Raven : The (poor) Catcher in the Rye
Posté : 09.11.12
Salut à vous.
Je n’ai pratiquement pas posté de Field Reports, mais je me décide malgré tout à ouvrir un journal. Il paraît que ça motive pour se forcer à vaincre ses angoisses. Et je crois que le besoin s’en ressent.
Malheureusement, je ne pense pas posséder quoi que ce soit de particulier. Non, je ne drague pas en étant Papa, divorcé, trentenaire, pire, je n’ai que seize ans, je n’ai aucune connaissance en la matière, je n’ai pas lu The Game, je me base simplement sur … Heu…
Se poser une colle seul, c’est fait.
Bref, mis à part le désir de s’entendre dire « C’est super, je te suis ! », j’écris aussi pour les quelques ados qui passent ici et cherchent de l’aide. J’espère que mes échecs, et accessoirement, mes réussites vous aideront à progresser.
On va commencer par un pavé sur mon enfance, si vous n’avez pas envie de vous taper la rétrospective Kleenex, allez vous faire foutre. Et si ce petit juron constitue à lui seul une excuse pour me jeter à coup de pied au derrière, alors je vous répondrai que je suis atteint du syndrome de la Tourette. Oui, ce syndrome s’applique aussi à l’écrit.
J’espère que vous avez du temps devant vous, les pavés, c’est comme le sexe que disait mon papa, plus c’est long, plus c’est bon.
Préambule 1 : Origines.
J’ai été déposé sur Terre par mes parents, Sangoku et E.T, puis …
Non, sérieusement, vous vous attendiez à quoi ? Si vous ne vous attendiez qu’à un récit fade, alors vous avez eu raison de ne pas espérer plus. Petit génie jusqu’à mon entrée en sixième, je saute deux classes, j’entre au collège, je deviens un cancre, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Je suis un gamin rond, voir enrobé, cheveux courts, une « bonne bouille » selon mémé, bref, une petite boule qui redemande toujours à se servir.
Je suppose que vous avez deviné qu’un garçon comme ça n’a aucune chance dans le métagame actuel avec les filles ?
Suite à mes sales notes du Collège, on me force à aller voir un psychologue, celui-ci, d’après des tests pour le moins farfelus décrète que je suis un gamin surdoué, je saute encore une classe supplémentaire, merci maman.
A mes douze ans, j’entre au Lycée, je n’ai aucun ami, et je débarque dans une ville que je ne connais pas, Poitiers. Je passerais ma seconde seul. Entièrement seul. A l’époque, je fantasme secrètement sur une fille de ma classe que j’appellerais C., c’est en quelque sorte ma reine des abeilles. Pendant une année, je vais exécuter ses quatre volontés. Le pénultième jour de cours, je vais la voir, je l’interrompt lors d’une discussion avec deux de ses amies, et je commet l’une des pire erreurs qu’une gamin obèse pré pubère gavé de comédies américaines où les nounours sortent avec des mannequins puisse faire. J’avoue mes sentiments lors d’une déclaration totalement apathique, balbutiant, confus, jusqu’à ce qu’elle m’arrête. Ces mots sont encore gravés dans ma mémoire. « Ca va pas être possible, désolé. » Le troupeau de fille se déplace, je sens alors les regards moqueurs sur moi. Cette sensation constitue à elle-seul un traumatisme suffisant pour que j’aille tirer sur des chats, à mon humble avis.
Cette humiliation me transforme, je m’affirme plus, et l’année suivante, je me fais deux bons amis, avec qui je passerais une excellente année.
A mes quinze ans, je retourne dans le village dans lequel j’ai grandi, et j’y retrouve mes amis du primaire. On a tous grandi, mon corps s’est transformé, j’ai les cheveux mi-longs, je ne suis plus enrobé, j’arrive à un soixante-huit kilogrammes pour un mètre soixante-quinze. Question style vestimentaire, c’est encore l’asphyxie stylistique, à base de cuir, de tee-shirts rétro de groupes de rock, et de jeans qui tombent toujours trop bas. Un peu comme tout ado qui écoute Nirvana et qui dit que la vie c’est d’la daube en somme. Je découvre les premières fêtes et le revers de la médaille, l’alcool qui coule à flot, la marie-jeanne. Mon village étant en grande partie composée de dealers – Je tiens ça d’un flic d’ailleurs –, il n’est pas difficile de se procurer un gramme pour quelques Euros.
Je reviens l’année suivante – Donc cet été. -, sauf qu’on m’a fait découvrir le Reggae, et mon style vestimentaire s’en ressent. La veste en cuir est remplacée par un sweet à bande Rasta’, un chech, pompes Elements à bande Rasta’, et jean standard. Dans un village où la fumette est une tradition, avec un corps qui commence – Enfin ! – à être agréable, j’arrive enfin à avoir des contacts avec des filles. Durant cet été, malgré que je sois encore inapte à avoir un comportement logique et motivé par l’envie d’une relation suivie ou sexuelle, je perds ma virginité. Ma première fois se passera avec une fille que je nommerais M., la plupart des garçons du village essayent de la draguer, mais son choix se porte sur moi. Cela m’étonne, durant toute une semaine, tous me disent de foncer, et je m’obstine à prendre ceci pour une plaisanterie. Lors d’une fête très arrosée, elle vient me voir et m’embrasse tendrement, on passera la nuit ensemble. La semaine suivante sera alors magique. Elle quitte la France à la fin de la semaine, repartant dans son pays, étant la correspondante d’un ami. Je pensais alors à une relation longue distance. You’re so naïf guy. Je prends alors, telle une balle dans le crâne « Restons amis… ». If you’re hot, you must get cool.
