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[A] La Communication Non-Violente

Posté : 06.12.11
par FreeMan
Il existe plusieurs approches de la CNV. Celle de son inventeur, Marshall B. Rosenberg, est axé sur la spiritualité. Je vous livre ici mon interprétation de la CNV que j'ai découvert à travers la lectures des livres de Thomas d'Amsembourg.

La CNV est une manière de communiquer qui permet de réduire les conflits en séparant les faits, du ressenti sur les faits, des besoins et des attentes.

Nous mélangeons souvent ces 4 dimensions de la communication parce que nous n'avons pas appris à faire la part des choses. Du coup nous cherchons à évacuer notre colère en mélangeant des messages sur les faits, le ressenti, nos besoins et nos attentes.

Il en résulte un message confus chargé d'émotions négatives qui va déclencher une réaction de colère ou de défense chez l'autre. Devant ce message confus, l'autre personne risque de répondre de manière tout aussi confuse.

La CNV consiste à faire s'exprimer chacun sur les 4 dimensions et de reconnaitre que chacun à le droit d'avoir sa propre interprétation des choses. C'est une manière de rendre concret la tolérance et le respect pour aboutir à une entente :

- Je fais preuve de tolérance car je reconnais à l'autre sont droit de penser et ressentir différemment.
- Je fais preuve de respect car je lui donne le droit de s'exprimer et je l'écoute.
- Je règle les conflits car j'essaie de trouver un terrain d'entente sur les 4 dimensions de la communication

En CNV, nous incitons chacun de nos interlocuteurs à communiquer sur ces 4 dimensions à travers 4 étapes :

1) Les faits
La première choses est d'exprimer les faits qui sont à l'origine d'un problème ou d'un malentendu.
Nous isolons la situation qui peut poser problème et nous nous mettons d'accord sur les faits. Si nous ne sommes pas d'accord sur les faits alors nous ne parlons pas de la même chose et la discussion n'a plus aucun sens.

2) Les ressentis
La deuxième chose est d'exprimer notre ressentis par rapport aux faits.
Ce ressenti n'est peut être pas logique, mais il est lié à notre sensibilité et nous encourageons notre interlocuteur à prendre en compte l'existence de notre ressenti.

3) Les besoins
La troisième chose est d'exprimer nos besoins pour mieux expliquer notre ressenti.
Nous expliquons quels sont nos besoins et en quoi ils ont été en conflit avec la situation. Nous donnons à l'autre personne des clés pour mieux nous comprendre.

4) Les attentes
Enfin, nous exprimons nos attentes par rapport à l'autre sans chercher à lui imposer des comportements. Nous proposons de faire évoluer les comportements et la relation pour répondre à nos besoins.

Au final, nous nous sentons mieux compris car nous nous exprimons plus clairement et nous expliquons à l'autre personne notre manière de fonctionner pour qu'elle puisse s'y adapter.

Take Care,
FreeMan.

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 08.02.12
par FreeMan
En effet ça manque d'exemple... Voici un très bon exemple en vidéo :

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 13.02.12
par Fonk
J'ai du mal a comprendre l’intérêt de cela. J'ai d'abord rapidement lu ton texte, puis regardé la vidéo, puis relus, c'est intéressant comme façon d'envisager les choses mais je ne vois pas comment l'utiliser dans la vie de tout les jours.

Admettons qu'une personne m'adresse une critique publiquement comme c'est le cas dans la vidéo.
Je ne vois pas pourquoi j'essaierai de lui répondre de façon non violente en analysant comme expliqué dans ton texte et dans la vidéo sachant que manifestement, son intention est dans un premier temps de critiquer, et dans un second temps, d'humilier/rabaisser publiquement. Sachant qu'en plus de cela, la critique est absolument pas constructive (ce que je déteste par dessus tout.)

Personnellement, un exercice de ce style me blesserai plus dans mon honneur intime (vis a vis de moi même) et ma fierté qu'il ne produirait de résultats positifs. D'autre part, socialement, je ne vois pas en quoi accepter aussi explicitement une critique pourrait produire du positif, c'est la disparition du charisme, du leadership.
Je comprends en partie les possibilités qu'offre ce genre de réponse, néanmoins, pour une personne qui n'aurait pas été renseignée sur cette façon d'agir, il n'y verrai que de la faiblesse.
Après peut être qu'aussi je n'arrive pas a l'envisager dans d'autres situations concrètes que celle de la critique comme l'induit la vidéo, je ne trouve pas l'exemple convaincant.

