et je suis maintenant interne de Cardiologie à Paris.
Je n'étais pas particulièrement brillant au lycée, mais pas mauvais non plus, juste pas une folle envie de travailler et surtout l'envie de me la couler douce, jouer aux jeux vidéos et sortir avec mes potes.
J'ai fait un bac S spé Math avec mention Bien par miracle (j'avais eu 7 et 8 au bac de Français en 1ère, personne ne penserait que j'aie le bac).
L'année suivante, je m'inscris en fac de médecine, plus par défaut qu'autre chose (les procédures d'envoi de dossier aux prépas me paraissaient vraiment compliquées et je ne souhaitais pas particulièrement faire une école d'ingénieur).
Pour rappel, les études de médecine, c’est 6 ans d’études académiques puis une durée variable selon la spécialité, mais à ce niveau là, ce ne sont plus vraiment des études.
Il y a deux concours qui vont jouer sur votre vie :
A la fin de la 1ère année, on sélectionne ceux qui continueront dans le cursus.
A la fin de la 6ème année, on sélectionne les spécialistes.
La première année en médecine, lorsqu'on débarque du lycée, c'est très très dépaysant. Vous passez d'un environnement où il y a une classe de 35 élèves à un amphithéatre de 400 personnes.
Là où le respect du professeur et le silence faisait loi, vous vous retrouvez dans un milieu où le bordel est omniprésent. Les avions en papier volent, les chants paillards aussi, des gars se baladent à poil sur les tables, les batailles de boulettes de papier sont très régulières (une dizaine de fois par cours). Des nanas viennent montrer leurs seins sur la scène, les gars leur cul, bref, c’est la débandade. Bienvenue dans le milieu carabin.
Bosser dans un environnement qui permet tout sauf le boulot est évidemment assez difficile, mais on se fait à tout. Vous parvenez rapidement à créer un cercle proche de compagnons si vous n’en aviez pas (par la force des choses, les gens étant de toute manière très serrés). Et c’est comme à la guerre, on se soutient les uns les autres, on ne laisse personne derrière et c’est nous contre les autres.
Il faut se rappeler une chose en médecine, la première année. Chaque autre étudiant est votre concurrent. A la fin de l’année, le concours en gardera 15% environ. Si vous n’êtes pas dans les meilleurs 15% vous redoublez ou vous dites au revoir aux études médicales.
Sans vouloir proner un esprit de compétition malsain, c’est une réalité qu’il faut avoir en tête. Sans aller jusqu’à saboter les cours des autres (j’en connaissais qui le faisaient…) rien ne vous oblige à balancer toutes vos infos aux autres.
Pour verser dans le juste milieu, trouvez vous un petit groupe avec lequel vous vous entraiderez. Ca permet de vous soulager en terme de récupération des cours, et également de vous entrainer. Travailler seul c’est bien. Mais si on sait ce que font les autres c’est mieux.
L’une des choses les plus terrifiante sur la 1ère année c’est qu’avant le concours, vous ne savez pas où vous en êtes par rapport aux autres. Vous pouvez penser que vous bosser suffisamment alors que ce n’est pas le cas, et inversement. Une seule solution : donner le meilleur de soi-même et ne rien regretter. Ne pas sacrifier son temps de détente, continuer à voir ses amis, sa copine, ses hobbies. C’est important et ça rend plus efficace pour la suite.
J’ai redoublé la 1ère année parce que j’avais fait une erreur stratégique : j’avais fait l’impasse sur une matière (n’ayant pas le temps de la réviser) et blindé les autres. J’ai échoué le 1er concours à une dizaine de places (sur 2400 candidats, c’est quand même embêtant). Mais ma deuxième 1ère année n’en fut que plus facile. Je savais quel était mon point faible. Et je savais que mes autres matières étaient acquises. J’ai donc fait cette deuxième 1ère année de manière sereine et tout s’est bien déroulé. J’avais le temps de voir mes amis, ma copine de l’époque, faire du sport, bref, la vie était belle.