Une semaine plus tard, dans le but de l’oublier, j’ai des relations avec une fille que je nommerais S., elle m’a volé ma veste à bandes Rasta’, dans le but de me revoir, je frappe alors chez elle avec un ami, et j’y trouve son père, alcoolique respecté du village.
Celui-ci nous accueille déjà dans un état second. Et si je veux récupérer mon vêtement, je dois, selon les dires d’un vieux fou, boire un verre avec lui. J’accepte tout naturellement.
Il se lève, et marche quelques mètres, j’ai l’impression qu’il va s’écrouler, il sort d’un meuble dans le fond du salon une bouteille bien étrange. Il la pose sur la table. Un scorpion est inerte dans le fond de la bouteille. Il me verse de cette Vodka, nommée si justement « Scorpio » dans un verre à eau, plus grand qu’un double-décimètre.
Je décline alors son invitation à m’enfiler une gorgée, et finit par partager avec lui un alcool de poire frelaté si puissant que ma gorge me brûla. Mais je parviens à récupérer ma veste. Le soir même, je Sms S. et lui explique que j’ai récupéré ma veste, je la reverrais quelques soirs plus tard à une fête, où l’alcool, l’envie de sexe, l’envie d’oublier M. me poussera à jouer avec le feu. Dans la chambre vide d’un ami, nous entamons une bataille de polochons, elle finit sur moi, on s’embrasse, on sort de la maison, trop agitée à cause d’un anniversaire, et sur le muret derrière le jardin, la petite affaire se passe. Une petite affaire à base de fellation.
Je quitte le village quelques jours plus tard, et revient dans cette ville, Poitiers.
Capri, c’est fini, Poitiers, c’est reparti.
Préambule 2 : Premières armes.
Cette année, c’est décidé, je veux absolument partager une relation avec une femme qui ne serait pas motivée par l’envie d’oublier, ou l’envie de sexe. Promis.
Devant l’entrée de la Fac, je remarque un type qui semble anxieux.
Je m’avance vers lui.
Il est assez grand, enrobé, ses cheveux courts bordent son visage rond. Les bretelles de son sac semblent si serrées qu’on aurait l’impression qu’il a de la poitrine. Je connais ça, quand j’étais jeune, j’avais justement ce problème.
Raven : Salut, tu viens aussi pour t’inscrire ?
??? : Ouais. Toi aussi tu ne sais pas par où entrer dans ce merdier ?
Raven : Je suis un peu perdu ouais.
Je lui tend la main, il la regarde quelques secondes avant de finalement la serrer.
A : A.
Raven : Raven.
On entre finalement ensemble dans le bâtiment et notre inscription se passe sans encombres malgré notre difficulté à trouver le service compétent.
On échange nos coordonnées, et on passe l’après-midi à traîner dans Poitiers.
Le jour de la rentrée, nous subissons les conférences, toutes plus soporifiques les unes que les autres, à la sortie, un homme vient à notre rencontre.
??? : Vous auriez le programme de la semaine ?
Raven : Ouais, j’dois avoir ça, moi, c’est Raven.
??? : Y.
A. : Salut ! Tiens, je l’ai ! Le voilà !
Nous faisons connaissance avec Y., un garçon grand, baraqué, un peu enrobé.
Deux semaines de cours apathiques plus tard, les Td débutent. Durant le premier Td, on nous explique que nous devons concevoir des binômes dans le but de préparer des exposés. Je suis seul. J’aperçois alors une fille, elle aussi seule. Je l’aborde.
Préambule 3 : Let’s dance.
Raven : Salut ! Aucun de nous ne semble avoir de groupe de Td, je te propose donc de faire équipe ! Moi, c’est Raven !
J. : Moi c’est J. ! Okay !
Le hasard voulu que nous n’ayons qu’une semaine pour préparer notre exposé.
Le lendemain, je lui proposais un rendez-vous devant la Bibliothèque Universitaire dans la matinée.
J’arrive devant la bibliothèque et l’y voit, voici l’échange :
Raven : Salut ! Désolé d’être en retard !
J. : Pas grave ! On s’y met alors ?
Raven : Je ne sais pas pour toi, mais moi, je n’ai rien mangé ce matin…
J. : Ah ?
Raven : Y’a un fast-food à quelques minutes d’ici, ça te dit un petit-déjeuner ?
J. : J’ai déjà mangé, mais on peut y aller !
Arrivé au fast-food, on discute, elle aime le Rock, elle est pétillante, souriante, elle rit quand j’essaye d’être drôle, j’aime son regard, et plus que tout son odeur.
Comme tous les ados en rut, j’ai toujours fais quelques impasse avec les femmes.
Bon, elle écoute Sexion d’Assaut. Mais elle a des fesses sublimes, je me boucherais les oreilles.
Elle trouve que Jurassic Park, c’est pour les gamins. Mais il paraît qu’elle pratique la fellation, tant pis, je me contenterais de Retour vers le Futur.