Alors a part dans le but de devenir ermite et de vouloir dépasser le stade de la colère du genre "la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe", j'ai du mal a trouver une utilité a cela.

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 13.02.12
par FreeMan
Fonk a écrit :Admettons qu'une personne m'adresse une critique publiquement comme c'est le cas dans la vidéo.
Dans la vidéo, la mise en scène est publique, mais il n'est pas question de critique publique.
Fonk a écrit :D'autre part, socialement, je ne vois pas en quoi accepter aussi explicitement une critique pourrait produire du positif, c'est la disparition du charisme, du leadership.
J'ai l'impression que tu n'as pas saisie le principe et que tu l'as rattaché à un panel de réactions qui te viens plus facilement à l'esprit (domination/soumission), au lieu d'y voir une réaction nouvelle.

1) Résumer la CNV à une acceptation de la critique n'est pas un bon raccourci.
Ce que tu acceptes c'est le droit de l'autre de s'exprimer. Et le fait qu'il ne s'exprime pas forcément de manière correcte.
Tu invites à une reformulation pour aboutir à quelque chose de constructif. Et si effectivement il y a de la méchanceté gratuite, elle sera naturellement mise en évidence dans le processus.
Tu peux aussi exprimer ton désaccord et ton ressentis, ce qui fait que ça n'est pas une sorte d'acceptation inconditionnelle.
Dans la vidéo il mentionne justement l'erreur que serait d'accepter la critique telle quelle quand il tourne les "oreilles chacals" vers soi.

2) Quand tu dis que c'est la disparition du charisme et du leadership, on dirait que tu assimiles le charisme avec le fait d'avoir raison et de ne pas être contredis.
C'est une erreur car quand tu utilises la CNV, tu diriges l'échange vers un éclaircissement des propos, vers le respect, et souvent vers la remise en question de l'autre et de ses propos.
Au contraire, en réagissant sur le modèle d’agressivité que l'autre met en place, tu te contentes de suivre la direction, de montrer que tu t'es laissé atteindre et que tu n'as pas la maitrise des tes émotions.
Fonk a écrit :Alors a part dans le but de devenir ermite et de vouloir dépasser le stade de la colère du genre "la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe", j'ai du mal a trouver une utilité a cela.
Si tu prends les exemples de Gandhi et de Martin Luther King, ils ont adopté des positions non-violentes et ils n'étaient en rien des ermites. D'autant plus qu'ils dirigeaient des mouvements de milliers d'hommes.

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 03.11.12
par FreeMan
Par curiosité, qui d'entre-vous s'est déjà intéressé à la CNV et l'as déjà appliqué ?
Comment ça s'est passé ?

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 03.11.12
par bridget
Je viens de rédiger une réponse qui s'est volatilisée lors de l’envoi…
Je vais donc faire un condensé de mon premier post.

Il y a quelques années, j’ai participé à une formation sur la Communication non violente suivie de plusieurs autres allant dans le même sens.

Je m’applique à la pratiquer au quotidien du mieux que je le peux.

Cela m’a appris à m’exprimer en disant JE et en ne faisant pas porter la responsabilité de mon ressenti en disant TU…à exprimer ce que je ressens, mes besoins et à amener mon interlocuteur à la réciproque…de prendre encore plus conscience de l’importance du choix des mots, de la reformulation, de s'assurer que l'on a bien compris ce que l'autre voulait dire et que l'on a bien été compris.
Cela évite que beaucoup de conversations montent dans les tours et/ou finissent par un sentiment de frustration...

La CNV permet un dialogue constructif où chacun peut exprimer ce qu’il a à dire dans le respect de l’autre et de soi…

Ceci dit, je vais relire volontiers ton post, mes documents et notes relatifs à ce sujet car j’ai conscience que j’ai encore à travailler...