(Ah oui, concernant l’ambiance en amphithéatre. Je sais que depuis l’année où je suis passé, les choses se sont durcies. Et que c’est moins le bordel. Tant mieux je dirais pour les nouveaux pour bosser.
Mais ceux qui pensent que c’est toujours le bordel, dites vous bien qu’au moment où je faisais ma première P1, nous étions en guerre contre une autre fac, et on se faisait des batailles de 200 vs 100 à coup de farine/œufs/poules (oui vous avez bien lu, on jetait des poules en amphi) et autres joyeusetés comme les lances à incendie/extincteurs etc… Et ça, quelque part, ça faisait partie du folklore).
La suite du cursus est plus simple.
La deuxième année (PCEM2) vous découvrez votre promotion. Alors que vous étiez 2500 l’année d’avant, il n’en reste plus « que » 350 l’année suivante. Ca fait beaucoup de monde à voir, même plusieurs années après vous n’en aurez pas fait le tour. Mais ce sont vos futurs collègues, ceux avec qui vous allez passer de nombreuses années.
L’univers des médecins est particulier, et on a souvent tendance à s’isoler des autres une fois entré dedans et c’est quelque chose dont il faut se méfier.
La médecine rend autiste, littéralement. Vous allez progressivement vous couper de vos amis du lycée par exemple (c’est très très courant autour de moi). Pour moi, c’est le vrai bémol de l’univers carabin/médical. Mais si vous savez vous organiser, vous arriverez à des compromis, pas d’inquiétude (mais mélanger les deux cercles n’est pas toujours simple ni enrichissant en général).
En terme de boulot, comparé à la 1ère année, le PCEM2 est une vaste blague. Quelques cours, juste assez pour avoir une excuse pour venir discuter à la fac. Les partiels sont des formalités et vous pouvez sécher tous les cours de l’année et quand même passer les partiels (en les récupérant sur le net ou par vos amis évidemment). Au pire, vous aurez un rattrapage ou deux en Septembre, mais pour vous donner une idée, une amie a du passer les ¾ du programme en Septembre et elle l’a révisé en 3 semaines.
La troisième année (DCEM1), c’est le prolongement de la 2ème année. Rien ne change, si ce n’est que vous allez être confrontés à la vie hospitalière, vous devenez un externe.
A partir de cette année, TOUS les matins, vous serez en stage dans les services à l’hopital. Vous serez confrontés aux malades, à la mort, bref, ce à quoi vous vous destinez. Certains le supportent mal, mais la plupart s’en accomodent sans problème. C’est même là que les choses deviennent intéressantes, même si avec vos maigres connaissances, vous ne comprenez pas tout ce qui se dit. Vous n’avez de toute manière aucune responsabilité, et vous êtes plus là pour aider les internes en faisant les petites mains.
Les soirées continueront à leur rythme, vous vous faites une vie social à la fac, bref, rien de très particulier aux études médicales comparé aux autres écoles.
Il y aura un peu plus de boulot, mais comme toujours rien d’insurmontable.
La quatrième année (DCEM2) les choses commencent à se corser.
Les matières que vous apprenez en cours sont celles qui seront au concours de l’internat en fin de 6ème année (donc dans 3 ans pour vous lorsque vous en êtes là). Donc même si ça paraît loin, il faut au moins les lire quand on peut, surtout que de toute manière, ça permet de mieux apprécier les stages hospitaliers (puisque vous comprendrez un peu mieux ce qui s’y passe, pourquoi un patient est pris en charge de telle manière, ou tout simplement ce qu’il a).
Mais ce n’est pas là qu’il faut donner tout ce qu’on, le concours est encore loin, il faut juste l’avoir en tête et continuer à vaquer à ses occupations extra-scolaires. A savoir, sortir, sortir, s’amuser, sortir, boire, draguer, bref, la vie estudiantine (et vous avez 21-22 ans à ce moment).