Mais là, rien à reprocher. Parfaite.
Puis, on bosse, après une heure de travail qui se résumait à actualiser compulsivement la page des VDM aléatoires, je lui tend un papier tiré de notre séance de TD, voici l’échange.
Je glisse la feuille de son côté de la table. Elle la regarde longuement, puis s’exclame.
J. : Pourquoi tu me montres notre feuille de TD ?
Raven : Pour que tu me dessines une licorne. Ou que tu y écrives ton numéro de téléphone, c’est au choix.
Elle y inscrit le St-Graal.
Jusqu’à la fin de la semaine, je m’empêchais de lui envoyer un Sms, puisque nous nous voyions en cours.
J’appris qu’elle habitant dans une autre région, et qu’elle passait chaque Week-End chez elle.
Durant le Week-End, j’eus soudain une envie de … Me meuler la face jusqu’à regretter ma naissance ?
Au milieu de cette soirée, poussés par des amis dont je brûlerais bientôt la baraque, j’envoyais un Sms provocateur à J., explicitant, au détour d’une pirouette, que j’avais envie d’une relation plus … physique ? Au bout de quelques Sms, elle me fait cracher le morceau. Je veux plus qu’être un ami de Fac. Elle me répond que c’est réciproque.
Ma quête toucherait-elle déjà à sa fin, quelques semaines après son début ? Il semblerait.
Le Dimanche, je reçus un Sms de sa part, elle ne tenait pas à rester seule dans son appartement, et avait envie de sortir. Avec moi. Et là, j’aimerais une petite parenthèse.
Une fille. Qui vous propose une date. Un dimanche soir. Elle ne veut pas rester seule.
Là, deux magnifiques visions du monde s’opposent.
La première, très Ghandi, consiste à dire qu’une magnifique jeune fille pétillante recherche du réconfort. Et il y a un début de pathologie One-Itisiesque ainsi qu’un bijou de l’évolution reproductive entre mes jambes qui ne demandent que ça. Tom Jones serait fier de lire ça.
La seconde est moins glamour. Elle dispose qu’il y a une fille seule dans son appartement qui n’a aucune envie de passer sa soirée en train de commettre un génocide contre la race de la boule glacée à la vanille en regardant Zone Interdite. Elle a donc l’idée d’appeler le type qui a commit un rapt sur son numéro de cellulaire, et ce boy, c’est moi. Great.
On passe la soirée à marcher, puis on mange, en passant dans la rue, un type bourré nous interpelle et nous propose d’entrer pour boire un verre, J. n’est pas rassuré, j’arrive à décliner avec fermeté son invitation. Je me demande encore comment j’ai fais, n’étant pas naturellement doué pour l’autorité. C’est pas ma faute, mais à cause d’une éducation progressiste, de l’abus prolongé d’un mélange de cannabis et de naïveté candide.
On finit par passer la soirée chez elle, à réviser. A minuit, dodo.
Non, sérieux, vous y avez cru ? Non ? Vous aviez tort, c’est ce qui s’est passé.
Elle se relève. Pourquoi ? J’en sais rien et je m’en tamponne le coquillard avec une babouche. Bref, je la vois, roulée en boule dans ses couettes. Je la surprend dans la cuisine, prend son visage hagard entre mes mains, et lui demande doucement.
Raven : J’espère que tu sais ce que je m’apprête à faire.
J. : M’embrasser ?
Raven : Ah, tu pensais à ça ?
J. : Eh bien je …
Raven : Tu avais raison alors.
Je la coupe pendant son balbutiement, et l’embrasse. Sur le moment, j’avais l’impression d’avoir assuré. Mais en fait non. Après ce baiser langoureux, je la quitte pour les bras de Morphée. A ce moment, je la supposais vierge. Mais en fait non. Rétrospectivement, j’aurais du me jeter sur elle, et l’entraîner dans les affres des plaisirs de la nuit. Ouais, dis comme ça, ça fait titre de téléfilm érotique has-been des années 90 sur NT1. Mais ouvrir un journal pour dire « J’vais te bouillave. », ça le ferait moins, non ?
Enfin bref, le lendemain, on va en cours, j’apprends plus tard par téléphone que notre relation est officielle. Un mois de Fac m’aura suffit à trouver la femme parfaite.
Préambule 4 : So, I have te run like a fugitive to save the life I live.
Je remarque qu’elle ne vient pas vers moi pour me monter son affection, chaque manifestation de tendresse provient de mon initiative. Elle semble moins joyeuse.
Trois jours plus tard, le couperet tombe par Sms. Elle pense à un homme connu en vacances qui, outre avoir trempé le biscuit en sa compagnie a un job et s’approche de la trentaine.
Malgré que j’aurais aimé continuer à échanger avec elle pour montrer mon indifférence à cette nouvelle, impossible.
Le miracle n’a pas eu lieu. Goliath a écrasé sauvagement David à coup de Massue, de calvitie naissante et d’expérience sexuelle approchant la décennie. J’aurais probablement du faire des abdos au lieu d’apprendre le klingon.