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 11.01.13
par Terrigan
Appliquée aujourd'hui avec un adolescent dont je m'occupe (je suis éducateur sportif)

Ce truc est en train de me sauver la vie, parce que franchement entre les parents qui disaient de moi que je manquais d'autorité, peut-être à raison, et les ados qui claquent la portent en pleurant et en faisant les victimes chaque fois qu'on leur met le nez dans leur merde réalité, le mythe de l'entraîneur fort en gueule a pris du plomb dans l'aile à mes yeux, mon attitude générale bienveillante me paraît intenable quand ça commence à chauffer, et les théorires pourtant tout à fait pertinentes sur l'alpha mâle ne me sont d'aucun secours.

On es forcément l'alpha avec des ados (sauf gros plantage). ça ne les empêche pas de nous claquer entre les pattes! :? :x

Putain faut vraiment que je me procure un manuel de management moi...

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 12.01.13
par kero
Terrigan a écrit :Appliquée aujourd'hui avec un adolescent dont je m'occupe (je suis éducateur sportif)
Tu m'intéresses. Tu peux détailler ? (je suis prof)

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 12.01.13
par Terrigan
Pour donner le contexte, j'ai un élève de 15 ans qui est démotivé en ce moment à cause du divorce de ses parents et qui a lâché une équipe pour une compétition. Et ce malgré les nombreux échanges téléphoniques pendant les vacances de noël (le moment idéal pour parler business avec un gamin, grrrr)

Sans lui on n'a pas pu aligner l'équipe, et donc ça lui fait un problème avec moi ET avec ses camarades.

En début de semaine j'ai donc fait un débriefing en disant devant tout le monde qu'il était cordialement invité à s'excuser auprès de ses co-équipiers. Réponse: "Bah si je veux pas venir je viens pas"

Grâce à mon self control légendaire, (Hum...) et aussi parce que je m'attendais à ce genre de conneries et que je n'avais vraiment pas envie que ça parte en engueulade, je n'ai pas relevé plus que ça ce qui pour moi est pourtant un manque de respect caractérisé.

Mais franchement ça n'augure rien de bon pour l'avenir, et en plus j'aime pas laisser passer ce genre de comportements. Et donc, sur les conseils d'une bonne amie qui s'y connaît en CNV, j'ai à nouveau réuni le groupe pour dire que je trouve ça incorrect, que j'ai décidé sur le moment de ne pas envenimer les choses, mais que ce genre de comportement ne pouvait pas passer à long terme si il se répétait. J'ai même dit que ça m'avait fait de la peine, et que je préférais l'exprimer plutôt que d'accumuler de la colère. J'ai fini en regardant le gamin dans les yeux et en lui disant que je lui souhaitais d'être plus carré et plus positif à l'avenir.

Puis je l'ai pris en aparté et je lui ai dit que je ne lui en voulais pas du tout, que je lui faisais confiance pour se ressaisir et que j'étais là pour lui, pour discuter ou pour pratiquer un peu en cours particulier.

***

En fait je ne fais ce métier que depuis deux ans et sur les deux premières années j'ai perdu quelque bons pratiquants à cause de ma naïveté. Il faut vraiment agir en amont. Si tu attends la grosse crise pour te montrer sans concessions c'est trop tard. Le gamin se retrouve face à un mur, à savoir un adulte beaucoup trop fort pour lui et il craque. A partir de là ça devient sale.

Désolé de le dire comme ça, mais il fait la pute mythomane, en clair il fait la victime, et la plupart du temps ses parents le soutiennent car même causes, même effets; si ses parents sont immunisés contre ce genre de bullshits le gamin est droit comme la justice. Ce sont toujours ceux qui prennent en otage les instincts protecteurs de leurs parents qui se comportent comme des branleurs irresponsables. (s'il y a des parents qui me lisent... bon courage, et n'oubliez pas: la lionne fait tomber ses petits pour les rendre plus forts. Bref)

Autrement dit, on reste coincés sur le premier élément du diagramme de la CNV: les faits. Impossible de se mettre d'accord dessus, et pas moyen de démêler la pelote car le gamin se réfugie derrière des comportements définitifs, du style "je te parle plus"