C’est aussi l’année où les gardes à l’hopital commencent. Vous passez 36h dans l’hopital, sans dormir, vous découvrez enfin ce que c’est que les urgences nocturnes, bref, vous allez voir des clodos, des femmes enceintes, des arrêts cardiaques, des morts.
La cinquième année (DCEM3), vous avez deux choix : commencer à bosser ou pas. Si vous n’avez pas particulièrement d’aspirations, vous faites la deuxième solution. Si vous voulez devenir spécialiste, les choses deviennent difficiles à partir de ce moment là.
A Paris, pour être spécialiste, il faut finir dans les 1000 premiers au concours de l’internat (en gros, ça dépend aussi de la spécialité, mais j’extrapole). Et il y a 8000 candidats. La compétition est rude. Hors Paris, il faut aussi finir dans les 3000 premiers. Et bien que ce soit moins difficile, on ne peut pas décider de « juste » travailler pour finir 2900ème. Soit on bosse, soit on bosse pas. Pas de milieu à ça.
La sixième année (DCEM4), le concours est à la fin de l’année, vous avez déjà vécu la première année de médecine, c’est pareil, mais en pire (tous les autres candidats ont été sélectionnés comme vous…).
Chacun s’organise comme il veut cette année là. Personnellement, je ne suis jamais autant sorti que cette année là, mais c’est parce que j’avais des stages hospitaliers « planque », ce qui me permettait de dormir alors que mes camarades allaient au casse pipe le matin et nous arrivions tous à la bibliothèque à 13h pour bosser sauf que j’avais pris mon pied depuis la veille 23h.
9h de boulot minimum par jour, tous les jours, et vous y arriverez pour peu que vous soyiez organisés.
Le concours de l’internat, si vous avez des ambitions, est l’événement le plus redouté de votre jeune existence parce qu’il décidera de votre possibilité ou non de faire ce que vous voulez dans la vie : il y a X postes de spécialistes et les gens se servent par ordre de classement.
La suite est simple.
Vous devenez interne dans la ville et la spécialité de votre choix (si votre rang de classement le permet) et sinon, vous devez considérer autre chose.
Et l’internat, et bien c’est la vie active. Vous êtes médecin, autonome, vous gérez une salle d’hospitalisation avec des dizaines de lits, vous prescrivez, bref, vous êtes au bout du chemin. Les horaires sont dépendants de la spécialité, mais vous ne pourrez clairement plus sortir tous les soirs. Le salaire est dérisoire. Votre vie sociale en prend aussi un coup. Mais c’est le job que vous avez voulu. Et si c’est votre vocation, vous ne le regretterez pas.
Et ce n’est pas fini.
Après avoir fini votre spécialisation, vous avez le choix entre la carrière hospitalière et « en ville » ( = secteur privé pour simplifier). Si vous voulez vous orienter vers la carrière hospitalière, il faudra jouer des coudes avec tous vos co-internes pour obtenir un poste de chef. Et on se retrouve dans une dynamique d’entreprise. Une fois chef, vous luttez pour devenir praticien hospitalier titulaire (le poste de chef ne pouvant durer que 3 ans max). Et après ça, soit c’est votre ultime grade, soit vous vous battez pour devenir chef de service, professeur universitaire. Encore un autre niveau.
Si vous choisissez la voie du privé, vous vous orientez vers un entreprenariat. Ce seront d’autres sortes de contraintes. Mais la rémunération sera plus élevée. En revanche, vous devrez forger votre patientèle etc…
A tous les niveaux, vous serez donc en compétition.
J’espère que ce post aidera ceux qui s’interrogent sur cette voie.
J'ai donc décidé d'en créer un pour renseigner un peu ceux qui se poseraient des questions à ce sujet.