J’avais une envie puissante de me railler en montrant à quel point j’ai pu, en quelques jours tomber dans cette obsession pour cette femme. Mais finalement, j’ai presque envie de me donner une tape sur l’épaule et me dire que c’est en s’éprenant d’une passante, comme le fit Baudelaire qu’on peut être sur de son humanité.
J’avais lu l’excellent journal d’Olfff, qui avait, à un moment, presque clôturé ce dernier en concluant qu’il avait trouvé la femme de sa vie, finalement, elle l’avait laissé. Celui-ci couchait alors sur clavier à quel point il se sentait ridicule. Mais, n’est-ce pas dans ces situations, où l’on s’emporte qu’on affirme son humanité ?
Bref, je crois qu’on ne peut pas apprendre à faire du vélo sans se coller la face contre le bitume. En tout cas, je l’espère. Je n’ai aucune espèce d’envie de me flageller sans avoir la garantie qu’un jour, j’aurais tué ces démons.
Après une soirée à pleurer et à écouter Green Day, je vois les choses sous un jour nouveau. Le combat est terminé.
Le lendemain, je m’assois à côté d’elle.
Elle me posa alors une question qui restera dans mon esprit pour longtemps.
J. : Tu me détestes ?
Oui. J’aimerais te rayer de ma réalité afin de ne juste plus penser à toi. J’aurais aimé ne pas te connaître afin de ne pas sentir cette souffrance sur mes épaules. J’aurais aimé éviter cette défaite face à un adversaire indéniablement plus puissant. Mais si je me persuadais de tout ça, ça n’en serait que pire.
Raven : Je ne te déteste pas, je crois que je comprends. Les amoures de vacances sont plus intenses, mais illusoires.
Néanmoins, je crois que récemment, mon regard sur toi a changé. Au début, je te voyais comme mon égal, je recherchais ta compagnie. Et lorsque je suis entré chez toi, dans cet immeuble lugubre, sombre, sans décoration, j’ai compris que tu étais seule, et je crois que l’amour n’est qu’une façon de ressentir sans gêne de la pitié.
J. : Comment tu fais pour être toujours gentil ?
Raven : Ce n’est pas de la gentillesse, mais de la pitié. Je ne m’abaisse pas à culpabiliser une fille qui passe sa semaine seule dans un appartement sombre. Ca serait comme tirer sur l’ambulance.
Depuis, nous sommes … Nous ne sommes pas. N’ai-je pas le droit de me refuser à employer ce pronom pour qualifier ma relation avec cette femme après tout cela ? Elle et moi ne sommes plus amis, je sens une tension, à l’odeur âcre de règlement de compte, de méfiance, et de doutes en rapport à l’envie mutuelle que l’on se porte.
Cette histoire a forgé en moi l’envie de débuter une nouvelle vie.
Ce préambule est terminé.
Je vous prie de m’excuser pour sa longueur, mais quitte à témoigner des changements que je m’efforcerais d’amorcer, j’aimerais faire ça correctement.
J’espère sincèrement que vous avez pris du plaisir à lire ceci. A peu près autant que j’ai eu du plaisir à le rédiger. A ceux qui n’auraient pas trouvé l’envie de rédiger leur propre journal, faites-le, au moins pour vous.
Chapitre 1 : The beginning. And I dislike this.
Toute vie a un début et une fin, mais ce qui se passe entre ces deux échéances, c’est ce que vous en faites.
Je suppose que le sens de cette phrase est le suivant :
Tu es né et tu vas claquer, mais ta vie n’est que le fruit de tes actions. Si tu peux te lever et te battre pour ce que tu veux, tu l’auras.
Honnêtement, je ne saurais dire si c’est une vérité incontestable, ou l’un de ces adages qui ne servent qu’à nourrir les contes pour nos chères têtes blondes.
Ce qui me fait peur dans cette phrase, c’est qu’elle implique que tout ce qui se passe dans ma vie tient de ma responsabilité, et j’ai peur de devoir assumer cela.
Quel rapport avec la séduction, les femmes, le sexe ? Je ne sais pas.
Bref, après toutes ces pensées, je me décidais à sortir, il fait beau, le soleil, malgré qu’il ne soit pas à son zénith est haut dans le ciel, et je vais honorer sa venue.
Je suis désormais dehors, le regard perdu. Tant de femmes, certaines attirent mon regard, d’autres dégagent une odeur qui chatouille mes narines.
Quelle horrible sensation de se sentir dans une droguerie sans pouvoir goûter à toutes les confiseries odorantes.
Pendant deux bonnes heures, j’ai erré dans les rues de Poitiers, me répétant jusqu’à la migraine que je devais me jeter à l’eau. Rien à faire. Je passe acheter quelques douceurs sucrées et me met en route pour rentrer chez moi, les écouteurs dans les oreilles, le regard collé au sol.
Finalement, je rentre chez moi, sans avoir pu aborder une seule fille. J’aurais surement une grande facilité à trouver une excuse, mais je crois que je n’ai simplement pas osé.
Je ne vais pas passer une demi-heure à me flageller, dés demain, je pars dans le centre commercial où je traîne pendant que je sèche mes cours d’Intro’ historique au Droit, et je suis sur que je trouverais bien une occasion de me jeter à l’eau.
J’espère que ce « début » un peu maigre en abordage – Ce qui me semble encore un putain d’euphémisme. – vous aura tout de même plu, dés demain, je reviens vous raconter, je l’espère des aventures palpitantes !