***

On se retrouve avec autre-chose que la CNV dans les mains, mais disons que globalement j'ai commencé à créer de la crédibilité et du lien avec les plus jeunes, les débutants d'une dizaine d'années en me montrant intraitable sur des choses pas vraiment importantes. ça les "dompte" (pouark le vilain mot), ça installe mon autorité, et puis franchement, quitte à devoir dire "discutons un peu plutôt que de nous engueuler" autant que ton interlocuteur sache jusque dans son cervelet que tu peux lui voler dans les plumes :mrgreen: Mais ça c'est vieux comme le monde, c'est le principe du "je suis un tyran mais en fait je suis sympa avec les gens réglo", je pense que vous pratiquez ça à l'éducation nationale... En tout cas ça marche souvent comme ça à l'armée et je profite de l'ambiance et de l'imagerie de mon sport (de combat, et je me tue à ne pas dire lequel) pour me caler sur cette vibe.

Au point où j'en suis j'ai l'impression que si on veut faire un lien entre l'alphatitude et la CNV il faut morceler les choses comme ça: sans pitié sur des choses sans importances/symboliques, et jouer la carte de la CNV pendant les grosses crises. Mais mon petit doigt me dit que ce n'est pas la vérité ultime et j'ai vraiment besoin de lire un bon gros bouquin de management...

PS: quand on regarde ce qu'en disent les livres sur le tronc commun du brevet d'Etat d'éducateur sportif, on hausse les épaules, on sourit et on se dit que "ouééééééé c'est trop utile de connaître par cœur les muscles et les tendons du corps humain." Les muscles et les tendons de mes élèves vont bien, merci, c'est au niveau du cerveau que j'ai du mal :lol:

Re: [A] La Communication Non-Violente

Posté : 17.01.13
par kero
@Terrigan,

merci pour le complément. Je répondre en dent de scie ces jours-ci parce que je suis complètement sublindé de boulot.
Il faut vraiment agir en amont. Si tu attends la grosse crise pour te montrer sans concessions c'est trop tard. Le gamin se retrouve face à un mur, à savoir un adulte beaucoup trop fort pour lui et il craque. A partir de là ça devient sale.
j'ai commencé à créer de la crédibilité et du lien avec les plus jeunes, les débutants d'une dizaine d'années en me montrant intraitable sur des choses pas vraiment importantes. ça les "dompte" (pouark le vilain mot), ça installe mon autorité
On est d'accord. L'autorité se construit bien en amont, pas au moment du pétage de plomb. À ce moment-là, lorsque les choses se barrent en live, tu ne fais que récolter ce que tu as semé.

Je fais pas de CNV avec mes élèves (j'ai toujours pas très bien saisi le concept) mais ce que j'observe c'est assez proche de ce que tu racontes.

Pour moi, faut fonctionner sur le principe de la carotte et du bâton.

D'une part, faut être un pilier qui donne une direction, être quelqu'un qui pose clairement des limites, et surtout sur les petits trucs, parce que comme tu le dis, ça les dompte (le mot me choque pas: ils ont besoin d'être domptés, on leur rend service, et encore plus lorsque les parents sont proches d'avoir démissionné leur rôle). C'est en sachant affirmer son autorité sur les petites choses (et dès le début) qu'on peut garder le contrôle lorsque de vrais problèmes apparaissent. Tu peux pas y aller en laxiste et espérer être suivi sur de grosses merdes.

Mais surtout, ce que j'ai vu aussi, c'est que tu ne peux pas construire un rapport d'autorité qui soit fondé exclusivement sur une logique de contrainte (je suis le chef et tu exécutes). Ça tu peux le faire, mais il faut une contre-partie, à savoir qu'en dehors des moments où tu es directif, on sache avoir un rapport positif/sain/ouvert. Du coup, toutes les petites choses qui peuvent créer du rapport sont bonnes à prendre. Un sourire en début de cours, parler de trucs qui n'ont rien à voir avec le boulot, s'intéresser à leur vie, plaisanter à l'occasion. Ça crée un climat de confiance qui permet ensuite d'avoir prise sur eux. Et là ya pas de secret, faut être dans le contact humain et aimer ça. Ils ont besoin d'encouragements et de sentir qu'on croit qu'ils peuvent aller dans la bonne direction, parce que (on a surtout tendance à l'oublier quand on parle avec des ados rebelles) ils sont super sensibles à ce qu'on leur fait ressentir.

Avec tout ça, on peut pas faire semblant avec les gosses. Faut y croire ou lâcher l'affaire.