Pour commencer, je me présente succintement:
J'ai 24 ans, j'ai passé le concours de l'internat (maintenant appelé E.C.N: examen classant national) et je suis maintenant interne de Cardiologie à Paris.
Je n'étais pas particulièrement brillant au lycée, mais pas mauvais non plus, juste pas une folle envie de travailler et surtout l'envie de me la couler douce, jouer aux jeux vidéos et sortir avec mes potes.
J'ai fait un bac S spé Math avec mention Bien par miracle (j'avais eu 7 et 8 au bac de Français en 1ère, personne ne penserait que j'aie le bac).
L'année suivante, je m'inscris en fac de médecine, plus par défaut qu'autre chose (les procédures d'envoi de dossier aux prépas me paraissaient vraiment compliquées et je ne souhaitais pas particulièrement faire une école d'ingénieur).
Pour rappel, les études de médecine, c’est 6 ans d’études académiques puis une durée variable selon la spécialité, mais à ce niveau là, ce ne sont plus vraiment des études.
Il y a deux concours qui vont jouer sur votre vie :
A la fin de la 1ère année, on sélectionne ceux qui continueront dans le cursus.
A la fin de la 6ème année, on sélectionne les spécialistes.
La première année en médecine, lorsqu'on débarque du lycée, c'est très très dépaysant. Vous passez d'un environnement où il y a une classe de 35 élèves à un amphithéatre de 400 personnes.
Là où le respect du professeur et le silence faisait loi, vous vous retrouvez dans un milieu où le bordel est omniprésent. Les avions en papier volent, les chants paillards aussi, des gars se baladent à poil sur les tables, les batailles de boulettes de papier sont très régulières (une dizaine de fois par cours). Des nanas viennent montrer leurs seins sur la scène, les gars leur cul, bref, c’est la débandade. Bienvenue dans le milieu carabin.
Bosser dans un environnement qui permet tout sauf le boulot est évidemment assez difficile, mais on se fait à tout. Vous parvenez rapidement à créer un cercle proche de compagnons si vous n’en aviez pas (par la force des choses, les gens étant de toute manière très serrés). Et c’est comme à la guerre, on se soutient les uns les autres, on ne laisse personne derrière et c’est nous contre les autres.
Il faut se rappeler une chose en médecine, la première année. Chaque autre étudiant est votre concurrent. A la fin de l’année, le concours en gardera 15% environ. Si vous n’êtes pas dans les meilleurs 15% vous redoublez ou vous dites au revoir aux études médicales.
Sans vouloir proner un esprit de compétition malsain, c’est une réalité qu’il faut avoir en tête. Sans aller jusqu’à saboter les cours des autres (j’en connaissais qui le faisaient…) rien ne vous oblige à balancer toutes vos infos aux autres.
Pour verser dans le juste milieu, trouvez vous un petit groupe avec lequel vous vous entraiderez. Ca permet de vous soulager en terme de récupération des cours, et également de vous entrainer. Travailler seul c’est bien. Mais si on sait ce que font les autres c’est mieux.
L’une des choses les plus terrifiante sur la 1ère année c’est qu’avant le concours, vous ne savez pas où vous en êtes par rapport aux autres. Vous pouvez penser que vous bosser suffisamment alors que ce n’est pas le cas, et inversement. Une seule solution : donner le meilleur de soi-même et ne rien regretter. Ne pas sacrifier son temps de détente, continuer à voir ses amis, sa copine, ses hobbies. C’est important et ça rend plus efficace pour la suite.
J’ai redoublé la 1ère année parce que j’avais fait une erreur stratégique : j’avais fait l’impasse sur une matière (n’ayant pas le temps de la réviser) et blindé les autres. J’ai échoué le 1er concours à une dizaine de places (sur 2400 candidats, c’est quand même embêtant). Mais ma deuxième 1ère année n’en fut que plus facile. Je savais quel était mon point faible. Et je savais que mes autres matières étaient acquises. J’ai donc fait cette deuxième 1ère année de manière sereine et tout s’est bien déroulé. J’avais le temps de voir mes amis, ma copine de l’époque, faire du sport, bref, la vie était belle.