Je n’ai pratiquement pas posté de Field Reports, mais je me décide malgré tout à ouvrir un journal. Il paraît que ça motive pour se forcer à vaincre ses angoisses. Et je crois que le besoin s’en ressent.
Malheureusement, je ne pense pas posséder quoi que ce soit de particulier. Non, je ne drague pas en étant Papa, divorcé, trentenaire, pire, je n’ai que seize ans, je n’ai aucune connaissance en la matière, je n’ai pas lu The Game, je me base simplement sur … Heu…
Se poser une colle seul, c’est fait.
Bref, mis à part le désir de s’entendre dire « C’est super, je te suis ! », j’écris aussi pour les quelques ados qui passent ici et cherchent de l’aide. J’espère que mes échecs, et accessoirement, mes réussites vous aideront à progresser.
On va commencer par un pavé sur mon enfance, si vous n’avez pas envie de vous taper la rétrospective Kleenex, allez vous faire foutre. Et si ce petit juron constitue à lui seul une excuse pour me jeter à coup de pied au derrière, alors je vous répondrai que je suis atteint du syndrome de la Tourette. Oui, ce syndrome s’applique aussi à l’écrit.
J’espère que vous avez du temps devant vous, les pavés, c’est comme le sexe que disait mon papa, plus c’est long, plus c’est bon.
Préambule 1 : Origines.
J’ai été déposé sur Terre par mes parents, Sangoku et E.T, puis …
Non, sérieusement, vous vous attendiez à quoi ? Si vous ne vous attendiez qu’à un récit fade, alors vous avez eu raison de ne pas espérer plus. Petit génie jusqu’à mon entrée en sixième, je saute deux classes, j’entre au collège, je deviens un cancre, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Je suis un gamin rond, voir enrobé, cheveux courts, une « bonne bouille » selon mémé, bref, une petite boule qui redemande toujours à se servir.
Je suppose que vous avez deviné qu’un garçon comme ça n’a aucune chance dans le métagame actuel avec les filles ?
Suite à mes sales notes du Collège, on me force à aller voir un psychologue, celui-ci, d’après des tests pour le moins farfelus décrète que je suis un gamin surdoué, je saute encore une classe supplémentaire, merci maman.
A mes douze ans, j’entre au Lycée, je n’ai aucun ami, et je débarque dans une ville que je ne connais pas, Poitiers. Je passerais ma seconde seul. Entièrement seul. A l’époque, je fantasme secrètement sur une fille de ma classe que j’appellerais C., c’est en quelque sorte ma reine des abeilles. Pendant une année, je vais exécuter ses quatre volontés. Le pénultième jour de cours, je vais la voir, je l’interrompt lors d’une discussion avec deux de ses amies, et je commet l’une des pire erreurs qu’une gamin obèse pré pubère gavé de comédies américaines où les nounours sortent avec des mannequins puisse faire. J’avoue mes sentiments lors d’une déclaration totalement apathique, balbutiant, confus, jusqu’à ce qu’elle m’arrête. Ces mots sont encore gravés dans ma mémoire. « Ca va pas être possible, désolé. » Le troupeau de fille se déplace, je sens alors les regards moqueurs sur moi. Cette sensation constitue à elle-seul un traumatisme suffisant pour que j’aille tirer sur des chats, à mon humble avis.
Cette humiliation me transforme, je m’affirme plus, et l’année suivante, je me fais deux bons amis, avec qui je passerais une excellente année.
A mes quinze ans, je retourne dans le village dans lequel j’ai grandi, et j’y retrouve mes amis du primaire. On a tous grandi, mon corps s’est transformé, j’ai les cheveux mi-longs, je ne suis plus enrobé, j’arrive à un soixante-huit kilogrammes pour un mètre soixante-quinze. Question style vestimentaire, c’est encore l’asphyxie stylistique, à base de cuir, de tee-shirts rétro de groupes de rock, et de jeans qui tombent toujours trop bas. Un peu comme tout ado qui écoute Nirvana et qui dit que la vie c’est d’la daube en somme. Je découvre les premières fêtes et le revers de la médaille, l’alcool qui coule à flot, la marie-jeanne. Mon village étant en grande partie composée de dealers – Je tiens ça d’un flic d’ailleurs –, il n’est pas difficile de se procurer un gramme pour quelques Euros.
Je reviens l’année suivante – Donc cet été. -, sauf qu’on m’a fait découvrir le Reggae, et mon style vestimentaire s’en ressent. La veste en cuir est remplacée par un sweet à bande Rasta’, un chech, pompes Elements à bande Rasta’, et jean standard. Dans un village où la fumette est une tradition, avec un corps qui commence – Enfin ! – à être agréable, j’arrive enfin à avoir des contacts avec des filles. Durant cet été, malgré que je sois encore inapte à avoir un comportement logique et motivé par l’envie d’une relation suivie ou sexuelle, je perds ma virginité. Ma première fois se passera avec une fille que je nommerais M., la plupart des garçons du village essayent de la draguer, mais son choix se porte sur moi. Cela m’étonne, durant toute une semaine, tous me disent de foncer, et je m’obstine à prendre ceci pour une plaisanterie. Lors d’une fête très arrosée, elle vient me voir et m’embrasse tendrement, on passera la nuit ensemble. La semaine suivante sera alors magique. Elle quitte la France à la fin de la semaine, repartant dans son pays, étant la correspondante d’un ami. Je pensais alors à une relation longue distance. You’re so naïf guy. Je prends alors, telle une balle dans le crâne « Restons amis… ». If you’re hot, you must get cool.