(Ah oui, concernant l’ambiance en amphithéatre. Je sais que depuis l’année où je suis passé, les choses se sont durcies. Et que c’est moins le bordel. Tant mieux je dirais pour les nouveaux pour bosser.
Mais ceux qui pensent que c’est toujours le bordel, dites vous bien qu’au moment où je faisais ma première P1, nous étions en guerre contre une autre fac, et on se faisait des batailles de 200 vs 100 à coup de farine/œufs/poules (oui vous avez bien lu, on jetait des poules en amphi) et autres joyeusetés comme les lances à incendie/extincteurs etc… Et ça, quelque part, ça faisait partie du folklore).
La suite du cursus est plus simple.
La deuxième année (PCEM2) vous découvrez votre promotion. Alors que vous étiez 2500 l’année d’avant, il n’en reste plus « que » 350 l’année suivante. Ca fait beaucoup de monde à voir, même plusieurs années après vous n’en aurez pas fait le tour. Mais ce sont vos futurs collègues, ceux avec qui vous allez passer de nombreuses années.
L’univers des médecins est particulier, et on a souvent tendance à s’isoler des autres une fois entré dedans et c’est quelque chose dont il faut se méfier.
La médecine rend autiste, littéralement. Vous allez progressivement vous couper de vos amis du lycée par exemple (c’est très très courant autour de moi). Pour moi, c’est le vrai bémol de l’univers carabin/médical. Mais si vous savez vous organiser, vous arriverez à des compromis, pas d’inquiétude (mais mélanger les deux cercles n’est pas toujours simple ni enrichissant en général).
En terme de boulot, comparé à la 1ère année, le PCEM2 est une vaste blague. Quelques cours, juste assez pour avoir une excuse pour venir discuter à la fac. Les partiels sont des formalités et vous pouvez sécher tous les cours de l’année et quand même passer les partiels (en les récupérant sur le net ou par vos amis évidemment). Au pire, vous aurez un rattrapage ou deux en Septembre, mais pour vous donner une idée, une amie a du passer les ¾ du programme en Septembre et elle l’a révisé en 3 semaines.
La troisième année (DCEM1), c’est le prolongement de la 2ème année. Rien ne change, si ce n’est que vous allez être confrontés à la vie hospitalière, vous devenez un externe.
A partir de cette année, TOUS les matins, vous serez en stage dans les services à l’hopital. Vous serez confrontés aux malades, à la mort, bref, ce à quoi vous vous destinez. Certains le supportent mal, mais la plupart s’en accomodent sans problème. C’est même là que les choses deviennent intéressantes, même si avec vos maigres connaissances, vous ne comprenez pas tout ce qui se dit. Vous n’avez de toute manière aucune responsabilité, et vous êtes plus là pour aider les internes en faisant les petites mains.
Les soirées continueront à leur rythme, vous vous faites une vie social à la fac, bref, rien de très particulier aux études médicales comparé aux autres écoles.
Il y aura un peu plus de boulot, mais comme toujours rien d’insurmontable.
La quatrième année (DCEM2) les choses commencent à se corser.
Les matières que vous apprenez en cours sont celles qui seront au concours de l’internat en fin de 6ème année (donc dans 3 ans pour vous lorsque vous en êtes là). Donc même si ça paraît loin, il faut au moins les lire quand on peut, surtout que de toute manière, ça permet de mieux apprécier les stages hospitaliers (puisque vous comprendrez un peu mieux ce qui s’y passe, pourquoi un patient est pris en charge de telle manière, ou tout simplement ce qu’il a).