Une semaine plus tard, dans le but de l’oublier, j’ai des relations avec une fille que je nommerais S., elle m’a volé ma veste à bandes Rasta’, dans le but de me revoir, je frappe alors chez elle avec un ami, et j’y trouve son père, alcoolique respecté du village.
Celui-ci nous accueille déjà dans un état second. Et si je veux récupérer mon vêtement, je dois, selon les dires d’un vieux fou, boire un verre avec lui. J’accepte tout naturellement.
Il se lève, et marche quelques mètres, j’ai l’impression qu’il va s’écrouler, il sort d’un meuble dans le fond du salon une bouteille bien étrange. Il la pose sur la table. Un scorpion est inerte dans le fond de la bouteille. Il me verse de cette Vodka, nommée si justement « Scorpio » dans un verre à eau, plus grand qu’un double-décimètre.
Je décline alors son invitation à m’enfiler une gorgée, et finit par partager avec lui un alcool de poire frelaté si puissant que ma gorge me brûla. Mais je parviens à récupérer ma veste. Le soir même, je Sms S. et lui explique que j’ai récupéré ma veste, je la reverrais quelques soirs plus tard à une fête, où l’alcool, l’envie de sexe, l’envie d’oublier M. me poussera à jouer avec le feu. Dans la chambre vide d’un ami, nous entamons une bataille de polochons, elle finit sur moi, on s’embrasse, on sort de la maison, trop agitée à cause d’un anniversaire, et sur le muret derrière le jardin, la petite affaire se passe. Une petite affaire à base de fellation.
Je quitte le village quelques jours plus tard, et revient dans cette ville, Poitiers.
Capri, c’est fini, Poitiers, c’est reparti.
Préambule 2 : Premières armes.
Cette année, c’est décidé, je veux absolument partager une relation avec une femme qui ne serait pas motivée par l’envie d’oublier, ou l’envie de sexe. Promis.
Devant l’entrée de la Fac, je remarque un type qui semble anxieux.
Je m’avance vers lui.
Il est assez grand, enrobé, ses cheveux courts bordent son visage rond. Les bretelles de son sac semblent si serrées qu’on aurait l’impression qu’il a de la poitrine. Je connais ça, quand j’étais jeune, j’avais justement ce problème.
Raven : Salut, tu viens aussi pour t’inscrire ?
??? : Ouais. Toi aussi tu ne sais pas par où entrer dans ce merdier ?
Raven : Je suis un peu perdu ouais.
Je lui tend la main, il la regarde quelques secondes avant de finalement la serrer.
A : A.
Raven : Raven.
On entre finalement ensemble dans le bâtiment et notre inscription se passe sans encombres malgré notre difficulté à trouver le service compétent.
On échange nos coordonnées, et on passe l’après-midi à traîner dans Poitiers.
Le jour de la rentrée, nous subissons les conférences, toutes plus soporifiques les unes que les autres, à la sortie, un homme vient à notre rencontre.
??? : Vous auriez le programme de la semaine ?
Raven : Ouais, j’dois avoir ça, moi, c’est Raven.
??? : Y.
A. : Salut ! Tiens, je l’ai ! Le voilà !
Nous faisons connaissance avec Y., un garçon grand, baraqué, un peu enrobé.
Deux semaines de cours apathiques plus tard, les Td débutent. Durant le premier Td, on nous explique que nous devons concevoir des binômes dans le but de préparer des exposés. Je suis seul. J’aperçois alors une fille, elle aussi seule. Je l’aborde.
Préambule 3 : Let’s dance.
Raven : Salut ! Aucun de nous ne semble avoir de groupe de Td, je te propose donc de faire équipe ! Moi, c’est Raven !
J. : Moi c’est J. ! Okay !
Le hasard voulu que nous n’ayons qu’une semaine pour préparer notre exposé.
Le lendemain, je lui proposais un rendez-vous devant la Bibliothèque Universitaire dans la matinée.
J’arrive devant la bibliothèque et l’y voit, voici l’échange :
Raven : Salut ! Désolé d’être en retard !
J. : Pas grave ! On s’y met alors ?
Raven : Je ne sais pas pour toi, mais moi, je n’ai rien mangé ce matin…
J. : Ah ?
Raven : Y’a un fast-food à quelques minutes d’ici, ça te dit un petit-déjeuner ?
J. : J’ai déjà mangé, mais on peut y aller !
Arrivé au fast-food, on discute, elle aime le Rock, elle est pétillante, souriante, elle rit quand j’essaye d’être drôle, j’aime son regard, et plus que tout son odeur.
Comme tous les ados en rut, j’ai toujours fais quelques impasse avec les femmes.
Bon, elle écoute Sexion d’Assaut. Mais elle a des fesses sublimes, je me boucherais les oreilles.
Elle trouve que Jurassic Park, c’est pour les gamins. Mais il paraît qu’elle pratique la fellation, tant pis, je me contenterais de Retour vers le Futur.