Mais ce n’est pas là qu’il faut donner tout ce qu’on, le concours est encore loin, il faut juste l’avoir en tête et continuer à vaquer à ses occupations extra-scolaires. A savoir, sortir, sortir, s’amuser, sortir, boire, draguer, bref, la vie estudiantine (et vous avez 21-22 ans à ce moment).
C’est aussi l’année où les gardes à l’hopital commencent. Vous passez 36h dans l’hopital, sans dormir, vous découvrez enfin ce que c’est que les urgences nocturnes, bref, vous allez voir des clodos, des femmes enceintes, des arrêts cardiaques, des morts.
La cinquième année (DCEM3), vous avez deux choix : commencer à bosser ou pas. Si vous n’avez pas particulièrement d’aspirations, vous faites la deuxième solution. Si vous voulez devenir spécialiste, les choses deviennent difficiles à partir de ce moment là.
A Paris, pour être spécialiste, il faut finir dans les 1000 premiers au concours de l’internat (en gros, ça dépend aussi de la spécialité, mais j’extrapole). Et il y a 8000 candidats. La compétition est rude. Hors Paris, il faut aussi finir dans les 3000 premiers. Et bien que ce soit moins difficile, on ne peut pas décider de « juste » travailler pour finir 2900ème. Soit on bosse, soit on bosse pas. Pas de milieu à ça.
La sixième année (DCEM4), le concours est à la fin de l’année, vous avez déjà vécu la première année de médecine, c’est pareil, mais en pire (tous les autres candidats ont été sélectionnés comme vous…).
Chacun s’organise comme il veut cette année là. Personnellement, je ne suis jamais autant sorti que cette année là, mais c’est parce que j’avais des stages hospitaliers « planque », ce qui me permettait de dormir alors que mes camarades allaient au casse pipe le matin et nous arrivions tous à la bibliothèque à 13h pour bosser sauf que j’avais pris mon pied depuis la veille 23h.
9h de boulot minimum par jour, tous les jours, et vous y arriverez pour peu que vous soyiez organisés.
Le concours de l’internat, si vous avez des ambitions, est l’événement le plus redouté de votre jeune existence parce qu’il décidera de votre possibilité ou non de faire ce que vous voulez dans la vie : il y a X postes de spécialistes et les gens se servent par ordre de classement.
La suite est simple.
Vous devenez interne dans la ville et la spécialité de votre choix (si votre rang de classement le permet) et sinon, vous devez considérer autre chose.
Et l’internat, et bien c’est la vie active. Vous êtes médecin, autonome, vous gérez une salle d’hospitalisation avec des dizaines de lits, vous prescrivez, bref, vous êtes au bout du chemin. Les horaires sont dépendants de la spécialité, mais vous ne pourrez clairement plus sortir tous les soirs. Le salaire est dérisoire. Votre vie sociale en prend aussi un coup. Mais c’est le job que vous avez voulu. Et si c’est votre vocation, vous ne le regretterez pas.
Et ce n’est pas fini.
Après avoir fini votre spécialisation, vous avez le choix entre la carrière hospitalière et « en ville » ( = secteur privé pour simplifier). Si vous voulez vous orienter vers la carrière hospitalière, il faudra jouer des coudes avec tous vos co-internes pour obtenir un poste de chef. Et on se retrouve dans une dynamique d’entreprise. Une fois chef, vous luttez pour devenir praticien hospitalier titulaire (le poste de chef ne pouvant durer que 3 ans max). Et après ça, soit c’est votre ultime grade, soit vous vous battez pour devenir chef de service, professeur universitaire. Encore un autre niveau.
Si vous choisissez la voie du privé, vous vous orientez vers un entreprenariat. Ce seront d’autres sortes de contraintes. Mais la rémunération sera plus élevée. En revanche, vous devrez forger votre patientèle etc…
A tous les niveaux, vous serez donc en compétition.
J’espère que ce post aidera ceux qui s’interrogent sur cette voie.