Mais là, rien à reprocher. Parfaite.
Puis, on bosse, après une heure de travail qui se résumait à actualiser compulsivement la page des VDM aléatoires, je lui tend un papier tiré de notre séance de TD, voici l’échange.
Je glisse la feuille de son côté de la table. Elle la regarde longuement, puis s’exclame.
J. : Pourquoi tu me montres notre feuille de TD ?
Raven : Pour que tu me dessines une licorne. Ou que tu y écrives ton numéro de téléphone, c’est au choix.
Elle y inscrit le St-Graal.
Jusqu’à la fin de la semaine, je m’empêchais de lui envoyer un Sms, puisque nous nous voyions en cours.
J’appris qu’elle habitant dans une autre région, et qu’elle passait chaque Week-End chez elle.
Durant le Week-End, j’eus soudain une envie de … Me meuler la face jusqu’à regretter ma naissance ?
Au milieu de cette soirée, poussés par des amis dont je brûlerais bientôt la baraque, j’envoyais un Sms provocateur à J., explicitant, au détour d’une pirouette, que j’avais envie d’une relation plus … physique ? Au bout de quelques Sms, elle me fait cracher le morceau. Je veux plus qu’être un ami de Fac. Elle me répond que c’est réciproque.
Ma quête toucherait-elle déjà à sa fin, quelques semaines après son début ? Il semblerait.
Le Dimanche, je reçus un Sms de sa part, elle ne tenait pas à rester seule dans son appartement, et avait envie de sortir. Avec moi. Et là, j’aimerais une petite parenthèse.
Une fille. Qui vous propose une date. Un dimanche soir. Elle ne veut pas rester seule.
Là, deux magnifiques visions du monde s’opposent.
La première, très Ghandi, consiste à dire qu’une magnifique jeune fille pétillante recherche du réconfort. Et il y a un début de pathologie One-Itisiesque ainsi qu’un bijou de l’évolution reproductive entre mes jambes qui ne demandent que ça. Tom Jones serait fier de lire ça.
La seconde est moins glamour. Elle dispose qu’il y a une fille seule dans son appartement qui n’a aucune envie de passer sa soirée en train de commettre un génocide contre la race de la boule glacée à la vanille en regardant Zone Interdite. Elle a donc l’idée d’appeler le type qui a commit un rapt sur son numéro de cellulaire, et ce boy, c’est moi. Great.
On passe la soirée à marcher, puis on mange, en passant dans la rue, un type bourré nous interpelle et nous propose d’entrer pour boire un verre, J. n’est pas rassuré, j’arrive à décliner avec fermeté son invitation. Je me demande encore comment j’ai fais, n’étant pas naturellement doué pour l’autorité. C’est pas ma faute, mais à cause d’une éducation progressiste, de l’abus prolongé d’un mélange de cannabis et de naïveté candide.
On finit par passer la soirée chez elle, à réviser. A minuit, dodo.
Non, sérieux, vous y avez cru ? Non ? Vous aviez tort, c’est ce qui s’est passé.
Elle se relève. Pourquoi ? J’en sais rien et je m’en tamponne le coquillard avec une babouche. Bref, je la vois, roulée en boule dans ses couettes. Je la surprend dans la cuisine, prend son visage hagard entre mes mains, et lui demande doucement.
Raven : J’espère que tu sais ce que je m’apprête à faire.
J. : M’embrasser ?
Raven : Ah, tu pensais à ça ?
J. : Eh bien je …
Raven : Tu avais raison alors.
Je la coupe pendant son balbutiement, et l’embrasse. Sur le moment, j’avais l’impression d’avoir assuré. Mais en fait non. Après ce baiser langoureux, je la quitte pour les bras de Morphée. A ce moment, je la supposais vierge. Mais en fait non. Rétrospectivement, j’aurais du me jeter sur elle, et l’entraîner dans les affres des plaisirs de la nuit. Ouais, dis comme ça, ça fait titre de téléfilm érotique has-been des années 90 sur NT1. Mais ouvrir un journal pour dire « J’vais te bouillave. », ça le ferait moins, non ?
Enfin bref, le lendemain, on va en cours, j’apprends plus tard par téléphone que notre relation est officielle. Un mois de Fac m’aura suffit à trouver la femme parfaite.
Préambule 4 : So, I have te run like a fugitive to save the life I live.
Je remarque qu’elle ne vient pas vers moi pour me monter son affection, chaque manifestation de tendresse provient de mon initiative. Elle semble moins joyeuse.
Trois jours plus tard, le couperet tombe par Sms. Elle pense à un homme connu en vacances qui, outre avoir trempé le biscuit en sa compagnie a un job et s’approche de la trentaine.
Malgré que j’aurais aimé continuer à échanger avec elle pour montrer mon indifférence à cette nouvelle, impossible.
Le miracle n’a pas eu lieu. Goliath a écrasé sauvagement David à coup de Massue, de calvitie naissante et d’expérience sexuelle approchant la décennie. J’aurais probablement du faire des abdos au lieu d’apprendre le klingon.
J’avais une envie puissante de me railler en montrant à quel point j’ai pu, en quelques jours tomber dans cette obsession pour cette femme. Mais finalement, j’ai presque envie de me donner une tape sur l’épaule et me dire que c’est en s’éprenant d’une passante, comme le fit Baudelaire qu’on peut être sur de son humanité.
J’avais lu l’excellent journal d’Olfff, qui avait, à un moment, presque clôturé ce dernier en concluant qu’il avait trouvé la femme de sa vie, finalement, elle l’avait laissé. Celui-ci couchait alors sur clavier à quel point il se sentait ridicule. Mais, n’est-ce pas dans ces situations, où l’on s’emporte qu’on affirme son humanité ?
Bref, je crois qu’on ne peut pas apprendre à faire du vélo sans se coller la face contre le bitume. En tout cas, je l’espère. Je n’ai aucune espèce d’envie de me flageller sans avoir la garantie qu’un jour, j’aurais tué ces démons.
Après une soirée à pleurer et à écouter Green Day, je vois les choses sous un jour nouveau. Le combat est terminé.
Le lendemain, je m’assois à côté d’elle.
Elle me posa alors une question qui restera dans mon esprit pour longtemps.
J. : Tu me détestes ?
Oui. J’aimerais te rayer de ma réalité afin de ne juste plus penser à toi. J’aurais aimé ne pas te connaître afin de ne pas sentir cette souffrance sur mes épaules. J’aurais aimé éviter cette défaite face à un adversaire indéniablement plus puissant. Mais si je me persuadais de tout ça, ça n’en serait que pire.
Raven : Je ne te déteste pas, je crois que je comprends. Les amoures de vacances sont plus intenses, mais illusoires.
Néanmoins, je crois que récemment, mon regard sur toi a changé. Au début, je te voyais comme mon égal, je recherchais ta compagnie. Et lorsque je suis entré chez toi, dans cet immeuble lugubre, sombre, sans décoration, j’ai compris que tu étais seule, et je crois que l’amour n’est qu’une façon de ressentir sans gêne de la pitié.
J. : Comment tu fais pour être toujours gentil ?
Raven : Ce n’est pas de la gentillesse, mais de la pitié. Je ne m’abaisse pas à culpabiliser une fille qui passe sa semaine seule dans un appartement sombre. Ca serait comme tirer sur l’ambulance.
Depuis, nous sommes … Nous ne sommes pas. N’ai-je pas le droit de me refuser à employer ce pronom pour qualifier ma relation avec cette femme après tout cela ? Elle et moi ne sommes plus amis, je sens une tension, à l’odeur âcre de règlement de compte, de méfiance, et de doutes en rapport à l’envie mutuelle que l’on se porte.
Cette histoire a forgé en moi l’envie de débuter une nouvelle vie.
Ce préambule est terminé.
Je vous prie de m’excuser pour sa longueur, mais quitte à témoigner des changements que je m’efforcerais d’amorcer, j’aimerais faire ça correctement.
J’espère sincèrement que vous avez pris du plaisir à lire ceci. A peu près autant que j’ai eu du plaisir à le rédiger. A ceux qui n’auraient pas trouvé l’envie de rédiger leur propre journal, faites-le, au moins pour vous.
Chapitre 1 : The beginning. And I dislike this.
Toute vie a un début et une fin, mais ce qui se passe entre ces deux échéances, c’est ce que vous en faites.
Je suppose que le sens de cette phrase est le suivant :
Tu es né et tu vas claquer, mais ta vie n’est que le fruit de tes actions. Si tu peux te lever et te battre pour ce que tu veux, tu l’auras.
Honnêtement, je ne saurais dire si c’est une vérité incontestable, ou l’un de ces adages qui ne servent qu’à nourrir les contes pour nos chères têtes blondes.
Ce qui me fait peur dans cette phrase, c’est qu’elle implique que tout ce qui se passe dans ma vie tient de ma responsabilité, et j’ai peur de devoir assumer cela.
Quel rapport avec la séduction, les femmes, le sexe ? Je ne sais pas.
Bref, après toutes ces pensées, je me décidais à sortir, il fait beau, le soleil, malgré qu’il ne soit pas à son zénith est haut dans le ciel, et je vais honorer sa venue.
Je suis désormais dehors, le regard perdu. Tant de femmes, certaines attirent mon regard, d’autres dégagent une odeur qui chatouille mes narines.
Quelle horrible sensation de se sentir dans une droguerie sans pouvoir goûter à toutes les confiseries odorantes.
Pendant deux bonnes heures, j’ai erré dans les rues de Poitiers, me répétant jusqu’à la migraine que je devais me jeter à l’eau. Rien à faire. Je passe acheter quelques douceurs sucrées et me met en route pour rentrer chez moi, les écouteurs dans les oreilles, le regard collé au sol.
Finalement, je rentre chez moi, sans avoir pu aborder une seule fille. J’aurais surement une grande facilité à trouver une excuse, mais je crois que je n’ai simplement pas osé.
Je ne vais pas passer une demi-heure à me flageller, dés demain, je pars dans le centre commercial où je traîne pendant que je sèche mes cours d’Intro’ historique au Droit, et je suis sur que je trouverais bien une occasion de me jeter à l’eau.
J’espère que ce « début » un peu maigre en abordage – Ce qui me semble encore un putain d’euphémisme. – vous aura tout de même plu, dés demain, je reviens vous raconter, je l’espère des aventures palpitantes !